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21.03.2023

Choix d’un itinéraire d’entretien du sol : impact sur l'empreinte carbone


Itinéraires viticoles

Choix d’un itinéraire d’entretien du sol :   impact sur l'empreinte carbone

La filière viti-vinicole engage des réflexions et initie des projets de recherche et d’expérimentation concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Celles-ci ont fortement évolué depuis l’ère industrielle, se sont accentuées après 1945 et, selon les scientifiques, ont eu pour conséquence le changement climatique que l’on observe aujourd’hui. Lors du Forum «Bas-Carbone», organisé dans le cadre du Vinitech-Bordeaux, en novembre 2022, l’IFV Bourgogne, associé à la Chambre d’agriculture de Gironde, présentait les résultats du projet MOSGA sur l’étude de l’impact environnemental de différents itinéraires techniques d'entretien du sol.

Réduction des émissions, stockage du carbone : deux leviers d’action

L’empreinte carbone en viticulture est la différence entre les émissions indirectes (liées à la fabrication des intrants utilisés : produits phytosanitaires et amendements) et directes (émissions de gaz carbonique- CO2, méthane-CH4 et protoxyde d’azote-NO2, générés par les pratiques culturales) de GES et le stockage de carbone dans le sol. Une structure viticole peut actionner deux leviers au niveau de la conduite de son vignoble pour réduire celle-ci. D’une part, en stockant du carbone au niveau des sols, par l’implantation de couverts végétaux temporaires ou permanents), par restitution (broyage et incorporation des sarments) et par apport d’amendements organiques, en alternative aux engrais minéraux dont la fabrication est forte émettrice de GES. D’autre part en réduisant les émissions directes de GES par l’adaptation des itinéraires techniques, dont ceux liés spécifiquement à l’entretien du sol.

L’empreinte carbone liée aux passages et au carburant consommé

Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) a confié à l’IFV, le pilotage du projet MOSGA (2019-2021). Les objectifs identifiés étaient notamment de recueillir des données techniques sur les différentes solutions alternatives au désherbage chimique, d’évaluer différents modes d’entretien du sol au regard de l’empreinte carbone, de sensibiliser des viticulteurs aux facteurs qui influent sur l’empreinte carbone. Les résultats de l’évaluation de 26 itinéraires techniques réparties en 9 modalités, selon les modes de gestion du rang et de l’inter-rang, ont été étudiées dans le cadre de ce projet. Différents outils d’évaluation ont été utilisés : le Bilan Carbone (ADEME) (outil générique) et GES&Vit (outil spécifique vigne élaboré par l’IFV) pour le calcul de l’empreinte carbone et le modèle AMG (outil INRAE) pour modéliser la capture du carbone dans les sols. Globalement, quel que soit l‘itinéraire technique observé, l’entretien du sol ne représente qu’une part relativement faible (jusqu’à 20%) de l’empreinte carbone viticole totale, corrélée principalement à la consommation de carburant et au nombre de passages. Et si l’on envisage l’ensemble du cycle de vie du vin, incluant les activités de transformation et de distribution (responsable d’environ 80% de l’empreinte carbone), sa part est encore plus faible. Les itinéraires techniques les moins émetteurs sont donc ceux qui consomment le moins de carburant et génèrent le moins de passages. 

L’empreinte carbone comme indicateur mais pas que…

Par ailleurs, L’empreinte carbone ne doit pas être la seule variable environnementale décisionnelle, dans le choix d’un itinéraire technique d’entretien du sol, c’est l’une des conclusions de cette étude. D’autres indicateurs environnementaux (ex : écotoxicité) doivent être pris en compte et en particulier la qualité globale du sol. Son amélioration du point de vue de sa fertilité, de sa structure morphologique, de son activité biologique, de sa capacité à retenir l’eau et les nutriments nécessaires pour le fonctionnement de la plante, sont aussi des variables à prendre en compte. « En fonction d’un diagnostic agronomique préalable, la mise en œuvre d’un itinéraire technique adapté intégrant des pratiques de stockage de carbone, permettra au sol d’ offrir ainsi différents services écosystémiques (épuration des eaux, support de biodiversité, garant de l’hétérogénéité des paysages , alimentation de la plante en eau et nutriments) et ne sera plus considéré comme un simple support de culture inerte », souligne Alexis Allard, Chargé d’études en gestion des sols à la Chambre d’Agriculture de Gironde. 

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