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Agroforesterie : planter sans se planter


L’agroforesterie dans le vignoble, ce sont des haies autour des parcelles et des arbres plantés au cœur même des vignes, souvent des fruitiers. Selon Armelle Vinet, conseillère à la Chambre d’Agriculture des Pays-de-la-Loire, les plantations se sont accélérées depuis 5-6 ans, pour répondre à divers enjeux.

Alors, pourquoi planter ? D’après la conseillère, certains vignerons bio souhaitent protéger leurs vignes de traitements conventionnels de vignes voisines pour éviter de voir leur production déclassée. D’autres vignerons cherchent à accroître la biodiversité autour des vignes, pour accueillir la faune sauvage et des espèces auxiliaires d’insectes de la vigne. Avec les fruitiers plantés sur les rangs de vignes (souvent pommiers, poiriers, et bien sûr pêchers), l’objectif est d’avoir une production de fruits pour l’autoconsommation, voire la commercialisation.

Limites et avantages

Des freins existent. Le premier, c’est la mécanisation du travail des vignes, reconnaît Armelle Vinet. « C’est pourquoi les projets de plantation se font dans des vignes peu ou pas mécanisées, où il est plus facile de réintégrer des arbres. » Autre frein évoqué parfois : le risque de gel, avec parfois des blocages d’air froid. « Pour éviter cela, il faut bien étudier avec le vigneron les courants d’air et planter des haies en « créneau », avec 5 m plantés et 10 m de vide pour faciliter la circulation de l’air, indique Armelle Vinet. Certains vignerons observent même un gel moins fort à proximité des zones boisées. ». Sur une éventuelle baisse de la productivité de la vigne, la conseillère estime qu’« avec les coups de chaleur de plus en plus fréquents en été, et des teneurs en alcool parfois trop élevées dans les vins, l’ombre de l’arbre est bénéfique à la vigne. L’arbre va aussi chercher de l’eau en profondeur et la redistribue en surface, ce qui améliore la tenue de la vigne en été. ». Les plantations au milieu des vignes concerneront des parcelles hors appellations. « Pour respecter les cahiers des charges des AOP IGP, les vignerons qui souhaitent planter le font alors en haies parallèles en bordure de parcelles, ou dans les triangles non plantés en vignes. »

Les bons conseils

  • Pour accompagner les plantations, diverses subventions existent. « Tout dépend de qui porte le projet. Les chambres d’agriculture savent vers qui orienter les vignerons, qui déboursera à la louche seulement le tiers du montant de la plantation », chiffre Armelle Vinet.
  • Evitez les essences ornementales et persistances (tuyas, pins, mélèzes, chênes verts…), et préférez des essences locales, même si les pépiniéristes peinent à fournir l’ensemble des commandes. Aujourd’hui, la demande en "végétal local" auprès des pépiniéristes agréés est si forte qu’elle ne représente que 35% des plants dans les projets.
  • Le type d’arbre choisi dépend aussi du ou des objectif(s) du vigneron : au sein des vignes, les arbres haute-tige taillé en coton tige engendrent moins de baisse d’ensoleillement, et ceux palissés en U permettent de continuer les passages de tracteurs dans les rangs. Des arbres de quelques années ont généralement un impact de 3m de rayon. 
  • Enfin, un paillage est de mise sur 10-15cm d’épaisseur, voire 20cm recommandés parfois. Des protections contre les chevreuils et lièvres sont fortement conseillées, face à une pression gibier de plus en plus problématique. L’arrosage peut être nécessaire la première voire la deuxième année, avec un à deux apports d’eau, « mais pas trop, pour forcer les arbres à s’implanter en profondeur ! », termine la conseillère.

Pour en savoir plus : Agroforesterie & viticulture, Itinéraires n°28 par IFV

 

Contacts :

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Deux groupes Dephy font le point après 10 ans


À l’occasion du SIVAL 2020, les groupes Dephy viticulture de Cognac et du Loir-et-Cher ont fait le point sur près de 10 ans d’engagement au service de la transition agroécologique. Avec des résultats bien réels !

À son lancement en 2011, le groupe Dephy animé par la coopérative charentaise Océalia comprenant 11 viticulteurs avait un IFT moyen de 16,6 par an, dont 13 points liés aux fongicides, 2,26 liés aux insecticides et 1,30 d’herbicides. En 2019, année au climat certes propice à la baisse des traitements, le groupe affiche 10,56 IFT (7,99 fongicides, 1,82 insecticides et 0,75 herbicides), soit une baisse de 36 % comparé au point 0, et -41% vis-à-vis de la référence régionale, se félicite Pascal Maran, conseiller Océalia et ingénieur réseau du groupe : « Les insecticides sont stables, car nous sommes en lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée. Mais les progrès sont très importants en fongicides et herbicides, en adaptant les doses au volume de végétation et en recherchant le positionnement idéal grâce aux OAD, sans oublier le désherbage mécanique. Nous attendons aussi beaucoup des nouveaux cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. ». Ludovic Zapirain, vigneron installé en 2006 sur 17 ha de vignes, rejoint le groupe Dephy des Charentes en 2012 pour réduire ses phytos. En 2014, il choisit d’enherber ses vignes, et supprime 100% des désherbants en 2019 après l’acquisition d’un intercep Braun et de doigts Kress. Cette année, il va faire l’acquisition d’un pulvé confiné pour réduire ses doses de bouillie. « Le désherbage mécanique me prend certes plus de temps, mais j’ai réussi à réduire mes IFT de 18,9 à 12,7 en échangeant avec le groupe et par l’acquisition d’outils de travail du sol. Mon nouveau pulvé devrait m’aider à améliorer encore mes résultats », détaille-t-il.

Moins de 6 points d’IFT dans le 41

Même tendance en Loir-et-Cher. Le groupe de vignerons animé depuis 2012 par Alice Reumaux, conseillère à la Chambre d’agriculture 41, avait un IFT proche de 14 entre 2009 et 2011. Il est passé sous la barre des 6 en 2019 (5 en fongicides, 0,8 en herbicides). « La météo de 2019 nous a aidé à réduire fortement les doses, mais la tendance globale est baissière depuis 10 ans dans le groupe, et 30% de l’IFT actuel correspond à du biocontrôle », souligne la conseillère. Au domaine du Petit Chambord, François Cazin, vigneron sur 24 ha et membre du groupe Dephy, peut en témoigner : « Je pratique le désherbage mécanique depuis longtemps, mais je désherbais chimiquement sous le rang jusqu’à peu. Depuis deux ans, je suis en 0 herbicides, car je pratique le décavaillonnage, avec une bande de sol travaillée sous le rang. Mais nous avons atteint ce but progressivement ! Sur les vieilles vignes notamment, nous nous contentons d’utiliser des interceps et des tournesols, pour ne pas abîmer les racines qui peuvent être en surface. » L’ancien pulvé face par face pneumatique a laissé place il y a 3 ans à du jet porté, pour apporter moins de 200l/ha en pleine végétation, avec une meilleure efficacité et une réduction de la dérive. Des essais au sein du groupe sont aussi menés sur de la kaolinite depuis 2012, pour lutter contre les cicadelles vertes, avec une baisse de 30 à 50 % des larves ce qui les fait passer sous le seuil de nuisibilité sans tuer aucun insecte.

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Des biochars contre le stress hydrique


Des essais sont menés sur les biochars apportés à la vigne. Ces matières carbonées inertes, pouvant être issues de marcs de raisin, permettraient de lutter contre le stress hydrique. Des résultats positifs obtenus en année sèche doivent encore être confirmés. En Val-de-Loire, l’IFV teste sur le site de Montreuil-Bellay les hydrorétenteurs sur deux projets.

Economie circulaire pour valoriser les coproduits vinicoles, stockage de carbone dans le sol, lutte contre le stress hydrique en viticulture. Autant d’intérêts avancés sur l’apport de biochars dans les vignes, des matières carbonées inertes issues de marcs de raisin, ayant des propriétés physico-chimiques intéressantes, en particulier leur porosité. Pour valider ces atouts, le projet Vinichar a été conduit entre 2016 et 2019 par les Chambres d'agriculture de l'Aude et de l'Hérault, l'IFV, la distillerie la Cavale de Limoux, l'UDM (union des distilleries de la méditerranée), l'UNGDA (Union nationale de groupements de distillateurs d'alcool) et la société VT Green. Trois tonnes de marc ont été nécessaires pour produire une tonne de biochar viticole, transformés par le procédé Biogreen (cuisson à pression et hygrométrie spécifique) de l’entreprise VT Green. Mélangé à du compost pour en faire un Vinichar, le biochar est plus facilement apporté à la vigne. Les essais ont permis de comparer des apports superficiels avant débourrement, à 4 et 8 t de compost/ha ; 4 et 8 t de Vinichar/ha ; et un témoin sans apport. « Sur la limitation de la contrainte hydriques dans le vignoble méditerranéen, les biochars n’ont eu un effet significatif positif qu’une année sur deux, résume Jean-Christophe Payan, de l’IFV. Seul le millésime sec sur les trois années d’études a ainsi validé l’intérêt des biochars. Si ces produits semblent très intéressants, il faut étudier l’éventuel surcoût vis-à-vis d’un compost classique, la durée d’action du produit, et son évolution dans le sol, avec une migration sur les horizons plus profonds pour être en contact avec les racines de la vigne », indique l’ingénieur qui souhaite que les études se poursuivent.

Des tests à Montreuil-Bellay

En Val-de-Loire, des biochars sont testés à Montreuil-Bellay, mais cette fois non issus de déchets viti-vinicoles (produits de la Florentaise). Le projet Serpolet planté en chenin sur 57 ares en 2019, va suivre différentes modalités d’entrée en production d’un vignoble totalement enherbé (enherbement 100%, enherbement 100+ biochar, travail du sol intégral et paillage intégral). « Avec la modalité biochar, nous allons observer la capacité de rétention de l’eau, de certains éléments minéraux, et de concentration en micro-organismes », indiquent Esteban Fortin et Marie Bonnisseau de l’IFV. L’apport a été réalisé à la main, à raison de 2,5t/ha en localisé sous le rang sur la modalité en question. « Si les biochars ne sont actuellement pas employés par les vignerons, l’intérêt des vignerons à réduire le stress hydrique est fort et les biochars sont une piste de travail, mais il faudra valider l’absence de pollution à long terme, et la faisabilité technico-économique. ». Un autre projet intègre également des hydrorétenteurs à base de cellulose en Val-de-Loire (projet Complantation), débuté en 2018 et financé par la région Pays-de-Loire et Interloire, visant à tester différents types de complants (avec mycorhization ou hydrorétenteur notamment). « Pour l’instant, nous mesurons les taux de reprise, avec de bons résultats pour les différentes modalités malgré des étés difficiles », poursuit Esteban Fortin. Il faudra donc attendre encore quelques années pour valider ou non l’intérêt des biochars en production viticole.

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Derniers résultats expérimentaux sur la biodiversité en Val de Loire


La biodiversité dans les vignobles est sans conteste en baisse, or elle est essentielle dans une démarche de viticulture durable. Il est donc indispensable aujourd’hui de comprendre les facteurs et les interactions la favorisant. C’est pourquoi le Vinopole d’Amboise a organisé, le 5 décembre dernier, une matinée permettant à ses partenaires de diffuser leurs résultats d’expérimentation sur la biodiversité

Ainsi Bioval, un projet de recherche cofinancé par InterLoire, a permis de réaliser le premier inventaire des arthropodes présents dans les vignes en Centre Val de Loire et de voir de quelle manière ces derniers sont impactés par les caractéristiques du vignoble. Pour cela, un réseau de pièges a été mis en place en 2016 dans le sol et la strate arbustive de 16 parcelles de vignes de Chinon à Sancerre ; chaque semaine, les entomologistes de l’Institut de Recherche de la Biologie de l’Insecte et du CETU ont prélevé les insectes tombés dans les pièges et les ont identifiés. En parallèle et afin d’évaluer l’impact du paysage sur la biodiversité en arthropodes de ces parcelles, deux indices paysagers ont été calculés pour analyser le paysage : la composition et la construction paysagère. Les travaux ont mis en exergue, une diversité d’auxiliaires potentiels importante propre à chaque zone et peu impactée par les pratiques culturales ou les paysages. Seules les araignées semblent favorisées par l’enherbement, les zones semi-naturelles et être de bons bio-indicateurs de la qualité des parcelles. Maintenant, il apparait nécessaire d’étudier le régime alimentaire des différents auxiliaires identifiés pour définir leur rôle dans la régulation des bio-agresseurs de la vigne et pour pouvoir favoriser leur maintien.

Des rosiers pour gérer les problèmes de cicadelles vertes

La cicadelle verte ou de la grillure impacte la qualité de la récolte en causant des ralentissements de maturité voire des pertes de récolte. Des travaux ont montré que la régulation de ce bio-agresseur peut se faire par Anagrus atomus, des micro-guêpes parasitoïdes des œufs de cicadelles vertes, hivernant notamment dans des rosiers. Le projet Ecoviti, mené au lycée viticole d’Amboise, étudie l‘impact sur la diminution de cicadelles vertes de l’aménagement d’une parcelle de cot (très sensible à la grillure) avec des rosiers ; ces derniers permettent ainsi à Anagrus atomus de réaliser un cycle de développement complet sur la vigne. La parcelle plantée en 2014 est structurée au rythme de 7 rangs de vignes (largeur traitée en un passage de pulvérisateur), 2 rangs de rosiers. L’objectif de valorisation économique des rosiers a orienté le choix des variétés vers des roses à parfum également plus rustiques, nécessitant donc peu de traitements. Au niveau de la protection de la vigne, les insecticides sont supprimés et des biocontrôles contre mildiou et oïdium sont intégrés. Le choix des produits phytosanitaires suit le critère sans effets néfastes sur la population d’insectes. Les suivis réguliers depuis 2015 mettent en avant un taux de parasitismes plus élevé dans la parcelle Ecoviti et l’absence de la cicadelle de la grillure, Empoasca vitis ! En revanche une autre cicadelle a été identifiée, Empoasca decipiens ainsi qu’une espèce d’Anagrus encore non déterminée et présente uniquement dans la vigne. Les suivis se poursuivent pour obtenir des résultats significatifs en veillant à l’absence de soufre dans la protection phytosanitaire pour favoriser le potentiel auxiliaire d’Anagrus.

Les herbicides affectent la richesse en espèces

Conduit depuis 2013 dans le cadre du plan ecophyto, le suivi des effets non intentionnels (ENI) des produits phytosanitaires sur la biodiversité s’appuie sur un réseau national de 500 parcelles en grandes cultures, maraichages et viticulture. Les suivis concernent  4 espèces indicatrices : les vers de terre, les coléoptères volants, les oiseaux et la flore de bord de champs. En région Centre-Val de Loire, 40 parcelles intègrent ce réseau dont 3 en viticulture que suit la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire. Concernant la flore, les suivis au niveau national montrent une grande diversité bord de champs avec plus de 702 espèces différentes (12% de la flore en France). La richesse spécifique est stable dans le temps, avec 15.9 espèces observées en moyenne par bordure. Celle des bordures de parcelles de vignes en région Centre – Val de Loire est plus élevée : 21.2 espèces en conventionnelle et 38.33 en viticulture biologique. Les suivis ENI mettent en avant que les herbicides affectent la richesse en espèces alors que la fertilisation impacte la composition. L’intensification des pratiques diminue les espèces nécessitant une pollinisation par les insectes.

 

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L'ATV 49 vous présente son bilan 2019


Résultats d'essais, résultats atteints par les vignerons de nos groupes, résumés vidéo de nos journées techniques, tout est dans ce bilan des actions 2019 de l'ATV 49, cliquez ici pour le découvrir ! Au programme :

Expérimentations

  • QUALISEVE-Maladies du bois (2013-2019) 
  • BIODYNAVIN (2016-2020) 
  • LONGVI (2018-2020)
  • MILDIOUPLANTES (2014 à 2019) 
  • ENHERBVIGNE (PLACOHB : 2017-2020)

La vie des groupes 

  • Groupes de progrès 
  • Groupes DEPHY ECOPHYTO
  • Groupes 30 000 ECOPHYTO
  • Collectif HVE

Les journées techniques

  • Thème « Couverts végétaux »
  • Thème « Entretien des sols sans herbicides »

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Comment optimiser les arômes au vignoble et au chai ?


Dans le cadre du projet Valovitis, l’IFV Sud-ouest et le Laboratoire d’Analyses d’arômes et d’œnologie de l’Université de Saragosse ont développé une série de 5 fiches techniques présentant les facteurs influençant les principales familles aromatiques, au vignoble et au chai. Ces fiches sont une synthèse de la bibliographie existantes et de résultats expérimentaux sur le sujet.

 

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Un hiver sans couvert, la fertilité se perd


 « Un hiver sans couvert, la fertilité se perd ». C’est sur cette maxime que Perrine Dubois, conseillère viticole à l’ATV49, a introduit le 3 avril dernier la présentation sur les couverts végétaux en viticulture, au Domaine des Trahan à Cersay, organisé dans le cadre du réseau Déphy. Dans le Loir-et-Cher, les couverts ont aussi été abordés le 12 avril par la Chambre d’agriculture du département, dans les vignes du Château de Quinçay à Meusnes.

Sur les 25 vignerons du GDDV 41-Dephy 30 000, 13 ont mis en place des engrais verts dans l’objectif notamment de réduire voire arrêter les apports d’engrais de synthèse, souligne Alice Reumaux, conseillère à la CA41 : « Le problème avec des enherbements naturels est vieillissant, c’est qu’ils créent une biomasse très compacte limitant les échanges gazeux avec le sol. ».Les couverts limitent l’érosion, apportent de la matière organique, et assurent la porosité des sols, et donc la fertilité. Pour commencer les couverts, si votre sol est pauvre, réalisez des apports de fumier pendant deux ou trois ans, « sinon, vous allez vous décourager avec des couverts qui ne pousseront pas », conseille Perrine Dubois. Evitez aussi de semer sous le cavaillon, pour faciliter l’entretien, et préférez un mélange de 3-4 espèces (graminées, crucifères, légumineuses), pour assurer les complémentarités des systèmes racinaires et des ports aériens. Autre petit conseil : surdosez les doses de semences, en augmentant de 20% les préconisations de grandes cultures par rapport à la dose en plein, puis ramenez la dose à la surface semée dans l’inter-rang (souvent 70 % de la surface totale). Après un travail du sol préalable, d’autant plus fin que les graines seront petites, semez puis bien rappuyez avec un rouleau pour assurer la levée. Le semis direct, de plus en plus pratiqué en grandes cultures, se développe aussi dans les vignes. Avec des semis réalisés autour des vendanges, la destruction des couverts a lieu généralement avant débourrement, en laissant sécher quelques jours en surfaces les plantes avant de les incorporer au sol. Mais selon vos objectifs, l’itinéraire technique à suivre ne sera pas le même (voir photo).

Calculer les retours

Pour calculer les restitutions de son couvert, le petit calculateur en ligne MERCI vous donnera les apports en N-P-K à partir de la pesée des biomasses de chaque espèce du couvert. En Anjou, avec le mélange avoine rude, seigle, vesce velue et radis semé à 40kg, certes peu développé cette année (sécheresse au semis) l’ATV49 a calculé une restitution de 5 unités d’azote, 0 de phosphore et 10 de potassium. Avec le mélange Narbo-vigne de Caussade (radis fourrager, avoine rude, vesce de Narbonne et vesce velue), la restitution était de 10N, 0P et 20k. « C’est intéressant, car il y a souvent un manque de potassium en vigne », souligne Perrine Dubois. Au château de Quinçay, trois mélanges d’engrais verts ont été testés, en semis direct ou après travail du sol : avoine, vesce de Narbonne, vesce velue, et féverole semé le 15 octobre 2018 après travail du sol, avec une restitution NPK de 10-0-20 « insuffisant pour développement de la culture de la vigne », observe Alice Reumaux ; de la féverole seule, avec une restitution en NPK de 35-10-70 en sol travaillé et de 25-5-50 en semis direct, soient des retours suffisants pour la vigne ; et un mélange radis chinois, trèfle incarnat et phacélie, avec une restitution quasi-nulle en NPK, que ce soit en sol travaillé ou semis direct. « La phacélie n’a pas poussée et ne s’est pas développée pour les deux modalités, car elle n’est pas résistante à la sécheresse et le sol était trop compact », observe la conseillère. De nombreux autres couverts sont testés par l’ATV49 ou la CA41 (enherbements à base de trèfles, mélanges divers, etc.). N’hésitez pas à suivre leurs essais !

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HVE : Un véritable engouement !


Bientôt tous HVE ? En tous les cas, la certification Haute Valeur Environnementale, défendue par les pouvoirs publics, a le vent en poupe. Les vignerons s’y penchent de plus en plus…créant même quelques embouteillages sur les journées de formation.

Un véritable engouement ! Voilà comment Stéphanie Savary, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique voit l’intérêt des vignerons pour la certification HVE – Haute valeur environnementale. « Nous proposons depuis 2014 des formations de deux jours sur le sujet avec en plus une ½ journée sur l’exploitation, où l’on explique la démarche et où les producteurs viennent avec leurs chiffres pour voir leur capacité à être certifiés. Ces formations sont financées par le Vivéa, et éligibles au PCAE. Jusque-là réalisées auprès de 7-8 vignerons par session en Loire–Atlantique ces formations font le plein depuis la fin d’année 2018, avec 14 personnes à chaque fois. Déjà 3 créneaux sont complets en 2019 sur le 44, et 6 dans le Maine-et-Loire d’ici fin d’année 2019 ! Nous allons programmer de nouvelles formations pour répondre aux nouvelles demandes ». Pour la conseillère, cet engouement ne vient pas que des producteurs, mais découle surtout de la demande des distributeurs, pour l’accès au marché. « Il y a une très forte volonté politique à soutenir la HVE, et la grande distribution demande à ses fournisseurs d’avoir cette certification. Les négociants en font ainsi de plus en plus la demande aux vignerons, sans pour autant banaliser une plus-value finale dans le prix… Pour la plupart des viticulteurs, la certification n’entraîne pas de gros changements, validant juste leurs bonnes pratiques. Pour d’autres, la démarche de progrès est plus forte, mais quasi obligatoire pour ne pas être déréférencé par un acheteur. »

Se faire accompagner

Pour aller vers la HVE l’idéal est de se faire accompagner, poursuit Stéphane Savary. La chambre d’agriculture valide le niveau 1 de la certification HVE, qui concerne les conditionnalités réglementaires PAC de la certification Haute Valeur Environnementale, validée ensuite par un organisme certificateur. A partir de cette année, il est également possible de rejoindre une certification collective portée par la Chambre d’agriculture pour le suivi HVE. Le niveau 2 correspond à une équivalence, notamment pour les domaines en démarche Terra Vitis. Enfin, le niveau 3 correspond à la réelle certification Haute Valeur Environnementale. « Les gens certifiés depuis 2 ou 3 ans trouve dans la HVE un atout pour les marchés exports, CHR ou en vente directe, mais pas en grande distribution », observe-t-elle. Pour la conseillère, cette certification est une « vraie reconnaissance du travail des vignerons, et des progrès engagés en faveur de l’environnement », et pourrait à terme devenir la norme !

« Du recul sur nos pratiques à la vigne, et un argument de plus pour les acheteurs pour postuler à de nouveaux marchés  »

Stéphane Gouraud, maître de chai et responsable d’exploitation, Château Guipière, Vallet (44) 

« Suite à la reprise de l’exploitation familiale en 2015, les nouveaux propriétaires du Château Guipière ont eu la volonté de renforcer la démarche environnementale. Un travail de lutte raisonnée a été engagé, et les herbicides ont été énormément réduits, jusqu’à être supprimés en totalité désormais. Un dossier PCAE a été monté pour financer des outils de travail du sol. Une formation obligatoire devait être suivie, et nous avons choisi celle sur la HVE, dispensée par la chambre d’agriculture. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions être certifiés HVE directement, grâce aux points obtenus sur la fertilisation – nous n’utilisons que des composts organiques et bio, la gestion de la biodiversité avec nos nombreux murets, fossés haies, et sur les intrants phytosanitaires, avec un IFT moyen inférieur à la moyenne départementale. Après la formation de 2 jours, nous avons fait une demande de certification auprès d’un organisme certificateur, qui est passé sur l’exploitation 5 mois après. L’audit est très rigoureux, notamment sur la justification des démarches de traitements, le matériel réglementaire, etc. Une fois l’audit validé, nous étions certifiés. Être HVE nous revient à 900 euros pour trois ans. Cette certification nous apporte du recul sur nos pratiques à la vigne, notamment pour appréhender l’évolution des produits phytosanitaires. C’est aussi un argument supplémentaire auprès des acheteurs, pour postuler à de nouveaux marchés en France, en particulier sur la grande distribution, mais aussi à l’export. Pour l’instant, il n’y a pas de plus-value sur nos tarifs, malgré une augmentation significative des charges de production, depuis le premier millésime certifié en 2017. A terme, il faudrait une grande campagne de communication nationale, comme pour le Label Rouge, pour faire connaître aux consommateurs ce nouveau signe de qualité ! »

 

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Trouver la clef du sol


Le sol, encore trop méconnu des producteurs, notamment en viticulture ? C’est ce qui est ressorti de la journée Végépolys « Sols et Substrats » organisée à Angers le 11 octobre dernier, en présence d’une centaine d’entrepreneurs, chercheurs et étudiants, venus faire le point sur les attentes, outils et perspectives des filières végétales autour du sol et des substrats.

« Les viticulteurs n’ont généralement recours qu’à des analyses de sol de base au moment des plantations ou en cours de production si des problèmes de carences sont avérés, observe Marie Bonnisseau, ingénieure à l’IFV pôle Val de Loire-Centre. Et ils demandent souvent un accompagnement pour comprendre les résultats. » Pour elle, le coût assez élevé des analyses de sol (autour de 75-100 euros), en comparaison des analyses de vendange (autour de 20 euros) peut expliquer cette mise en œuvre limitée. Les choses bougent pourtant. Pour Marie Bonnisseau, les producteurs sont actuellement dans un changement d’état d’esprit, plus global, où le sol n’est plus seulment un support mais s’intègre dans un fonctionnement plus large intégrant l’environnement, la plante, la nutrition. « Les connaissances progressent aussi sur les bioindicateurs, avec le suivi de la macrofaune – escargots, vers de terre, etc.- pour comprendre l’état de son sol, mais cela reste encore dans les mains des experts, avec des limites sur les quantifications. Même chose pour l’effet de biostimulants, où la recherche n’a pas fini d’étudier l’impact des produits de stimulation de l’immunité de la vigne, en fonction des doses et dates d’apport, et les conséquences sur la production et l’environnement. »

Un réseau autour des sols

Fin 2016 a été lancé le réseau national d’expertise scientifique et technique sur les sols (RNEST), dans le but de fédérer les acteurs travaillant sur les sols. Un questionnaire en ligne, diffusé par ce réseau d’avril à juin 2018, a permis d’obtenir près de 350 retours de personnes du conseil, de la R&D, et de l’administration. « Parmi les besoins exprimés : davantage de connaissances sur l’impact des pratiques agricoles, des outils pour une évaluation intégrée des sols de type "kit terrain", des données sols pour paramétrer les OAD, des outils pour échanger avec les non-spécialistes, des référentiels locaux, ainsi que de la mise en relation avec des experts du sol et des agriculteurs », liste Ana Cassigneul, animatrice du réseau RNEST. Un site web du réseau RNEST doit voir le jour début 2019, pour apporter de l’information (appels à projets, évènements), et renvoyer vers les sources d’informations existantes sur les sols (rapports, outils, référentiels, etc.)

Des outils innovants

Lors de la journée Végépolys, des entreprises proposaient aussi leurs solutions de suivi et gestion des paramètres du sol, notamment la startup Sinafis basée à Castres et ses petites sondes Sinasens Smartagri, commercialisées depuis décembre 2017, qui mesurent la température et l’humidité de l’air et du sol, et l’humectation des feuilles, pour un coût plutôt limité (location de 100 euros/mois pour 10 sondes, pour un contrat de 36 mois). « Les données sont transmises à une plateforme web, où le client peut les suivre en direct, les récupérer, et mettre des seuils d’alerte pour être averti, par exemple pour la gestion de l’enherbement dans les vignes, afin de savoir s’il faut le détruire ou non selon le niveau hydrique », indique Ari Kambouris, co-fondateur de Sinafis, qui précise qu’une nouvelle sonde doit sortir mi-2019 pour suivre l’intérieur des cuves viticoles (mesure bactérienne). Autre outil : le LEVAbag de l’Esa d’Angers, un petit sac en nylon qui mesure la dégradation d’une matière organique de référence (paille) qui sert d’indicateur de l’activité biologique des sols. Quatre mois après leur enfouissement, les LEVAbag (minimum 3 sacs par parcelle) sont retirés du sol, puis envoyés au laboratoire d’analyses. L’agriculteur reçoit ensuite ses résultats, avec des éléments d’interprétation. Le kit de 3 LEVA-bag coûte entre 81 et 96 euros HT (dégressif selon nombre), et intègre une fiche de diagnostic.

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