La création de variétés de vignes résistantes aux maladies fongiques ne date pas d’hier : les premiers travaux de sélection de variétés résistantes en France remontent à 1974 et les premières inscriptions chez nos voisins allemands à 1980. Elle s’est significativement accélérée depuis une quinzaine d’années en réponse aux attentes sociétales et environnementales sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Aujourd’hui nous avons une offre concrète de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium. |
Variétés RESDUR plantées au domaine expérimental
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La résistance d’une plante à un agent pathogène est caractérisée par plusieurs critères :
Les Vitis vinifera ont des caractéristiques œnologiques et culturales intéressantes mais pas de résistances aux maladies fongiques alors que les espèces dites sauvages d’origine américaine ou asiatique portent des gènes de résistances au mildiou et/ou à l’oïdium.
En France, les programmes de création variétale se basent sur l’hybridation entre des variétés de Vitis vinifera et des espèces dites « sauvages » : la fleur d'un génotype résistant est fécondée par le pollen des fleurs d’une variété de Vitis vinifera, ou l’inverse. La méthode d’introgression permet d’intégrer les caractères de résistances des vignes américaines ou asiatiques dans le fond génétique des vignes européennes. Ce procédé consiste en une série de rétrocroisements des nouvelles variétés obtenues avec Vitis vinifera afin d’éliminer les caractères agronomiques négatifs hérités des Vitis sauvages porteuses des résistances. Les pépins qui résultent d’une génération sont semés, développant de nouvelles variétés distinctes possédant 50 % du génome de la variété résistante et 50 % de Vitis Vinifera. A la fin des rétrocroisements, la part du génome provenant des espèces sauvages est très réduite et porteuse de l’information génétique la plus intéressante, tels les éléments codant pour la résistance et les caractères d’adaptation au milieu.
Hybridation : étape de la castration pour ne laisser que les organes femelles |
Hybridation : étape de la récolte de pollen |
Hybridation : étape de la pollinisation |
L’effet des gènes de résistance n’est pas éternel : il peut y avoir une perte d’efficacité dans le temps voire un contournement de la résistance par les bio agresseurs. La durabilité de la résistance d’une variété à une maladie est donc une notion indispensable pour assurer la pérennité de la variété. La gestion de cette durabilité s’appuie sur :
La stratégie mise en place dans les programmes de création RESDUR et Genovigne menés par l’INRA et l’IFV est de développer des variétés possédant une résistance polygénique. Jusqu’à 3 gènes de résistance au mildiou (Rpv1, Rpv3 et Rpv10) et 3 contre l’oïdium (Run1, Ren3 et Ren3.2) sont utilisés dans ces programmes.
Utiliser des variétés résistantes ne veut pas dire zéro traitement ! Un minimum de traitements reste obligatoire pour pérenniser la résistance.
Origine | Variété | Statut au catalogue officiel |
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France |
INRA-ResDur (polygénique)
INRA-Bouquet (monogénique) |
Classées définitivement
Classées temporairement |
Allemagne | Classées définitivement | |
Suisse | Classées définitivement | |
Italie | Classée définitivement |
L’Observatoire national du déploiement des cépages résistants (OSCAR) a été créé par l’INRA et l’IFV en janvier 2017 pour :
OSCAR est un dispositif participatif. Il est constitué d’un réseau de parcelles en production plantées avec des cépages résistants INRA ou européens, en classement temporaire ou définitif et dont la surface est de plus de 0.2 ha.
Vous souhaitez intégrer votre parcelle dans l’Observatoire ? Retrouvez ici la charte du dispositif.
En France, pour pouvoir produire et commercialiser du vin à partir d’un cépage il faut que ce dernier réponde à deux conditions cumulatives : être inscrit au catalogue officiel, et être classé. Certains cépages ne bénéficient que d’un classement temporaire, qui est un régime dérogatoire au classement définitif. Il permet de planter des parcelles expérimentales, sur des surfaces limitées (1 ha pour une variété) et d’en commercialiser la production en VSIG. Les modalités sont définies par l’arrêté ministériel du 9 mai 2016 dans le cadre du nouveau régime des autorisations de plantation.
Les variétés résistantes peuvent dores et déjà intégrer la liste des variétés de la directive VIFA et être dans ce cadre plantées, vinifiées et assemblées pour produire un vin AOP.
Les IGP peuvent introduire des cépages issus de croisements interspécifiques dans leurs cahiers des charges et certains syndicats de vin IGP ont intégré des cépages résistants classés au catalogue national dans leur cahier des charges, comme les IGP Val de Loire. Selon les bassins de production, les variétés résistantes classées définitivement sont éligibles aux aides à la restructuration.
Certaines variétés résistantes sont plantées et étudiées au Domaine Expérimental de l’IFV à Montreuil-Bellay (49), dans le cadre de la Plateforme de Recherche et d’Expérimentation. Le projet Valoeres conduit par l’IFV depuis 2018 étudie d’une part comment ces variétés résistantes peuvent s’inscrire dans la production de vins régionale, selon le type de produit (vins tranquilles, effervescents, blancs, rouges, rosés, moelleux etc.), en utilisation « mono-cépage » ou en assemblage avec nos cépages traditionnels, et d’autre part l’acceptabilité de ces nouveaux produits par les acteurs de la filière.
Par ailleurs, InterLoire via une convention avec l’IFV et l’INRA, soutient un programme de création variétale issue de cépages régionaux (melon, chenin et sauvignon).