12.10.2023
Itinéraires viticoles
Intrants viticoles
Après 10 ans d’existence, le réseau DEPHY FERME viticulture publie sa synthèse nationale. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution.
Le document de synthèse, disponible sur EcophytoPIC, a pour finalité de décrire les performances des systèmes de culture du réseau DEPHY FERME, spécifiquement pour la filière viticulture et la période 2017-2020. Il vise également à présenter les principales évolutions des pratiques au sein de ces exploitations, depuis leur entrée dans le réseau. Il étudie à la fois les pratiques de protection du vignoble et les performances technico-économiques. Voici en résumé l’aboutissement de cette décade.
Le réseau DEPHY FERME est une action du plan ECOPHYTO, qui vise à produire des références sur des systèmes agricoles économes en produits phytosanitaires. Il regroupe actuellement 2000 fermes volontaires, réparties localement en 180 collectifs spécialisés sur une filière agricole et animés par un Ingénieur Réseau. Ce conseiller accompagne les agriculteurs engagés à réduire leur utilisation de pesticides, et enregistre annuellement diverses informations pour caractériser leurs exploitations. La synthèse présente les performances de 415 systèmes de culture du réseau DEPHY, pour la filière viticulture et la période 2017-2020, ainsi que les principales évolutions depuis leur entrée dans le réseau. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution. Le recours au biocontrôle a progressé sur cette même période, tant par la fréquence des traitements que par la diversité de substances utilisées, et contribue en partie à la réduction des IFT. La part de cuivre dans les traitements est en augmentation, notamment pour les systèmes en conventionnel et en conversion vers l’agriculture biologique (AB). L’utilisation de produits Cancérogènes – Mutagènes – Reprotoxiques (CMR) est en chute, en nombre de systèmes utilisateurs comme en quantité totale. Le recours aux herbicides a fortement diminué sur la période étudiée, avec même un arrêt complet pour un tiers des systèmes concernés. Cette dynamique s’accompagne d’un recours accru au travail du sol. La trajectoire d’IFT ou l’intensité de recours à certaines catégories de produits (biocontrôle, CMR) n’ont pas eu d’impact sur la maîtrise des bioagresseurs. La réduction des IFT s’accompagne d’une baisse significative des charges phytosanitaires. Les charges de mécanisation, de main d’œuvre, le temps de travail ainsi que les émissions de GES varient fortement entre les systèmes mais évoluent peu en moyenne. Ils sont néanmoins affectés pour certaines trajectoires particulières, comme l’arrêt des herbicides ou la conversion à l’AB.
Le désherbage mécanique et les couverts végétaux constituent les leviers principaux pour la réduction de l’usage des herbicides. 75% des SdC (systèmes de culture) intègrent du désherbage mécanique sur tout ou partie de la surface. Pour la gestion des maladies et des ravageurs, les leviers d’optimisation des traitements sont majoritairement mobilisés. Viennent ensuite le biocontrôle, et les techniques de prophylaxie. L’IFT hors-biocontrôle moyen a chuté de 24% entre l’état initial et la moyenne 2018 à 2020, avec des dynamiques différentes selon les bassins viticoles et les modes de production. Toutes les catégories d’IFT sont à la baisse (fongicides, insecticides, herbicides), et l’IFT hors biocontrôle est en diminution dans 70% des SDC. Les SdC du réseau sont généralement plus économes en produits phytosanitaires que la « ferme viticole française », et leurs IFT diminuent plus fortement. Les performances technico-économiques moyennes restent stables, à l’exception des charges phytosanitaires qui évoluent dans le même sens que l’IFT. Les rendements sont principalement impactés par des phénomènes abiotiques (gel, grêle) et dans une moindre mesure par la présence de bioagresseurs. Les systèmes de culture qui deviennent économes sont en majorité conventionnels (75%). Mais c’est aussi dans cette catégorie qu’on retrouve la moitié des SdC en conversion pendant l’étude. Les SdC qui restent économes sont eux majoritairement en AB (63%). Ils sont aussi caractérisés par des temps de travaux plus élevés que le reste de l’échantillon. Les SDC qui restent peu économes voient tout de même leurs IFT diminuer. L’IFT hors biocontrôle est même en baisse pour 80% d’entre eux. En situation de pression moyenne à forte, les SdC qui « deviennent économes » ne voient pas leur maîtrise du mildiou être dégradée. Hormis les charges phyto, les performances technico-économiques sont peu impactées par les trajectoires d’évolution de l’IFT.
Pour en savoir plus :
Florent BANCTEL, Ingénieur Territorial DEPHY, Chambre d'agriculture des Pays de la Loire