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23.10.2023

Ces pratiques culturales qui favorisent ou non le dépérissement de la vigne


Itinéraires viticoles

Maladies de la vigne

Ces pratiques culturales qui favorisent ou non le dépérissement de la vigne

Après trois ans d’étude, les chercheurs du projet DECIDEP financé par le PNDV ont livré leurs conclusions sur l’étude des interactions pratiques-terroir-dépérissement et de l’impact technico-économique de la mise en place de pratiques curatives de lutte contre l’ESCA.

Au cours des enquêtes menées dans le cadre du projet Tradevi, également financé par le PNDV et mené en amont de DECIDEP, les viticulteurs interrogés ont associé le dépérissement à la mortalité des vignes plutôt qu'à une baisse de rendement. Une analyse de l’historique (2007-2020) de la mortalité d’un réseau de 17 parcelles âgées de 15 à 30 ans a été menée en parallèle. Les résultats s’avèrent cohérents avec la perception des viticulteurs selon laquelle le dépérissement de la vigne est un phénomène à long terme principalement dû à l'augmentation de la proportion de vignes non productives.  Des mesures sur le terrain dans des parcelles en déclin ont été également menées mettant en avant que les dynamiques des indicateurs de productivité, c'est-à-dire le rendement et/ou le taux de réalisation du rendement, étaient un marqueur de déclin de la vigne moins précis que le taux de mortalité, principalement en raison de leur plus grande variabilité interannuelle. Les indicateurs de mortalité et de NDVI (Indice de végétation par différence normalisée, qui renseigne sur la vigueur du végétal) ont permis de diagnostiquer le dépérissement plus tôt que la perte de rendement. En lien avec ces résultats, le projet DECIDEP a étudié l’impact technico-économique des pratiques culturales pour limiter les dépérissements.

Un ensemble de pratiques associé à des situations de dépérissement

Les chercheurs de DECIDEP se sont basés sur l’analyse des données de l’observatoire maladie du bois des Charentes marqué par l’importance de son historique (30 ans de suivi pour certaines parcelles) et l’intégration d’informations sur les pratiques permettant de catégoriser les parcelles du réseau. Les conclusions ne mettent pas en avant un lien significatif entre les dépérissements et le porte-greffe ou le sol, même si les parcelles en plaine ou plateau avec des porte-greffes moyennement résistants à la sécheresse et une vigueur conférée moyenne ou très forte tendent à être fortement dépérissantes. En revanche, un lien fort est établi entre les dépérissements et les pratiques annuelles, dont certaines semblent permettre une différentiation : 

 

Trajectoire de pratiques amenant surtout à des parcelles non dépérissantes (mortalité faible et rendement stable) Trajectoire de pratiques amenant surtout à des parcelles dépérissantes (mortalité très forte et rendement en baisse)
  • Enherbement important dans l’inter-rang et herbe dans le rang
  • Moins de rognages
  • Apports importants en potasse
  • Moins de traitements anti-mildiou/oïdium
  • Peu enherbement dans l’inter-rang et moins d’herbe dans le rang
  • Fortement rognées
  • Apports de potasses beaucoup plus faibles
  • Moins de bouillie et plus de traitements phytos (anti-mildiou/oïdium)

 

Dans les trajectoires dites dépérissantes, les parcelles dépérissantes sont davantage sur des porte-greffes peu résistants à la sécheresse et à faible vigueur conférée. Les porte-greffes résistants à la sécheresse et à forte vigueur conférée semblent être un facteur d’atténuation du dépérissement notamment dans les sols sableux. Notons, que dans ces travaux, la taille ne semble pas être une pratique différenciante entre une parcelle dépérissante et non dépérissante ou du moins, elle ne ressort pas comme telle. Il reste difficile de démêler les causes, les conséquences et les facteurs déclenchants ou aggravants des dépérissements. Un approfondissement de ces analyses est nécessaire.

Intérêt économique de la complantation et du curetage

Un deuxième axe du projet Decidep visait à étudier l’impact technico-économique des pratiques de luttes curatives contre l’ESCA sur le long terme et plus particulièrement celui de la complantation et du curetage. Pour ce faire, les chercheurs ont établi un modèle bio-économique qui permet de simuler, selon le niveau de sévérité de la maladie d’une parcelle, l’impact sur le rendement annuel et cumulé (40 ans) de la mise en place de ces pratiques dont la rentabilité est ensuite calculée. Ce travail a été mené dans 3 vignobles : Pauillac, Entre-Deux-Mer et Cognac, qui se distinguent par leur niveau de valorisation et leurs cahiers des charges. Dans tous les cas de figure, la mise en place de pratiques (curetage ou complantation) est plus rentable sur le long terme que de ne rien faire (augmentation de la longévité de la parcelle et impact positif sur le rendement cumulé). Plus la sévérité, l'efficacité et le niveau de valorisation sont forts, plus l'investissement dans ces pratiques est rentable…  Conclusion, la décision d’adopter le curetage ou la complantation est toujours préférable à l’inaction ! Toutefois, le curetage est plus rentable que la complantation dans une situation de sévérité moyenne ou élevée. Ces résultats peuvent être complétés par le constat que le curetage signe un avantage flagrant puisqu’il permet de conserver le système racinaire et donc de poursuivre la production de raisin tout en assurant une meilleure résistance des ceps aux contraintes climatiques.  

 

Voir le replay du webinaire de restitution

Ces travaux seront présentés à l’occasion du PNDV Tours à Amboise le 28 novembre prochain (inscription jusqu'au 15 novembre)

 

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