Afin de réduire la teneur en alcool des vins, il existe depuis peu 2 pratiques œnologiques : la correction de la teneur en alcool, et récemment admise la désalcoolisation mais sur laquelle un certain nombre d’incertitudes planent. La confédération des vins IGP de France fait le point réglementaire sur ces deux pratiques.
MAJ du 30 janvier 2023
Seule pratique œnologique autorisée par le règlement délégué (UE) n°2019/934 relatif aux pratiques oeno*, jusqu’à l’adoption récente de la nouvelle PAC (voir point 2).
Définition : réduire une teneur excessive en éthanol afin d’en améliorer l’équilibre gustatif
Procédés admis : techniques séparatives seules ou en combinaison
Vins concernés : tous les vins IGP/AOP/VSIG
Exemple n°1 : Un opérateur peut réduire le TAV acquis de son vin titrant à 15% vol. au maximum jusqu’à 12,8% vol. Il respectera alors la réglementation (zone B ou C) si c’est un VSIG, ou son CDC, s’il s’agit d’un vin IGP Drôme par exemple puisque le TAV acquis minimal y est fixé à 9% vol.
Exemple n°2 : Un opérateur peut réduire le TAV acquis de son vin titrant à 12% vol. au maximum jusqu’à 9.6% % vol., s’il s’agit d’un VSIG. Mais s’il s’agit d’un vin IGP Côtes de Gascogne par exemple, il ne respectera pas son CDC qui est plus strict, puisqu’il prévoit un TAV acquis minimal à 10% vol. Par conséquent dans ce dernier cas, il ne pourra pas descendre le TAV acquis de son vin en deçà de 10% vol.
A noter : Pas de modification des cahiers des charges (CDC) à prévoir pour intégrer la pratique, sauf pour l’interdire ou la restreindre.
* Appendice 8 du règlement délégué (UE) n°2019/934 complétant le règlement (UE) n° 1308/2013 dit « OCM », en ce qui concerne les zones viticoles où le titre alcoométrique peut être augmenté, les pratiques oenologiques autorisées et les restrictions applicables à la production et à la conservation de produits de la vigne, le pourcentage minimal d'alcool pour les sous-produits et leur élimination, et la publication des fiches de l'OIV
Nouvelle pratique visant à la réduction partielle ou totale de la teneur en alcool des vins, vins mousseux, vins mousseux de qualité (VMQ), vins mousseux de qualité de type aromatique, vin mousseux gazéifié*, vin pétillant et vin pétillant gazéifié1, permettant à ces derniers de demeurer dans la catégorie « vin » (≠ « boisson alcoolisée à base de vin »), depuis l’adoption en décembre 2021 du règlement OMNIBUS de la PAC n°2021/21172**.
*Les seules catégories de vins et VMQ susceptibles de pouvoir être revendiqués en IGP.
**Dispositions du Règlement OMNIBUS sur la désalcoolisation intégrées au Règlement (UE) n°1308/2013 portant Organisation commune des marchés (OCM)
« désalcoolisation » (= totale) : Le produit a un TAV acquis inférieur à 0,5 %.vol. Réservée aux VSIG uniquement. Exemple : un vin sans IG à 0.2% vol. ou 0.0% vol.
« désalcoolisation partielle » : Le produit a un TAV acquis compris entre 0,5 %. vol. et inférieur au TAV acquis minimal fixé pour la catégorie avant désalcoolisation (8,5% vol. en zone B ou 9%vol. en zone C) [ou du TAV minimal fixé dans les CDC IGP/AOP : la Commission européenne a été interrogé sur ce point d’interprétation du texte].Utilisable par les VSIG et vins IGP/AOP. Exemple : Un vin IGP Ile-de-France titrant à 13% vol. pourrait subir un traitement de désalcoolisation partielle. Son TAV acquis devrait alors être compris entre 0.5% vol. et 8.5% vol. (zone B) [ou 9% vol. conformément au TAV acquis minimal prévu au CDC de l’IGP].
Trois processus de désalcoolisation retenus par la COM (utilisables soit séparément soit conjointement) :
A noter : Une modification du CDC est à prévoir pour autoriser le traitement de désalcoolisation partielle (IGP/AOP). Le CDC devra alors contenir une description organoleptique de ces vins partiellement désalcoolisés (comme pour tout autre vin), « et, le cas échéant, les pratiques oenologiques spécifiques employées pour élaborer le ou les vins partiellement désalcoolisés, ainsi que les restrictions applicables à cette élaboration »
Dans certains cas, aucune des 2 pratiques œnologiques ne pourra répondre au besoin de réduction de la teneur en éthanol à la hauteur de ce que les opérateurs souhaiteront.
Exemple : Un opérateur a obtenu un vin en IGP Vaucluse à 14.5% vol. (TAV acquis minimal fixé dans le CDC à 9% vol.), mais voudrait le commercialiser à 10.5% vol. Il sait qu’il a 2 techniques à disposition, mais aucune des 2 ne pourra lui permettre d’atteindre un tel degré :
Avec un vin à 14.5% vol, l’opérateur ne pourra pas de quelque façon que ce soit obtenir un vin entre 9 et 11,6% vol.
Les débats sont en cours au sein de l’OIV et de la Commission européenne pour trancher deux questions :
Quand bien même il existe un consensus visant à ce que les vins ainsi obtenus ne sortent pas de « l’univers vin », est-ce que des pratiques œnologiques spécifiques ou complémentaires aux vins ayant subi un traitement de désalcoolisation (totale/partielle) doivent être autorisés ? En effet, il semblerait que le traitement de désalcoolisation puisse nécessiter des rééquilibrages pour obtenir des produits qualitatifs, comme par exemple l’ajout d’arômes (non autorisé sur le vin), d’eau (pas autorisé sur le vin), de sucres pour édulcorer, ou encore de dioxyde de carbone.
Et si ces pratiques œnologiques spécifiques étaient autorisées, dans quelle mesure ?
Les vins IGP doivent-ils s’interdire collectivement de descendre en deçà d’un degré minimum pour les vins IGP désalcoolisés ? C’est-à-dire s’imposer un TAV acquis minimum compris entre la fourchette basse (0.5% vol.) et haute (8.5% ou 9% vol.) permise pour la désalcoolisation partielle.
Exemple : Les vins IGP décident par exemple qu’en cas de traitement de désalcoolisation partielle, le TAV acquis des vins ainsi obtenus est fixé à 5% vol. au plus bas.
De la même façon, les vins IGP doivent-ils collectivement restreindre le recours aux pratiques spécifiques / complémentaires (ou à certaines d’entre elles) qui pourraient être adoptées par la Commission européenne ?
Débats à mener au sein des ODG, de la Confédération et du Comité National des vins IGP de l’INAO.