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25.04.2017

Engrais foliaires : une solution temporaire à étudier


Intrants viticoles

Engrais foliaires : une solution temporaire à étudier

Face à des millésimes assez chaotiques ces dernières années, les vignerons ont de plus en plus recours aux engrais foliaires. Leur apport peut se justifier dans certains cas, en complément de la fertilisation du sol. Des essais sont menés en Val-de-Loire pour identifier les réactions de la vigne aux produits vendus sur le marché.

De nombreuses solutions d’engrais foliaires sont proposées aujourd’hui sur le marché, pour activer la croissance végétale, stimuler la floraison, ou palier certaines carences. Comment s’y retrouver et dans quels cas les utiliser ?

Nadège Brochard-Mémain, de la Chambre d'Agriculture de Loire-Atlantique, a répondu à la question le 13 avril, lors d’un après-midi technique Terra Vitis Loire. Les engrais foliaires « généraux azotés » sont conseillés comme activateurs de pousse, en complément d’un programme racinaire. Dans le Val de-Loire, l’apport d’azote-soufre en foliaire 15 jours avant la véraison permet de produire plus de thiols variétaux, notamment sur le sauvignon.
Avec de l’azote en apport foliaire, les moûts gagnent aussi en azote, pour pallier les problèmes de fermentation. Le problème est de savoir quand réaliser ses apports d’engrais foliaires. En effet, l’arrêt de croissance de la vigne, fixant la période d’apport d’azote foliaire, n’est pas facile à déterminer selon les millésimes pluvieux ou secs. « Actuellement, nous n’avons pas d’indicateur pertinent pour donner un positionnement précis de l’apport en foliaire, autour de 3-5 feuilles étalées », déplore Nadège Brochard-Mémain. Pour Jean-Pascal Goutouly de l’INRA de Bordeaux, il est possible d’identifier ce moment en anticipant le stress hydrique grâce au suivi de l’horizon 0-50 cm du sol : « Si son sol est sec, alors il est possible d’anticiper de petits apports d’azote foliaires, autour de 10-15 UN, sans attendre que les feuilles flétrissent. ». Autres engrais foliaires : les « spécial floraison ». Composés d’oligoéléments et souvent classés comme biostimulants, ils stimulent la synthèse de polyamides, pour booster la division cellulaire et augmenter le taux de nouaison. Pour l’ingénieur de l’INRA, ces engrais foliaires « spécial floraison » sont très compliqués à positionner. « Il faut tomber pile-poil sur le bon stade ! Cela n’est jamais évident pour un vigneron, dont les vignes se trouvent à des stades différents d’une parcelle à l’autre, ce qui l’obligerait à sortir le pulvé à des moments différents pour chacune. Je conseille plutôt d’employer des engrais foliaires destinés à accompagner le développement foliaire, que ceux réservés à la floraison. »

Les engrais foliaires en test sur le Val-de-Loire

À travers la plate-forme Vigne’Alim, les engrais foliaires sont testés dans les vignobles nantais et angevin par la Chambre d’Agriculture 44, la chambre régionale Pays de la Loire et l’ATV49 pour une durée de 5 ans. « Les engrais foliaires sont de plus en plus utilisés, mais nous manquons de données sur leur effet sur le rendement », détaille Nadège Brochard-Mémain. Six produits ont été testés en 2015 et 2016, avec des suivis de tailles de rameaux et de grappes, d’états sanitaires ou de rendements entre autres. Objectif : identifier les réactions de la plante face à des applications de produits d’origine diverses. « Pour l’instant, nous n’avons vu aucune différence significative de ces produits en comparaison du témoin, mais l’année 2015 a été marquée par une absence de stress hydrique, et aucune grappe n’a été récoltée en 2016 à cause du mildiou », a présenté la conseillère, espérant poursuivre l’essai encore plusieurs années.

Aux vignerons utilisant ou voulant utiliser les engrais foliaires, Nadège Brochard-Mémain conseille de faire eux même des essais comparatifs sur trois ans, sur parcelles homogènes, en gardant un rang non traité pour comparer. « Les engrais foliaires peuvent être un complément à la fertilisation du sol et une solution temporaire face à certaines carences, mais la base est déjà de bien nourrir son sol pour nourrir sa vigne. ».

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