24.12.2019
Itinéraires viticoles
La biodiversité dans les vignobles est sans conteste en baisse, or elle est essentielle dans une démarche de viticulture durable. Il est donc indispensable aujourd’hui de comprendre les facteurs et les interactions la favorisant. C’est pourquoi le Vinopole d’Amboise a organisé, le 5 décembre dernier, une matinée permettant à ses partenaires de diffuser leurs résultats d’expérimentation sur la biodiversité
Ainsi Bioval, un projet de recherche cofinancé par InterLoire, a permis de réaliser le premier inventaire des arthropodes présents dans les vignes en Centre Val de Loire et de voir de quelle manière ces derniers sont impactés par les caractéristiques du vignoble. Pour cela, un réseau de pièges a été mis en place en 2016 dans le sol et la strate arbustive de 16 parcelles de vignes de Chinon à Sancerre ; chaque semaine, les entomologistes de l’Institut de Recherche de la Biologie de l’Insecte et du CETU ont prélevé les insectes tombés dans les pièges et les ont identifiés. En parallèle et afin d’évaluer l’impact du paysage sur la biodiversité en arthropodes de ces parcelles, deux indices paysagers ont été calculés pour analyser le paysage : la composition et la construction paysagère. Les travaux ont mis en exergue, une diversité d’auxiliaires potentiels importante propre à chaque zone et peu impactée par les pratiques culturales ou les paysages. Seules les araignées semblent favorisées par l’enherbement, les zones semi-naturelles et être de bons bio-indicateurs de la qualité des parcelles. Maintenant, il apparait nécessaire d’étudier le régime alimentaire des différents auxiliaires identifiés pour définir leur rôle dans la régulation des bio-agresseurs de la vigne et pour pouvoir favoriser leur maintien.
La cicadelle verte ou de la grillure impacte la qualité de la récolte en causant des ralentissements de maturité voire des pertes de récolte. Des travaux ont montré que la régulation de ce bio-agresseur peut se faire par Anagrus atomus, des micro-guêpes parasitoïdes des œufs de cicadelles vertes, hivernant notamment dans des rosiers. Le projet Ecoviti, mené au lycée viticole d’Amboise, étudie l‘impact sur la diminution de cicadelles vertes de l’aménagement d’une parcelle de cot (très sensible à la grillure) avec des rosiers ; ces derniers permettent ainsi à Anagrus atomus de réaliser un cycle de développement complet sur la vigne. La parcelle plantée en 2014 est structurée au rythme de 7 rangs de vignes (largeur traitée en un passage de pulvérisateur), 2 rangs de rosiers. L’objectif de valorisation économique des rosiers a orienté le choix des variétés vers des roses à parfum également plus rustiques, nécessitant donc peu de traitements. Au niveau de la protection de la vigne, les insecticides sont supprimés et des biocontrôles contre mildiou et oïdium sont intégrés. Le choix des produits phytosanitaires suit le critère sans effets néfastes sur la population d’insectes. Les suivis réguliers depuis 2015 mettent en avant un taux de parasitismes plus élevé dans la parcelle Ecoviti et l’absence de la cicadelle de la grillure, Empoasca vitis ! En revanche une autre cicadelle a été identifiée, Empoasca decipiens ainsi qu’une espèce d’Anagrus encore non déterminée et présente uniquement dans la vigne. Les suivis se poursuivent pour obtenir des résultats significatifs en veillant à l’absence de soufre dans la protection phytosanitaire pour favoriser le potentiel auxiliaire d’Anagrus.
Conduit depuis 2013 dans le cadre du plan ecophyto, le suivi des effets non intentionnels (ENI) des produits phytosanitaires sur la biodiversité s’appuie sur un réseau national de 500 parcelles en grandes cultures, maraichages et viticulture. Les suivis concernent 4 espèces indicatrices : les vers de terre, les coléoptères volants, les oiseaux et la flore de bord de champs. En région Centre-Val de Loire, 40 parcelles intègrent ce réseau dont 3 en viticulture que suit la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire. Concernant la flore, les suivis au niveau national montrent une grande diversité bord de champs avec plus de 702 espèces différentes (12% de la flore en France). La richesse spécifique est stable dans le temps, avec 15.9 espèces observées en moyenne par bordure. Celle des bordures de parcelles de vignes en région Centre – Val de Loire est plus élevée : 21.2 espèces en conventionnelle et 38.33 en viticulture biologique. Les suivis ENI mettent en avant que les herbicides affectent la richesse en espèces alors que la fertilisation impacte la composition. L’intensification des pratiques diminue les espèces nécessitant une pollinisation par les insectes.