Au cours du mois de mai, le constat d’une disponibilité en eau dans les sols beaucoup plus faible que les millésimes précédents avait été mise en avant au travers de l’outil « bilan hydrique » disponible sur E-terroir; le diagnostic en ce début d’été est sans appel, les sols ont continué à se dessécher de façon beaucoup plus précoce que de coutume, et nous entamons les dernières semaines qu’il nous reste avant les vendanges avec une disponibilité en eau proche de zéro pour certaines parcelles.

La comparaison entre la carte de la proportion en eau disponible dans les sols de la commune de Faye d’Anjou éditée début mai, déjà inquiétante, et celle éditée en ce début d’été fait état de la dégradation de la situation, avec une progression notoire des parcelles situées en contrainte hydrique forte à très forte (Figure 1).

i ce niveau de contrainte est régulièrement observé sur certaines parcelles, c’est bien la précocité de l’apparition de cette contrainte qui est exceptionnelle comme en témoigne le graphique du bilan hydrique d’une parcelle « témoin » sur cette commune, enherbé à 50 %, possédant pourtant un réservoir d’eau important (Figure 2). Pour la parcelle en question, les niveaux de contraintes hydriques affichés sont bien plus précoces que ceux de 2019, année particulièrement sèche pendant la période estivale. Ainsi, les prévisions (courbe violette en pointillée) indiquent une entrée en contrainte hydrique forte à très forte pour le 29 juin, alors que ce niveau de contrainte n’était apparu que fin juillet en 2019 sur cette parcelle (courbe bleu clair). En 2019, cette parcelle n’était restée que ponctuellement à ce niveau de contrainte maximum, pour 2022 avec une arrivée un mois plus tôt, l’inquiétude réside dans la possibilité que cette contrainte forte à très forte s’installe durablement et en continue si les précipitations demeurent faibles à nulle pendant l’été, entrainant alors des dommages sur la quantité de la vendange et sa qualité, en lien avec des arrêts de photosynthèse et des possibles blocage de maturation.

N'hésitez pas à consulter et suivre dans le temps la situation sur vos parcelles via E-Terroir  ; en fonction de cette évolution, si peu de leviers sont activables à la parcelle (entretien du sol, hauteur de rognage…), l’orientation de la vendange sur les différentes parcelles pourra être réfléchie en fonction de leur niveau de contrainte observé : contrainte faible à modérée pour la production de vins blancs ou rosés et modérée à assez forte pour la production de vins rouges de garde, riches en composés phénoliques. En effet, pour les vins rouges, la contrainte favorise la synthèse des polyphénols et la concentration des raisins, nécessaires à leur structure. En d'autres termes, plus le style de vin recherché est fruité, frais et léger, plus la contrainte hydrique de la parcelle devra être faible.

Etienne Goulet, IFV Val de Loire-Centre/InterLoire

Pour en savoir plus :

• Les outils permettant de suivre la contrainte hydrique
• Comment diminuer les risques de contraintes hydriques
• Euroviti 2014, Gestion du régime hydrique de la vigne