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Retour sur la formation « Mettre en place un vignoble dédié à la production en IGP »


Les 26 février et 5 mars dernier, s’est tenue une première formation développée par le Syndicat des vins IGP Val de Loire en partenariat avec les Chambres d’agriculture, à destination des opérateurs souhaitant mettre en place un vignoble dédié à la production en IGP. La dizaine de participants ont pu conjuguer séquences théoriques et mise en pratique.

Ce fut l’occasion de rappeler les enjeux de la mise en place d’un vignoble dédié en IGP pour Justin LALLOUET JONAS, Directeur du Syndicat des vins IGP Val de Loire :

  • Pallier les difficultés chroniques pour trouver de la main d’œuvre
  • Explorer de nouveaux marchés économiquement rentables pour le vigneron en remédiant à l’irrégularité actuelle d’approvisionnement des marchés en vins IGP
  • Adapter le vignoble IGP au changement climatique et limiter l’impact sur l’environnement
  • Répondre à la demande sociétale d’éco-responsabilité.

Le cahier des charges IGP Val de Loire offre en effet une grande liberté de production :

  • Il n’y a pas de règles de production à la vigne, sauf le rendement maximal à 90 hl/ha, 5 pour lies et bourbes... Ainsi des pratiques comme la taille rase de précision (TRP) sont possibles, tout comme la plantation avec des variétés résistantes, avec des densités plus variées qu’en AOP et sur des sols hors zone délimitée.
  • De plus, le cahier des charge IGP Val de Loire offre la possibilité d’assemblage avec mention de cépage selon la règle 85/15.

Le cahier des charges est en perpétuelle évolution pour s’adapter aux enjeux de la filière vin :

L’IGP Val de Loire représente 30 millions de bouteilles vendues par an. Avec 28% de ses volumes destinés à l’export, l’IGP Val de Loire est le 2ème vin de Loire le plus exporté, en volume et en valeur, toutes couleurs confondues, après le Crémant de Loire. C’est notamment le 1er vin de Loire exporté au Canada et au Danemark, en volume et valeur. Dans cet objectif stratégique d’exploitation, l’intervention de Marie GASNIER, Directrice de la prospective à InterLoire a permis d’aborder le positionnement de l’IGP Val de Loire sur les marchés et la conjoncture économique de l’Indication Géographique Protégée.

Quentin GAUTHIER, conseiller viticole à la Chambre d’Agriculture Pays de la Loire, a partagé le référentiel technico-économique des coûts de production en IGP. C’est une base importante pour tout opérateur qui souhaite développer une stratégie de production et commercialisation en IGP Val de Loire.

La dernière séquence théorique a été l’occasion se focaliser sur plusieurs leviers possibles présentés par Mathieu JEHANNO, Camille DOMEC-MOULIE, conseillers viticoles à la Chambre d’Agriculture Pays de la Loire :  

  • Plantation et conduite
  • Mécanisation : taille, travaux en vert
  • Fertilisation et construction du rendement

Après la théorie, la pratique ! Après une visite d’une exploitation engagée en TRP avec présentation du matériel à la vigne et échanges avec le viticulteur sur l’intérêt de la technique, les stagiaires ont pu se concentrer sur leur propre exploitation à travers un atelier de travail sur la création d’un vignoble dédié en IGP.

Pour aller plus loin :

Si vous êtes intéressés par cette formation, merci de contacter le Syndicat des vins IGP Val de Loire  (02 41 87 25 81 ; contact@igpvaldeloire.fr)

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Changer de pratiques grâce au collectif


Le groupe « 30 000 » de l'AOP Chinon, fort de 12 vigneron(nes), a choisi comme thème la gestion de la prise de risque en lien avec l’adaptation des pratiques au dérèglement climatique, en clôture d’un projet collectif lancé en décembre 2020. Cette matinée technique s’est déroulée au sein de la maison des vigneron(nes) de Chinon, le mardi 4 mars 2025.

En introduction de la matinée, un bilan des travaux du groupe « 30 000 » a été présenté. Sur les 4 années du projet, l’objectif initial du groupe a été d’agir collectivement pour développer un système de production viticole économe en intrants et créer une dynamique au niveau de l’appellation Chinon. Plusieurs thèmes ont été travaillés entre 2021 et 2024 comme l’aménagement des parcelles et leur environnement, l’entretien du cavaillon, les couverts végétaux inter-rang et les moyens de lutte alternatifs. « Mais les enjeux économiques et la capacité à prendre des risques, associés à un contexte climatique très défavorable, ont été des freins majeurs dans un projet de changement de pratiques. L’important, c’est aussi d’être convaincu du bienfondé des actions sans forcément attendre un retour sur investissement », souligne Aurélien Schlienger, membre du groupe et co-présentateur du bilan.

Les couverts végétaux :  bénéfiques sous conditions

« Le maintien de la production est un enjeu majeur aujourd’hui pour le vigneron. Et en termes de pratiques culturales, la couverture des sols constitue une solution pour maintenir les rendements dans le contexte climatique actuel. Cela a été observé en année sèche (2022) comme en année humide (2024) », rapporte Adeline Mallet, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture d’Indre et Loire. L’implantation de couverts végétaux a aussi de multiples avantages. Les observations ont montré que cette pratique pouvait être bénéfique sur l’augmentation du taux de matière organique et la fertilité des sols, dans la gestion de la flavescence dorée et la régulation des ravageurs, grâce à la diversité du milieu. Dans le cas d’un gel de printemps, son effet bénéfique est mitigé et dépend de sa gestion et des conditions d’humidité du millésime. Le couvert maintient l’humidité au niveau du sol et donc accentue le phénomène de gel. En même temps, la présence d’un paillage inter-rang a pour effet de retarder le débourrement. « Pour obtenir un impact positif du couvert, il est donc important de bien maîtriser son itinéraire technique et agronomique (gestion de la date de semis et modalités de destruction du couvert) et de bien gérer la contrainte hydro-azotée », souligne en conclusion la technicienne.

Adapter les pratiques aux nouveaux enjeux dans un contexte d’AOC 

Les objectifs des exploitations ont évolué compte tenu du dérèglement climatique et de l’évolution des marchés. Comment ? L’objectif des structures viti-vinicoles est d’aller vers des socio-écosystèmes viticoles de plus en plus résilients en changeant de pratiques viticoles et en diversifiant à tous les niveaux. S’appuyer sur un collectif (les syndicats d’AOP, les groupes « 30 000 ») pour coopérer et partager les connaissances est aussi favorable au changement de pratiques. A l’échelle de la parcelle, on peut diversifier les pratiques pérennes (matériel végétal, conditions de plantation), semi-pérennes (taille, entretien du sol, hauteur haie foliaire) et annuelles (travaux en vert, traitements phytosanitaires et amendements). On peut aussi diversifier les activités de l’exploitation (vitipastoralisme, vitiforesterie, œnotourisme).

« En termes de matériel végétal, plusieurs voies sont exploitables à moyen et long terme. En premier, celle de la diversité variétale via la solution VIFA (intégration dans le cahier des charges d’AOP de variétés d’intérêt à des fins d’adaptation) ou l’utilisation plus importante de cépages accessoires (Exemple :  Grolleau pour l’AOC Anjou rouge, Pineau d’Aunis pour l’AOC Saumur Champigny). L’autre voie possible est la diversité clonale au niveau parcellaire en utilisant le potentiel génétique connu de chaque cépage (parcelles polyclonales). Dans le cas du chenin, 4 clones représentent 90% de la surface plantée en France sur un potentiel de 14 clones existants. Pour le cabernet Franc, 3 clones représentent 83% de la surface plantée en France sur 31 clones existants », indique Cécile Coulon-Leroy. Comme la diversité clonale, la diversité des porte-greffes est un levier d’adaptation majeur à explorer davantage. « L’environnement des Indications Géographiques (AOC/IGP) est également favorable à la transition agro-écologique et à une production résiliente en intégrant de nouvelles pratiques via les cahiers des charges (CDC) », souligne Cécile Coulon-Leroy. Plusieurs voies réglementaires peuvent être utilisées pour modifier un CDC :   

  • Si d’après les connaissances scientifiques et techniques, les changements ont peu ou pas d’impact sur le produit ou le lien à l’origine : l’expérimentation n’est pas nécessaire et l‘on peut envisager de modifier directement le CDC
  • Si les changements ont potentiellement un impact sur le produit ou le lien à l’origine : soit des résultats d’expérimentations demandent à être confirmés par la mise en œuvre d’un dispositif d’évaluation de l’innovation intégré au CDC (DEI) ; soit il n’y a pas de résultats probants et il y a alors nécessité d’expérimenter en dehors du CDC (les produits ne pourront donc pas revendiquer l’AOC/IGP)
  • Il y a possibilité depuis 2020 d’intégrer dans les CDC, des dispositions agro-environnementales-type (DAE), voire des certifications environnementales.

« Par contre, de nouvelles pratiques peuvent être mises en œuvre en dehors du CDC, il ne faut pas obligatoirement tout codifier dans le CDC », indique Cécile Coulon-Leroy. Elle présente également deux solutions élaborées par Christel Renaud-Gentié et son équipe à l’ESA d’Angers : un outil pour évaluer l’impact environnemental de changement de pratiques :  le calculateur ACV (Analyse du Cycle de Vie) et un jeu de conception d’itinéraires techniques pour sensibiliser aux variations d’impact : VitiGame.

Gérer la prise de risque face aux enjeux du dérèglement climatique 

Selon Axa Climate, les rendements depuis 2000, quelle que soit la culture (abricot, blé, maïs, vin) tendent à stagner, voire à baisser avec une plus grande volatilité des rendements et du niveau de qualité. Cet effet « accordéon » devrait s’accentuer au fil des années, conséquence du dérèglement climatique.« S’adapter pour faire face aux aléas climatiques est inéluctable. Cela aura un coût significatif mais un coût bien inférieur à celui de l’inaction, indique Vincent Marchal d’AXA Climate. Les entreprises Agro-alimentaires qui investissent dans l’adaptation témoignent qu’1 euro investi rapporterait de 8 à 35 euros (source : BCG x World Economic Forum, janvier 2025) », ajoute le consultant. En prenant exemple sur une culture de maïs irrigué, Vincent Marchal montre qu’une adaptation partielle par évolution de la génétique et par optimisation de l’irrigation n’est pas suffisante. L’agriculteur doit envisager une adaptation globale en adoptant, en complément, des pratiques favorables à la qualité des sols et à la diversification. Il faut adopter une démarche systémique pour passer d’un système conventionnel à un système durable en réduisant les intrants et le travail du sol, en augmentant la diversité biologique et en privilégiant les amendements organiques. Cette démarche systémique permettra de stabiliser les rendements, d’optimiser l’usage des ressources (eau et azote), d’améliorer la qualité du sol et de stabiliser la marge des exploitations.

Quelles réponses possible côté assurance ? L’offre assurantielle est en train d’évoluer pour accompagner davantage les exploitations pour faire face aux enjeux climatiques. Plusieurs solutions assurantielles existent actuellement sur le marché. Par exemple, le concept d’assurances de la transition garantit aux agriculteurs, changeant leurs pratiques, qu'ils ne seront pas pénalisés économiquement. D’autres assurances dites spécifiques permettent d’assurer un changement de pratiques en particulier. Par ailleurs, des formules sont désormais proposées, engageant non seulement l’exploitant, mais également un intermédiaire qui apportera une garantie de suivi technique, par exemple une coopérative ou un distributeur d’agro-fournitures : c’est le principe de la mutualisation du risque. « Ces dispositifs n’ont pas pour objectif de répondre à une problématique individuelle récurrente. Ils interviennent en dernier ressort quand il y a un trou dans la raquette », indique Vincent Marchal. Par ailleurs, des travaux d’expérimentation sont actuellement conduits (projet VitiRev, projet Behave) par des équipes de chercheurs en économie, sur l’opportunité de créer un dispositif de soutien assurantiel couvrant les risques de pertes de récoltes liée aux maladies fongiques.

Pour en savoir plus :

« Contexte et présentation du projet collectif « groupe 30 000 », Alice Boulanger, Fredon Centre Val de Loire

« Démarrer les couverts végétaux- Lever les croyances et les points clés », Adeline Mallet, Chambre d’agriculture d’Indre et Loire

« Adaptation des pratiques viticoles aux nouveaux enjeux dans un contexte d’AOC », Cécile Coulon-Leroy, ESA Angers

« Vers un dispositif assurantiel levier de transition agro-écologique », actualité TechniLoire

« Vers une assurance maladie de la vigne », article Echosciences-paysdelaloire.fr

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La taille rase de précision


La taille rase de précision (TRP) se développe depuis quelques années notamment dans le cadre de la production des vins en IGP (Indication Géographique Protégée). Les principales raisons d’utiliser ce mode de taille sont une diminution des temps de travaux, une diminution des coûts de production, une augmentation des rendements.

« Le domaine a commencé à planter en TRP dans les années 2010, mais depuis mon arrivée toutes les vignes sont établies pour la TRP. Ce mode de conduite à été choisis pour principalement 2 raisons : limiter les temps de taille pour pouvoir gérer le domaine avec moins de personnel, et augmenter les rendements. Je suis satisfait des rendements et confirme un gain de temps énorme. J’estime avoir moins de maladies du bois sur les vignes en TRP et avoir moins de maladies cryptogamiques également. Cependant, nous avons dû adapter notre mode de traitement pour bien cibler les grappes : traitement que 2 rangs (en 2m d’écartement). » Jérôme Bondu, domaine de la Forchetière, Corcoué sur Logne (44).

Qu’est-ce que la TRP ?

La TRP est un type de taille établit sur un cordon de Royat. Dans un premier temps, une pré tailleuse montée sur tracteur ou enjambeur va dégrossir de manière rapide en réduisant la hauteur des sarments. Le rendement hectare est d’environ 2h. Dans un second temps, la machine à taille rase va réduire les coursons à environ deux yeux. Le temps de taille est d’environ 4h par hectare pour le passage de la machine. Certaines machines peuvent coupler les deux.

Comment adapter au mieux son vignoble à la TRP ?

Il existe deux types de TRP. Cette dernière peut s’implanter sur une vigne déjà en place où la taille préexistante est le Guyot. Le viticulteur va alors garder le palissage déjà en place et ainsi ouvrir la machine au niveau des piquets. Les sarments qui non pas pu être coupés par la taille mécanique notamment ceux autour des piquets sont enlevés par une reprise à la main. Celle-ci pouvant représenter 8 à 12 heures par hectare selon la machine utilisée, les cépages et le stade de la vigne. 2 à 3 ans avant arrachages, certains viticulteurs décident de réaliser ce changement cultural afin de maximiser les rendements. 

Le plus simple et à privilégier est tout de même d’adapter la vigne à la TRP lors de la plantation. Ainsi, il n’est pas nécessaire de mettre en place plusieurs fils (fils releveurs…) ; seul le fil porteur est indispensable. Il faudra donc privilégier un cordon de Royat avec des piquets d’une hauteur de 1m à 1.2m. Dans ce cas-là, il y a une forte diminution de main d’œuvre : pas de repasse manuelle, pas de pliage, pas de relevage des fils releveurs. Il est préférable de choisir des cépages à port érigé ou semi-érigé tel que le sauvignon, le cabernet franc, le chenin, le grolleau, le cabernet sauvignon… Ainsi la TRP permet une réduction des temps de travaux et des temps de main d’œuvre. En revanche, les 4 premières années suivant la plantation sont contraignantes car il faut veiller à ce que les pieds poussent droits et que les cordons se croisent. Il faut également faire attention puisque la TRP peut occasionner trop de bourgeons par rapport au cahier des charges de certaines IGP, une reprise à la main est alors indispensable pour les limiter. Malgré celle-ci, la RTP représente quand même une économie de 30 heures à l’hectare (environ 75h pour un taille guyot (taille + tirage des bois) contre environ 20h pour une TRP avec repasse manuelle).

Afin d’obtenir une meilleure qualité de taille et de diminuer la reprise manuelle, il est nécessaire d’avoir un cordon rectiligne, un terrain le plus plat possible et de longs rangs. Il est nécessaire d’avoir un palissage de bonne qualité :

  • Amarres capables de supporter des charges importantes de végétation
  • Piquets renforcés et espacés de 5m maximum
  • Fil torsadé d'un diamètre minimum de 3,4 mm avec charge de rupture de l'ordre de 500 kg
  • Les tuteurs doivent rester en dessous du porteur (éviter des collisions entre les disques et le tuteur)
  • L'écartement entre pieds doit être compris entre 0,90m et 1,10m
  • Les rangs doivent être à un écartement de vignes larges 
  • La hauteur de la souche doit être comprise entre 0,70m et 1,50m

Quels sont les différents impacts de la TRP ?

En réalisant la TRP, les grappes sont plus petites mais également plus nombreuses, il y a une augmentation du rendement de l’ordre de 30 à 40 %. La hauteur feuillage est quant à elle moins importante puisqu’il n’a pas de fils releveur. En revanche, afin de pouvoir maintenir une surface foliaire exposée suffisante, le feuillage sera plus large. Pour de très haut rendements (à partir de 180hl/ha) le rapport feuille/fruit n’est pas suffisant et ainsi les degrés alcooliques sont faibles (inférieur à 8% vol.).

La TRP peut cependant avoir quelques inconvénients. Dans la majorité des cas, les rafles restent d’une année sur l’autre sur les souches. En cas de présence de Black-rot une année, la contamination sera alors amplifiée l’année suivante puisque sa forme de conservation hivernale a lieu sur les grappes. La TRP n’est également pas applicable dans les vignobles revendiquant une AOP mais elle peut être une solution afin de diminuer les couts de production pour les vignobles revendiquant une IGP.

Syndicat des vins IGP Val de Loire en partenariat avec les Chambres d'agriculture

contact@igpvaldeloire.fr - 02 41 87 25 81

En complément : 

Fiche technique TechniLoire : "Mécanisation de la taille"

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Une méthodologie pour intégrer de nouvelles variétés dans le cahier des charges IGP Val de Loire 


La filière doit « s’adapter pour faire face au changement climatique, aux attentes sociétales, aux aléas de production, à l’évolution du marché et pour asseoir la durabilité de ses vignobles », rappelle Stéphane Dubreuil, vigneron à Couddes (41) et membre du Bureau du Syndicat des IGP Val de Loire. Plusieurs leviers d’adaptation sont à sa disposition dont le choix des variétés.

Plusieurs Organismes de Défense et de Gestion envisagent d’activer ce levier et d'intégrer de nouvelles variétés dans leur(s) cahier(s) des charges. Il peut s’agir soit de variétés déjà existantes dans d’autres bassins (cépages adaptables), soit de variétés résistantes. Le Syndicat des Vins IGP Val de Loire ambitionne de travailler cet axe main dans la main avec les AOC/AOP de la Loire, dont la modification des cahiers des charges est autrement plus complexe et longue.  Face à la multitude de variétés que la recherche produit et va produire dans les années à venir, il a semblé plus pertinent de construire une méthodologie d’intégration des nouvelles variétés plutôt que de réfléchir au cas par cas. Une trentaine de professionnels (vignerons, négociants, salariés) ont construit ensemble un outil permettant d’intégrer de futures variétés en fonction des intérêts et critères retenus comme la résistance aux maladies.

12 critères retenus et un seuil d’acceptabilité défini

Tout d’abord une enquête réalisée auprès des producteurs IGP Val de Loire en janvier 2022 a mis en exergue les intérêts/critères prioritaires à considérer pour planter de nouvelles variétés, selon une liste préétablie (inspirée de la Directive VIFA). La résistance aux maladies (cryptogamiques et du dépérissement de la vigne) est l’intérêt le plus souhaitable pour les répondants (près de 20 % des producteurs IGP Val de Loire). S’ensuivent les résistantes aux aléas climatiques (gel, sécheresse) puis l’aptitude à la conduite agronomique. Si l’identité Loire est mise en avant, c’est moins le cas des cépages adaptables (cépages issus d’autres vignobles). Au final, 12 critères auxquels doivent répondre de futures variétés candidates à l’intégration au cahier des charges ont été retenus, classés et hiérarchisés. Puis, un seuil d’acceptabilité d’une variété a été défini. Autrement dit, à partir de quel nombre de critères ou % d'indispensables/prioritaires/secondaires, une variété peut-elle être introduite dans le cahier des charges ? Un scénario a été décidé articulant le choix sur des critères dits indispensables, prioritaires et secondaires. Il sera nécessaire de tester cette méthodologie et définir les futures variétés à intégrer dans le cahier des charges de l’IGP Val de Loire, tout comme il faudra que le syndicat réfléchisse sur la communication et la commercialisation. A suivre....

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Renforcer le transfert des acquis du PNDV en Val de Loire


Face au constat partagé de la baisse pluriannuelle subie des rendements et de la longévité des ceps, la filière s’est mobilisée contre les dépérissements à compter de 2017 par la mise en place du Plan National de lutte contre le Dépérissement du Vignoble (PNDV), impulsé par les interprofessions au travers du CNIV et avec le soutien des pouvoirs publics. Après l’évaluation intermédiaire et la consultation régionale, réalisées en juillet 2021 une seconde phase a été initiée pour la période 2022-2027 ?

Ce nouveau plan souhaite renforcer la co-construction entre la filière et l’Etat d’une part, et entre chercheurs, techniciens et professionnels d’autre part. Pour accélérer le transfert des avancées de la recherche et la régionalisation du Plan, il a été souhaité d’investir sur l’animation locale et par bassin et de mettre en place des référents nommés par les interprofessions locales.

« La mission des référents PNDV est de renforcer la régionalisation et le pilotage du Plan au sein de chaque bassin, son animation régionale et faire émerger de nouvelles coopérations entre acteurs locaux », précise Charlotte MANDROUX, responsable du transfert d’information technique à InterLoire et à qui a été confié confier la mission de référente du PNDV pour le Val de Loire. Pour cela, elle s’attachera à animer un réseau d’influenceurs techniques, à poursuivre le transfert des acquis de la recherche et la valorisation des résultats du Plan en lien avec les problématiques régionales, ainsi qu’à coordonner la mise en œuvre de solutions innovantes. Concernant les axes de travail du PNDV, à savoir les projets de recherche et projets d’innovation, le matériel végétal, l’observatoire du vignoble et l’ensemble du transfert, Charlotte est désormais l’interlocutrice privilégiée en Val de Loire.

 

En savoir plus : Lancement des 15 du plan et  Les 15 du Plan - Animation régionale du PNDV - YouTube

 

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Mobilisez-vous contre la flavescence dorée !


La FAV 41 a mis la flavescence dorée au cœur des discussions lors de son AG de juillet. L’objectif pour son président, François Cazin, a été de sensibiliser les vignerons sur ce dépérissement qui compromet la pérennité des vignobles et la nécessité de la lutte collective et préventive en faisant témoigner des vignobles touchés par cette jaunisse comme la Bourgogne et Saint-Nicolas-de-Bourgueil.

La flavescence dorée est une jaunisse à phytoplasme (bactérie sans paroi) qui est transmise à la vigne soit lors du greffage, en utilisant un matériel végétal contaminé, soit par la cicadelle S. Titanus qui se nourrit de la sève contaminée d’une plante porteuse du phytoplasme et l’inocule ensuite à un cep sain au cours d’une prise alimentaire ultérieure. Elle est déclarée maladie de quarantaine en Europe depuis 1993 et actuellement en pleine extension. Des mesures règlementaires lourdes, telles que l'obligation de traitements insecticides ou l'arrachage des ceps, sont appliquées dans tous les vignobles touchés et ont un important impact économique et écologique. Dans le plan de communication 2020, déployé par SudVinbio, la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie et la FREDON Occitanie, il est fait état d’un exemple de pertes économiques liées à la flavescence dorée sur une parcelle dont le chiffre d’affaires était de 7200€/ha avant d’être contaminée. Ainsi, en l’absence de lutte, le coût total de la flavescence dorée sur 6 ans reviendrait, dans cet exemple, à 7 années de production soit 49800€ (coût de production sur 6 ans 26544 €).

 

Trois grands axes de lutte contre la flavescence dorée

Le premier moyen de lutte est de planter un vignoble sain. « Attention à l'origine de vos plants, nous n'avons pas tous la même exigence sanitaires » remarque Benoist Charrier pépiniériste à Monthou (41) lors de l’AG. Et d’ajouter, « Les pépiniéristes viticoles ont lancé en octobre 2019 une marque « Vitipep’s » qui garantit l’origine française du porte-greffe, du greffon et de l’entreprise qui l’a produit. ». Le cahier des charges de cette marque, issu d’une volonté commune avec la filière viticole de valoriser les bois produits en France, s’accompagne d’une obligation pour les pépiniéristes de formation et de prospection contre la flavescence dorée et les maladies du bois. Pour appuyer l’importance de réaliser sa plantation avec du matériel sain (provenant d’une zone exempte de flavescence dorée ou sur lequel est effectué un traitement à l’eau chaude), le plan national dépérissement (PNDV) diffuse sur son site une vidéo choc produite par le Comité Champagne ! Le second axe est de maitriser les populations de cicadelles. Les mesures prophylactiques (ex : retrait des bois de tailles, épamprage, etc..) sont largement insuffisantes pour maîtriser les populations de cicadelles mais peuvent contribuer à en réduire le niveau. Elles doivent être accompagner de traitements insecticides. Le pyrevert est la seule spécialité commerciale homologuée en viticulture biologique pour les traitements obligatoires. En viticulture conventionnelle, la lutte insecticide est réalisée au moyen de produits phytopharmaceutiques autorisés à la mise sur le marché contre S. titanus. Mais le pilier de la lutte contre la flavescence dorée reste la prospection.

Une prospection indispensable à faciliter

Pour François Cazin, le meilleur prédateur de la cicadelle reste l’observateur, qu’il faut donc former !  Les témoignages de Patrick Olivier, président de l’AOC Saint-Nicolas-de-Bourgueil et de Mireille Meunier viticultrice et pépiniériste en Bourgogne montrent que la lutte contre la flavescence dorée doit avant tout reposer sur la prospection des parcelles pour détecter précocement les pieds malades. « Avec l’appui de la FREDON, le syndicat propose des formations pour les vignerons et leurs salariés car nous faisons nous même la prospection. Nous avons également sensibilisé les particuliers via la mairie car les vignes de jardin ou les rangs de vignes de particuliers sont de réels réservoirs de phytoplasmes et de cicadelles », explique Patrick Olivier. Comme les particuliers ne peuvent pas traiter eux-mêmes, une réflexion est menée au sein du syndicat pour faire réaliser tous les traitements par un entrepreneur, ce qui assurerait qu’ils soient faits et limiterait la diffusion de cicadelle via les engins…. En Bourgogne, le premier foyer de flavescence dorée est apparu en 2011, forte de son expérience Mireille Meunier conclut son intervention ainsi : « chaque vignoble décide de son organisation selon ce qu’il peut faire mais soyez attentif, surveillez votre vignoble au maximum avant que des cas graves apparaissent, impliquez-vous ! ». Pour faciliter la prospection, certains vignobles comme la Bourgogne ont développé une application qui permet de géolocaliser les observations et de déclarer un cep suspect. La FREDON des Pays de la Loire utilise, elle, une application issue de l’interface IGN. Dans le cadre du PNDV et de l’observatoire de la santé du vignoble, le projet de recherche POMME permettra, à partir de juin 2023, à l’ensemble des vignobles qui le souhaitent d’utiliser un seul et même outil qui jouera le rôle d’acquisition, d’archivage des données et de création de supports opérationnels et de communication. Toujours pour faciliter la prospection qui se fait majoritairement à pied, plusieurs projets travaillent sur l’imagerie pour développer des outils opérationnels (drones, capteurs embarqués) pour répondre aux enjeux de temps, de coûts et d’efficacité.

Et du côté des alternatives aux insecticides ?

Les traitements insecticides ont un impact environnemental avéré, même le pyrevert (utilisé en lutte biologique) dont l’efficacité semble aléatoire. Des solutions innovantes sont testées dans le cadre du projet RISCA pour compléter les méthodes de lutte chimique : confusion sexuelle, push-pull, application d'huile essentielle d'orange ou de kaolin, utilisation d'agents de biocontrôle…  Un autre axe de recherche est de travailler sur la caractérisation génétique de la résistance de certains cépages. Les premiers résultats obtenus dans le projet COACT ont permis d’identifier différentes sources génétiques de résistance à la flavescence dorée, acquis qui pourraient aider à la création de nouveaux cépages combinant des résistances à plusieurs pathogènes de la vigne.

 

En savoir plus

Les webinaires du PNDV :

Le flyer de la FREDON Centre-Val de Loire : reconnaissance de la flavescence dorée

Présentation de la FREDON Centre-Val de Loire à l'AG FAV 41 

 

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Comment diminuer les risques de contrainte hydrique ?


Une contrainte hydrique peut modifier profondément le fonctionnement physiologique de la vigne : arrêt de croissance des rameaux, diminution de la taille des baies, diminution de la production de sucres par la photosynthèse, modification du métabolisme des baies... Dans des situations de contrainte hydrique sévère, il peut y avoir une chute prématurée des feuilles. Quels leviers peut-on activer pour limiter les risques ?

L'époque d'apparition d’une contrainte hydrique, sa durée et son intensité sont à prendre en considération dans les impacts sur la plante. Par exemple, un manque d'eau entre la floraison et la nouaison réduit le taux de nouaison (diminution du nombre de baies par grappe) et de fertilité pour l’année suivante. Un peu plus tard dans la saison, à véraison, celui-ci diminuera le poids des baies du fait d’un phénomène de concentration. Le manque d’eau impacte donc en premier lieu le rendement. Une contrainte hydrique modérée en fin de cycle (véraison-récolte), s’avère, elle, bénéfique pour optimiser la qualité des raisins et la durabilité des vignes. Si la contrainte hydrique est associée à une chaleur caniculaire, les risques de mortalité pour la plante sont accrus. En effet, à des températures supérieures à 40°C, la vigne développe une stratégie d'adaptation, en diminuant fortement la transpiration de son feuillage, afin de préserver ses tissus foliaires de la déshydratation. Ce stratagème permet d'éviter des accidents physiologiques comme la formation de bulles d'air dans ses vaisseaux (embolie gazeuse) qui priveraient les feuilles de l'apport d'eau provenant des racines. Mais s’il n’y a pas d’eau dans le sol, les conséquences sont désastreuses pour la plante entrainant sa mort. Alors que faire ?

Choisir ses parcelles selon le type de production

De très nombreux moyens existent pour gérer la contrainte hydrique, parmi lesquels on peut citer la sélection des parcelles en fonction de leur réserve en eau, le choix du matériel végétal (porte-greffe et cépage) et la gestion de la surface foliaire. Une gestion raisonnée du vignoble consiste à implanter les productions qui demandent peu de contrainte hydrique sur les sols à forte RU (réserve utile) : production de vins blancs, de vins rosés, de vins rouges fruités à boire jeune, les productions en IGP… En revanche, on réservera les parcelles à faible RU (sols peu profonds, sols caillouteux), susceptibles d’induire des contraintes hydriques, pour la production de vins rouges de garde dans le cadre de l’AOP.

Choisir son matériel végétal selon sa résistance à la sécheresse

On peut également gérer la contrainte hydrique par le matériel végétal. Il existe de fortes variations de la résistance des porte-greffes à la sécheresse. On choisira des porte-greffes qui valorisent peu les réserves en eau du sol dans les parcelles où la contrainte hydrique risque d’être le plus souvent insuffisante (par exemple le Riparia Gloire de Montpellier). A contrario, on choisira des porte-greffes résistants à la contrainte hydrique pour les parcelles à faible RU (420A, 110 R, 1103P, SO4, …). Il existe aussi des différences de résistance à la sécheresse entre cépages (cabernet franc, sauvignon sont plus sensibles que le pinot noir mais moins que le floreal). Il convient donc d’orienter le choix de l’encépagement pour chaque parcelle en fonction des risques de sécheresse tout en prenant en considération l’effet du sol.

Mesures de la tolérance à la sécheresse de 23 cépages, 3 porte-greffes et 4 variétés résistantes (Projet PNDV Physiopath)

Adapter la surface foliaire

Une autre possibilité de gestion de la contrainte hydrique se trouve au niveau du système de conduite. La principale variable est la surface foliaire. Un système de conduite à forte surface foliaire épuise rapidement les réserves en eau du sol, ce qui est un atout si le risque principal est une contrainte hydrique insuffisante. Une surface foliaire modérée permet d’économiser les réserves en eau du sol. On peut réduire la surface foliaire en réduisant la hauteur de la haie foliaire ou en diminuant la densité de plantation. Force est de constater, que les systèmes de conduite à surface foliaire modérément faible ne sont pas compatibles avec de forts rendements, car une autre condition de la production d’un vin de qualité est de disposer d’un rapport feuille/fruit suffisant.

Recourir à l’irrigation

Un autre levier est possible lorsque la législation le permet : l’irrigation. Pour rappel, l’irrigation est interdite pour toutes les vignes destinées à la production de vin, tous segments confondus, entre le 15 août et la récolte. Pour les vins AOP, l’interdiction de l’irrigation va du 1er mai à la récolte. Si l’irrigation est autorisée dans le cahier des charges des IGP Val de Loire, celle des vignes destinées à la production de vin AOP peut être autorisée uniquement par dérogation pour une récolte déterminée en compensation du stress hydrique dès lors que celui-ci est susceptible de remettre en cause la qualité de la production viticole. La demande de dérogation formulée par l’ODG doit être accompagnée d'une étude réalisée sur un référentiel de parcelles aptes à la production de vin de ladite appellation.  Lorsque l’irrigation est possible, l’opérateur doit déclarer irriguer au plus tard deux jours avant sa mise en œuvre. L’ODG doit tenir à jour la liste des exploitants potentiellement irrigants, la liste des parcelles potentiellement irriguées, la liste des parcelles effectivement irriguées. Il n’y a plus de restrictions matérielles : les installations fixes y compris enterrées sont désormais autorisées. L’INAO souligne que « la dérogation exceptionnellement prise n’est en aucun cas une autorisation de prélèvement d’eau. L’irrigation viticole ne sera jamais prioritaire face à l’irrigation des cultures alimentaires qui elle-même n’est pas prioritaire face à l’usage domestique et à certains usages tiers ».

 

Pour en savoir plus :

 

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Des tensions sur l'approvisionnement de plants de grolleau


En Janvier 2022, la FFPV nous alertait sur les « taux de reprise historiquement bas » pour la pépinière viticole. En effet comme l’indique le communiqué de la FFPV, « le printemps maussade, froid et pluvieux … n’a pas épargné les professionnels qui subissent des taux de perte record en pépinière…. Si les greffages 2021 ont globalement été stables, certaines demandes de plants de vigne ne pourront pas être honorés en totalité ».

En Val de Loire, cela se traduit par une pénurie de plants de grolleau noir pour les plantations 2022. Depuis plusieurs années le grolleau a le vent en poupe en Val de Loire, car, au-delà de ses qualités œnologiques, il a la particularité d’assurer une production convenable même après une gelée printanière. Résultat, la demande en plants de grolleau est devenue importante. Et même si les pépiniéristes locaux l'ont anticipée en augmentant leur volume de greffage, les viticulteurs n’ayant pas anticipé leur programme de plantation pour ce cépage risquent de se retrouver dans l’impossibilité de planter.

Anticiper vos demandes de plants est indispensable

Comme le préconise l’IFV dans sa fiche « Les 12 règles d’or de la plantation d’un vigne », votre commande de plant doit être effectuée 18 mois à l’avance pour les plants traditionnels et 8 mois à l’avance pour les plants en pots. C’est une condition indispensable pour permettre aux pépiniéristes de mettre en œuvre suffisamment de plants et pouvoir répondre à la demande. La forte demande de dernière minute associée à un taux de réussite en baisse sont les 2 facteurs qui expliquent les difficultés en approvisionnement de plants de Grolleau. Pour éviter que ce problème ne se reproduise, nous vous conseillons de prendre contact avec votre pépiniériste local afin de préparer au plus vite vos plantations pour 2023.

 

 

Virginie Grondain, IFV Pôle Valde Loire-Centre

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Dépérissement : ce qu'a fait la recherche


Les résultats des 4 années du Plan National Dépérissement ont été présentés lors d’une matinée d’échange organisée le 18 novembre dernier sur toutes les avancées de la filière dans la lutte contre les dépérissements. Que retenir ?

La mobilisation de la filière viticole contre les dépérissements est née du constat partagé de la baisse pluriannuelle subie des rendements et de la longévité des ceps. Face à ce fléau déclaré « cause nationale » et, pour la première fois depuis la crise du phylloxéra, une animation nationale sur une problématique technique a été mise en place au sein de la filière vitivinicole française. Impulsé par les interprofessions au travers du CNIV et avec le soutien des pouvoirs publics via FranceAgrimer, le Plan National Dépérissement du Vignoble (PNDV) s’est déployé à partir de 2017.  Les dépérissements résultant d’une pluralité de causes et de facteurs aggravants, il fallait d’agir sur tous les fronts, sans qu’il soit possible d’identifier « une solution » susceptible de répondre aux multiples enjeux en présence. Les résultats obtenus à ce jour sont le fruit d’une mutualisation des forces et des moyens : la filière viticole a mobilisé 7 millions d’euros en 4 ans, auxquels se sont ajoutés 5 millions d’euros de soutien public. Ils sont à la disposition de tous les acteurs de la filière sur le site du PNDV au travers d’une vingtaine de fiches techniquesd’une dizaine de webinaires et d’un outil d’aide à la décision. S’il est difficile de résumer 4 années de recherche sur une trentaine de projets, il est donc possible à chacun de trouver de quoi répondre à tout ou partie de ses questions et de s’approprier ces acquis. Nous reprenons ici, une partie des résultats présentés lors de la matinée.

« Les avancées du Plan » en vidéo  

Les carnets du plan, 2nde édition

Quoi de neuf sur le matériel végétal ?

Le premier des acquis permis par le PNDV est le rapprochement de la filière des pépiniéristes à celle de la viticulture.  Ce rapprochement s’est concrétisé dans la mise en œuvre du projet Origine qui a étudié la qualité des plants de vigne et l’amélioration des taux de reprise au greffage. De ce travail a découlé de nouvelles connaissances sur la qualité du point de greffe qui permettent d’établir un ensemble de critères validés et quantifiés pour aider au tri des plants.  De nouvelles connaissances sur l’anatomie et le fonctionnement du bois de jeune plant éclairent sur la circulation de l’eau dans ce dernier et les conditions de développement des nouveaux tissus conducteurs. Autre acquis, la création d’une marque, Vitipep’s, valorisant la qualité sanitaire des plants fabriqués en France et la professionnalisation de la filière en intégrant la formation sur la reconnaissance des maladies et l’ampélographie au cahier des charges. La dynamique ainsi initiée a également abouti à la création d’une instance nationale de coordination du matériel végétal dont la première mission sera d’établir un schéma général de diffusion du matériel de base puis d’assurer le suivi de la mise en œuvre des projets des établissements de pré-multiplication (culture sous serre insect proof).

L’anatomie du bois impacte la résistance de la plante à l’ESCA

Les résultats du projet Physiopath révèlent que la taille des vaisseaux influence la capacité de la vigne à limiter la progression des champignons responsables de l’ESCA : plus la densité de gros vaisseaux est importante, plus la plante est vulnérable. Par ailleurs, les chercheurs ont observé que la sécheresse inhibe l’expression des symptômes d’ESCA sans pour autant endiguer la maladie. « Si la sécheresse n’est pas la solution contre l’ESCA, celle-ci étant avant tout un facteur limitant la productivité, cet acquis permet en revanche de comprendre le fonctionnement physiologique de la plante face à l’ESCA », souligne Chloé Delmas de l’INRAE et responsable du projet. Ces résultats associés au fait qu’il existe une large gamme de variation de la résistance à l’embolie entre les cépages, laisseraient envisager la possibilité de sélectionner des cépages moins vulnérables à la sécheresse et à l’ESCA. Autre résultat obtenu, l’ESCA provoque un dysfonctionnement hydraulique de la plante dû à des occlusions du xylème par des thylloses et des gels.

Les mesures de la tolérance à la sécheresse de 23 cépages, 3 porte-greffes et 4 variétés résistantes
montrent une large gamme de variation de la résistance à l’embolie

Un outil portable pour détecter les maladies du bois au vignoble

Et pourquoi pas ?  C’est en tout cas le rêve de Cédric Moisy de l’IFV et responsable du projet Vitimage. « Ce projet, a révélé la complémentarité de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) et de la tomographie aux Rayons X (RX) pour distinguer les différents niveaux de dégradation du bois : sain, nécrosé ou l’amadou, qui est un bon indicateur de l’état de la plante » explique-t-il. Un pied de vigne ne manifestant pas de symptômes foliaires peut néanmoins contenir plus de 60% de tissus nécrosés, selon les observations. Ainsi Cette approche innovante, basée sur l'imagerie 3D et l'apprentissage automatique, permet de mettre en lien l'histoire de vie des ceps étudiés et le niveau de développement des maladies du bois sans destruction. Une porte ouverte à de nouvelles applications en termes de gestion de parcelle et de suivi de maladies.

Vers la vaccination des ceps contre le court-noué

Le court-noué peut être responsable de la perte de 80% du rendement d’une vigne atteinte par cette virose, impactant également la qualité des raisins et la longévité des ceps. Mais tous les plants ne réagissent pas de la même manière dans les parcelles atteintes. Au travers du projet Vaccivine, les chercheurs ont mis en avant  que ces ceps ont été contaminés par des variants peu symptomatiques du virus.  Il s’avère qu’un même pied de vigne peut être affecté par deux ou trois variants. Des travaux ont alors commencé sur la prémunition. «  L’idée est d’inoculer un variant faiblement pathogène du virus GFVL afin de protéger le cep d’une surinfection due à un variant plus agressif transmis par le nématode. De nouveaux variants hypoagressifs ont été identifiés, sélectionnés et conservés dans des accessions de vigne à l’INRAE pour poursuivre les travaux sur la prémunition », rend compte Olivier Lemaire de l’INRAE et responsable du projet.

Sensibilité des cépages à la flavescence dorée caractérisée

Les paramètres influençant la probabilité d’une parcelle d’être infectée par la flavescence dorée ont été étudiés dans le projet CoAct. Le facteur cépage a été mis en exergue. Ainsi une parcelle de sauvignon a plus de probabilité d’être infectée par la flavescence dorée qu’une parcelle de cabernet franc. « L’étude génétique de la sensibilité des cépages met en avant un déterminisme génétique du caractère sensible. La suite du projet visera à  poursuivre la caractérisation de la sensibilité de cépages régionaux et à mettre en conservatoire les descendants peu sensibles obtenus dans les croisements réalisés », annonce Sylvie Malembic-Maher de l’INRAE. L’environnement paysagé est aussi montré comme un facteur à risque. Ainsi, une parcelle située dans un environnement urbain ou de forêt a plus de probabilité d’être infectée qu’une parcelle placée dans un environnement de vigne ou de cépages peu sensibles. A noter que c’est l’environnement proche, dans un rayon de 100 m autour de la parcelle, qui  influe sur la probabilité d’infection.

Sensibilité à la flavescence dorée de 28 vitacées
 (groupe vert : peu sensible, groupe rouge : très sensible ; groupe noir intermédiaire)

 

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Dépérissement : quelles priorités pour le Val de Loire ?


A l’occasion du séminaire du plan national dépérissement (PNDV) du 18 novembre dernier, un bilan des 4 années du plan a été présenté et la poursuite du plan a été annoncée. La construction des appels à projets  de ce PNDV2 est basée sur une consultation organisée dans tous les bassins viticoles pour faire remonter les attentes des professionnels. Qu’en est-il dans le Val de Loire ?

Le plan national dépérissement est dans sa méthode un véritable exemple de mobilisation de filière dans la gestion d’une problématique technique complexe. Les retombées importantes en termes de connaissances scientifiques et d’avancées techniques ont été obtenues grâce à l’effet de mutualisation des forces et des moyens. Il a été par conséquent proposé un PNDV 2 (Plan National de Durabilité du Vignoble) devant permettre aux vignobles de s’adapter aux enjeux sanitaires, de production et de durabilité. Dans le même esprit que le précédent, ce nouveau plan reposera sur la co-construction entre la filière et l’Etat d’une part, entre chercheurs, techniciens et professionnels d’autre part.  Une grande consultation dans les différents bassins viticoles de France a donc été organisée afin de définir les nouvelles priorités en matière de recherche et d’innovation. Cette consultation est envisagée via les commissions techniques interprofessionnelles élargies. Ainsi, Interloire a associé le conseil technique Val de Loire à cette consultation en juillet dernier. 6 groupes de travail, regroupant 33 participants, ont réfléchi aux besoins en recherche et transfert pour poursuivre la lutte contre les dépérissements.

Renforcer les connaissances sur le court noué

Un besoin exprimé par la majorité des groupes concerne le renforcement de la connaissance sur les viroses et plus particulièrement sur le court-noué, via la diffusion d’information et la formation. La première cible à viser est celle des influenceurs techniques (conseillers, techniciens de négoce, de coopérative, etc...). Une veille scientifique que l’on pourrait imaginée comme un observatoire des maladies émergentes avec un système d’alerte est également évoquée. L’identification des niveaux de présence du court-noué est un exemple des attendus ou la définition des pratiques à risques pour le pourridié. Les participants relèvent aussi le besoin de mettre en place des expérimentations terrain à grande échelle pour le biocontrôle. Une réflexion est faite sur la nécessité de mettre en place un protocole de prospection flavescence dorée moins chronophage et harmonisé entre les territoires (développer l’utilisation de l’imagerie par exemple pour s’affranchir de la prospection humaine). En lien avec la sélection variétale, il est souligné le besoin d’intégrer la sensibilité voire la résistance aux agressions biologiques dans les critères de sélection. Notons que des données existent déjà et qu’il y a autant un besoin de transfert d’information que de recherche pour compléter les acquis sur la caractérisation des variétés. Un dernier point porte sur le besoin de partage de données météo fiables et qualitatives pour optimiser l’efficience de la lutte contre les maladies cryptogamiques.

Mutualiser les connaissances sur le matériel végétal

La majorité des groupes pointe le matériel végétal avec d’une part un besoin de mutualiser à l’échelle nationale les outils de transfert des connaissances sur le comportement du matériel végétal (cépages, clones, porte-greffe,…) face aux aléas climatiques. Mais aussi le besoin d’approfondir cette connaissance par les acquis de la recherche notamment sur la résilience des variétés face au gel, de leur comportement par rapport au dessèchement, à la canicule,… Un besoin de connaissance sur la manière de maintenir le fonctionnement de la plante malgré un stress sévère est évoqué. Existe-t-il des produits permettant à la plante de mieux résister aux stress environnementaux ? Peut-être à mettre en lien avec d’autres idées émises comme le besoin de comprendre les interactions entre aléas climatiques et physiologie de la plante par rapport à la mise en réserve glucidique. L’étude des interactions avec le porte-greffe pour limiter l’évapotranspiration est aussi évoquée ainsi que celle des techniques limitant l’évapotranspiration. D’autres besoins sont évoqués : mieux maîtriser l’utilisation des équipements antigel, favoriser la synergie collective de la mise en place de ces équipements, développer les capteurs de diagnostic pour améliorer la remontée d’information du terrain en cas d’accident climatiques, avoir une meilleure qualité et précision de la prévision météo.

Appréhender l'impact des pratiques sur le comportement des cépages

Au regard du développement de la prestation de service pour la réalisation des travaux de taille, il faudrait accentuer la formation sur la taille et les solutions curatives auprès des équipes de prestataires. Il faudrait également pouvoir mieux appréhender les impacts des pratiques culturales sur le comportement des cépages et ainsi mieux adapter l’itinéraire. Un besoin de mettre à jour les itinéraires techniques pour s’adapter au période de sécheresse est relevé. Plus précisément, le besoin d’étudier le niveau de réserve glucidique pour mieux lutter contre les différents stress et le mettre en lien avec les pratiques culturales (taille) est énnoncé. Il sera ensuite nécessaire de développer de nouveaux outils, de nouveaux tests pour mesurer facilement le niveau de réserve glucidique.

Accompagner le changement de pratique

L’accélération des procédures de mise à jour, d’évolution des cahiers des charges des appellations est considérée comme un besoin par une partie des participants. En parallèle, il est aussi souligné que la directive VIFA est à la disposition des ODGs, et qu’il faut que celles-ci entament concrètement la réflexion. Le besoin de développer l’accompagnement technique des vignerons sous un angle gestion est mis en exergue notamment dans le cadre des changements de pratiques et organisationnels. Il faudrait intégrer dans les réflexions sociotechniques des intermédiaires comme les experts comptables. En termes de transfert d’information, il semble nécessaire de trouver des moyens pour réussir à toucher davantage de monde et de manières plus locales.

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