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20.02.2023

Réussir sa plantation, première étape face au risque de sécheresse


Itinéraires viticoles

Réussir sa plantation, première étape face au risque de sécheresse

Réussir sa plantation est le premier levier pour parer aux conséquences d’aléas climatiques tels que la sécheresse. Outre anticiper le choix de son matériel végétal, cela passe aussi par une préparation du sol favorisant l’exploration racinaire des plants sur toute sa profondeur.

La préparation du sol se fait avec des outils à disques ou à dents mais dans tous les cas en évitant les charrues qui créent des semelles de labour ou les outils rotatifs propices à la compaction et au colmatage. Le cover crop permettra d’incorporer et de mélanger en surface le fumier puis le couvert, le chisel de créer de la terre fine assurant un bon contact entre les racines et la terre et le vibroculteur, le rouleau d’affiner la terre et de la niveler pour faciliter le travail. Si cette préparation fait suite à un arrachage, penser que le temps de repos du sol est au minimum de 1.5 ans et dans l’idéal de 2.5 ans. « Il faut absolument privilégier les apports de matières organiques le plus en amont possible de l’année de plantation et jumeler avec un couvert pendant le repos puis un sous-solage profond si nécessaire dans un sol ressuyé », explique Perrine Dubois de l’ATV 49, lors du webinaire sur l’eau enjeu de demain le 3 février dernier.

Apporter la matière organique avant l’implantation du couvert

Il faut absolument éviter l’apport massif de fumure azotée à la plantation sous peine de créer un enracinement superficiel, de favoriser la haie foliaire au détriment du développement racinaire et de provoquer une demande en eau supérieure à ce que le système racinaire peut offrir. « Un enracinement superficiel aura pour conséquences une sensibilité accrue à la sécheresse et aux maladies (mildiou, oïdium pourriture grise mais aussi ESCA) du fait de l’absorption par à-coups de l’azote et de l’eau. Il favorisera les débourrements précoces en lien avec une température plus élevée au niveau des racines », souligne la technicienne. Pour éviter l’enracinement superficiel, il faut apporter la matière organique avant l’implantation du couvert sans l’enfouir profondément avec un labour. Après la destruction de celui-ci, deux mois avant la plantation, les racines assureront la répartition homogène et profonde de la matière organique. La composition du couvert pourra être de 50 % de légumineuses et de 40 ou 50 % de graminées.  S’il y a un antécédent pourridié, il est recommandé d’utiliser l’orge et d’éviter le blé, le haricot, la fève, le maïs ou le rosier. Un antécédent court-noué interdira l’utilisation du sorgho, sarrazin, chanvre, phacélie.

Une bonne exploration racinaire pour une plus grande longévité

L’exploration racinaire optimale permet aux racines de puiser les minéraux les moins mobiles comme le phosphore et de mieux accéder aux oligo-éléments tels que le zinc ou le fer, qui interviennent dans les réactions enzymatiques de la synthèse des molécules de défenses naturelles de la plante. Elle permet, par ailleurs, une alimentation régulée en eau et l’installation progressive de la contrainte hydrique en été ainsi que d’améliorer la maturation, l’aoûtement et la mise en réserve. D’autres points essentiels sont à retenir comme le souligne Perrine Dubois en conclusion de son intervention : « Attention à la disposition des racines lors de la plantation ! Si elle est faite à la main, pensez à relever le plant par exemple et dans tous les cas adapter la longueur des racines à la méthode de plantation. Evitez de faire surproduire des jeunes vignes : il faut éclaircir jusqu’à la 4eme feuille pour limiter le nombre de grappes qui utilisent les sucres à la place des racines et au détriment de la mise en réserve. Et enfin, maîtrisez l’herbe sur la totalité de la surface en période végétative de la jeune plante durant les 3 premières années. Tout ceci conditionne aussi la réussite de votre plantation. »

Jean-Christian Bonnin, vigneron à Martigné-Briand (49) témoigne : "Lorsqu’on arrachait des vignes anciennes, d’une 50e d’années, plus de la moitié avait des racines tordues à 90 ° à seulement 20 cm de profondeur, du fait d’une semelle de labour et de sols tassés surement. Aujourd’hui, j'ai modifié ma technique de plantation pour favoriser un enracinement en profondeur. J'ai arrêté le Rotavator, et opte pour un passage de fissurateur profond type Ripper avant de planter pour sous-soler à 60-70 cm, puis j'ameublis la surface à l’aide d’un outil à dents, sur deux ou trois passages. Par contre, il faut être réactif avec la météo, pour travailler le sol sans qu’il ne se reprenne en masse suite à des précipitations. Je privilégie les apports de fumier moins conséquents à la plantation et calculés selon les besoins des parcelles, allant de 5 à 15 t/ha. Les gros apports de fumier ne forcent pas la vigne à aller puiser en profondeur pour trouver ses nutriments, vu qu’elle a tout dans le premier horizon. Dans la foulée de la plantation, le tuteurage et le palissage sont réalisés, ainsi qu’un arrosage, avec environ 3-4 l/pied. Pour la parcelle plantée au printemps 2022, j’ai réalisé deux arrosages l’été, mais pour celle plantée en 2021, aucun. Elle ne semblait pas souffrir du manque d’eau, peut être grâce à la qualité de plantation. Pour évaluer mes nouvelles pratiques et vérifier l'implantation racinaire, je ferai prochainement des sondages à l’aide d’une bêche".

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