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DEPHY FERME Viticulture : 10 ans de résultats


Après 10 ans d’existence, le réseau DEPHY FERME viticulture publie sa synthèse nationale. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution.

Le document de synthèse, disponible sur EcophytoPIC, a pour finalité de décrire les performances des systèmes de culture du réseau DEPHY FERME, spécifiquement pour la filière viticulture et la période 2017-2020. Il vise également à présenter les principales évolutions des pratiques au sein de ces exploitations, depuis leur entrée dans le réseau. Il étudie à la fois les pratiques de protection du vignoble et les performances technico-économiques. Voici en résumé l’aboutissement de cette décade.

Baisse de 24% en IFT et maintien de la performance globale 

Le réseau DEPHY FERME est une action du plan ECOPHYTO, qui vise à produire des références sur des systèmes agricoles économes en produits phytosanitaires. Il regroupe actuellement 2000 fermes volontaires, réparties localement en 180 collectifs spécialisés sur une filière agricole et animés par un Ingénieur Réseau. Ce conseiller accompagne les agriculteurs engagés à réduire leur utilisation de pesticides, et enregistre annuellement diverses informations pour caractériser leurs exploitations. La synthèse présente les performances de 415 systèmes de culture du réseau DEPHY, pour la filière viticulture et la période 2017-2020, ainsi que les principales évolutions depuis leur entrée dans le réseau. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution. Le recours au biocontrôle a progressé sur cette même période, tant par la fréquence des traitements que par la diversité de substances utilisées, et contribue en partie à la réduction des IFT. La part de cuivre dans les traitements est en augmentation, notamment pour les systèmes en conventionnel et en conversion vers l’agriculture biologique (AB). L’utilisation de produits Cancérogènes – Mutagènes – Reprotoxiques (CMR) est en chute, en nombre de systèmes utilisateurs comme en quantité totale. Le recours aux herbicides a fortement diminué sur la période étudiée, avec même un arrêt complet pour un tiers des systèmes concernés. Cette dynamique s’accompagne d’un recours accru au travail du sol. La trajectoire d’IFT ou l’intensité de recours à certaines catégories de produits (biocontrôle, CMR) n’ont pas eu d’impact sur la maîtrise des bioagresseurs. La réduction des IFT s’accompagne d’une baisse significative des charges phytosanitaires. Les charges de mécanisation, de main d’œuvre, le temps de travail ainsi que les émissions de GES varient fortement entre les systèmes mais évoluent peu en moyenne. Ils sont néanmoins affectés pour certaines trajectoires particulières, comme l’arrêt des herbicides ou la conversion à l’AB.

Peu d'impact sur les performances technico-économiques 

Le désherbage mécanique et les couverts végétaux constituent les leviers principaux pour la réduction de l’usage des herbicides. 75% des SdC (systèmes de culture) intègrent du désherbage mécanique sur tout ou partie de la surface. Pour la gestion des maladies et des ravageurs, les leviers d’optimisation des traitements sont majoritairement mobilisés. Viennent ensuite le biocontrôle, et les techniques de prophylaxie. L’IFT hors-biocontrôle moyen a chuté de 24% entre l’état initial et la moyenne 2018 à 2020, avec des dynamiques différentes selon les bassins viticoles et les modes de production. Toutes les catégories d’IFT sont à la baisse (fongicides, insecticides, herbicides), et l’IFT hors biocontrôle est en diminution dans 70% des SDC. Les SdC du réseau sont généralement plus économes en produits phytosanitaires que la « ferme viticole française », et leurs IFT diminuent plus fortement. Les performances technico-économiques moyennes restent stables, à l’exception des charges phytosanitaires qui évoluent dans le même sens que l’IFT. Les rendements sont principalement impactés par des phénomènes abiotiques (gel, grêle) et dans une moindre mesure par la présence de bioagresseurs. Les systèmes de culture qui deviennent économes sont en majorité conventionnels (75%). Mais c’est aussi dans cette catégorie qu’on retrouve la moitié des SdC en conversion pendant l’étude. Les SdC qui restent économes sont eux majoritairement en AB (63%). Ils sont aussi caractérisés par des temps de travaux plus élevés que le reste de l’échantillon. Les SDC qui restent peu économes voient tout de même leurs IFT diminuer. L’IFT hors biocontrôle est même en baisse pour 80% d’entre eux. En situation de pression moyenne à forte, les SdC qui « deviennent économes » ne voient pas leur maîtrise du mildiou être dégradée. Hormis les charges phyto, les performances technico-économiques sont peu impactées par les trajectoires d’évolution de l’IFT.


Pour en savoir plus :

Florent BANCTEL, Ingénieur Territorial DEPHY, Chambre d'agriculture des Pays de la Loire

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Maintenir les rendements avec moins d’intrants ?


Lundi 22 mai, au Centre viti-vinicole de Chinon, des étudiants en formation professionnelle ont échangé sur le sujet de la réduction des intrants. Stratégie de biocontrôle, essais d’engrais verts et paillages, innovations agroécologiques ont été présentés lors de cette journée technique Ecophyto’ter organisée par le lycée agricole de Tours-Fondettes.

Sur le Centre viti-vinicole de Chinon, au domaine des Millarges, exploitation rattachée au lycée professionnel, une partie des vignes de cabernet franc est protégée via un programme de biocontrôle associé à l’utilisation de cuivre sur la période 2018-2023, dans le cadre du projet BEE (Biocontrôle et Equilibre de l’Ecosystème vigne). « L’objectif est de mettre au point des recettes de traitement, de comparer la modalité biocontrôle à un témoin en conduite classique pour évaluer les limites de la protection, tout en visant une récolte autour de 55 hl/ha », présente Guillaume Delanoue, de l’IFV. Chinon fait partie des cinq sites nationaux identifiés dans ce projet, aux côtés de Juillac le Coq (Charente), Saint-Estèphe (Gironde), Wintzenheim (Haut-Rhin) et Nîmes (Gard). Sur le domaine, trois produits de biocontrôle ont été choisis pour lutter contre le mildiou : des phosphites, « Essentiel » (huile essentielle d’orange douce), et le stimulateur de défense des plantes « Messager » (Cos-Oga).

20 à 30 % de passages en plus

Ces produits ont été associés au cuivre, à dose très faible (150-250 gr/ha). La stratégie de traitement était guidée par les modèles IFV, selon des règles de décision strictes, associées à des observations hebdomadaires. Sur l’ensemble des sites, la stratégie BEE a conduit à une réduction de l’IFT, hors-biocontrôle, supérieure à 70%, indique l’IFV entre 2018 et 2020. « Globalement, la stratégie BEE a conduit à augmenter le nombre de passages de 20 à 30 % selon les années, avec par exemple 9 passages en association cuivre-biocontrôle en 2018 contre 6 en conventionnel, mais en 2021, le nombre de passages était le même », chiffre Guillaume Delanoue qui conclut : « la rentabilité était là, avec des rendements maintenus, et une analyse comparative des vins ne montrant pas de différences significatives. Cependant, l’offre en produits de biocontrôle reste encore limitée, et la stratégie alternative oblige à un suivi strict des contaminations et des règles de décision des traitementsCe constat est pris en compte dans l’écriture d’un projet dans le prolongement du projet BEE, après 2023. Nous aimerions aussi intégrer des essais de biostimulants en application foliaire, pour étudier l’impact sur le mildiou : dans le projet Mistic porté par l’IFV et soutenu par Végépolys Valley, des bénéfices ont été notés en couplant biocontrôle et biostimulant. Il reste désormais à trouver des sites expérimentaux pour appliquer ces stratégies nouvelles via le réseau des fermes Déphy », termine Guillaume Delanoue.

Du miscanthus en paillage

Au sein du groupe Dephy d’Indre-et-Loire, composé d’une douzaine de vignerons de Chinon, Bourgueil, Montlouis et Vouvray, une étude sur les couverts végétaux et différentes solutions de paillage a été menée dans le cadre d’une réflexion sur la réduction des herbicides. « Beaucoup de vignerons sont encore contre le travail du sol, alternative aux herbicides, pour des questions de temps, de blessure des ceps, ou de coût d’équipement. D’où ces travaux démarrés en 2019 sur les couverts et les paillages », a indiqué Manon Thaunay, conseillère en viticulture à la Chambre d'agriculture départementale 37. Seul l’apport de miscanthus a permis dans les essais de limiter le salissement du cavaillon, durant deux années. Si le développement de la vigne n’a pas été affecté, le rendement final était légèrement plus faible, avec cependant des baies plus grosses et plus concentrées. « Sans production de miscanthus sur l’exploitation, cette technique est cependant peu viable économiquement, et elle est à réserver principalement aux plantiers, plus fragiles », indique la conseillère. Dans le cadre de l’étude, également, les feutres testés ont été assez vite percés, et ont entraîné des problèmes d’eau stagnante en dessous, défavorable à la vie du sol.

Accroître la biodiversité pour améliorer l’empreinte agroécologique

Enfin, les étudiants de 2ème année de BTSA viticulture-œnologie du lycée professionnel Tours-Fondettes ont présenté leurs projets pour améliorer l’empreinte agroécologique du Domaine des Millarges par l’apport de plus de biodiversité. Parmi les pistes retenues : l’ajout de chênes truffiers en agroforesterie, la pratique de l’écopâturage à l’aide d’un troupeau de moutons voisins en période hivernale, ou encore la plantation de cépages blancs pour diversifier la gamme, avec le choix de variétés résistantes Floréal, voire Selenor et Opalor selon la disponibilité chez les pépiniéristes.

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Application ApeX-Vigne pour estimer la contrainte hydrique


La saison végétative a débuté depuis maintenant quelques semaines. Parmi les suivis agronomiques à la parcelle, la mesure de la contrainte hydrique de la vigne occupe une place importante dans les stratégies de pilotage des exploitations. Diverses méthodes existent et vous pouvez en retrouver un panorama sur notre fiche technique « La mesure de l’état hydrique ». L’une d’entre-elles est particulièrement simple d’utilisation et rapide à mettre en place : la méthode des apex.

La méthode des apex est une technique qui permet d’évaluer l’évolution de la croissance de la plante, ainsi que d’estimer le niveau de contrainte hydrique subi par cette dernière. Pour ce faire, il suffit d’observer de manière hebdomadaire une cinquantaine d’apex (extrémité des rameaux) et de leur attribuer une des trois classes suivantes : pleine croissance, croissance ralentie ou arrêt de croissance. A partir de là, un indice faisant état du stress hydrique subi par la vigne peut être calculé.

Afin de rendre ces contrôles à la portée de tous, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a développé en partenariat avec SupAgro une application mobile. On y retrouve toutes les indications nécessaires à la mise en place de ce protocole.

L’application Apex Vigne, simple et rapide d'utilisation, vous permet de visualiser en deux clics vos résultats sous forme graphique. Elle vous permet de suivre précisément et facilement la contrainte hydrique de votre vigne tout au long de la campagne. Ces résultats peuvent vous permettre d'adapter votre conduite viticole face à une contrainte hydrique en cours de campagne : gestion de la charge, de l'enherbement, de la haie foliaire, etc.

Apex Vigne intègre donc la boîte à outil technique destinée aux vignerons. Le vignoble du Val de Loire est un des vignobles leader en matière de connaissance des terroirs et des bilans hydriques à l'échelle fine, grâce à des travaux initiés depuis les années 1980 et poursuivis depuis par les équipes de recherche de l’ESA, de l’INRAE et de l’IFV.

En utilisant cette application Apex Vigne, vous contribuerez à alimenter une base de données régionale qui sera utilisée pour les travaux de recherche de la filière viticole, dans un contexte de changement climatique. En effet, Apex Vigne fonctionne sur une base de données « partagée » qui peut être utilisée continuellement par les chercheurs au gré des utilisations par les vignerons : chaque acquisition de données à la parcelle enrichit donc la connaissance du comportement de nos sols face aux contraintes hydriques. Les données partagées y sont intégralement anonymisées, compilées et agrégées, dans le respect de la réglementation RGPD et de votre vie privée. Apex Vigne est donc un outil à utiliser sans modération pour adapter vos itinéraires techniques en cours de campagne. Il contribue également aux travaux de recherche pour l'adaptation de notre vignoble face au changement climatique. Et il constitue enfin un bon support pédagogique : n’hésitez pas à l'utiliser et à le faire utiliser par les étudiants, apprenants et stagiaires qui viennent se former sur vos domaines.

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Vers un dispositif assurantiel, levier de transition agro-écologique


A l’initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine, le programme VitiREV, fédère depuis 2019, les acteurs des territoires viticoles pour accélérer la sortie des pesticides, en intégrant des pratiques agro écologiques. Participant à cette dynamique collective, l’UMT SEVEN (1) (INRAE, Bordeaux Sciences Agro et l’IFV Nouvelle-Aquitaine) et une équipe de chercheurs en économie, conduisent des expérimentations et une réflexion sur l’opportunité de créer un dispositif de soutien assurantiel couvrant les risques de pertes de récoltes liée aux maladies fongiques.

Un IFT diminué de 45 % et un rendement satisfaisant

Cet outil d’accompagnement, réflechi dans le cadre de ce programme de recherche, vise à garantir pour le viticulteur une compensation financière en cas de perte de récolte due au développement de maladies fongiques (mildiou, oïdium, black rot). L’adhésion à ce dispositif encore expérimental est conditionnée à l’engagement de suivi par le viticulteur-assuré d’un Plan de Traitement Assurable (PTA), formulé à partir de données issues de différents Outils d’Aide à la Décision (plateforme EPICURE de l’IFV, données Météo France, modèles Potentiels Systèmes, DéciTrait, Optidose, règles de décision spécifiques constituant le PTA expérimenté depuis 2019). L’objectif est d’accompagner la viticulture vers une transition agro-écologique traduite par la moindre utilisation d’intrants phytosanitaires (diminution de l’IFT en %), tout en conservant un équilibre économique satisfaisant. L’objectif de rendement, le capital assuré et le niveau d’indemnisation choisi seraient précisés contractuellement lors de l’adhésion au dispositif. Une évaluation des pertes en fin de campagne serait réalisée avant indemnisation. Ce protocole expérimental a été testé sur les 4 dernières campagnes avec deux opérateurs économiques : les caves coopératives de Buzet (Lot et Garonne) et Tutiac (Gironde) et une société d’assurance. Il a montré son efficacité en permettant la diminution de l’IFT de l’ordre de 45% en moyenne sur 4 ans avec un niveau de préservation de l’état sanitaire et de rendement attendu, globalement satisfaisants. Le millésime 2022, pourtant peu virulent en Nouvelle-Aquitaine, a cependant montré la difficulté de l’exercice et les limites de l’équilibre économique proposé par le contrat d’assurance expérimenté. Ce travail sera poursuivi sur le millésime 2023.

Une approche encore perfectible

Selon Marc Raynal de l’IFV Nouvelle-Aquitaine, animateur du projet, cette approche constitue un levier indispensable pour atteindre l’objectif de diminuer de 50% l’usage des produits phytosanitaires, prévu dans le plan Ecophyto II+. L’expérimentation du dispositif a permis d’identifier des points de vigilance et d’améliorations. « Le dispositif doit tout d’abord reposer sur un plan de traitement assurable le plus efficace possible. D’un point de vue purement technique, la performance du PTA reste dépendante de celle du pulvérisateur qui devrait être un élément conditionnel soumis aux exigences du contrat d’assurance. Des progrès sont aussi attendus sur des outils permettant d’évaluer avec justesse les zones parcellaires impactées par les maladies fongiques et les pertes de récolte effectives. En effet, l’expertise humaine par échantillonnage montre ses limites et semble aisément contestable dans un tel dispositif. Les Outils d’Aide à la Décision devront également évoluer pour tenir compte de la réapparition du Black Rot : la gestion de cette maladie uniquement à partir des effets secondaires des traitements anti-mildiou et anti-oïdium ne suffit plus à endiguer son développement; des règles spécifiques doivent être établies. Plus globalement dans le contexte actuel, cette démarche d’assurance ne pourra trouver un équilibre économique qu’avec un accompagnement des pouvoirs publics », indique Marc Raynal. « La baisse de 50% de l’IFT est un objectif collectif louable, mais il génère une prise de risque individuel considérable dont le coût, dans le contexte règlementaire actuel, semble rédhibitoire tant pour l’assureur que pour l’assuré », ajoute-t-il.

Quels viticulteurs pourraient être intéressés par un tel dispositif ?

Pour répondre à cette question, une enquête a été menée début 2023 par des économistes de l’Université d’Angers et de Bordeaux dans le cadre du projet BEHAVE. L’objectif est d’évaluer l’intérêt et le consentement à payer des viticulteurs pour ce type de dispositif assurant les pertes imputables aux maladies fongiques, conditionnellement au fait de suivre les préconisations de l’Outil d’Aide à la Décision afin de réduire l’usage des fongicides. Au-delà des conditions particulières de l’expérimentation VitiREV, l’enquête envisage différentes modalités de mise en place : contrat individuel ou contrat de groupe dans le cadre d’un fond mutuel, déclenchement de l’indemnisation en fonction de l’évaluation des pertes par un expert ou en fonction d’un indice de pression fongique locale (assurance paramétrique). Les résultats de ces enquêtes, publiés d’ici quelques mois, permettront d’identifier le profil des viticulteurs intéressés par un tel contrat et la baisse de consommation de fongicides susceptible d’être obtenue grâce à ce dispositif innovant.

(1) : Unité mixte Technologique Santé des Ecosystèmes Viticoles Economes en intraNts

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Pour préparer la vigne aux stress climatiques, favoriser la mise en réserve


La mise en réserve est probablement un des principaux facteurs clés pour faire face aux aléas climatiques. Ajuster sa taille, gérer ses couverts et garantir un feuillage de qualité le plus longtemps possible sont des pistes à mettre en œuvre, pour accroître les réserves de la vigne, et garantir sa productivité.

La mise en réserve : étape physiologique essentielle de la plante

Stockées sous forme d’amidon dans les racines, le tronc et les charpentes, les réserves glucidiques de la vigne lui permettent de mettre en place des stratégies d’adaptation pour éviter des accidents physiologiques de dysfonctionnement hydraulique, notamment la cavitation, les thylloses et en stade final l’apoplexie ou dépérissement (cf. travaux de Chloé Delmas, directrice de recherche, INRAE Bordeaux). « En fonction du niveau de mise en réserve, de l’état de santé de la plante, de l’état de son système racinaire, du niveau de fertilité des sols, les vignes peuvent plus ou moins bien faire face aux nombreux stress climatiques de plus en plus récurrents ces dernières années », insiste Adeline Boulfray-Mallet, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire. Coups de chaud, déficits hydriques ou encore gels tardifs : face à ces épisodes, la vigne doit en effet mobiliser de l’énergie stockée dans ses réserves pour être résiliente.

Optimiser la mise en réserve : la taille, une partie de la solution

Pour optimiser la mise en réserve, l’enjeu sera de maintenir une photosynthèse active, en particulier en veillant à disposer d’une fourniture en eau suffisante dans le sol pour le transport des éléments minéraux (dont le phosphore, le potassium, le calcium…). « On peut citer les emplois de talc, d’argile ou de silicate de calcium pour abaisser les températures et limiter l’évapotranspiration au niveau des feuilles », poursuit la conseillère. Les engrais foliaires, largement employés en arboriculture, sont également une piste à creuser pour favoriser le stockage de réserves glucidiques. « Je pense qu’ils vont encore plus se démocratiser en vigne dans les années à venir. » La question de la taille est centrale, avec de vraies marges de progression. « Former les vignerons aux tailles non mutilantes en respectant les flux de sève est essentiel pour lutter contre le dépérissement et améliorer la mise en réserve, qui doit être vu comme un fil rouge », insiste Adeline Boulfray-Mallet. « Avec une mise en réserve qui se poursuit jusqu’à fin janvier, l’idéal serait de réaliser la taille à partir de cette date jusqu’à 3 semaines avant débourrement, selon elle, ajoutant : « De ce point de vue, le prétaillage dès novembre est une énorme bêtise !  À noter que les tailles à baguettes ou les gobelets ont mieux résisté au gel dans le sud de la France en 2021 que les parcelles taillées en cordon (observation faite dans des situations comparables) ». Pour Hugues Daubercies, conseiller en viticulture indépendant, membre de Loeil Consultants, la gestion de la taille en respectant les flux de sève est en effet un enjeu majeur mais il demeure sceptique sur le bénéfice des engrais foliaires. « Dans le but de se prémunir des gels tarifs, la tendance est à la taille tardive. Mais du débourrement au stade 7-8 feuilles étalées, la vigne vit sur ses réserves. Tailler au-delà du stade bourgeon éclaté, c’est pénaliser une partie des réserves du pied. Aussi, laisser des baguettes plus longues pour compenser certains yeux mal-débourrés lié à un manque de vigueur n’est pas stratégique. Il est préférable au contraire de raccourcir les baguettes pour adapter la charge à la vigueur. », conseille-t-il.

Une bonne mise en réserve étant aussi très liée à un système racinaire fonctionnel, Adeline Boulfray-Mallet rappelle l’importance de l’établissement en profondeur d’un système racinaire favorisé par un temps de repos suffisant après arrachage et plantation, une bonne préparation du sol et un ameublissement biologique apporté notamment par des couverts (cf. « Réussir sa plantation, première étape face au risque de sécheresse»). « Les vieux enherbements sont aussi un gros problème, concurrençant la vigne en azote et en eau », complète Hugues Daubercies. Il faut retrouver des bases agronomiques, en détruisant ces vieux enherbements pour mettre des engrais verts, afin de redonner de la vigueur à la vigne. », conclut-il.

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Réduire l’utilisation du cuivre : la filière s’engage à trouver des solutions


 

En novembre 2018, la Commission européenne a acté le renouvellement du cuivre en tant que substance phytopharmaceutique pour une durée de 7 ans jusqu’en 2025, assorti d’une limitation des quantités utilisables (28 kg cuivre métal/ha soit 4 kg/an sans possibilité de lissage) en raison des risques sur la santé et l’environnement. Dans un contexte réglementaire européen futur, incertain, les pouvoirs publics et la filière viticole ont engagé divers programmes de recherche et d’expérimentation afin de trouver des alternatives au cuivre, a minima d’en réduire son utilisation. Le projet Alter Cuivre porté par la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, en est un exemple.

La prophylaxie, un prérequis

Ce projet a pour objectif de permettre au monde viticole, de s’approprier les techniques et solutions alternatives de protection disponibles à ce jour, sur la base d’un état des lieux et d’une évaluation des expérimentations et pratiques utilisées. Bertille Matray, conseillère en viticulture biologique, responsable du projet à la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, souligne l’importance de mettre en œuvre, par le viticulteur, un ensemble de mesures préventives ou prophylaxie pour prévenir le développement du mildiou et son accumulation dans le sol (gestion de la vigueur, gestion des adventices sous le rang, des travaux en verts, drainage). Selon elle, cela constitue un prérequis dans une démarche de réduction d’utilisation du cuivre avant d’envisager toute alternative.

Pas de solution miracle mais différents leviers et alternatives

En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de produit capable de remplacer intégralement le cuivre et pour rappel, il est à ce jour la seule substance homologuée efficace pour la lutte contre le mildiou en agriculture biologique. Par contre, son usage en accompagnement avec des substances alternatives se développe, suscitant beaucoup d’intérêt. On distingue les produits de biocontrôle, stimulateur de défense de la plante (Cerevisane®, Bacillus amyloliquéfaciens, complexe oligosaccharidique-COS-OGA) ou possédant une propriété fongicide (phosphonates-non autorisés en agriculture biologique, huile essentielle d’écorce d’orange douce) et les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP) à base d’extraits végétaux (saule, prêle, lécithine, purin d’ortie, …). Un recensement des expérimentations menées en France montre une efficacité assez variable de ces substances (cf. article de Camille Errecart, chargée d’étude Chambre d’agriculture de Gironde, revue Phytoma-n°758, Novembre 2022 : « Accompagner pour réduire le cuivre en viticulture : le projet Alter Cuivre »). Elles constituent malgré tout un réservoir de solutions futures mais nécessitent pour leur mise en pratique un accompagnement technique spécifique. L’utilisation de matériel de pulvérisation confinée, d’outils d’aide à la décision (OAD) afin de traiter « au plus juste », comme OPTIDOSE, RIM pro, DECITRAIT, AGRO CLIM, sont aussi des leviers efficaces sur lesquels les viticulteurs peuvent s’appuyer. A ce sujet, une série d’enquêtes menées dans le cadre du projet a montré que les vignerons avaient des stratégies très diverses quant à l’usage du cuivre lors de leurs interventions phytosanitaires. Mais de manière générale, un nombre de passage plus récurrents à petites doses était privilégié. Par ailleurs, sont expérimentées diverses méthodes physiques prometteuses comme l’exposition de la plante aux rayons solaires UV-C, afin de déclencher ses défenses naturelles ou la mise en place de système de couverture automatisé pour protéger des précipitations. « Parmi toutes ces solutions, il semble que le développement de matériel végétal peu sensible ou résistant aux maladies fongiques soit un levier majeur. Une vingtaine de variétés résistantes sont inscrites au catalogue national officiel et leur statut réglementaire, notamment leur introduction dans le cahier des charges des AOP est en pleine évolution », souligne Bertille Matray.

En résumé, il n’existe pas de solution miracle qui permettrait de s’affranchir totalement du cuivre mais le viticulteur dispose aujourd’hui d’un certain nombre de leviers et de substances alternatives, qui combinés entre eux peuvent permettre de réduire l’utilisation du cuivre.

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Choix d’un itinéraire d’entretien du sol : impact sur l'empreinte carbone


La filière viti-vinicole engage des réflexions et initie des projets de recherche et d’expérimentation concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Celles-ci ont fortement évolué depuis l’ère industrielle, se sont accentuées après 1945 et, selon les scientifiques, ont eu pour conséquence le changement climatique que l’on observe aujourd’hui. Lors du Forum «Bas-Carbone», organisé dans le cadre du Vinitech-Bordeaux, en novembre 2022, l’IFV Bourgogne, associé à la Chambre d’agriculture de Gironde, présentait les résultats du projet MOSGA sur l’étude de l’impact environnemental de différents itinéraires techniques d'entretien du sol.

Réduction des émissions, stockage du carbone : deux leviers d’action

L’empreinte carbone en viticulture est la différence entre les émissions indirectes (liées à la fabrication des intrants utilisés : produits phytosanitaires et amendements) et directes (émissions de gaz carbonique- CO2, méthane-CH4 et protoxyde d’azote-NO2, générés par les pratiques culturales) de GES et le stockage de carbone dans le sol. Une structure viticole peut actionner deux leviers au niveau de la conduite de son vignoble pour réduire celle-ci. D’une part, en stockant du carbone au niveau des sols, par l’implantation de couverts végétaux temporaires ou permanents), par restitution (broyage et incorporation des sarments) et par apport d’amendements organiques, en alternative aux engrais minéraux dont la fabrication est forte émettrice de GES. D’autre part en réduisant les émissions directes de GES par l’adaptation des itinéraires techniques, dont ceux liés spécifiquement à l’entretien du sol.

L’empreinte carbone liée aux passages et au carburant consommé

Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) a confié à l’IFV, le pilotage du projet MOSGA (2019-2021). Les objectifs identifiés étaient notamment de recueillir des données techniques sur les différentes solutions alternatives au désherbage chimique, d’évaluer différents modes d’entretien du sol au regard de l’empreinte carbone, de sensibiliser des viticulteurs aux facteurs qui influent sur l’empreinte carbone. Les résultats de l’évaluation de 26 itinéraires techniques réparties en 9 modalités, selon les modes de gestion du rang et de l’inter-rang, ont été étudiées dans le cadre de ce projet. Différents outils d’évaluation ont été utilisés : le Bilan Carbone (ADEME) (outil générique) et GES&Vit (outil spécifique vigne élaboré par l’IFV) pour le calcul de l’empreinte carbone et le modèle AMG (outil INRAE) pour modéliser la capture du carbone dans les sols. Globalement, quel que soit l‘itinéraire technique observé, l’entretien du sol ne représente qu’une part relativement faible (jusqu’à 20%) de l’empreinte carbone viticole totale, corrélée principalement à la consommation de carburant et au nombre de passages. Et si l’on envisage l’ensemble du cycle de vie du vin, incluant les activités de transformation et de distribution (responsable d’environ 80% de l’empreinte carbone), sa part est encore plus faible. Les itinéraires techniques les moins émetteurs sont donc ceux qui consomment le moins de carburant et génèrent le moins de passages. 

L’empreinte carbone comme indicateur mais pas que…

Par ailleurs, L’empreinte carbone ne doit pas être la seule variable environnementale décisionnelle, dans le choix d’un itinéraire technique d’entretien du sol, c’est l’une des conclusions de cette étude. D’autres indicateurs environnementaux (ex : écotoxicité) doivent être pris en compte et en particulier la qualité globale du sol. Son amélioration du point de vue de sa fertilité, de sa structure morphologique, de son activité biologique, de sa capacité à retenir l’eau et les nutriments nécessaires pour le fonctionnement de la plante, sont aussi des variables à prendre en compte. « En fonction d’un diagnostic agronomique préalable, la mise en œuvre d’un itinéraire technique adapté intégrant des pratiques de stockage de carbone, permettra au sol d’ offrir ainsi différents services écosystémiques (épuration des eaux, support de biodiversité, garant de l’hétérogénéité des paysages , alimentation de la plante en eau et nutriments) et ne sera plus considéré comme un simple support de culture inerte », souligne Alexis Allard, Chargé d’études en gestion des sols à la Chambre d’Agriculture de Gironde. 

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Réussir sa plantation, première étape face au risque de sécheresse


Réussir sa plantation est le premier levier pour parer aux conséquences d’aléas climatiques tels que la sécheresse. Outre anticiper le choix de son matériel végétal, cela passe aussi par une préparation du sol favorisant l’exploration racinaire des plants sur toute sa profondeur.

La préparation du sol se fait avec des outils à disques ou à dents mais dans tous les cas en évitant les charrues qui créent des semelles de labour ou les outils rotatifs propices à la compaction et au colmatage. Le cover crop permettra d’incorporer et de mélanger en surface le fumier puis le couvert, le chisel de créer de la terre fine assurant un bon contact entre les racines et la terre et le vibroculteur, le rouleau d’affiner la terre et de la niveler pour faciliter le travail. Si cette préparation fait suite à un arrachage, penser que le temps de repos du sol est au minimum de 1.5 ans et dans l’idéal de 2.5 ans. « Il faut absolument privilégier les apports de matières organiques le plus en amont possible de l’année de plantation et jumeler avec un couvert pendant le repos puis un sous-solage profond si nécessaire dans un sol ressuyé », explique Perrine Dubois de l’ATV 49, lors du webinaire sur l’eau enjeu de demain le 3 février dernier.

Apporter la matière organique avant l’implantation du couvert

Il faut absolument éviter l’apport massif de fumure azotée à la plantation sous peine de créer un enracinement superficiel, de favoriser la haie foliaire au détriment du développement racinaire et de provoquer une demande en eau supérieure à ce que le système racinaire peut offrir. « Un enracinement superficiel aura pour conséquences une sensibilité accrue à la sécheresse et aux maladies (mildiou, oïdium pourriture grise mais aussi ESCA) du fait de l’absorption par à-coups de l’azote et de l’eau. Il favorisera les débourrements précoces en lien avec une température plus élevée au niveau des racines », souligne la technicienne. Pour éviter l’enracinement superficiel, il faut apporter la matière organique avant l’implantation du couvert sans l’enfouir profondément avec un labour. Après la destruction de celui-ci, deux mois avant la plantation, les racines assureront la répartition homogène et profonde de la matière organique. La composition du couvert pourra être de 50 % de légumineuses et de 40 ou 50 % de graminées.  S’il y a un antécédent pourridié, il est recommandé d’utiliser l’orge et d’éviter le blé, le haricot, la fève, le maïs ou le rosier. Un antécédent court-noué interdira l’utilisation du sorgho, sarrazin, chanvre, phacélie.

Une bonne exploration racinaire pour une plus grande longévité

L’exploration racinaire optimale permet aux racines de puiser les minéraux les moins mobiles comme le phosphore et de mieux accéder aux oligo-éléments tels que le zinc ou le fer, qui interviennent dans les réactions enzymatiques de la synthèse des molécules de défenses naturelles de la plante. Elle permet, par ailleurs, une alimentation régulée en eau et l’installation progressive de la contrainte hydrique en été ainsi que d’améliorer la maturation, l’aoûtement et la mise en réserve. D’autres points essentiels sont à retenir comme le souligne Perrine Dubois en conclusion de son intervention : « Attention à la disposition des racines lors de la plantation ! Si elle est faite à la main, pensez à relever le plant par exemple et dans tous les cas adapter la longueur des racines à la méthode de plantation. Evitez de faire surproduire des jeunes vignes : il faut éclaircir jusqu’à la 4eme feuille pour limiter le nombre de grappes qui utilisent les sucres à la place des racines et au détriment de la mise en réserve. Et enfin, maîtrisez l’herbe sur la totalité de la surface en période végétative de la jeune plante durant les 3 premières années. Tout ceci conditionne aussi la réussite de votre plantation. »

Jean-Christian Bonnin, vigneron à Martigné-Briand (49) témoigne : "Lorsqu’on arrachait des vignes anciennes, d’une 50e d’années, plus de la moitié avait des racines tordues à 90 ° à seulement 20 cm de profondeur, du fait d’une semelle de labour et de sols tassés surement. Aujourd’hui, j'ai modifié ma technique de plantation pour favoriser un enracinement en profondeur. J'ai arrêté le Rotavator, et opte pour un passage de fissurateur profond type Ripper avant de planter pour sous-soler à 60-70 cm, puis j'ameublis la surface à l’aide d’un outil à dents, sur deux ou trois passages. Par contre, il faut être réactif avec la météo, pour travailler le sol sans qu’il ne se reprenne en masse suite à des précipitations. Je privilégie les apports de fumier moins conséquents à la plantation et calculés selon les besoins des parcelles, allant de 5 à 15 t/ha. Les gros apports de fumier ne forcent pas la vigne à aller puiser en profondeur pour trouver ses nutriments, vu qu’elle a tout dans le premier horizon. Dans la foulée de la plantation, le tuteurage et le palissage sont réalisés, ainsi qu’un arrosage, avec environ 3-4 l/pied. Pour la parcelle plantée au printemps 2022, j’ai réalisé deux arrosages l’été, mais pour celle plantée en 2021, aucun. Elle ne semblait pas souffrir du manque d’eau, peut être grâce à la qualité de plantation. Pour évaluer mes nouvelles pratiques et vérifier l'implantation racinaire, je ferai prochainement des sondages à l’aide d’une bêche".

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Comment la taille permet de faire face aux aléas climatiques ?


Il n’est plus à démontrer que la taille respectueuse du flux de sève permet de limiter les maladies du bois. Le webinaire organisé par vitisphère le 17 novembre dernier a mis en exergue l'intérêt de la taille et de ses conséquences sur le fonctionnement de la plante en cas d'aléas.

Lors de la taille, les plaies mutilantes génèrent du bois mort. L’accumulation de ce bois mort entraîne un déséquilibre de la plante. « Les maladies du bois sont les conséquences de ces plaies mutilantes. Les champignons responsables de ces maladies, viennent s’installer dans le bois mort par opportunisme… mais dans un second temps », précise François Dal du SIVAC.  Si une taille respectueuse (Guyot Poussard, qui s’adapte à toutes les tailles) n’élimine pas les maladies du bois, elle les limite et a, en ce sens, un impact sur le rendement. Tous les essais menés par le SICAVAC vont dans le même sens et comme l’illustrent ces résultats d’essai sur une parcelle de 7 ans, mettent en avant une différence colossale du pourcentage de ceps morts et donc de la productivité. 

 

« Notez que l’inversion du flux de sève provoquée par de mauvais choix de taille, bloque ce flux et engendre une très mauvaise alimentation du feuillage par la sève qui a du mal à monter. Quand il fait très chaud, la plante n'arrive pas à alimenter le feuillage... Ces blocages sont d'autant plus graves sur les jeunes vignes » souligne François Dal. Des essais de taille menés par la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire sur des vignes de 5 ans montrent une défoliation plus intense sur la partie taillée classiquement (Guyot simple) par rapport à une taille en Guyot Pousard, avec un impact significatif sur les rendements et la mise en réserve.

 

Allonger la structure de quelques millimètres par an

Carole Dumon, maître tailleur chez Simoni & Sirch préconise la taille ramifiée pour lutter contre le stress hydrique. « Dans les esprits, la taille sert à raccourcir la structure, en coupant donc dans le vieux bois avec souvent des plaies importantes et profondes. C’est en fait une mutilation qui finit par entraîner la mort du cep. Il faut accepter d’allonger la structure de la vigne, quel que soit le type de taille, afin de créer du bois vivant qui permet des réserves et une bonne circulation de l’eau dans la plante. Un pied avec du bois vivant résistera mieux à la sécheresse et utilisera mieux l'eau », explique-t-elle. Et de conseiller un allongement de 10-15 cm en 20 ans pour que celui-ci ne soit pas trop important et éviter que le bois ne grossisse plus. « La taille ramifiée c’est ni plus ni moins que la construction annuelle de bois vivant avec de petites plaies de taille. Une taille qui permet l’augmentation de la capacité de mise en réserve, une meilleure fertilité, une pérennité du ceps et une meilleure résilience aux aléas climatiques », conclut-elle. Par rapport à l’aléas gel, cette approche présente aussi son intérêt. Dans un essai réalisé sur merlot comparant pendant 10 ans la taille cordon classique à la taille cordon ramifiée, l’année 2021 où tout a gelé, la vigne s’est comportée différemment entre les deux modalités après le gel. « En taille cordon classique, il y a eu beaucoup de pampres moins fertiles avec un impact négatif sur le rendement, alors qu’en taille cordon ramifiée, avec la constitution de bois vivant, les yeux sur les tourelles ont aidé à avoir une pousse active après le gel avec du raisin et un impact moindre sur la production ! », conclut la consultante.

Face au gel, la taille tardive…. Mais vigilance

Autre moyen de se protéger du gel est la taille tardive, qui permet de décaler les stades phénologiques et donc la sensibilité de la plante au gel. Thomas Gouroux de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or a ainsi comparé deux process de taille : une taille définitive en février ou fin mars et une taille en deux temps avec un démontage en février et un plumage mi-mars ou fin mars sur chardonnay. Les résultats révèlent un impact positif sur la diminution des dégâts de gel de la taille tardive et de la taille en deux fois :

Mais attention souligne le conseiller « La taille tardive impacte la mise en réserve donc la vigueur car on monopolise beaucoup de sève brute sur un nombre important de bourgeons qu'on ne va pas garder. On épuise le pied. Il faut éviter de la faire sur des vignes trop faibles. L’application de la taille tardive est à raisonner sur l'ensemble du parcellaire en fonction de la vigueur, de la vitesse de débourrement de la parcelle (débourrement plus tôt c'est là qu'il faut intervenir plus tardivement) et selon le risque de gel (topographie). Pour la taille en deux temps, la valorisation entre aussi en jeu car il faut prévoir entre 30 et 40 % de temps supplémentaires les premières années ». Dernier conseil, ne pas tailler trop tardivement (avant le débourrement) au risque d’avoir une baisse de production liée à la baisse de vigueur et non au gel ! 

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