05.02.2015
Environnement
L’ACV permet une évaluation environnementale fine des itinéraires techniques viticoles, beaucoup plus complète qu’un bilan carbone par exemple puisqu’elle approche d’autres indicateurs que les gaz à effet de serre, en évaluant l’impact de l’utilisation des pesticides ou des fertilisants par exemple.
Le 21 janvier 2014, Christel Renaud-Gentié, Enseignant-Chercheur à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, a soutenu sa thèse sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) adaptée à la filière viticole. Le jury composé de chercheurs, directeurs de recherche et professeurs a souligné la qualité du travail et la quantité de données traitées pendant ces quatre années de recherche. Lors de cette soutenance, la profession était représentée par le Président de la commission technique d’InterLoire (Jean-Michel Morille) en tant que co-financeur d’une partie des travaux réalisés pendant cette thèse et par le Président de l’IFV (Claude Papin), partenaire de l’ESA au sein de l’UMT Vinitera.
Comparaison de l’impact environnemental des itinéraires
La pertinence de l’ACV a été démontrée par l’étude de 5 itinéraires techniques viticoles différents, certains en production raisonnée et d’autres en production biologique ; ces itinéraires techniques concrets issus d’exploitations viticoles ont été choisis pour leur représentativité de la diversité des pratiques rencontrées dans la moyenne vallée de la Loire. Les résultats de l’ACV permettent de distinguer « l’éco-efficience » (l’impact environnemental) globale de chacun de ces itinéraires techniques, mais également de chaque pratique présente dans ces itinéraires ce qui permet une comparaison fine de l’impact environnemental des usages. Si cette méthode d’évaluation environnementale est séduisante, elle repose en partie sur des modèles pour calculer les émissions de polluants et est donc dépendante de leur bon paramétrage et de leur efficacité ; les résultats présentés par Christel Renaud-Gentié démontrent qu’il faut encore progresser dans l’adaptation des modèles pour pouvoir obtenir des résultats plus fiables et plus complets (prise en compte du cuivre etc.).
Vers un indicateur de la qualité globale des raisins ?
Au-delà de la comparaison de l’éco-efficience entre itinéraires complets ou entre pratiques viticoles individuelles, la question de la qualité des raisins et des vins a été abordée lors de cette thèse par la proposition d’un indicateur de qualité globale des raisins et mérite d’être approfondie : à quels autres indicateurs de production peut-on rapprocher la qualité environnementale de l’itinéraire ? Au rendement (quantité) ? Au type de produit (qualité) ? A l’image (notoriété) ? A la valorisation (économie) ? La détermination de l’éco-efficience des itinéraires techniques par l’ACV est donc possible et satisfaisante, reste à améliorer la fiabilité des modèles et à travailler sur l’utilisation croisée de ces indicateurs de qualité environnementale avec d’autres indicateurs de production pour approfondir la réflexion et permettre à terme de choisir ses itinéraires avec une vision globale de leurs impacts.
Résumé de la thèse
Afin d’accompagner les acteurs des filières viticoles, notamment d’AOC, dans l’amélioration de l’éco-efficience de leurs produits, nous avons voulu identifier dans quelles conditions l’Analyse du Cycle de Vie est une méthode appropriée à l'évaluation environnementale des itinéraires techniques viticoles (ITKv) de production de raisins de qualité, à l’échelle parcellaire, afin de pouvoir choisir les opérations techniques et les ITKv les plus éco-efficients. Un cadre méthodologique de l’ACV, adapté à cet objectif, a été établi et testé sur cinq ITKv réels et contrastés visant un même objectif qualitatif. Ces cas ont été choisis grâce à la mise au point d’une chaîne de traitement d’enquête originale, Typ-iti. Cinq groupes ont ainsi été identifiés et caractérisés parmi les ITKv de production de raisins de Chenin blanc pour vins blancs secs d’AOC en Moyenne Vallée de la Loire, dont trois en viticulture conventionnelle et deux en viticulture biologique. Le cadre méthodologique ACV établi comprend : i) la définition du système étudié incluant les phases non productives et productives, ii) le choix des modèles disponibles les plus pertinents pour le calcul des émissions directes de polluants à la vigne, iii) l’adaptation fine du modèle d’émissions de pesticides organiques Pest LCI 2.0 aux spécificités viticoles, iv) la prise en compte de la qualité des raisins par deux unités fonctionnelles basées sur un indicateur de qualité du raisin original. L’ACV apparaît comme une méthode complexe mais puissante pour le choix des ITKv, et utilisable à l’échelle parcellaire. Elle a révélé, i) des éco-efficiences contrastées pour les cinq ITKv contrastés, ii) les pratiques responsables de ces contrastes, iii) des solutions d’amélioration et leurs effets quantifiés sur les performances environnementales. L’effet important du millésime sur les résultats, mis en évidence ici sur un cas, mérite d’être pris en compte dans toute ACV viticole. De nombreuses perspectives d’améliorations méthodologiques sont discutées ici pour accroître la pertinence et la complétude des résultats ainsi que la généricité de la méthode et son accessibilité pour une application auprès d’acteurs du développement des filières viticoles.
Mots clés : Environnement, vigne, ACV, Inventaire de Cycle de Vie, unité fonctionnelle, pratique, pesticide, émissions, typologie, échelle parcellaire, qualité, raisin, impact