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24.03.2023

Réduire l’utilisation du cuivre : la filière s’engage à trouver des solutions


Itinéraires viticoles

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Réduire l’utilisation du cuivre : la filière s’engage à trouver des solutions

 

En novembre 2018, la Commission européenne a acté le renouvellement du cuivre en tant que substance phytopharmaceutique pour une durée de 7 ans jusqu’en 2025, assorti d’une limitation des quantités utilisables (28 kg cuivre métal/ha soit 4 kg/an sans possibilité de lissage) en raison des risques sur la santé et l’environnement. Dans un contexte réglementaire européen futur, incertain, les pouvoirs publics et la filière viticole ont engagé divers programmes de recherche et d’expérimentation afin de trouver des alternatives au cuivre, a minima d’en réduire son utilisation. Le projet Alter Cuivre porté par la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, en est un exemple.

La prophylaxie, un prérequis

Ce projet a pour objectif de permettre au monde viticole, de s’approprier les techniques et solutions alternatives de protection disponibles à ce jour, sur la base d’un état des lieux et d’une évaluation des expérimentations et pratiques utilisées. Bertille Matray, conseillère en viticulture biologique, responsable du projet à la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, souligne l’importance de mettre en œuvre, par le viticulteur, un ensemble de mesures préventives ou prophylaxie pour prévenir le développement du mildiou et son accumulation dans le sol (gestion de la vigueur, gestion des adventices sous le rang, des travaux en verts, drainage). Selon elle, cela constitue un prérequis dans une démarche de réduction d’utilisation du cuivre avant d’envisager toute alternative.

Pas de solution miracle mais différents leviers et alternatives

En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de produit capable de remplacer intégralement le cuivre et pour rappel, il est à ce jour la seule substance homologuée efficace pour la lutte contre le mildiou en agriculture biologique. Par contre, son usage en accompagnement avec des substances alternatives se développe, suscitant beaucoup d’intérêt. On distingue les produits de biocontrôle, stimulateur de défense de la plante (Cerevisane®, Bacillus amyloliquéfaciens, complexe oligosaccharidique-COS-OGA) ou possédant une propriété fongicide (phosphonates-non autorisés en agriculture biologique, huile essentielle d’écorce d’orange douce) et les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP) à base d’extraits végétaux (saule, prêle, lécithine, purin d’ortie, …). Un recensement des expérimentations menées en France montre une efficacité assez variable de ces substances (cf. article de Camille Errecart, chargée d’étude Chambre d’agriculture de Gironde, revue Phytoma-n°758, Novembre 2022 : « Accompagner pour réduire le cuivre en viticulture : le projet Alter Cuivre »). Elles constituent malgré tout un réservoir de solutions futures mais nécessitent pour leur mise en pratique un accompagnement technique spécifique. L’utilisation de matériel de pulvérisation confinée, d’outils d’aide à la décision (OAD) afin de traiter « au plus juste », comme OPTIDOSE, RIM pro, DECITRAIT, AGRO CLIM, sont aussi des leviers efficaces sur lesquels les viticulteurs peuvent s’appuyer. A ce sujet, une série d’enquêtes menées dans le cadre du projet a montré que les vignerons avaient des stratégies très diverses quant à l’usage du cuivre lors de leurs interventions phytosanitaires. Mais de manière générale, un nombre de passage plus récurrents à petites doses était privilégié. Par ailleurs, sont expérimentées diverses méthodes physiques prometteuses comme l’exposition de la plante aux rayons solaires UV-C, afin de déclencher ses défenses naturelles ou la mise en place de système de couverture automatisé pour protéger des précipitations. « Parmi toutes ces solutions, il semble que le développement de matériel végétal peu sensible ou résistant aux maladies fongiques soit un levier majeur. Une vingtaine de variétés résistantes sont inscrites au catalogue national officiel et leur statut réglementaire, notamment leur introduction dans le cahier des charges des AOP est en pleine évolution », souligne Bertille Matray.

En résumé, il n’existe pas de solution miracle qui permettrait de s’affranchir totalement du cuivre mais le viticulteur dispose aujourd’hui d’un certain nombre de leviers et de substances alternatives, qui combinés entre eux peuvent permettre de réduire l’utilisation du cuivre.

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