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30.05.2023

Maintenir les rendements avec moins d’intrants ?


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Maintenir les rendements avec moins d’intrants ?

Lundi 22 mai, au Centre viti-vinicole de Chinon, des étudiants en formation professionnelle ont échangé sur le sujet de la réduction des intrants. Stratégie de biocontrôle, essais d’engrais verts et paillages, innovations agroécologiques ont été présentés lors de cette journée technique Ecophyto’ter organisée par le lycée agricole de Tours-Fondettes.

Sur le Centre viti-vinicole de Chinon, au domaine des Millarges, exploitation rattachée au lycée professionnel, une partie des vignes de cabernet franc est protégée via un programme de biocontrôle associé à l’utilisation de cuivre sur la période 2018-2023, dans le cadre du projet BEE (Biocontrôle et Equilibre de l’Ecosystème vigne). « L’objectif est de mettre au point des recettes de traitement, de comparer la modalité biocontrôle à un témoin en conduite classique pour évaluer les limites de la protection, tout en visant une récolte autour de 55 hl/ha », présente Guillaume Delanoue, de l’IFV. Chinon fait partie des cinq sites nationaux identifiés dans ce projet, aux côtés de Juillac le Coq (Charente), Saint-Estèphe (Gironde), Wintzenheim (Haut-Rhin) et Nîmes (Gard). Sur le domaine, trois produits de biocontrôle ont été choisis pour lutter contre le mildiou : des phosphites, « Essentiel » (huile essentielle d’orange douce), et le stimulateur de défense des plantes « Messager » (Cos-Oga).

20 à 30 % de passages en plus

Ces produits ont été associés au cuivre, à dose très faible (150-250 gr/ha). La stratégie de traitement était guidée par les modèles IFV, selon des règles de décision strictes, associées à des observations hebdomadaires. Sur l’ensemble des sites, la stratégie BEE a conduit à une réduction de l’IFT, hors-biocontrôle, supérieure à 70%, indique l’IFV entre 2018 et 2020. « Globalement, la stratégie BEE a conduit à augmenter le nombre de passages de 20 à 30 % selon les années, avec par exemple 9 passages en association cuivre-biocontrôle en 2018 contre 6 en conventionnel, mais en 2021, le nombre de passages était le même », chiffre Guillaume Delanoue qui conclut : « la rentabilité était là, avec des rendements maintenus, et une analyse comparative des vins ne montrant pas de différences significatives. Cependant, l’offre en produits de biocontrôle reste encore limitée, et la stratégie alternative oblige à un suivi strict des contaminations et des règles de décision des traitementsCe constat est pris en compte dans l’écriture d’un projet dans le prolongement du projet BEE, après 2023. Nous aimerions aussi intégrer des essais de biostimulants en application foliaire, pour étudier l’impact sur le mildiou : dans le projet Mistic porté par l’IFV et soutenu par Végépolys Valley, des bénéfices ont été notés en couplant biocontrôle et biostimulant. Il reste désormais à trouver des sites expérimentaux pour appliquer ces stratégies nouvelles via le réseau des fermes Déphy », termine Guillaume Delanoue.

Du miscanthus en paillage

Au sein du groupe Dephy d’Indre-et-Loire, composé d’une douzaine de vignerons de Chinon, Bourgueil, Montlouis et Vouvray, une étude sur les couverts végétaux et différentes solutions de paillage a été menée dans le cadre d’une réflexion sur la réduction des herbicides. « Beaucoup de vignerons sont encore contre le travail du sol, alternative aux herbicides, pour des questions de temps, de blessure des ceps, ou de coût d’équipement. D’où ces travaux démarrés en 2019 sur les couverts et les paillages », a indiqué Manon Thaunay, conseillère en viticulture à la Chambre d'agriculture départementale 37. Seul l’apport de miscanthus a permis dans les essais de limiter le salissement du cavaillon, durant deux années. Si le développement de la vigne n’a pas été affecté, le rendement final était légèrement plus faible, avec cependant des baies plus grosses et plus concentrées. « Sans production de miscanthus sur l’exploitation, cette technique est cependant peu viable économiquement, et elle est à réserver principalement aux plantiers, plus fragiles », indique la conseillère. Dans le cadre de l’étude, également, les feutres testés ont été assez vite percés, et ont entraîné des problèmes d’eau stagnante en dessous, défavorable à la vie du sol.

Accroître la biodiversité pour améliorer l’empreinte agroécologique

Enfin, les étudiants de 2ème année de BTSA viticulture-œnologie du lycée professionnel Tours-Fondettes ont présenté leurs projets pour améliorer l’empreinte agroécologique du Domaine des Millarges par l’apport de plus de biodiversité. Parmi les pistes retenues : l’ajout de chênes truffiers en agroforesterie, la pratique de l’écopâturage à l’aide d’un troupeau de moutons voisins en période hivernale, ou encore la plantation de cépages blancs pour diversifier la gamme, avec le choix de variétés résistantes Floréal, voire Selenor et Opalor selon la disponibilité chez les pépiniéristes.

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