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26.10.2016

Des volumes variables, mais toujours de qualité pour les chenins secs et liquoreux de Loire


Millésime

Des volumes variables, mais toujours de qualité pour les chenins secs et liquoreux de Loire

Que les rendements soient bons ou (très) faibles en chenin, chacun est d’accord pour souligner la très belle qualité de ce millésime. Parmi les précautions à prendre au chai : la gestion de la turbidité, ou le suivi des fermentations qui pourraient avoir du mal à démarrer.

En faisant abstraction des parcelles touchées par le gel, les vendanges de chenin ont permis d’obtenir qualité et quantité et Val-de-Loire, observe Paul de Surmont, co-gérant de la Litov Œnologie : « En chenin, l’arrière-saison a permis d’obtenir des maturités optimales, tant sur les vins de base que sur les vins tranquilles, notamment de très beaux degrés alcooliques, de 13-14 jusqu’à 14,5 sur certains Saumur Blancs, malgré un contexte de début de saison très difficile. Il y a eu de belles récoltes dans le Saumurois, avec un volume en baisse de 10 % uniquement d’après certains échos. En Anjou, le mildiou a été plus présent, et les réductions de volumes pourraient être de 20-30 % sur blancs. Si les vendanges sont terminées pour les chenins secs, celles des liquoreux ont commencé et vont se poursuivre, avec des résultats intéressants : de belles concentrations, sans propagation de foyers de pourri. Côté quantité sur les liquoreux, il est encore difficile de se prononcer, mais les volumes devraient être un peu plus faibles que la normale, en raison du gel, et des volumes sécurisés en sec par les vignerons. » En Touraine, les rendements sont très hétérogènes selon l’impact du gel, souligne Philippe Gabillot, de la CA37 : « Difficile de faire une moyenne, mais nous avons trois groupes de vignerons : ceux touchés par le gel qui tournent autour de 10 hl/ha, ceux qui font autour de 35 hl/ha, et ceux qui dépassent ce niveau. Les vendanges de chenin, bien lancée autour du 10 octobre, se sont terminées cette semaine, même s’il reste encore quelques parcelles en vendanges tardives à récolter. »

De 4 à 35 hl/ha

Emmanuel Ogereau, vigneron à Saint-Lambert-du-Lattay, fait partie des vignerons touchés par le gel sur l’Anjou : « Sur nos 15 ha de chenin, le rendement moyen est de 10 à 15 hl/ha. Nos parcelles, situées sur des coteaux en bord de rivière, ont bien gelé. Les rendements descendent à 4 hl/ha pour les parcelles les plus touchées, à 35 hl/ha pour les meilleures récoltes. Mais si nous manquons de volume, il y a une très belle qualité ! » Des chenins très classiques, avec de beaux potentiels, avec une acidité totale de 5,5 à 6 g/l H2SO4 et un pH autour de 3, complète Emmanuel Ogereau. « Nous avons un acide malique qui se maintient malgré la sé- cheresse. Au final, ce millésime est facile à vinifier, avec de bonnes cinétiques fermentaires. Il faut dire que les conditions de vendanges ont été idéales, du 25 septembre au 9 octobre en secs, puis un premier tri autour du 10 octobre en moelleux, suivi d’un autre prévu début novembre. Aucune pourriture n’a endommagé les grappes, d’où l’absence de déviation aromatique au chai. Il ne manque vraiment que du volume… »

Une palette de couleur et d’arômes très intéressante

Paul de Surmonte propose un conseil pour ceux qui n’auraient pas tout vendangé : « Sur chenins, les jus étaient assez jaunes à la sortie des pressoirs, avec des peaux bien colorées, et s’oxydaient relativement facilement, avec des turbidités élevées. Pour ceux qui n’auraient pas tout ramassé, il ne faut pas hésiter à coller sur moûts pour éliminer les composés phénoliques, à l’aide de colles végétales comme la protéine de pois par exemple. » Pour Philippe Gabillot, la palette de couleur et d’arômes sur chenin est très intéressante cette année, sans goûts de moisi et des niveaux d’azote assimilable intéressant : « Globalement, le millésime s’oriente sur des vins à l’équilibre en demi-sec encore plus qu’en vins de base. Les pH autour de 3 sont bons pour gérer les problématiques microbio et de stabilité. Les degrés alcooliques sont montés vite les dernières semaines, dépassant parfois 15 °. Chez les vignerons qui ont levuré, les démarrages de fermentation se passent bien, sans caractères réduits. Mais chez ceux travaillant en levure indigène, les fermentations semblent plutôt lentes, surement lié au froid et à des moûts riches en inhibiteurs de fermentation comme la botryticine cette année. »

Autre explication : des niveaux de soufre élevés issus des résidus de traitements tardifs sur oïdium, non lessivés par la pluie, complète le conseiller de la CA37 : « Nous avons fait des mesures pour évaluer ces résidus de fongicides, et nous étions à 30 mg/l de SO2 total. Si les fermentations démarrent mal, il faut prendre soin d’avoir des récipients bien remplis et ne pas hésiter à apporter un moût démarré pour que la fermentation démarre. »

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