Les jeudis 31 mars et 13 avril 2017, Dominique Massenot intervient en Indre-et-Loire pour travailler avec vous sur l’augmentation de la fertilité de vos sols viticoles.
Lors de cette formation, Dominique Massenot revient sur les principes agronomiques de base pour comprendre le fonctionnement du sol et de la vigne afin d’éviter les erreurs agronomiques et optimiser sa fertilité. L’objectif est également de définir l’itinéraire technique d’entretien : gestion de l’enherbement, travail du sol, engrais verts, etc., de choisir les amendements et les engrais et d’appliquer les bonnes quantités au bon moment. Le temps d’observation sur le terrain permet de s’approprier des tests simples et accessibles pour en conclure des préconisations.
L’humus est de la matière organique très stable donc peu disponible pour la culture. Il vaut mieux privilégier des petits apports de matières organiques solubles (riches en sucre et azote rapidement disponibles).
En fait, plus le compost est noir et plus il est stable.
Avec de bonnes pratiques, un sol peut fonctionner sans complexe !
Sans vers de terre, les sols peuvent être très grumeleux grâce à d’autres micro-organismes. Il faut un sol qui soit favorable à la vie microbienne.
Non, la connaissance de la nature du carbone et de l’azote est essentielle pour savoir si l’apport va être bio-disponible pour les micro-organismes. Par exemple, les digestats liquides de méthanisation, les composts de champignons, sont riches en azote disponible et leur carbone est stable.
Les produits commerciaux répondant à la norme « amendement organique » apportent du carbone stable et très peu d’azote disponible au stade où la vigne en a besoin.
La restitution des sarments consomme l’azote aux dépens de la vigne et peut entraîner une faim d’azote de la floraison à la fermeture ainsi que des carences en azote assimilable dans les moûts.
Il ne faut pas couper les racines de surface car c’est d’elles que partent les racines plongeantes. Un enracinement profond s’anticipe lors de la préparation des sols avant la plantation.
La matière organique soluble a été digérée par les champignons. Il faut être vigilent à leur teneur en calcaire dans les sols calcaire.
Ils n’apportent pas une solution à tous les problèmes de fertilité. En sol peu fertile, l’engrais vert ne pousse pas et il faut faire des apports organiques complémentaires.
Article rédigé par Adeline Mallet, Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire et Perrine Dubois, Chambre d’Agriculture du Maine-et-Loire et ATV49
Des expérimentations montrent l’efficacité de SDP (stimulateur de défense des plantes) en laboratoire et en serre. Pourtant, une fois sur le terrain cette efficacité devient aléatoire. Pourquoi ? Elsa Ballini de Montpellier-SupAgro en a donné les raisons à l’occasion de la 9eme journée scientifique de la vigne et du vin.
Le principe des défenses naturelles d’une plante se caractérise par la présence, au niveau de la membrane des cellules végétales et au niveau intracellulaire, de protéines réceptives, qui reconnaissent les agents pathogènes. Ces protéines déclenchent des réponses induisant des modifications cellulaires.
Le système immunitaire encore appelé « immunité de base » se met en place par la détection à l’extérieur de la cellule de molécules associés aux agents pathogènes (PAMP : Pathogen Associated Molecular Pattern) ou de substances induites lors de blessure ou d’infection (DAMP : Damage Associated Molecular Pattern).
Pour contrer cette immunité, les agents pathogènes secrètent des effecteurs ou peptides d’attaques leur permettant de déjouer le système de défense basale. En réponse à ce contournement, les plantes peuvent mettre en place une deuxième ligne de défense : l’immunité spécifique. Elle est déclenchée par la détection de ces effecteurs à l’intérieur de la cellule voire dans l’apoplasme. Des substances dites élictrices peuvent induire la mise en place du système immunitaire des plantes.
Elles sont des régulateurs de défense de la plante, des modificateurs de l’environnement cellulaire de l’hôte, voire des PAMP ou des DAMP.
Les cépages n’ont pas tous le même niveau d’inductibilité d’immunité basale, ce dernier étant fonction de la présence ou non de récepteurs de PAMP efficace. Sans récepteur, l’induction de défense est plus difficile. Comme les cépages n’ont pas la même capacité à induire des défenses, on peut supposer que les substances élicitrices n’ont pas la même efficacité sur tous les cépages.
Les Vitis sauvages auraient des systèmes de défense intéressants à exploiter pour augmenter l’efficacité de défense chez la vigne. Par ailleurs, le système immunitaire de la plante est très dépendant de l’agro-environnement. Le stress hydrique ou azoté, par exemple, nuira à la capacité de la plante à stimuler ses défenses naturelles. Il a été montré que de très fortes ou très faibles doses d’azote augmentent l’agressivité des agents pathogènes rendant les défenses naturelles de la plante obsolètes.
Enfin, le système de défense n’est pas induit de la même manière dans les différents organes de la plante ni aux différents stades phénologiques. Il semble qu’il y ait une incompatibilité pour la plante entre favoriser les voies métaboliques du développement, de la croissance et celles de la défense.
Du côté des agents pathogènes, il existe une forte diversité de réponses au sein d’une même espèce. Ainsi des tests ont été réalisés avec des levures sur Botrytis cinerea et selon la souche de botrytis, la réponse différait. Pour s’affranchir de cela, il faudrait étudier l’effet d’un produit sur différentes souches de pathogène.
L’étude de substances qui ne tueraient pas l’agent pathogène mais l’adouciraient peut être une autre orientation de la recherche ou encore celle de cépages, qui répondraient de manière efficace aux SDP avec un bon niveau de réponse basale….
Packaging, démarches environnementales, diversification des stratégies de ventes et valorisation sont-ils les clés du développement économique des entreprises viticoles ? Retour sur la journée organisée par le groupe Economie du vignoble du VinOpôle le 31 mars dernier.
A l’occasion de cette conférence sur les leviers de performance et d’innovation en viticulture, Laurent Menestreau, Président de la commission Marché Economie Prospective d’InterLoire et Fanny Gillet d’InterLoire ont présenté les nouvelles tendances de consommation et la volatilité des modes de consommation.
Le Val de Loire gagne des consommateurs d’un point de vue volume et ces nouveaux acheteurs consomment de façon plus occasionnelle, plus diversifiée, ce qui oblige notre filière à s’adapter. Les consommateurs de vins du Val de Loire sont fidèles : ils rachètent plus facilement des vins du Val de Loire que des vins d’autres régions. Par ailleurs, le vignoble jouit d’une forte notoriété, encore en hausse ces dernières années. Ce dernier point est très positif pour les appellations Ligériennes, qui ont tout intérêt à revendiquer leur appartenance au bassin, les études montrant que l’origine d’une grande région viticole est le 1er critère d’achat. En termes de perspective, notre plus gros bassin de consommation est l’ouest de la France. Or, au niveau national, c’est le bassin qui augmentera sa population le plus fortement durant la prochaine décennie.
Il y a donc une réelle opportunité d’augmenter notre pool de consommateurs. Si tous les voyants sont au vert, il faut cependant accompagner la nouvelle structuration de la filière pour s’adapter aux nouvelles consommations.
Pour Laurent Polleau de Loire-Propriété, le pusch-up permet d’approcher des marchés n’ayant pas les mêmes habitudes de consommation, notamment les USA. Ce contenant permet aussi de diminuer les coûts de transport par rapport à la bouteille. Le PET est, quant à lui, tout à fait adapté à certains lieux de consommation comme les zones de montagne (légers à transporter) ou le marché de l’évènementiel (pour éviter les risques de casse).
Il présente l’avantage du gain de poids et de l’amélioration du bilan carbone. La mise au contact du vin et du plastique peut néanmoins poser question, notamment sur le relargage des phtalates. Les intervenants insistent sur le caractère rapide de la consommation de ces produits et donc de la limite d’un phénomène de relargage. Au-delà du packaging, la façon de produire est également impactée par les nouvelles tendances de consommation : écocertification bio, terra vitis et HVE sont autant de démarches environnementales suivies par les vignerons afin de s’adapter.
Les témoignages mettent en avant que si la communication globale est bien faite en ce qui concerne l’agriculture biologique, la certification HVE souffre d’une méconnaissance des metteurs en marché, des consommateurs et d’un manque de communication, de mise en avant au niveau national.
La compétitivité des exploitations passe également par un développement de stratégies de ventes diversifiées, de l’oenotourisme à l’export, en passant par le e-commerce. L’oenotourisme permet une vente aux particuliers accrue, mais implique de développer le e-commerce pour fidéliser le client après sa visite. « Les visiteurs étrangers ne peuvent rapporter qu’une ou deux bouteilles dans leur valise, le e-commerce associé à un distributeur local permet de palier à cette difficulté. A l’export, le ecommerce permet aux clients de commander et d’être livrés via une plateforme spécifique », indique Bertrand Couly vigneron à Chinon. Quelle que soit la stratégie de vente, les participants se sont accordés pour dire que l’accueil au domaine, l’oenotourisme et l’export nécessite une main d’œuvre spécifique et formée. Il est indispensable de « professionnaliser » ces différentes démarches de vente.
« Pour être performant, il faut se regarder dans un miroir et au microscope » souligne Jean-Marie Michaud, vigneron en Touraine. Des audits d’exploitation peuvent être financés en partie par FranceAgrimer (50 %) et le Conseil régional (30 %), ce qui revient en moyenne à 800 euros pour le domaine.
Les diagnostics portent sur la performance économique, notamment les coûts de production, mais aussi sur les RH, la transmission… Le diagnostic « aval » permet lui d’analyser le positionnement marché du domaine, la gamme, la communication, le suivi clientèle... En conclusion de la matinée, Emmanuel Vasseneix, PDG de la Laiterie Saint Denis de l’Hôtel, a présenté sa vision de la performance en entreprise. « Le choix alimentaire est essentiel : le consommateur doit pouvoir aller chez le boucher ou en grande distribution selon ses besoins et ses choix.
Il faut donc privilégier la diversification et être différent des autres : c’est la différenciation par la diversification et la valorisation », explique-t-il. Commerce équitable, agroécologie, dialogue sociale dans l’entreprise… sont autant d’exemples issues d’autres filières et à réfléchir pour la filière viticole et le développement économique de ses entreprises.
Le nouvel arrêté encadrant les traitements phytosanitaires est paru le 7 mai. Au final, il introduit peu de changements par rapport à celui de 2006. Vous pouvez le consulter ici.
Comment accompagner la vigne après le gel de fin avril ? C’est la question que l’ATV49 a posé lors d’une rencontre technique le 18 mai dernier à Varrains. La réponse n’est pas toujours évidente à apporter tant celle-ci doit être vue au cas par cas, selon l’importance des dégâts, les conditions de reprise de croissance et de compensation. Voici quelques éléments à prendre en compte dans la mise en place d’une stratégie.
La première des choses est d’estimer finement les dégâts en comptant 100 à 200 bourgeons au hasard sur un parcours en U dans la parcelle. Selon les observations suite au gel de 2016 de la chambre d’agriculture 37, il y a un phénomène de compensation jusqu’à 50 % de dégâts si les conditions de floraison sont optimales, ce qui semble être le cas actuellement.
Ensuite, il faut attendre la cicatrisation, la mise en place des défenses naturelles de la vigne et constater la reprise de croissance avant d’entreprendre quoi que ce soit. Selon les conditions climatiques cela nécessite entre 2 à 3 semaines. La vigne a relancé sa croissance vers le 23 mai et le climat de ces derniers jours est très favorable à la pousse de la vigne
Lorsque les dégâts ne dépasse pas les 40 % et qu’il y a une compensation, l’ébourgeonnage peut être réfléchi de manière habituelle tant au pied, qu’à la tête ou qu’au courson. En revanche, au-delà, l’ébourgeonnage doit permettre avant tout d’obtenir du bois de taille.
Pour cela, il faut éliminer tous les pampres du pied pour privilégier les pousses à la tête. Il faut aussi conserver un rameau dans le flux de sève pour former un courson et un rameau sur bois de 1 an pour former la baguette. Les gourmands, parfois, fructifères peuvent être utilisés pour la taille 2017/2018. L’ATV49 propose une fiche reprenant tous les fondamentaux concernant cette opération prophylactique importante contre les maladies cryptogamiques mais également pour prévenir les maladies du bois.
En effet, le non ébourgeonnage entraîne plus de plaies à la taille. D’après les observations de la chambre d’agriculture 37, les vignerons n’ont pas forcément ébourgeonné suite au gel de 2016. Sur les zones fortement gelées, la taille 2016-2017 s’est souvent révélée fastidieuse et plus longue que prévue (de 25 à 35% de temps supplémentaire).
Cette taille a certainement été mutilante (source de bois mort limitant les réserves de la plante et porte d’entrée pour les champignons responsables des maladies du bois).