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11.05.2022

Gérer les engrais verts selon vos objectifs


Itinéraires viticoles

Gérer les engrais verts selon vos objectifs

En plus de présenter les mêmes avantages que l’enherbement classique, les engrais verts fournissent des éléments nutritifs pour la vigne lors de leur destruction et limitent la concurrence des adventices. L’équipe de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire est revenue sur cette stratégie de gestion durable des sols lors d’un RDV Technique le 28 avril dernier au Landreau Village (44).

Les engrais verts sont des couverts temporaires hivernaux plantés entre la fin de l’été et le début de l’automne puis détruits entre la sortie de l’hiver et le début du printemps. Florent Banctel, conseiller à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, rappelle les nombreux objectifs auxquels il est possible de répondre en les mettant en place : maîtrise des adventices, aération du sol, rétention d’eau, stimulation de l’activité biologique, fertilisation…. D’où la nécessité, après un état des lieux de ses vignes, de définir les objectifs visés en termes de gestion du sol et de production. De là, se dessineront les choix d’itinéraires d’implantation : préparation du sol, date de semis, choix des espèces et méthode de destruction.  La préparation du sol est, dans tous les cas, primordiale pour un bon résultat du semis qui se fait entre septembre et mi-octobre « J’ai préparé le sol avec des disques puis j’ai semé de l’avoine et de l’orge mi-octobre à 130 kg/ha. Les parties bien préparées ont permis une bonne prise des semences. Je vois la différence avec un témoin que je n’avais pas préparé et où le couvert a moins bien poussé. J’avais fait le choix d’utiliser des semences fermières en vrac non triées, il s’avère que j’ai eu des problèmes de bouchage. Je vais repenser la qualité des semences pour la prochaine fois », témoigne Stéphane David vigneron du groupe 30000 Ecophyto en conversion bio depuis août. Attention, en effet, lorsque qu’un mélange est choisi car la taille et la forme des graines peuvent compliquer le semis au niveau de la distribution des graines, sur le semoir.

Choisir sa stratégie pour détruire le couvert en avril

Quel que soit l’objectif fixé, la destruction de l’engrais vert se fait fin avril voire mi- mai et dans tous les cas autour de sa floraison. Ensuite il se lignifie et devient plus riche en carbone difficilement assimilable par le sol ; sa dégradation risque également de consommer de l’azote du sol. Plus la destruction se fait tard, plus il y a également un risque de concurrence hydro-azotée. Si votre objectif est de stimuler la vigueur de la vigne alors il faudra vous orienter vers une destruction du couvert par des outils qui hachent finement votre couvert pour favoriser l’assimilation rapide par le sol (entre 2 et 3 mois selon les conditions de minéralisation du sol). Par exemple, une stratégie peut être de tondre puis 15 jours voire 3 semaines plus tard enfouir les engrais verts en superficiel (0-5 cm). Si votre objectif est de travailler la structuration, la portance de votre sol, alors la création d’un paillage ou d’un mulch à l’aide d’un rouleau faca, par exemple, sera préférable pour une dégradation lente du couvert tout en empêchant les adventices de pousser et en préservant la portance. Une dernière méthode consiste à passer régulièrement les disques deux fois successivement ou à 15 jours d’intervalle.

Observer simplement la compaction de ses sols

Pour voir l’intérêt de semer des engrais verts sur la compaction des sols, une première méthode consiste à mettre dans un bocal une motte de terre avec de l’eau et observer son comportement au bout de 15 min. Dans cet exemple, 2 mottes de terres issues du profil de l’engrais vert ont été prélevées : une en surface à 3cm (bocal de gauche) une plus en profondeur à 30-35cm (bocal de droite).

Un autre test, consiste à utiliser de l’eau colorée au bleu de méthylène pour voir comment l’eau circule dans le sol, d’évaluer la porosité ainsi que la compaction.

« Le sol a été travaillé aux disques pendant le printemps et l’été, l’enherbement naturel s’est installé ensuite. Le bleu de méthylène colore surtout les 3 premiers centimètres du sol sur une largeur de 70 cm. Cela met en évidence la zone superficielle où s’exposent les racines du couvert naturel. Entre l’inter-rang et le cavaillon, les zones sont colorées plus profondément, mettant en évidence les passages plus réguliers des outils liés à l’entretien du cavaillon : disques émotteurs, dents d’ameublissement…  Dans l’inter-rangs, à 6-7 cm de profondeur, une semelle de compaction apparait : passages de disques réguliers. Seules quelques traces bleues apparaissent en dessous, mettant en évidence une galerie de vers de terre et une succession de cailloux », commente Florent Banctel de la Chambre d’agriculture 44

« Ici, le sol a été travaillé de la même façon mais un engrais vert d’avoine rude et d’orge d’hiver (base de 135 kg/ha) a été semé mi-octobre. Dans l’inter-rang, on remarque la même semelle de compaction liée aux passages de disques, à environ 6-7cm de profondeur, sur 70 cm de large. En revanche, dans ce cas, la zone colorée en bleue à tendance à rejoindre cette semelle, voire à s’étendre plus en profondeur. Cela met en évidence l’exploration racinaire qui est plus importante que celle du couvert naturel : « décompaction progressive », meilleure oxygénation du sol, meilleur stockage de l’eau potentiellement.  On remarque la même coloration du profil de part et d’autre de l’inter-rang, en lien avec les mêmes passages d’outils d’entretien du cavaillon », explique le conseiller.

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