26.10.2016
Millésime
Grace à l’arrière-saison inespérée, le cabernet franc a pu pousser sa maturité de façon optimale en Valde-Loire. Une vendange de qualité, et des volumes plus importants que prévu, hormis en zones gelées. Si les vinifications se déroulent de façon classique, il conviendra de veiller au bon démarrage des fermentations malo-lactiques.
« Nous n’étions pas très sereins pour nos cabernets francs, à cause du risque de blocage de maturité lié à l’été très sec, mais au final, les pluies salutaires de septembre et le beau temps jusqu’aux vendanges ont permis d’obtenir de belles maturités », explique Nicolas Emereau, œnologue chez Alliance Loire, où la ré- colte des cabernets francs s’est finie le 25 octobre.
Mais les volumes sont faibles à très faibles, complète l’œnologue : à Chinon, où Alliance Loire suit 40 ha, les récoltes représentent 30 % du volume habituel, et sur le secteur Saumurois, plus épargné, les volumes sont tout de même en baisse de 20 %. D’autres dans le Saumurois s’en tirent mieux, comme Langlois Château, avec des vendanges « quasi normales au final », estime Jean-François Liégeois, l’œnologue : « Nous avons récolté entre 45 et 50 hl/ha en cabernet franc, en faisant abstraction des quelques parcelles gelées, soit une vendange normale grâce à l’arrière-saison qui a sauvé la mise ! »
Paul de Surmont, co-gérant de la Litov Œnologie, ajoute : « Mis à part les parcelles gelées, là où il y a eu de la vendange, la qualité et la quantité ont été au rendez-vous, ce qui a permis en partie de compenser par endroit les effets du gel. A Saint-Nicolas de Bourgueil par exemple, la vendange est meilleure qu’espérée, avec un recul de 15 à 20 % des volumes, quand il était évoqué -30 à -40 % au départ. Sur l’Anjou, fortement touché par le mildiou, les volumes de cabernet reculent de 20 % chez certains vignerons. » Côté qualité, la vendange très saine n’a pas entrainé de problématique particulière. Un degré alcoolique moyen de 12 à 13 °, une acidité maximale de 4, et des pH de 3,3, liste Paul de Surmont qui précise : « En fin de vinification, les acidités ont eu tendance à remonter, lié à l’hétérogénéité de la vendange. Les grains verts ont en effet libéré leur acidité lors des remontages successifs. Si les vinifications se passent plutôt bien, sans grands risques de contamination par les Brett notamment, lié aux pH assez bas et au niveau d’acidité correct, il ne faudra pas hésiter à apporter de la nutrition adaptée selon les carences. Nous avons déjà observé quelques arrêts de fermentation. »
Un millésime assez souple et fruité, « typique de ce que nous avons habituellement », voilà le constat de Jean-François Liégeois. Pour Alliance Loire, Nicolas Emereau observe « de belles extractions de couleur en cabernet. La structure tanique arrive assez vite, mais n’est pas si forte au final, ce qui donnera des vins relativement élégants. Attention à éviter les grosses extractions, pour limiter les tanins verts que l’on pourrait faire ressortir ».
Pour Jean-François Liégeois il est justement possible de travailler un peu plus les extractions en l’absence du côté végétal cette année, mais à condition surtout de ne pas avoir subi des blocages de maturité : « La cinétique de maturité et l’aplanissement des hétérogénéités durant septembre et octobre ont permis de limiter les arômes végétaux chez nous, d’où la possibilité de pousser les extractions. L’extraction de la couleur est assez bonne, comme cela avait déjà été observé sur rosés et vins de base. Les vinifications sont au final assez classiques. »
Les précautions seront davantage à prendre pour les fermentations malolactiques, souligne Jean-François Liégeois : « Le démarrage des malos risque d’être difficile, avec des teneurs en acide malique assez faibles, des pH peu élevés, et des températures lors des FML qui seront peut-être basses, durant novembre, lié au retard des vendanges. Il faudra donc veiller au bon démarrage des malos, en jouant sur la température, la co-inoculation ou la micro-oxygénation en fin de fermentation alcoolique. Pour des cuvées où l’on veut extraire davantage, il est préférable de ne pas co-inoculer mais pratiquer une micro-oxygénation, et attendre que la FML démarre gentiment. »