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Vers des descendants résistants de nos cépages blancs


Afin de compléter l’offre en variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium provenant des programmes de recherches nationaux pilotés par l’INRAE et l’IFV (Resdur 1, 2 et 3, Génovigne), de nombreux bassins viticoles ont opté pour des créations complémentaires issues directement des cépages emblématiques locaux. Pour le Val de Loire et suite aux réflexions du Conseil Technique de Bassin menées en 2017, InterLoire a décidé de s’engager en 2018 auprès de l’INRAE et de l’IFV pour mettre en place ce programme de création variétale, en investissant 800 000 euros sur 15 ans afin d’obtenir des descendants résistants de nos cépages blancs Melon, Chenin et Sauvignon (à noter que le Cabernet franc fait l’objet d’un programme sur Bordeaux, des collaborations entre InterLoire et le CIVB pourront être mises en place pour mutualiser certaines de leurs créations).

De la création et sélection précoce….

En 2018 et en 2019, l’IFV et l’INRAE ont donc réaliser les croisements « au champ », sur les domaines IFV de Montreuil-Bellay, du Grau du Roi et sur le domaine INRAE de Colmar. Ce sont plus de 500 grappes de nos cépages blancs qui ont été castrées et pollinisées par une quinzaine de géniteurs résistants issus des programmes Resdur et Génovigne, comme le Floreal par exemple, et qui ont permis d’obtenir près de 15 000 pépins au total. Après germination des pépins, une sélection assistée par marqueur a été réalisée sur ces nouvelles variétés créées, afin de ne retenir que les variétés présentant plusieurs gènes de résistance au mildiou et à l’oïdium. Cette sélection dite « précoce », réalisée sur plant en pot sous serre, a permis également d’éliminer les individus non hermaphrodites ou présentant des caractères rédhibitoires (nanisme etc.), pour aboutir au final à 435 nouvelles variétés résistantes issues directement de nos trois cépages blancs emblématiques du Val de Loire, actuellement conservées au Grau du Roi.

…A la plantation pour la sélection intermédiaire

Parmi ces 435 nouvelles variétés, 240 (réparties également entre les descendants de Melon, Chenin et Sauvignon) ont été sélectionnées sur des critères de diversité génétique pour passer à la phase de sélection intermédiaire dite « stade 2 », et ont donc été plantées en ce début de mois de juillet 2021 à raison de 5 ceps par variétés au domaine expérimental de l’IFV à Montreuil-Bellay. Le suivi agronomique de ces nouvelles variétés débutera au plus tôt en troisième feuille, pour une durée minimum de 3 ans ; à l’issu de ces suivis, une sélection drastique sera réalisée afin de ne garder qu’une dizaine de descendant par cépages emblématiques. Bien entendu les critères de sélection seront réalisés sur leur niveau de résistances aux maladies, mais également sur des critères en lien avec les évolutions climatiques et culturales.

En attendant la sélection finale et l’inscription au catalogue

Ces variétés retenues à l’issue de la phase de sélection intermédiaire seront alors de nouveau plantées, mais cette fois-ci avec une centaine de ceps par variétés et sur deux parcelles aux conditions pédoclimatiques différentes, afin de déterminer précisément leur Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale (VATE) ; cette phase de sélection finale (de nouveau 3 ans de suivis à partir de la troisième feuille) permettra de proposer quelques nouvelles variétés pour le classement et l’inscription au catalogue. Ces nouvelles variétés résistantes lauréates, issues de nos cépages Melon, Chenin et Sauvignon, devront être ensuite multipliées par nos pépiniéristes avant d’être disponibles pour les viticulteurs du Val de Loire, certainement à horizon 2035. Ce projet innovant, de long terme et d’anticipation est suivi et validé à chaque étape clé par la commission technique d’InterLoire, en lien avec les scientifiques de l’IFV et de l’INRAE.

 

Etienne Goulet (IFV/InterLoire), Virginie Grondain (IFV) et Estéban Fortin (IFV)

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Le Val de Loire, en ordre de marche sur les VIFA


La filière viticole du Val de Loire doit s’adapter pour faire face au changement climatique, aux attentes sociétales, aux aléas de production et à l’évolution du marché pour asseoir la durabilité de ses vignobles. Préparer, accompagner la filière à cette adaptation est de fait un engament fort du plan filière 2030. Dans ce contexte, Inter Loire accompagne les ODG dans leur réflexion sur les variétés d’intérêt à fin d’adaptation.

Plusieurs leviers techniques sont à la disposition de la filière  pour répondre à cette nécessaire adaptation : le choix des porte-greffes et des clones, l’adaptation des modes de conduite et des process de vinification, la relocalisation des parcelles au sein de l’aire géographique de l’AOP… Et depuis 2018, la directive VIFA de l’INAO (INAO-DIR-2018-01) donne la possibilité aux ODG d’intégrer des variétés d’intérêt à fin d’adaptation dans leurs cahiers des charges AOP, les fameuses VIFA. Pour accompagner la réflexion des ODG sur ce dernier levier, InterLoire a organisé en mars dernier une journée prospective technique sur cette notion d’intégration de variétés d’intérêt à fin d’adaptation. Une quarantaine de participants, ODG, fédérations, techniciens et élus de la commission technique d’InterLoire ont pu renforcer, compléter leurs connaissances sur la directive et sur les caractéristiques des cépages utilisés sur le bassin. Par groupe, ils ont ensuite réfléchi sur la définition des critères de choix des caractéristiques de variétés d’intérêt à fin d’adaptation pouvant être intégrées dans un cahier des charges d’appellation selon les objectifs que celle-ci se fixerait (agronomique, positionnement, environnement, etc...). Ils ont également pensé les règles et process d’organisation à installer au sein d’un ODG pour mettre en place cette directive (temps, moyen,....). Enfin ils ont examiné ensemble ce qui devrait faire, dans le cadre de ce dispositif, la cohérence régionale Val de Loire.

En un coup d’œil tous les cépages utilisés en Val de Loire

Les conclusions de cette journée prospective technique ont servi à élaborer un guide d’accompagnement à la réflexion sur l’intégration de variétés d’intérêt à fin d’adaptation dans les cahiers de charges des AOP. Ce guide se veut être un appui méthodologique aux ODG pour les aider à décider d’utiliser ou non la directive VIFA. Un autre outil est mis à leur disposition : la liste de l’ensemble des variétés utilisées en Val de Loire avec leurs caractéristiques : résilience au gel, résistance à la sécheresse, sensibilité aux maladies, potentiel technologique etc…... Les acquis de la recherche et de l'expérimentation permettront au fil des années d’enrichir et compléter ces caractéristiques. La liste intègre des variétés utilisées en AOP, IGP, VSIG,…. et est disponible à tous dans la rubrique des fiches techniques du site.

Caractéristiques des variétés plantées en Val de Loire (source : service technique InterLoire, juin 2021)

 

Le guide d'accompagnement à la réflexion sur l'intégration de variétés d'intérêt à fin d'adaptation dans les cahiers des charges des AOP du Val de Loire est disponible sur demande au 02 47 60 55 42 ou c.mandroux@vinsvaldeloire.fr

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Témoignages : de l’originalité dans les cépages ligériens


Menu-pineau, meslier Saint-François, genouillet, fié-gris mais aussi viognier ou syrah plantés en Val-de-Loire. Ces cépages locaux et anciens, ou actuels mais plus lointains, sont défendus par certains vignerons ligériens. Voici quatre d’entre eux, fiers de leurs pépites au sein de leur gamme, ou à l’affut de leur intérêt dans le contexte actuel de réchauffement climatique.

Menu-pineau et meslier-Saint-François chez Lionel Gosseaume, à Choussy (41)

Si le sauvignon blanc couvre les trois quarts de son vignoble, Lionel Gosseaume cultive aussi du gamay, du côt, du cabernet, du pineau d’aunis, du chardonnay et du chenin…mais aussi 28 ares de menu-pineau (orbois) et 30 ares de meslier-Saint-François, deux vieux cépages blancs de la région. « Le menu-pineau était très répandu dans le Loir-et-Cher, car plus précoce que le chenin. Quant au meslier-Saint-François, beaucoup plus rare, il n’en reste que 3 ha référencé au niveau national aujourd’hui ! », souligne le vigneron. Lorsqu’il reprend le domaine en 2007, il choisit de conserver les deux parcelles. Assez difficile à conduire, et ne produisant pas de façon régulière, le meslier-Saint-François offre des raisins plutôt acides, à la maturité hétérogène, pour des cuvées en assemblage avec le menu-pineau, en vin tranquille, suite à des élevages longs sans SO2 légèrement oxydatifs, et protégés par des lies. Avec 4 000 bouteilles les bonnes années, Climat n°2 trouve sa place dans la gamme. « À partir de 2021, je vais essayer de travailler l’élevage en barrique », poursuit le vigneron, qui s’amuse aujourd’hui de voire cette cuvée parmi les plus chères de son domaine. « Grâce à ces cépages oubliés, vous arrivez à rentrer chez certains cavistes, et vous pouvez ensuite leur présenter votre gamme. C’est un atout commercial ! » Pour le vigneron, également Président d’Interloire, grâce à la directive VIFA (1) de l’INAO, il y a une place pour des essais de cépages originaux en Val-de-Loire dans les ODG, certains locaux oubliés, mais aussi de plus lointains, notamment le riesling, le viognier, ou le vermentino italien, en complément des sauvignons par exemple.

Genouillet chez Maximilien de La Chaise, à Quincy (18)

Lorsqu’il reprend les 12 ha du domaine de Villalin à Quincy en 2019, le jeune vigneron de 28 ans Maximilien de La Chaise choisit de garder une parcelle de 1,10 ha de genouillet et la vigne mère associée. « Arracher une vigne coûte de l’argent, mais surtout, je me disais qu’avec ce beau cépage, il y avait des choses intéressantes à faire. » Pour le vigneron, ce cépage tardif donne des vins typés, valorisés en VSIG. « Sans cahier des charges, il est possible de faire ce que l’on veut, et d’ailleurs, vous avez peu de données sur les façons de travailler le genouillet… Ici, je le vinifie en pur, et l’objectif est aussi d’imaginer un apéritif à bulles, avec un passage en fût pour lui donner plus de corps. ». L’avantage de ce cépage tardif est de pouvoir laisser du temps pour le travailler, insiste Maximilien de La Chaise. « En 2020, nous l’avons récolté autour du 20 octobre ! Et il était encore un peu vert, arrivant à peine à 12°. Avec le réchauffement climatique, nous avons besoin de cépages tardifs, avec des maturités phénoliques plus importantes. ». D’un point de vue commercial, si le genouillet est un cépage ancien, sa vente reste jeune et assez compliquée, reconnait Maximilien de La Chaise. « Mais ce vin plaît aux amateurs et aux personnes qui souhaitent coller leurs amis avec un vin méconnu ! »

Fié gris chez Xavier Frissant, Mosnes (37)

Au domaine Xavier Frissant à Mosnes (37), les premiers fiés gris (sauvignon gris) ont été plantés en 1994. « Quatre ans après mon installation, je souhaitais tester autre chose que les cépages classiques du catalogue, et un ancien du village m’avait dit de bonnes choses du fié gris, cépage qui vieillissait bien ». Avec 1 500 pieds plantés sur 20 ares, le vigneron récolte au départ peu de raisin, mais d’une qualité prometteuse. De fil en aiguille, il replante ce cépage rare, pour atteindre 3 ha sur les 18 ha du domaine. « Il fallait se faire la main sur ce cépage, à la fois au niveau du végétal mais aussi des vinifications. Nous avons mis 5 à 7 ans à obtenir le style de vin que nous cherchions. S’en sont suivies de belles critiques dans la presse ! ». Si un clone de fié gris est proposé au catalogue, il y a une variabilité énorme entre les plants, ce qui permet de garder une belle diversité, souligne Xavier Frissant. Avec 30 hl/ha de moyenne, il vendange entre 70 et 120 hl par an de fié gris, vinifié pur en IGP Val-de-Loire. « Avec la hausse des températures, le cépage voit malheureusement son acidité dégradée, et depuis 2014 on lui observe une perte de fraicheur. » Malgré tout, le vigneron défend son cépage ancien, qu’il ne considère plus comme rare suite aux nombreuses replantations. « La clientèle reste à l’affût de découvertes, et ce cépage encore méconnu est l’occasion de la satisfaire ! »

Viognier et syrah chez Christophe Réthoré, à St Rémy-en-Mauges (49)

Sur les huit cépages que compte le domaine Réthoré-Davy à Saint Rémy-en-Mauges figurent depuis 2010 le viognier et la syrah. « Nous avons fait le choix d’ajouter ces cépages dans un souci d’adaptation à l’évolution du climat et par goût pour ces profils de vin, présente Christophe Réthoré. Avec nos sauvignons, nous sommes sur des notes florales, d’agrumes. Le viognier est plus sur le fruit, l’abricot. Et face à la difficulté de faire murir nos cabernets francs du fait des stress hydriques, la syrah nous est apparue comme une opportunité de proposer un vin rouge aux tanins fondus. ». Parti sur 60 ares des deux cépages, il compte actuellement 1ha de syrah et 1,80 ha de viognier, vinifiés en 100%, et valorisés sans appellation. « Il faut du temps pour maîtriser de nouveaux cépages sur un terroir. Le palissage est assez complexe pour ces deux cépages très poussants, ainsi que la régularité des rendements. Si nous avions planté en premier lieu sur des terres sèches, nous avons replanté par la suite sur des terrains plus frais. Le choix des clones est surement à améliorer aussi. ». Sur ses terrains schisteux, le vigneron récolte entre 50 et 65 hl/ha. « Ici, le viognier est plus facile à maîtriser. La Syrah a des rendements plus fluctuants et subit plus fortement les gelées printanières car implantée sur un secteur précoce. ». Christophe Réthoré reconnait que les retours de la clientèle sont variés : « Certains apprécient l’originalité de ces cépages dans la gamme, alors que d’autres trouvent ça hors contexte pour la région. Il faut accepter ces avis divers. Le but est surtout d’obtenir une typicité Val-de-Loire quel que soit le cépage ! »

 

  1. Directive INAO sur les variétés d’intérêt à fin d’adaptation permettant, sous condition, aux ODG de tester de nouvelles variétés en revendiquant en AOP les vins issus de ces variétés.

Le 11 mars dernier, une journée, organisée par InterLoire, a rassemblé la commission technique d’InterLoire, les fédérations viticoles, les ODGs, des techniciens de l‘IFV et des chambres d’agriculture afin de réfléchir sur l’intérêt de la mise en place de cette directive et la méthode de cette mise en place au niveau de l’ODG dans une cohérence Val de Loire. Il en découlera un guide pour accompagner les ODGs dans leur réflexion.

 

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Vers de nouveaux clones de sauvignon gris ?


Depuis quelques années, le sauvignon gris connait un regain d’intérêt, mais le choix restreint en matériel clonal certifié (à ce jour seul le clone 917 est agréé) ne permet pas aux viticulteurs d’adapter son matériel végétal au milieu environnemental et au type de produit souhaité. ​

Dans ce contexte, la sélection de nouveaux clones de sauvignon gris adaptés aux diverses productions actuelles, mais également aux conditions futures en anticipant les éventuels impacts du changement climatique (baisse des acidités, augmentation des degrés etc.) apparait comme un enjeu important pour les producteurs. A la demande du syndicat viticole du Haut Poitou et avec la contribution financière d’InterLoire, l’IFV Val de Loire-Centre a observé durant trois millésimes la diversité phénotypique du sauvignon gris afin de déterminer s’il existait des souches de ce cépage aux comportements agronomiques différents et bien identifiés.

La pré-sélection agronomique

Ainsi les 54 accessions du conservatoire de Montreuil-Bellay, représentant la diversité génétique intra-variétale du sauvignon gris en Val de Loire, ont été classées en fonction de leur phénologie (précocité ou tardiveté aux stades clés, longueur de cycle…) et de leurs caractéristiques de vendanges (degré, acidité totale, pH, poids de baie) ; ces suivis agronomiques ont été complétés avec des observations sur les 27 accessions du conservatoire de Marigny-Brizay (accessions en commun avec Montreuil-Bellay). La comparaison et la synthèse moyenne des 3 millésimes suivis (2016, 2018 et 2019) a permis d’isoler des accessions au comportement relativement stable et différent d’autres accessions d’un point de vue de leur phénologie et/ou de leur maturité. La sélection clonale devant représenter la diversité phénotypique du cépage, plusieurs accessions représentatives des différents groupes de fonctionnement ont été pré-sélectionnées ; ainsi, certaines accessions sont tardives et de faible maturité, pouvant ainsi apporter certaines réponses aux conséquences du changement climatique, alors que d’autres sont à l’inverse précoces et à forte maturité, et pourront être utilisée par les viticulteurs dans certaines conditions pédoclimatiques ou pour l’obtention de profil produit spécifiques (des accessions au comportement intermédiaire ont également été pré-sélectionnées).

La pré-sélection sanitaire

Au total ce sont 22 individus représentant la diversité phénotypique du sauvignon gris qui seront testés cet hiver par l’IFV afin d’écarter les éventuels positifs aux principales viroses de la vigne (court-noué et enroulement notamment). L’objectif est de garder une dizaine d’accessions saines différentes, représentant les groupes de comportement agronomique définis lors de la phase de pré-sélection, afin de les planter en collection d’étude pour les étudier plus finement et plus longtemps (5 millésimes minimum), en comparaison du clone 917.

De nouveaux clones disponibles à l’horizon 2030

La fin de cette étape de pré-sélection prévue pour cet hiver ouvre donc la voie à la seconde étape, celle de la sélection finale à l’issue du suivi de la collection d’étude ; entre la plantation de cette dernière, le temps de mise en production et les 5 années de suivis réglementaires, les nouveaux clones agréés (matériel certifié) pourraient être disponibles pour la profession d’ici une dizaine d’année. En attendant et en complément du clone 917, si la profession le souhaite, la diversité génétique et phénotypique du sauvignon gris pourra être diffusée par l’IFV sous forme de matériel « biodiversité vigne » (mélange des différentes accessions, matériel présentant des garanties sanitaires vis-à-vis des principales viroses de la vigne), en catégorie standard.

 

Etienne Goulet et Virginie Grondain, IFV Val de Loire-Centre

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Le floreal dans l’espace sensoriel des vins blancs du Val de Loire


Depuis le millésime 2018, dans le cadre du projet VALOERES financé par InterLoire et les Conseils Régionaux des Pays de la Loire et du Centre-Val de Loire, l’IFV s’intéresse au positionnement sensoriel du Floreal, nouvelle variété résistante au mildiou et à l’oïdium.

Bien que Floreal ne soit pas encore autorisée en production AOP, l’IFV a réfléchi à l’utilisation du Floreal dans le cadre du dispositif INAO sur les cépages d’intérêt à fin d’adaptation, afin d’être prêt lorsque le règlement européen qui régit l’utilisation des variétés de vigne en AOP sera modifié.

A hauteur de 10%, aucun impact sur la typicité

A partir des vendanges 2018 et 2019 de son domaine expérimental de Montreuil-Bellay (49), l’IFV Val de Loire-Centre a élaboré avec le Floreal un vin blanc aromatique et l’a comparé à quelques productions phares du Val de Loire, en utilisant différentes techniques d’analyse sensorielle, du Profil Sensoriel Polarisé au Tri libre en passant par les classiques « triangulaires ». Ainsi, il ressort que l’ajout de Floreal à hauteur de 10 % dans des vins de Muscadet, Anjou blanc et Touraine Blanc, n’engendre quasiment aucune différence sensorielle perceptible par les dégustateurs par rapport aux vins purs de ces AOP (dans 15 cas sur 16). Le Floreal, assemblé à hauteur de 10 %, ne serait donc pas de nature à modifier la typicité sensorielle des vins de nos AOP ligériennes ; la différence sensorielle intra-AOP étant plus large que celle induite par l’apport de 10 % de Floreal. Du côté des IGP, où le Floreal peut être utilisé comme n’importe quel autre cépage du cahier des charges, les conclusions sont les mêmes avec un apport de 15 % cette fois-ci (expérimentation réalisée sur l’IGP Val de Loire Chardonnay), pour se placer dans le contexte de la règle des 85/15 concernant l’étiquetage.

Similitudes organoleptiques entre le floreal et le sauvignon

Au-delà de l’impact des essais à faibles pourcentages dans les assemblages, l’IFV Val de Loire a également proposé aux dégustateurs de définir l’espace sensoriel du Floreal en le positionnant par rapport à un Muscadet, un Saumur blanc et un Touraine Blanc ; la dégustation a été proposée à partir du Floreal pur, mais aussi à partir d’assemblage avec les exemples des AOC citées, à hauteur de 5, 15, 30 et 50 %. Les dégustations et les analyses réalisées indiquent que les caractéristiques aromatiques et sensorielles du vin de Floreal sont très proches de celles d’un vin de Sauvignon (Touraine), et plus éloignées de celles d’un vin à base de Chenin (Saumur Blanc) ou de Melon (Muscadet). A partir de 30 % de Floreal, les caractéristiques sensorielles du Saumur blanc et du Muscadet étudiés évoluent même vers celles du Touraine blanc, les dégustateurs positionnant les vins à forts pourcentages de Floreal dans le même groupe sensoriel que celui du Touraine blanc (Sauvignon).

Voltis, Artaban et Vidoc à l’étude

A partir de cette année, les trois autres variétés résistantes issues du domaine expérimental de Montreuil-Bellay vont elles aussi être étudiées par l’IFV ; ainsi, le Voltis (variété blanche) vinifié en tranquille et en fines bulles, l’Artaban, en rosé et en rouge et le Vidoc, en rouge, seront proposées à la dégustation, selon les mêmes principes que ceux appliqués pour la définition de l’espace sensoriel du Floreal, en pur ou en assemblage avec nos principales productions du Val de Loire.

Etienne Goulet, pour l’équipe IFV Val de Loire-Centre : etienne.goulet@vignevin.com

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Plants haute-tige : des intérêts multiples


Les plants haute-tige semblent avoir la côte. Avec le développement des complantations pour remplacer les ceps morts de maladies du bois, ces plants avec une longueur de porte greffe supérieure à la normale (45-60 cm) offrent de multiples avantages.

Recommandés pour des plantations en sol superficiels ou pour des complantations, le plus gros intérêt des plants haute-tige, d’après les pépiniéristes,  est un meilleur comportement face aux maladies du bois. Sur les premières années de conduite d’un plant traditionnel, des plaies de taille sont souvent créées entraînant des nécroses sur le tronc. Avec les plants haute-tige, où la greffe se fait à 45-60 cm, vous n’avez pas de départ de végétal à la base, ce qui réduit le nombre de plaies de taille.

Désherbage facilité

Autre avantage cité : un désherbage facilité, qu’il soit chimique ou mécanique. Avec les plants haute-tige, vous faites l’économie de pochettes plastiques de plantations…qui finissent souvent dans la nature. Côté désherbage mécanique, le travail du sol est facilité grâce à un plant déjà conduit en hauteur. Pour le désherbage mécanique, éviter les porte-greffes moelleux, par exemple SO4 et Riparia, qui risquent de s’abimer plus facilement. Grâce aux plants haute-tige, le décavaillonnage est plus aisé dès la première année de plantation, et les brins de 50-60 cm permettent aux systèmes d’effacement des outils mécaniques de fonctionner, sans que la tige ne se casse. A en croire les pépiniéristes, les commandes sont en croissance à destination de vignerons bio, pour faciliter justement le travail mécanique du sol.

Tuteurer solidement

Les filets de protection contre les lapins peuvent être supprimés avec ces plants, mais gare aux chevreuils qui pourront brouter à hauteur. Autre précaution : la prise au vent accrue nécessite de tuteurer solidement ces plants sous peine de les voir se casser. Dernier avantage : un développement des complants plus rapide avec des tiges-hautes, grâce à une photosynthèse des nouveaux plants plus efficace. L’entrée en production plus rapide avec ces plants n’est cependant pas mise en avant par tous les pépiniéristes. En termes de commande, comptez un délai identique aux plants standards, soit une année en moyenne. Côté prix, le surcoût à prévoir est de 60% à 80% en moyenne, lié à l’entretien non mécanisable de ces plants. Mais le gain de temps à l'épamprage doit aussi être pris en considération : " Nous venons de planter des hautes tiges et n'avons pas encore de données mais il pourrait être possible de gagner entre 5 à 10 h/ha/an pour une densité de 5000 pieds/ha", estime Estaban Fortin, responsable de domaine expérimental de l'IFV à Montreuil-Bellay.

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L'ATV 49 vous présente son bilan 2019


Résultats d'essais, résultats atteints par les vignerons de nos groupes, résumés vidéo de nos journées techniques, tout est dans ce bilan des actions 2019 de l'ATV 49, cliquez ici pour le découvrir ! Au programme :

Expérimentations

  • QUALISEVE-Maladies du bois (2013-2019) 
  • BIODYNAVIN (2016-2020) 
  • LONGVI (2018-2020)
  • MILDIOUPLANTES (2014 à 2019) 
  • ENHERBVIGNE (PLACOHB : 2017-2020)

La vie des groupes 

  • Groupes de progrès 
  • Groupes DEPHY ECOPHYTO
  • Groupes 30 000 ECOPHYTO
  • Collectif HVE

Les journées techniques

  • Thème « Couverts végétaux »
  • Thème « Entretien des sols sans herbicides »

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De nouveaux clones pour la filière ligérienne


Voici les derniers résultats de la sélection clonale menée en Val de Loire avec trois nouveaux clones pour le melon rouge, le pinot noir et le cabernet franc.

Tout d’abord, après trois années de suivi de deux parcelles à Corcoué/Logne et au Landreau (44), le Melon R . clone 1292 a été officiellement inscrit au catalogue des espèces et variétés de plantes cultivées en France ; il peut donc désormais être planté et son vin commercialisé. Le rapport d’étude réalisé par l’IFV Val de Loire-Centre fait apparaître que ce clone est plus tardif que le Melon B. sur ses différents stades phénologiques (plus d’une semaine d’écart à véraison), mais possède une maturité similaire au Melon B.. Au niveau de la couleur, il s’agit bien d’un cépage rouge et non noir, ses mouts et vins sont ainsi moins colorés que ceux du Pinot N. auquel il a été comparé, et peuvent produire des vins rosés de tendance pâle. Toujours en Pays Nantais, et après cinq années de suivis agronomiques, un clone de Pinot N. a aussi été agréé cette année. Plus productif que les témoins (clones 115 et 165), les raisins sont moins riches en sucre et plus acides, il est aussi plus tardif. Le Pinot N. Clone 1306, appelé localement Berligou, présente donc des caractéristiques potentiellement intéressantes dans le contexte climatique de la filière.

Un clone de cabernet franc plus précoce

Enfin un clone de Cabernet Franc a lui aussi été agrée en 2019, il vient compléter la gamme disponible pour ce cépage. Le Cabernet Franc clone 1155 présente un niveau de production modéré. Destiné à l’élaboration de vins de haute qualité, il est moins productif que le clone 214 et il est mieux noté en dégustation. Plus précoce que les autres clones, il parait ainsi bien adapté à la production de vins rosés en années tardives et fraiches. Afin de les multiplier et de permettre leur diffusion auprès de la filière, ces trois clones seront prochainement plantés dans la parcelle de prémultiplication du domaine expérimental de l’IFV à Montreuil-Bellay. Ils devraient être disponibles pour les professionnels à l’horizon 2022 au plus tôt.

De nouveaux clones de Grolleau N. présentés à l'agrément

Fin 2019, après six années d’études, trois nouveaux clones de Grolleau N. seront présentés à l’agrément, chacun présentant des caractéristiques différentes du témoin le clone 366. Un plus tardif au débourrement, les deux autres moins productifs et de maturité plus élevée pouvant être intéressants pour les vinifications en rouge ; les vins issus de ces clones ont été systématiquement mieux appréciés que les vins du clone témoin 366, que ce soit en vinification rosé ou rouge. Ils pourront donc, après accord du CTPS, apporter un choix complémentaire pour les opérateurs du Val de Loire.

Et ensuite ?

A partir de 2020, l’IFV va débuter un programme de sélection pour le cépage Sauvignon B. (collection d’études de Montreuil-Bellay) et le cépage Pineau d’Aunis (collection d’études de Naveil, 41). Ces parcelles ont été implantées à partir d’une phase de pré-sélection réalisée par l’IFV dans les conservatoires de Sauvignon B. (Pouillé, 41 et Montreuil-Bellay, 49) et par la Chambre d’Agriculture du Loir-et-Cher dans le conservatoire de Pineau d’Aunis (Naveil, 41). La pré-sélection a été réalisée afin de représenter au mieux la diversité des comportements agronomiques observés au sein de ces conservatoires, les clones agréés devant au final couvrir l’ensemble de la diversité du cépage étudié. Ces différentes accessions de Sauvignon B. et de Pineau d’Aunis seront suivies pendant cinq années au minimum, et les plus intéressantes seront proposées au CTPS  afin d’aboutir à l’agrément d’un ou plusieurs nouveaux clones.

 

Virginie Grondain et Etienne Goulet, IFV Val de Loire-Centre

virginie.grondain@vignevin.com,, etienne.goulet@vignevin.com

Travaux réalisés par les équipes de l’IFV Val de Loire-Centre, unités de Beaucouzé, Montreuil-Bellay et Vertou

 

 

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Prospection chenin dans le vignoble d’Afrique du Sud


Le Chenin B est un cépage historique et emblématique du Val-de-Loire. Le maintien de ce cépage dans toute sa diversité est un enjeu majeur pour la viticulture de la région. La nécessité d’un vaste programme de prospections est donc l’objet de ce projet. Pour rassembler et préserver cette diversité, un conservatoire a été installé en trois tranches successives à Montreuil-Bellay (49) en complément des 54 accessions conservées aujourd’hui par l’IFV au Domaine de l’Espiguette sur les 296 introduites depuis 1963, et des 23 accessions présentes dans la collection du Domaine de Vassal (INRA).

Aussi et afin de poursuivre la conservation de cette diversité, l’IFV et ses partenaires ont réalisé en 2016 et 2017 des nouvelles prospections de vieilles vignes de Chenin, dans les régions viticoles où le cépage est actuellement planté (complément des prospections passées), mais également dans des régions où le Chenin a été historiquement cultivé. Depuis 2016, plusieurs dizaines de vieilles parcelles ont été prospectées en Val de Loire afin de conserver certaines souches saines d’un point de vue des principales viroses de la vigne. Ce travail a été complété en 2019 par une prospection en Afrique du Sud.

Cette prospection, réalisée en février 2019, a consisté au marquage de vieilles souches d’Afrique du Sud au travers d’une mission sur place de Thierry LACOMBE (INRA) et Virginie GRONDAIN (IFV) avec l’appui de nos partenaires locaux Charles VISSER et Reinier LOUW (Vititec). Le travail préalable de recensement des vieilles parcelles a été réalisé par nos partenaires Vititec et Old Vine Project.  Au total, une quinzaine de parcelles a été recensée dans un vaste périmètre géographique, l’objectif étant de capturer le maximum de la diversité présente dans le vieux vignoble sud-africain. Les souches à conserver ont été choisies en fonction de nombreux critères : production, port des rameaux, vigueur et fertilité, différences ampélographiques, différences de maturité, état sanitaire, etc.  Au total, 95 souches ont été marquées et l’ensemble des informations est stocké dans une base de donnée (aspects de la souche, localisation  etc.).

Durant l’été 2019, notre prestataire Vititec se chargera de prélever l’ensemble des souches marquées et procédera à la réalisation des tests sanitaires vis-à-vis du Court-Noué et des enroulements. En fonction des résultats aux tests sanitaires, les bois des souches indemnes des principales viroses seront expédiées en France,l’introduction dans le conservatoire de Montreuil-Bellay pourra alors se faire après la phase de quarantaine de deux ans. A suivre donc …..

Programme bénéficiant de financements : Interloire, Conseil régional Pays de la Loire et Conseil régional Région Centre-Val de Loire.

Contact : etienne.goulet@vignevin.com   et  virginie.grondain@vignevin.com

 

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Prospection et conservation de cépages rares ou modestes en Centre Val de Loire


Au cours du siècle dernier, la diversité des cépages dans les vignobles français s’est particulièrement érodée. Actuellement, de nombreux cépages ne sont plus ou seulement très peu cultivés : ce sont les cépages « rares » ou « modestes ». Or, outre leur rôle de réservoir de diversité génétique, ces cépages pourraient apporter des réponses à plusieurs problématiques du monde viticole actuel : réchauffement climatique, demandes nouvelles des consommateurs, mondialisation des principaux cépages…

La priorité est de sauvegarder la diversité intra-variétale encore présente pour chacun de ces cépages, en conservant le plus possible de souches avant leur disparition totale du vignoble. L’objectif de ce projet est donc la mise en place d’un conservatoire pour les quatre autres cépages : Genouillet N, Gouget N, Gascon N et Meslier Saint-François B.

Après un travail de préalable de recensement de parcelles anciennes réalisé en 2016 et 2017 par   le Pôle BioDom’Centre (données parcellaires fournies par les douanes, appel à témoin via la presse locale ….), la prospection des différentes parcelles a eu lieu à la fin de l’été 2017 et de l’été 2018 par Cécile Macé (Pôle Bio’Dom Centre) et Virginie Grondain (IFV Pôle VDL-Centre),  le but est de marquer le maximum de la diversité présente dans le vignoble à partir de nombreux critères : production, vigueur et fertilité, différences ampélographiques, différences de maturité etc. Les souches sélectionnées sont marquées à l’aide d’un fil et d’une étiquette et les caractéristiques de chacune des souches sont consignées dans un fichier récapitulatif. Chaque parcelle est géolocalisée par GPS. Les secteurs prospectés seront les départements de l’Allier, de l’Indre et du Loir-et-Cher. Au total, 17 parcelles ont été prospectées et 110 souches marquées.

Toutes les souches marquées lors des prospections, ont fait l’objet d’un prélèvement de leur bois en vue des tests sanitaires (Court-Noué et Enroulements). Les résultats des tests virologiques nous indique que les viroses sont présentes dans de nombreux secteurs :

  • Pour le Gouget N (principalement retrouvé dans la région de Montluçon) 6 accessions sur les 21 marquées se revèlent être saines. Le court-Noué est détecté dans 67 % des échantillons et nombreux souches positives au Court-Noué sont co-infectées par le virus de l’Enroulement type 2. (33%  des souches analysées sont proteuses des 2 viroses)
  • Pour le Genouillet N, la souche testée est positive au court-Noué. De nouvelles souches seront testées en 2019,a fin de pouvoir introduire une accession saine dans le conservatoire.
  • Pour le Gasçon N (parcelle du Loir-et-cher et de l’Indre), 70% des souches marquées sont saines. La principale virose est le Court-Noué de l’ordre de 20 % des souches marquées.
  • Enfin pour le Meslier Saint François B, 92 % des souches marquées sont indemnes des viroses testées. Seul le Court-Noué a été détecté dans 8% des cas, ce qui est un taux de contamination assez faible dans l’ensemble.

Afin d’éviter toute propagation de facteurs de dépérissements, seules les accessions indemnes de viroses seront greffées en vue de leur implantation dans le conservatoire.  Après greffage et croissance en pépinière, les différentes accessions ont été plantées le 05 Avril 2019 au domaine expérimental de l’IFV Pôle VDL-Centre à Montreuil-Bellay (49). Le conservatoire est donc composé de 6 accessions de Gouget N, 31 accessions de Gascon N (2 accessions sont mortes en pépinière)  et de 27 accessions de Meslier Saint François B. En 2020, une accession de Genouillet N viendra compléter ce dispositif.

Pour en savoir plus sur cette étude bénéficiant de financements InterLoire

Contact : etienne.goulet@vignevin.com , virginie.grondain@vignevin.com, laurence.guerin@vignevin.com

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