La mécanisation de la taille peut apporter un gain économique réel en diminuant le temps de travail manuel nécessaire.
Plusieurs solutions existent ayant des implications différentes en termes d’investissement, de changement de pratique et d’impact sur le raisin.
Qu’est que la mécanisation de la taille?
La mécanisation de la taille concerne toutes les opérations permettant de réduire le temps et l’effort au moment de la taille et après avec le tirage de bois. La prétaille est donc la première étape de la mécanisation de la taille. La taille rase de précision (sur cordon) et le tirage de sarment (sur guyot) sont d’autres voies de la mécanisation de la taille permettant d’aller plus loin dans l’optimisation économique. Il existe d’autres systèmes de conduite comme la taille en haie ou la non taille qui permettent de plus grandes économies encore mais qui modifient plus en profondeur le fonctionnement de la plante avec des charges en bourgeons très supérieures.
Un enjeu économique important
Quel que soit le mode de conduite envisagé, le poste de taille représente un coût important, en raison du temps de travail manuel nécessaire : en moyenne 50 heures par hectare pour la taille et 40h pour le tirage de bois. La seule opération de taille peut représenter jusqu’à 40 % du temps passé au vignoble ! La mécanisation peut apporter un réel gain économique qui dépend du temps gagné et de l’effet levier du rendement.
Les prétailleuses permettent un gain de productivité en fonction des systèmes de taille de 10 à 15 % pour une taille longue (guyot) jusqu'à 60 % pour une taille courte (cordon).
Le tirage de bois mécanique permet une économie de main d’œuvre en remplaçant le prétaillage, le tirage de bois et le broyage
La taille mécanique va plus loin dans la réduction des coûts liés à la taille mais il faut prendre en compte les surcoûts liés aux adaptations nécessaires du vignoble.
Aujourd’hui, la mécanisation de la taille est partielle car l’intervention humaine reste dans la plupart des cas nécessaire pour conserver une certaine maîtrise sur la charge en bourgeons.
Comment mettre en œuvre la taille mécanique au vignoble ?
La mise en œuvre de la taille mécanique nécessite l’établissement d’un vignoble en cordon. Trois cas sont possibles :
L’adaptation d’un cordon existant
est destinée aux parcelles en fin de vie (matériel végétal pas forcement adapté ; matériel de palissage limitant)
limite la précision du travail des machines (irrégularité du cordon)
La transformation d’un guyot en cordon en allongeant la baguett
nécessite de considérer le potentiel des vignes (âge, sol, matériel végétal,…)
impose de renforcer le palissage (plus de piquets et des fils plus rigides)
permet un changement rapide du mode de conduite
limite la précision du travail des machines (irrégularité du cordon)
Mieux le vignoble est établi, plus les machines pourront travailler près du cordon et plus le gain de temps sera sensible.
La plantation d’un vignoble spécifique
demande des piquets et fils renforcés
requiert l’établissement soigné du cordon pour limiter par la suite le nombre de sarments que ne peut pas couper la machine (ébourgeonnage définitif du tronc, zone de courbure…)
nécessite le bon alignement des souches
impose d’allonger le cordon d’une souche à l’autre pour les solidariser et renforcer leur résistance mécanique
Impact sur la plante et la production
La taille mécanique est un mode de conduite réservée à ce jour à la production d’IGP et de SIG, car il ne permet pas de respecter le nombre d’yeux par souche préciser dans un cahier des charges de type AOP.
L’augmentation de la charge de bourgeons implique une modification du fonctionnement de la plante :
modification du rapport feuille/fruit :
vin blanc : rechercher 1 m² de feuille exposée / kg de fruit
vin rouge : plus le rapport est élevé, plus le vin est qualitatif donc à établir selon le choix du profil de produit
baisse du taux de débourrement (compensation physiologique)
moindre vigueur individuelle des sarments
besoin plus fort en eau et en nutriments
Impact du choix de la machine
Les machines se différencient sur plusieurs critères qui jouent à la fois sur le prix d’achat (de 10 à plus de 20 K€) et sur l’utilisation.
Le module de prétaille intégré à la machine :
permet un passage en une fois à une période où les sols sont plus sensibles au tassement.
augmente le prix de la machine
augmente le poids et donc de l’instabilité de l’ensemble lorsqu’il est déporté sur le côté du tracteur (ce n’est pas le cas avec un porteur qui enjambe le rang).
Les éléments de coupe :
les scies : avantage de la puissance de coupe, usure rapide et projection de morceaux de bois autour de la machine, avec un bruit important.
les barres de coupe alternatives : plus silencieuses, pas de projection mais plus limitées en capacité de coupe.
Les assistances (suivi automatique du cordon en hauteur et appui latéral) :
impactent la vitesse réelle de travail et régulent la hauteur de coupe des coursons.
réduisent la pénibilité pour le chauffeur de la machine
permettent de conserver une hauteur de coupe basse compatible avec des temps de reprise manuelle faibles, avec le bénéfice d’une vitesse de travail supérieure (autour de 2,5 km/h)
L’alternative tirage des sarments
Le tirage des sarments représente entre 20 et 30 heures de main d’œuvre par ha. Une machine à tirer les sarments travaille 2 heures par ha environ ! Le recours à la mécanisation du tirage de serments permet donc un gain de temps de travail.et :
le maintient du mode de taille
la conservation de la charge en bourgeons
l’absence de prétaille
le broyage simultané les sarments
Il est obligatoire de revoir l’orientation des sarments lors de l’étape de taille manuelle afin d’optimiser le travail de la machine et d’éviter les crochets qui attrapent les sarments. Les sarments proches des piquets sont à écarter afin que la machine puisse les attraper. Temps supplémentaire lié à ces nouvelles habitudes de taille représente 3 heures par hectare.
Les machines sont coûteuses mais sont rentabilisées très rapidement et se prêtent bien à une utilisation en CUMA ou à une prestation de service.
Sources :
Référentiel économique du vigneron Centre Val de Loire 2015-2019
Intérêt et opportunité du développement de la mécanisation de la taille en Val de Loire, C. Gaviglio IFV Sud-Ouest, RDV Techniloire 20 novembre 2015
La mécanisation de la taille Matévi
Taille mécanique de la vigne : principe, adaptation au vignoble et conséquences , C. Gaviglio & T. Dufourcq IFV Sud-Ouest, 18 février 2014