28.10.2025
Itinéraires viticoles
Lors de ce dernier millésime 2025, nous avons pu observer, particulièrement dans certaines vignes de cabernet, une hétérogénéité dans le développement des brins issus des yeux de la baguette et dans la maturité des baies de raisin. L’apparition de ces symptômes est essentiellement corrélée au niveau de réserves insuffisant accumulées par la vigne durant la période végétative et une taille en amont inadaptée par rapport au niveau de celles-ci.
L’apparition de ces symptômes a de multiples causes pouvant être cumulatives selon les situations : un millésime 2023 particulièrement productif, un millésime 2024 marqué par une récolte très tardive avec peu de temps de mise en réserve après la récolte ainsi que des pluies abondantes lessivant l’azote issu de la minéralisation et associé sans doute à un âge moyen des vignes de cabernet plutôt élevé.
Le manque de réserve induit un manque de vigueur au débourrement se traduisant par un développement irrégulier des brins issus des yeux de la baguette : les brins du milieu sont peu développés et n’atteignent pas le fil du haut, ceux du début et du bout de la baguette présentent une pousse plus vigoureuse. Cette pousse irrégulière est le symptôme d’une taille trop longue par rapport aux réserves du cep. Lorsque les réserves du cep ne sont pas suffisantes par rapport au nombre d’yeux de la baguette, la priorité de la plante est donnée aux yeux de la base et à ceux du bout (phénomène d’acrotonie). Cette variabilité dans la pousse des brins se retrouve également dans le développement des grappes, selon leur position sur la baguette, et dans la maturation des baies de raisins, impactant par voie de conséquence le rendement global.
Pour mémoire, le bon déroulement du cycle végétatif de la vigne dépend totalement des réserves contenues dans le cep jusqu’au stade 7/8 feuilles étalées, stade à partir duquel s’effectue un début de tuilage entre l’utilisation des réserves et la production par le cep de nutriments à partir de la photosynthèse. Par ailleurs, de bonnes réserves permettent de diminuer la sensibilité de la vigne aux aléas climatiques.
L’observation du cep au préalable est indispensable pour une taille adaptée à sa vigueur. Pour redonner de la vigueur au cep et optimiser sa mise en réserve, différentes pratiques peuvent être mises en œuvre au moment de la taille :
Différentes pratiques viticoles à caractère agronomique peuvent également avoir un impact positif sur la mise en réserve de la vigne. La destruction de l’herbe sur le cavaillon, voire d’anciens enherbements inter-rang, peut s’avérer indispensable pour limiter la concurrence hydro-azotée au printemps, à partir du débourrement. La vigne trouvera alors plus rapidement au printemps des réserves disponibles dans le sol. La destruction des vieux enherbements dans le cas de vendanges précoces comme pour le millésime 2025, caractérisé par un fort stress hydrique après vendange dans les sols légers et peu profonds (zone layon), favorisera également la reprise de vigueur de la vigne au printemps suivant. Favoriser la mise en réserve avec un bon état du feuillage après vendanges en mettant en œuvre des traitements anti- mildiou ou anti-oïdium post vendange pourra aussi être utile. Il est à noter également que des vendanges précoces allongent le temps de mise en réserve de la vigne et donc sont bénéfiques aux vignes de faible vigueur. De même, un apport d’azote au printemps est indispensable mais n’est pas suffisant pour redonner de la vigueur à la vigne qui en manque.
Hugues Daubercies et l’association Loeil Consultants
Pour aller plus loin :