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Quoi de neuf au niveau des porte-greffes en France ?


A l’occasion de l’assemblée générale du lien de la vigne le 29 mars dernier, Elisa Marguerit de l’ISVV de Bordeaux a fait le point sur les stratégies d’amélioration des porte-greffes suivies en France ainsi que les premiers résultats obtenus.

Une trentaine de porte-greffes est autorisée à la culture en France mais 5 d’entre eux représentent 75% des plantations : SO4, 110R, 3309C, Fercal et le Gravesac (FranceAgrimer,2018) . Cette sous-utilisation de la diversité du matériel disponible pousse la recherche à réactualiser les connaissances et les références agronomiques des porte-greffes existants français ou étrangers, à inscrire de nouveaux porte-greffes à partir du pool étranger. L’autre stratégie consiste à la création de nouveaux porte-greffes. Les enjeux des travaux en cours sont d’apporter des solutions pour répondre aux problèmes de vigueur, de rendement, de maintien de l’état sanitaire du vignoble dans un contexte de diminution des intrants et pour s’adapter aux conséquences du changement climatique (précocité, sécheresse, acidité).

Diversifier l’utilisation des porte-greffes existants

 Plantée en 2015 sur  l’unité expérimentale viticole INRA à Villenave d’Ornon, la parcelle du dispositif Greffadapt de 80 ares permet aux chercheurs d’acquérir des références agronomiques sur une large gamme de porte-greffes existants. La plantation s’est faite sur 5 cépages : cabernet sauvignon clone 169, grenache clone 362, pinot noir clone 113, Syrah clone 524, ugni blanc clone 481. Elle rassemble une gamme de 55 porte-greffes dont 30 autorisés à la culture en France et 25 issus de pays étrangers. Cette gamme a été constituée par rapport aux performances de ces porte-greffes vis à vis de la sécheresse, de la présence de calcaire actif dans les sols et en matière de vigueur conférée.  Le dispositif est organisé en 3 blocs positionnés en fonction de la carte de résistivité de la parcelle. Un phénotypage est réalisé au vignoble et en serre pour évaluer la réponse à la contrainte hydrique et à la chlorose ferrique. Les données expérimentales obtenues alimentent un portail d’information sur les porte-greffes utilisés en viticulture : Silex-Porte-Greffe. Cette base de données de référence vous permet de consulter des informations déjà existantes sur les porte-greffes et d’enregistrer vos données.

Des porte-greffes d’intérêt

 

Moderniser la sélection de nouveaux porte-greffes

L’autre axe de travail suivi par la recherche est la création de nouveaux porte-greffes permettant de contrôler les contaminations par X. Index (nématode transmettant le virus GFLV responsable du court-noué) en combinant plusieurs sources de résistance à la sécheresse, au phylloxera et à la chlorose. En parallèle sont développés des outils et des méthodes pour moderniser la sélection de nouveaux individus via, notamment, l'identification de marqueurs moléculaires. Ainsi, la résistance génétique à X. Index conférée par Muscadinia a été analysée et les marqueurs moléculaires de sélection pour la résistance sont identifiés. L’étude du déterminisme génétique des réponses de la transpiration et de la croissance induites par le porte-greffe à l’échelle de la plante entière permet d’identifier des gènes candidats à la sélection. L'exploration de nouvelles ressources génétiques notamment au sein de l'espèce Vitis berlandieri, devrait permettre l’amélioration de l'adaptation à la sècheresse et aux sols chlorosants.

 

 

 

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De la création variétale adaptée aux rosés


L’une des grandes questions abordées lors des rencontres internationales du rosé le 22 janvier dernier a été le défi de la transition écologique : comment produire des vins rosés plus respectueux de l’environnement ? L’une des pistes abordée a été la création variétale.

L’inscription  au catalogue officiel de quatre variétés RESDUR, résistantes au mildiou et à l’oïdium, illustre l’intégration de la création variétale dans les outils de production permettant la diminution des intrants dans la lutte contre les maladies. Deux de ces variétés, le vidoc et l’artaban, ont été étudiées durant 3 années par le Centre du rosé permettant d’avoir une connaissance utilisable à ce jour dans le cadre de la production de vins rosés. Mais élaborer des programmes de création variétale uniquement sur cet aspect n’est pas suffisant, « Certes il faut créer des variétés résistantes mais il est aussi nécessaire d’intégrer dans les programmes de création toute la dynamique actuelle autour de l’évolution climatique pour ne pas juste travailler sur la résistance aux maladies » souligne Loïc Le Cunff généticien à l’IFV.

Résistance durable et tolérance à la sécheresse

A l’image d’autres interprofessions comme InterLoire, les interprofessions des vins de Provence et des vins du Languedoc-Roussillon (le CIVP et le CIVL) se sont engagées dans un programme de création variétale à partir de croisements entre des variétés résistantes et des cépages emblématiques régionaux. Ainsi, dans le cadre du projet EDGARR coordonné par l’IFV, c’est la sélection de variétés adaptées au rosé qui est visée : les cépages vermentino et cinsault ont été retenus pour leurs caractères d’intérêt en termes de vinification en rosé et pour leur tolérance à la sécheresse. La définition d’idéotypes ont permis de définir ce que devra être le rosé demain et donc d’établir les critères de sélection sur des caractères cibles d’intérêt pour la vinification rosée : extractibilité des anthocyanes, oxydabilité des moûts, composition aromatique. L’originalité du projet EDGARR est d’avoir mis en place un dispositif scientifique reposant sur la sélection génomique pour écourter la durée du processus de création variétale. Ainsi, l’arrivée de descendants résistants et le plus similaire possible au vermentino ou au cinsault pourrait être envisagée dans 9 ou 10 ans au lieu de 15 ou 16 ans. 5400 pépins ont été sélectionnés par marqueur (31 descendants de cinsault et 61 de vermentino). E, 2019, 20 descendants vont être testés mais les autres individus seront conservés dans le cadre du programme EVA financé par FranceAgrimer pour pouvoir être observés.

Utiliser la diversité existante

En parallèle de la création variétale, la filière du rosé regarde également du côté des cépages d’hier caractérisés par une acidité trop élevée ou une phénologie trop tardive et qui, aujourd’hui, pourraient être mieux adaptés aux conditions climatiques. Ainsi, le grenache gris, testé depuis 2009, montrerait des caractéristiques olfactives et gustatives proches du grenache noir mais offrirait moins de couleur et une teinte plus jaune. Des cépages d’ailleurs sont également expérimentés dans le cadre d’une production de rosés de Provence du fait de leur tolérance particulière à la sécheresse et à la chaleur.

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Plan national dépérissement : faits marquants 2018


Souvent, nous entendons demander "Mais où en sommes-nous dans la lutte contre les dépérissments du vignoble ?!". Voici donc le bilan d'activité 2018 du Plan national dépérissement, qui vous permettra, de manière synthétique, de connaître l'ensemble des actions réalisées cette année pour chacune des ambitions du plan : la formation et le transfert des bonnes pratiques, la production de matériel végétal, les réseaux d'observation du vignoble et la recherche.

 

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Ils ont choisi de planter des cépages résistants


Dans le Val-de-Loire, plusieurs projets de plantation de vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium sont en cours. Voici deux témoignages d'opérateurs qui doivent planter dès 2019 ces nouveaux cépages porteurs d’espoirs, mais aussi d’interrogations.

Frédéric Nouet, responsable vignobles chez Orchidées Maisons de Vin

« Au sein du vignoble Ackerman, nous sommes déjà dans une démarche de réduction des produits phytosanitaires, sensibilisés par la santé de nos salariés et de nos clients. Pour cela, nous expérimentons beaucoup sur notre vignoble, via l’emploi de produits de biocontrôle par exemple. Avec les cépages résistants, nous souhaitons aller encore plus loin dans cette démarche de réduction d’intrants. Nous allons planter au printemps 2019 des cépages ResDur blancs, Floréal et Voltis, sur une surface qui dépendra des plants disponibles. Entre 1 à 2 ha serait l’idéal pour assurer une unité de vinification minimale. Nous avons besoin de visualiser le comportement de ces cépages, et voir s’ils correspondent à nos attentes en termes de production et de profil de vin. Nous avons aussi des doutes, sur leur possible sensibilité à d’autres maladies cryptogamiques, notamment black-rot, avec l’arrêt des traitements anti-mildiou et anti-oïdium.

Car notre but est bien d’arrêter l’emploi total de fongicides de synthèse sur ces vignes résistantes, et n’utiliser que du biocontrôle en cas de besoin. Contre l’oïdium, nous pourrons employer du soufre, et contre le mildiou, il y a des produits à base d’écorces d’orange, de squelettes d’exosquelette des crustacés, de pectine issu de la peau d’agrumes et de pommes, des dérivés de levures, sans oublier les produits à base d’algue pour stimuler la croissance de la vigne.

Nous allons planter ces cépages à une densité comparable à celle pratiquée sur nos autres vignes, pour ne pas avoir recours à un matériel spécifique dans les vignes. Comme nous serons hors AOC, nous testerons surement différents modes de taille pour suivre la fertilité des cépages résistants. Le but est de connaître l’impact sur les rendements et les profils produits. Si la première année de production est prévue pour 2021-2022, il faudra cependant attendre 2023-2024 pour commencer réellement la taille de production.

Floréal et Voltis semblent être des cépages qui se suffisent à eux même en vinification, avec une aromatique proche du Sauvignon. Nous pourrons aussi tester des assemblages, avec des cépages sur la même trame aromatique. En production de fines bulles, ces cépages apportés en assemblage pourraient révéler encore davantage certains aromes lors de la 2e fermentation, et particulièrement sur nos cuvées situées dans une gamme plus innovante en termes d'assemblage. Notre cuvée "Nouvel Esprit" valorise d’ailleurs déjà de nouvelles pratiques autour de la biodiversité et de la réduction de sulfites, et les cépages résistants pourraient très bien compléter cette démarche. Nous allons dans un premier temps communiquer auprès de nos viticulteurs apporteurs, pour échanger sur les résultats de ces nouveaux cépages, puis dans un deuxième temps, nous pourrons mettre en avant la démarche auprès de nos clients. »

Jean-Michel Morille, domaine Morille-Luneau

« Nous sommes candidats à la plantation en 2019 du cépage résistant Floréal, jusqu’à 1 ha. Mais pour l’instant, nous sommes sans retour de l’IFV sur la disponibilité de plants (au 26 juin). Avec les cépages résistants, il y a un virage à prendre qui ne doit pas être laissé qu’aux autres. Pour réduire nos interventions phytosanitaires, nous devons nous donner tous les moyens d’y arriver. Les cépages résistants y contribueront, même s’ils ne seront pas exempts de traitements anti-mildiou. Cependant, avec 2 anti-mildiou au lieu de 6, vous réduisez de 2/3 vos interventions, ce qui est déjà énorme ! Dès que nous serons assurés d’obtenir les plants résistants, nous annoncerons la démarche de plantation, pour ne pas garder cela secret.

Nous savons élaborer des blancs, et le choix du cépage blanc Floréal va dans ce sens. J’ai pu le gouter à plusieurs reprises, et ses qualités organoleptiques, avec un caractère floral et fruité, sont dans l’air du temps. Si nous envisageons dans un premier temps de le vinifier seul, il se peut aussi que nous fassions des assemblages par la suite.

Mais il faudra attendre les premières récoltes en 2020-2021. À termes, nous pourrions planter plusieurs hectares de Floréal. Ce cépage, pour l’instant hors appellation, pourrait trouver son créneau tel quel, dans une démarche de viticulture durable. Ensuite, il pourrait être intéressant d’envisager d’intégrer ce type de cépage dans les appellations, dans une certaine proportion, en attendant que nos cépages traditionnels deviennent un jour peut-être eux-aussi résistants. »

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Plan national dépérissement du vignoble 2 ans après….


Le plan national dépérissement du vignoble est né en mars 2016, de la volonté de la filière de construire une approche globale et pluridisciplinaire de la lutte contre la diminution des rendements et de la longévité du vignoble. 2 ans après qu’en est-il ? Le 4 avril dernier s’est tenu à Montpellier un séminaire (video) pour faire le point sur les projets de recherche, les collaborations mises en place et les actions conduites dans le cadre du plan. Le premier carnet du plan y a été diffusé.

Au travers du Plan National Dépérissement (PND), plus de 30 actions ont vu le jour depuis 2 ans touchant tant à la recherche, qu’au développement ou au transfert. A l’occasion du séminaire du 4 avril, le premier carnet du plan a été distribué. Toutes les actions y sont présentées sous forme de fiches, des programmes de recherche à la formation, en passant par les innovations pour la surveillance du vignoble ou la qualité du matériel végétal. Ce Carnet permet à chacun de rencontrer les acteurs du vignoble engagés face au dépérissement. Les fiches laissent en effet la parole à ces derniers dans de nombreux témoignages. Des contacts, documents, liens supplémentaires permettent d'approfondir les sujets. Ce carnet propose ainsi aux viticulteurs et vignerons de se plonger dans la dynamique du Plan. 

Développer la formation et appuyer l’engagement des viticulteurs

80 % des acteurs de la formation estiment que la prise en compte du dépérissement n’est pas satisfaisante dans l’offre de formation, c’est ce qui résulte d’une enquête menée en mai 2017 auprès de 150 acteurs de la formation. Aujourd’hui, le constat a évolué avec le développement des formations à destination des vignerons, la mise en place de nouvelles formations diplômantes sur la taille et l’implication des chambres d’agriculture dans la formation des conseillers et la création de mallettes pédagogiques. Reste à ne pas oublier les étudiants, les enseignants et les formateurs de lycée viticole ! Par ailleurs, la mise en place à ce jour de 29 réseaux MiVigne va permettre aux 300 vignerons participants d’échanger, de partager leur expérience et de tester des itinéraires techniques. Ces réseaux sont ouverts à qui veut y participer, 10 sont actifs dans tout le Val de Loire.

Vers une marque pour le matériel végétal certifiant le process et l’origine française

Partant du constat de la variabilité de la qualité des plants de vigne et de la mauvaise connaissance du métier de pépiniéristes par les vignerons, la Fédération Française de la Pépinière Viticole lance sa marque « 100% origine française ». Le cahier des charges comprend trois axes fondamentaux : la formation des professionnels à l’ampélographie et à la reconnaissance des pathogènes, le contrôle renforcé des vignes-mères par le producteur, la meilleure lisibilité de l’étiquetage matériel végétal certifié France. D’autres initiatives locales comme celle du Sicavac ont également vu le jour ces dernières années, avec un objectif de renforcer les relations vignerons/pépiniéristes, le contrôle de l’origine des bois de greffons et porte-greffes et le contrôle de la production en pépinière.

De l’importance d’analyser l’état du vignoble

Lutter contre le dépérissement passe par la connaissance précise de l’état du vignoble tant à l’échelle d’une exploitation que d’une région. La DRAAF d’Occitanie a ainsi mis en place une étude sur l’âge et la durée de vie des vignes du vignoble languedocien au travers des données du CVI. Par exemple, l’analyse statistique des vignes arrachées en Languedoc-Roussillon met en avant une proportion relativement importante de vignes de moins de 20 ans, preuve d’une anomalie : sur les 24000 ha étudiés entre 2011 et 2015, cela représente près de 20 % des vignes arrachées et 1000 ha/an ! Il a aussi été constaté une très forte disparité des classes d’âges des vignes arrachées selon les cépages et les départements. Le constat et l’évaluation du dépérissement permet d’anticiper des mesures, d’orienter des besoins et en cela c’est un premier pas vers une solution contre le dépérissement. Une réflexion est initiée dans le Val de Loire pour réaliser un travail similaire à partir des données du CVI.

De nouvelles technologies d’imagerie au service de la recherche

Suite au premier appel à projet lancé par le PNDV, 10 projets de recherche ont été sélectionnés et ont débuté en septembre 2017. Parmi eux, deux font appel à des technologies de haut niveau et peu courantes dans le monde viticole. Pour mieux comprendre le rôle de chaque champignon dans les maladies du bois et leur impact sur les tissus du bois, l’équipe du projet Vitimage a ainsi recours à l’IRM et aux rayons X. Le but de ce projet et de développer des outils de détection et de diagnostic. Ces outils serviront également dans les programmes de sélection et de création variétale pour évaluer la tolérance. L’évaluation et l’étude de nouvelle molécule de lutte est une autre perspective de ces travaux. L’utilisation du synchrotron (accélérateur de particule) permet quant à lui d’étudier l’embolie du xylème sur des plants entiers et la réponse physiologique de la plante au stress hydrique, une des actions du projet Physiopath.

Suivez toute l'actualité du plan sur le site dédié

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La productivité du vignoble comme objectif


Face aux problèmes de dépérissement et de baisse de productivité, l’ATV49 organisait le 22 février dernier une demi-journée technique à Cizay-la-Madeleine (Maine-et-Loire), dans les vignes de Paul Terrien, coopérateur à la cave Robert & Marcel et membre d’un réseau DEPHY.

Le premier point pour assurer un potentiel de production est d’anticiper ses plantations, en cherchant à connaître le potentiel de son sol (vous pouvez pour cela utiliser l’outil E-terroir) pour ensuite raisonner son choix de type de vin et de matériel végétal. Le choix du matériel végétal est la seconde étape. Les cépages résistants sont désormais un levier important pour diminuer les intrants. Outre les 12 cépages résistants inscrits depuis avril 2017 (11 allemands et 1 italien), 4 cépages ResDur INRA sont en cours de validation pour l’inscription définitive attendue pour le premier trimestre 2018 (Artaban noir, Floréal blanc, Vidocq noir et Voltis blanc). Peu sensible aux maladies du bois, le cépage ligérien grolleau offre aussi de vrais atouts en termes de résistance à la sécheresse et aux maladies, comme l’a expliqué Olivier Bouet, vigneron à  Beaulieu-sur-Layon (en savoir plus…).

Plusieurs choix techniques

Pour les vignes établies et atteintes de maladies du bois, diverses solutions sont possibles, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Curetage, regreffage, recépage, marcottage ou complantation. Pas simple de faire le bon choix ! L’ATV49 a réalisé un tableau comparatif des principales techniques à mettre en place. « Les maladies du bois ont une dynamique pluri- annuelles. Certaines années les ceps encaissent les attaques de champignons sans laisser apparaître de symptômes ; d’autres années, l’expression de la maladie prend le dessus, les symptômes à motif tigrés apparaissent. Enfin, le cep n’ayant plus assez de bois fonctionnel se défolie et meure d’apoplexie, rappelle Thomas Chassaing, conseiller viticole à l’ATV. Dans ces cas d’apoplexie, un curetage immédiat peut permettre de sauver le pied, mais la période d’intervention est très courte. Si les symptômes sont plus lents, il suffira de marquer le pied pour le cureter durant l’hiver.» L’avantage du curetage est l’absence de perte de production, alors qu’une complantation demande jusqu’à 9 ans pour retrouver une production correcte, poursuit le conseiller. « Mais le curetage est exigeant. Il faut bien enlever l’intégralité de l’amadou pour avoir une reprise en vigueur et en production. » Un pied cureté (3 à 5 min selon l’ATV) revient entre 1,6 et 2,5 euros/cep (main d’œuvre, équipement), contre 10 euros pour la complantation. Le recepage et le regreffage reviennent quant à eux respectivement à  environ 0,4 et 3 euros/cep.

 

Tableau comparatif des principales techniques (ATV 49)

Solution plurifactorielle

Pour accompagner les vignerons, les structures de développement du Val de Loire proposent des sessions de formation à la taille poussard durant la saison hivernale et des formations au curetage. Plus de 400 vignerons ont ainsi été formés par l’ATV49 depuis 2010 sur la taille, et 200 sur le regreffage/curetage depuis 2013. « Au-delà des techniques curatives, les bonnes pratiques de taille sont primordiales, pour respecter les flux de sève, et éviter les plaies de taille rases. La solution face au dépérissement est plurifactorielle ! Il ne faut pas se décourager face à l’esca/BDA, chaque cep sauvé est une victoire pour la pérennité des vignobles », termine Thomas Chassaing. La mise en place de groupes MIV (Mobilisation et innovation vigneronne) par les chambres d’agriculture dans le cadre du Plan national dépérissement  permet aux vignerons d’échanger sur le dépérissement. Dans le Val de Loire on compte aujourd’hui neuf groupes rassemblant près d’une centaine de vignerons. « Dans le secteur, deux groupes MIV ont été lancés en octobre 2017 sur les problématiques de maladies du bois : un sur le Saumurois, et un en Anjou, avec au total 17 vignerons et des pépiniéristes », détaille Thomas Chassaing.

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Une activité « matériel végétal » de plus en plus importante en Val de Loire


La conservation, la sélection et la diffusion du matériel végétal sont des missions essentielles de l’IFV. En Val de Loire, le centre de ressource régionale est situé sur le domaine expérimental de l’Institut, à Montreuil-Bellay.

Pour chaque cépage, la diversité génétique intra-variétale est conservée dans des conservatoires comprenant plusieurs souches par individu. Ces conservatoires vieillissent et comme pour toute autre parcelle, il est important de pouvoir les renouveler. Au menu de cette année, le déplacement du conservatoire de chenin comportant plus de 300 origines différentes, complété par une phase de prospection sur de vieilles parcelles en Val de Loire (2016 – 2017). Une première partie du nouveau conservatoire a été plantée ce printemps avec le rapatriement des accessions de l’Aveyron. Le reste des plantations se fera en 2018 et 2019. D’autres conservatoires seront déplacés ou mis en place d’ici la fin de cette année, comme celui sur le côt en partenariat avec le Vinopôle ou de cépages dits « rares », en collaboration avec l’Union pour les Ressources Génétiques du Centre (genouillet, gouget noir, gascon, meslier saint-François).

De nouveaux clones de grolleau noir à l’étude

La sélection de nouveaux clones de grolleau noir s’est poursuivie en 2017, après trois premières années de suivis agronomiques et œnologiques. Les différences observées entre les 8 accessions étudiées et le clone témoin 366 permettent de penser que plusieurs clones aux profils complémentaires à ceux déjà agréés pourraient être proposés au Centre Technique Permanent de la Sélection d’ici trois ans, puis multipliés en fonction des réussites à l’agrément. Cette sélection s’est faite dans un objectif d’adaptation au changement climatique (plus de tardiveté) ou de diversification de la production (clones adaptés à la vinification en rouge). D’autres sélections suivront sur sauvignon b. et pineau d’Aunis en partenariat avec la Chambre 41. Suite à une phase de pré-sélection, les accessions les plus intéressantes ont été plantées ce printemps en collection d’étude et les suivis devraient débuter d’ici 3 à 4 ans pour proposer de nouveaux clones aux comportements complémentaires à l’offre actuelle.

Variétés résistantes en Val de Loire : au moins une inscription en vue dès 2017

Au chapitre des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium, le domaine expérimental de Montreuil-Bellay est un des 5 sites accueillant les créations variétales de l’INRA (la série des Resdur) et de l’IFV (issues de l’UMT Génovigne). Les suivis des Resdur1 plantés en 2012 devraient prendre fin en 2017, avec l’inscription au catalogue probable d’au moins une variété sur les 5 suivies en Val de Loire (sur l’ensemble de la France quatre variétés résistantes, deux blanches et deux noires sont actuellement en cours d’instruction en vue de leur inscription). En 2018 et 2019, débuteront les suivis des Resdur2 et des Génovignes, correspondant à une quinzaine de variétés étudiées, pour des inscriptions potentielles à partir de 2021. Le site expérimental devrait également accueillir les Resdur3, avec une nouvelle plantation prévue dans les deux ans à venir. L’inscription au catalogue de ces nouvelles variétés ne signifie pas la fin des suivis, ainsi la variété blanche qui sera sans doute inscrite au catalogue cette année sera vinifiée en 2017 et 2018 dans un objectif de valorisation œnologique et de définition de son espace sensoriel, notamment en l’assemblant avec nos cépages blancs ligériens traditionnels.

Tension sur la disponibilité en matériel végétal

Toutes ces nouvelles sélections, ainsi que les anciens clones, doivent être disponibles pour les pépiniéristes afin que ces derniers puissent les multiplier et les proposer aux viticulteurs. Cette disponibilité en matériel végétal connait actuellement des situations tendues sur certains clones. Pour palier cette baisse de disponibilité et en lien avec les politiques de renouvellement des vignobles, l’IFV et le syndicat des pépiniéristes du Val de Loire se sont engagés dans une étude permettant de cibler les clones en risque de rupture, afin de renouveler les parcs de pré-multiplications et de multiplications en Val de Loire. Au domaine expérimental de Montreuil-Bellay, une dizaine de clones devraient être plantés en pré-multiplication durant les trois prochaines années, dont les nouvelles sélections de chenin et de cabernet franc agréées il y a deux ans. L’activité « matériel végétal » est donc de plus en plus importante en Val de Loire, notamment sur le domaine expérimental de l’IFV à Montreuil-Bellay. Elle est autofinancée en partie par l’IFV, et cofinancée par InterLoire et les Conseils Régionaux afin de permettre à la filière ligérienne de rester en pointe sur cette thématique et de disposer de matériel sain et adapté aux productions actuelles et à celles des années à venir.

 

Etienne Goulet, etienne.goulet@vignevin.com & Virginie Grondain, virginie.grondain@vignevin.com

 

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Qualité des plants de vigne produits en France : où en est-on ?


Le jeudi 15 janvier à l’occasion du Sival, l’ATV 49 réunissait des professionnels du matériel végétal pour faire un point sur la qualité des plants de vigne produits en France.

Pascal Bloy, directeur du pôle matériel végétal de l'IFV, a présenté le travail réalisé sous la marque Entav-Inra®, créée en 1995 pour « produire et diffuser du matériel végétal d'une qualité inégalée ». La fiabilité de la sélection sanitaire des plants n’est plus à démontrer avec notamment trois méthodes performantes de détection des viroses. Pascal Bloy a ainsi rappelé que la sélection des clones est longue et qu’il faut compter au moins dix ans pour la mise au point d’un nouveau clone. Ces clones répondent aux attentes qualitatives et gustatives des vignerons mais les chercheurs anticipent également le réchauffement climatique en privilégiant les clones tardifs ainsi que sur ceux résistants aux maladies.

Plus de visibilité et de traçabilité

Miguel Mercier, président du syndicat des pépinières viticoles du Val de Loire, est intervenu pour présenter notamment la charte « Qualité France bois et plants de vigne », adoptée en août 2013 par la Fédération française de la pépinière viticole et son évolution. Il rappelle également que la région des Pays de Loire produit plus de plant que ce qui est nécessaire sur son territoire et que la demande à l’international est très importante. Démontrant ainsi la confiance que les acheteurs ont dans la qualité des plants produits.  Il souligne qu’une des problématiques est l’anticipation de la demande qui est difficile à évaluer. Les aides à la plantation jouent un rôle non négligeable sur les commandes. « La qualité est là mais la filière doit s’attacher à amener plus de visibilité et de traçabilité au viticulteur », conclue le président.

Des plants de vigne haut de gamme

François DAL a présenté ensuite le projet initié par la Fédération des unions viticoles du Centre. Ce projet nommé Ceps Sicavac vise à créer une structure destinée à produire des « plants de vigne haut de gamme ». L’objectif est de pouvoir proposer aux viticulteurs la certification que les plants achetés aux pépiniéristes adhérents à la structure Ceps Sicavac respectent le cahier des charges imposé. Ce dernier émet des restrictions à différentes étapes de production d’un plant de vigne : bain neuf à chaque réhydratation des bois, le paraffinage devra se faire sans un ajout d’hormones, la densité de plantations des vignes-mères sera limitée, le paillage plastique interdit et l’irrigation devra être au goutte-à-goutte. La conduite des vignes est réalisée pour optimiser la mise en réserve dans les bois. Les vignes de porte-greffes doivent être palissées. Par ailleurs, les plants en pot de l’année sont interdits car le tri ensuite n’est pas facile à faire. Enfin, le contrôle de la soudure réalisé par une personne formée sera rigoureux. «Toutes les soudures des plants greffés-soudés seront vérifiées grâce au test du coup de pouce1. Ces mesures augmenteront certainement le coût du plant et il faudra accepter de les payer plus chers », insiste François Dal. Autre point primordial selon lui : « il est important de bien organiser sa plantation et de commander 18 mois à l’avance pour laisser au pépiniériste le temps de préparer au mieux les plants ».

1 : Test qui consiste à vérifier la solidité de la soudure par pression du pouce

Pour en savoir plus, Les Rendez-vous Techniloire 2013 : le matériel végétal d’aujourd’hui et de demain

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Mycorhization : existe-t-il des pratiques favorables à son installation ?


Les mycorhizes sont des champignons qui s’associent naturellement avec des plantes vertes photosynthétiques. Cette association est dite symbiotique : la vigne nourrit les mycorhizes avec les sucres issus de la photosynthèse, et en contre partie, les mycorhizes facilitent l’absorption des éléments nutritifs du sol dont les moins mobiles. La SICAVAC étudie depuis 2009 les facteurs culturaux qui influent sur la mycorhization.

Le but des expérimentations menées par la SICAVAC est de suivre le taux de mycorhization au cours du temps, en fonction des stades phénologiques de la vigne et de déterminer l’ensemble des facteurs agronomiques, environnementaux, culturaux et pathologiques qui vont influencer la mycorhization de la vigne. Pour cela, différents essais ont été mis en place afin de comparer quelques facteurs comme l’inoculation des plants avant plantation, les différents modes de désherbage, les différents enherbements, l’impact de la dégénérescence, l’influence du type de taille, l’effet du matériel végétal et l’incidence des traitements fongicides sur le taux de mycorhization. Les résultats obtenus montrent que la mycorhization s’installe entre la floraison et la nouaison et atteint une colonisation maximum autour de la fin nouaison. Concernant les différents facteurs étudiés, il semblerait que seul le matériel végétal, la dégénérescence et les traitements fongicides aient des différences significatives.

Associer plusieurs facteurs agronomiques positifs

Les informations bibliographiques précisent certaines conditions favorables sur la mycorhization. Par exemple, le phosphore a une influence négative sur la mycorhization. Une augmentation de la teneur du sol en phosphore assimilable, du fait de ses caractéristiques ou par l’apport de phosphore en fertilisation, diminue le niveau de mycorhization. Le pH et la granulométrie du sol vont avoir différentes influences. Des teneurs élevées en métaux lourds provoquent une diminution de la mycorhization et du nombre de spores. Toutefois, le champignon a la faculté de stocker les métaux lourds afin d’éviter qu’ils pénètrent en trop grande quantité dans la plante (Cahurel J-Y., 2004). D’après la bibliographie (Jordan et al, 2000), l’enherbement favoriserait la présence de champignons mycorhiziens et ainsi leur propagation aux racines de vigne. Mais d’après les essais SICAVAC, qui sont conduits depuis 4 ans, aucune différence significative entre chaque technique d’entretien du sol n'est observée. Le bilan des essais ne permet pas de conclure que l’enherbement favorise la mycorization. Les techniciens de la SICAVAC émettent l’hypothèse qu’il n’y a pas un facteur agronomique majoritaire mais par contre, un cumul de facteurs favorables peut conduire à un taux de mycorhization significativement supérieur.

Du terreau mycorhizé pour les plants en pot

 La fumigation du sol avant plantation entraîne un arrêt marqué de l’activité mycorhizienne. Sur les cultures dépendantes de la présence des symbiotes ou ayant une meilleure croissance avec la présence de symbiote pour l’absorption des éléments minéraux, cela peut être la cause d’une réduction de la croissance (Schubert A., 1985). Les mycorhizes peuvent être également appliquées à la plantation sous différentes formes : en argiles pour le pralinage des racines, ou en granulés ou en pastilles avec un placement direct au fond du trou de plantation (Viollet A., 2009). Depuis quelques années, les pépiniéristes proposent des plants en pots mycorhizés. Ils achètent du terreau mycorhizé à des entreprises spécialisées telle que Falienor à Vivy (49). La reprise à la plantation de ces plants mycorhizés est ainsi facilitée. En revanche, cette technique ne semble pas intéressante pour les plantations traditionnelles racines courtes puisque le coupage des racines compromet la présence de mycorhizes. « L’intérêt de ces plants en pot mycorhizé pourrait être démontré sur des sols pauvres. Et ainsi l'association pourrait améliorer la reprise des plants lors de la plantation », précise François Dal, conseiller viticole au Sicavac.

 

Sources : Clément NICOLAS et Julie DESOUSA, Étude de la mycorhization naturelle des vignes et des facteurs agronomiques qui l’influencent, Études réalisées au Sicavac, 2013 – 2014.

 

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Sauvignon blanc : en route vers du nouveau matériel végétal !


La présélection des lignées de sauvignon blanc mieux adaptées aux conditions de production actuelles et futures en Val de Loire se conclue. L’IFV pôle Val de Loire-Centre, suite à ces travaux, va pouvoir entamer l’étape de sélection agronomique en vue de l’obtention de nouveaux clones de sauvignon blanc.

Depuis 2013, le Pôle Val de Loire-Centre de l’IFV, et plus particulièrement son antenne « matériel végétal » de Montreuil-Bellay, réalise des observations sur les conservatoires de sauvignon blanc de Fresnes (41) et de Montreuil-Bellay (49). Sur demande de la profession, cette action co-financée par InterLoire et le Conseil Régional Centre-Val de Loire devrait permettre de présélectionner des lignées de sauvignon blanc mieux adaptées aux conditions de production actuelles et futures en Val de Loire. Cette pré-sélection se base essentiellement sur l’étude des stades phénologiques des lignées conservées (plus de 150 lignées différentes) et des caractéristiques de leur vendange ; l’objectif est d’isoler des lignées possédant un fort effet « matériel végétal », possédant des comportements stables dans le temps (sur plusieurs millésimes) et dans différents milieux géo-pédologiques et climatiques.

La phase de sélection agronomique débutera en 2016

En fonction des résultats obtenus à l’issu des trois années d’observation, les lignées des conservatoires seront classées en fonction de leur comportement : lignées précoces ou tardives, à cycle long ou cycle court, plus ou moins acides etc. Parmi ces différents comportements, les lignées les plus représentatives et les plus intéressantes, une dizaine environ, pourront être présélectionnées et implantées dans une parcelle dite de « collection d’étude » pour débuter la phase de sélection agronomique en vue de l’obtention de nouveaux clones de sauvignon (la phase de sélection comporte 5 années de suivi minimum, avec vinification des lignées, comparaison avec des clones témoins etc.) En parallèle, la sélection sanitaire de ces lignées par rapport aux principales viroses de la vigne sera assurée par le pôle national « matériel végétal » de l’IFV (Indexage, test Elisa).

Les responsables professionnels arrêteront la liste des lignées présélectionnées

La phase de présélection qui se termine en 2015 est donc essentielle puisque ce sont parmi ces lignées présélectionnées que des nouveaux clones pourront être agréés d’ici une dizaine d’année ; les premiers résultats sur 2013 et 2014 permettent d’ores et déjà d’identifier des lignées à cycle plus tardif et plus acides pouvant répondre à moyen terme à un objectif de minimisation des effets de l’évolution climatique, mais aussi des lignées plus précoces et plus riches en sucre, pouvant être mieux adaptées à certains milieux de production ou conduire à des types produit différents. Ces résultats devront être confirmés au cours du cycle 2015 avant d’arrêter, avec les responsables professionnels concernés, la liste définitive des lignées présélectionnées. Pour plus de renseignements, virginie.grondain@vignevin.com

E. Goulet et V. Grondain - IFV Pôle Val de Loire-Centre, UMT Vinitera

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