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20.06.2022

Les outils permettant de suivre la contrainte hydrique


Itinéraires viticoles

Les outils permettant de suivre la contrainte hydrique

Les modèles de bilan hydrique sont un des outils utilisés pour suivre l’évolution d’une contrainte hydrique mais il existe aussi des outils, des méthodes de mesure à la vigne.  Un webinaire organisé le 13 juin dernier par Vitisphère et l’IFV fait le point sur ces outils et les indicateurs permettant d’apporter un diagnostic.

« La situation est préoccupante voire très préoccupante dans bon nombre de vignobles en France. La contrainte hydrique est arrivée précocement à une période où nous n’avons pas l’habitude de l’observer. La situation est déficitaire en eau par rapport aux autres années mais la vigne ne montre pas de signe physiologique de sécheresse », introduisait Jean-Christophe Payant de l’IFV. Il est vrai que le suivi de l’évolution de la contrainte hydrique par les modèles montre habituellement des différences flagrantes en périodes estivales et de maturation, mais aujourd’hui les choses apparaissent autrement. Ces modèles, tiennent compte du mode de conduite (orientation des rangs, présence de l’herbe, …) et intègrent des données météo pour qualifier le climat (évapotranspiration potentiel). C’est une approche théorique qui permet de quantifier la demande climatique de la plante, les pluies et au final d’avoir un bilan de la réserve en eau disponible pour la plante. « Les modèles permettent également de faire des projections à J+7 de la situation et des comparaisons entre millésimes », complète Jean-Christophe Payan. La fonction bilan hydrique de E-terroir utilise un de ces modèles (le modèle Wallis de l’IFV) qui permet donc de suivre l’évolution de la contrainte hydrique au niveau de la parcelle en temps réel et à sept jours selon le pourcentage d’enherbement. Lorsque le réservoir est plein (100% d’eau disponible), la courbe du bilan hydrique se situe en haut du plateau : absence de contrainte donc pas de régulation de la transpiration. La régulation de la transpiration de la vigne n’intervient pas tant que le sol n’est pas moins de 40 % de son taux de saturation. Ce qui explique qu’il y a une semaine, au moment du webinaire, nous constations peu de symptômes physiologiques de contrainte hydrique chez la plante. Entre 100% et 40 % des réserves en eau dans le sol, la vigne transpire normalement. Entre 40 % et 7 % la contrainte devient modérée et en-dessous de 7 % elle s’avère forte avec un épuisement total des réserves en eau du sol.

Chambre à pression, tensiomètre ou sonde ?

On peut aussi estimer l’état hydrique de la vigne en mesurant directement sur la vigne des modifications physiologiques provoquées par un manque d’eau plus ou moins intense. La mesure de référence est celle du potentiel de base, qui évalue avec une chambre à pression la force avec laquelle la plante doit extraire l’eau du sol pour se réhydrater : plus la contrainte hydrique est forte, plus le potentiel est fortement négatif. Cette mesure est généralement réalisée sur une feuille en fin de nuit. L’outil n’étant pas très pratique d’utilisation, il est surtout destiné aux structures de R&D. L’indicateur de contrainte est lié au pourcentage d’eau dans le sol, notion plus largement utilisée et reprise dans les modèles. Cette mesure peut donc aussi être intéressantes pour confirmer ou non les données des modèles.  D’autres outils tels que les tensiomètres ou les sondes capacitives permettent de comparer la teneur en eau dans le sol à des teneurs prédéfinies. Leur intérêt est de permettre d’acquérir ses propres références de disponibilité de l’eau dans le sol et de comparer à des millésimes antérieurs. Mais la mesure se fait à un horizon restreint dans le sol, qui se caractérise généralement par une hétérogénéité structurelle. Quelle profondeur est représentative pour positionner l’appareil ? Il est conseillé de placer 3 tensiomètres, par exemple, par parcelle pour interpréter une médiane et éviter une erreur. Une dernière mesure consiste à suivre la croissance des apex via la méthode des APEX. Elle est simple peu couteuse et rapide mais difficilement utilisable dans les vignobles où se pratique le rognage ! « Quel que soit l’outil utilisé, les seuils de contrainte s’interprètent avec la phénologie de la plante. Il faut prendre en compte les différents niveaux de teneur en eau du sol voir comment ils impactent les bilans hydriques, quelles répercussions ils ont sur la contraintes hydrique et le taux de régulation de transpiration de la vigne », conclut l’expert.

 

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