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Le drone arrive dans le Loir-et-Cher


La viticulture de précision était à l’ordre du jour du dernier colloque organisé par la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher le 23 juillet. Deux interventions ont abordé la télédétection par drone au travers du projet de recherche Vinodrone et d’une nouvelle prestation proposée par la chambre d’agriculture.

Garantir la productivité tout en réduisant l'impact environnemental des produits phytosanitaires est l’équation difficile à laquelle la viticulture doit répondre. L'utilisation des nouvelles technologies (capteurs, drones,…) est une démarche prometteuse pour répondre à ce problème. Bien que ces technologies aient connu un développement rapide dans l'agriculture pour les aspects de fertilisation, d'irrigation,... la détection et le suivi des maladies sont peu développés, car il faut des capteurs très fins au niveau des spectres (image hyperspectrale) pour avoir une signature spectrale propre à une maladie. L’objectif du projet de recherche Vinodrone a été de mettre en œuvre un outil de détection automatique des zones sensibles (maladies) et de suivi de l'état sanitaire du vignoble en utilisant la télédétection multispectrale par drone.

Concevoir des algorithmes de prévision des maladies

Débuté en 2017, le projet Vinodrone vient de se terminer. Il a regroupé 9 partenaires dont les Universités de Tours et d’Orléans, l’IFV pôle Val de Loire-Centre, la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher et les entreprises Scanopy et CybeleTech. 4 parcelles ont servi de support aux travaux de recherche : au lycée d’Amboise, au domaine des Millarges à Chinon, au domaine Octavie à Oisly et au domaine Bellevue à Noyers/Cher. Tout au long du projet, ces parcelles ont fait l’objet d’analyses physiologiques des vignes, de suivis de leur évolution et d’analyses de sol. En parallèle, les parcelles ont étaient régulièrement survolées par un drone pour collecter des images multi spectrales. Les données sont traitées et les images analysées en vue de concevoir des algorithmes de prévision des maladies. Ces algorithmes pourraient ensuite être utilisés pour concevoir un module de suivi des foyers de maladies et pour développer un modèle de prédiction par les entreprises associées à ce projet : Scanopy et CybeleTech. Les travaux montrent que ce n’est pas si simple de détecter les maladies cryptogamiques de cette manière du fait de la difficulté d’analyser les images lorsqu’il y a un côté à la lumière et l’autre à l’ombre. De plus, les premières feuilles touchées sont souvent enfouies dans l’épaisseur et donc non détectables par drone. La société Scanopy semble s’orienter sur la télédétection plus globale par satellite pour établir, par exemple, des cartographies de dégâts de gel. En fonction de la densité de végétation, une cartographie de l’intensité des dégâts de gel est établie permettant de définir les zones les plus à risque et à raisonner l’emplacement des équipements de protection. Une autre application est la gestion des amendements, de la fertilisation toujours sur ce principe de cartographie de l’état global de la surface foliaire.

Le nouveau drone de la chambre d’agriculture de Loir-et-Cher

La Chambre d’agriculture s’est associée avec l’entreprise Chouette afin de proposer un conseil spécialisé à la parcelle basé sur la télédétection par drone. Chouette a développé une technique d’analyse d’images des parcelles viticoles avec l’utilisation d’une AI (Intelligence Artificielle) qui semble reconnaître les maladies majeures de la vigne. « Nous pourrons avec cette technologie vous proposer des conseils sur le suivi de vigueur par exemple. Au niveau de la production, nous pourrons vous conseiller sur le suivi de la mortalité des ceps en lien avec la gestion des achats de plants. Nous serons également en mesure de vous accompagner pour la détection des maladies du bois et de la flavescence dorée pour les cépages noirs (moins fiables pour les cépages blancs)», explique Laura Eymar ce la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. L’intérêt de la technologie face au mildiou sera au niveau de l’identification de la zone impactée, de l’évaluation de la stratégie de traitement avec par exemple des essais de biocontrôles et du contrôle qualité du système de pulvérisation, précise le représentant de la société Chouette.

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Traitement de la vendange et du vin par champs électriques pulsés


Depuis quelques années, l’utilisation de Champs Electriques Pulsés (CEP) est expérimentée dans la filière oenologique avec pour objectif d’améliorer l’extraction des polyphénols lors de la vinification en rouge, et d’assurer la stabilité microbiologique des moûts et des vins. Suite aux travaux réalisés par L’IFV Sud-Ouest, la technique des CEP a été adoptée par l’O.I.V pour le traitement des raisins (acceptée en novembre 2020 – OIV-OENO 634-2020). Son utilisation pour la stabilisation microbiologique des moûts et des vins est encore en cours d’examen.

Voici 2 articles de François Davaux de l'IFV Sud-Ouest qui a piloté les travaux sur l'utilisation de CEP :

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Quelques astuces d’écoconception


Économie circulaire, recyclage, matières biosourcées, optimisation du conditionnement, étiquettes respectueuses de l’environnement… Autant d’éléments travaillés de plus en plus par les fournisseurs, et attendus par les vignerons. Pour son premier webinaire, le 3 février dernier, le portail Vignovin avait ainsi choisi d’aborder les tendances écoconception dans le conditionnement pour les vins, de la bouteille à la caisse, en passant par le bouchon et l’étiquette.

Des bouteilles foncées et moins lourdes

Avec 0,74 kg de CO2 émis sur le cycle de vie d’une bouteille bordelaise verte de 75 cl avec un poids de 495 gr, c’est l’équivalent de 4 km parcourus par une voiture, chiffre François Tisserand, chef de projet marketing chez Verallia. « Pour limiter l’impact environnemental de vos bouteilles, le premier levier est la teinte. Plus elle sera foncée - cannelle ou verte -, plus il sera possible d’utiliser du calcin, ou verre recyclé. 10% de calcin en plus dans nos fours permet de réduire les émissions de CO2 de 5% et les consommations énergétiques de 2,5%. Le second levier, c’est le poids de la bouteille. Limiter les gravures, les piqures profondes, ou les bagues plates, réduit le poids des bouteilles. La forme est aussi importante : les bouteilles droites se rangent mieux que les coniques, avec une palettisation possible en 7 couches au lieu de 6. Ainsi, un camion transportant 26 palettes de 6 couches contient 36 000 bouteilles, contre 42 000 bouteilles en 7 couches. Enfin, dernier levier, évitez les perturbateurs du recyclage du verre, comme les puces RFID ou les étiquettes en plastiques indécollables, qui entrainent une éjection du verre lors du recyclage. » Concernant la consigne, Verallia y voit un intérêt uniquement sur des circuits courts, inférieurs à 300 km entre le lieu d’emballage, de distribution et d’achat. « Même si la demande de consigne est grandissante, elle reste très minoritaire sur le marché français », précise François Tisserand.

ACV sur les bouchons

Sur les bouchons, Vinventions met en avant la canne à sucre donnant du bioéthanol et ensuite des biopolymères pour ses bouchons Nomacorc (objectif à terme, employer des résidus de canne à sucre ou bagasse). L’entreprise propose aussi ses bouchons Blue Line, produits à base de plastiques recyclés pour 30% de la matière première. Ces bouchons peuvent eux-mêmes être recyclés par la suite, visant l’économie circulaire. « En comparaison de bouchons en liège, il faut éviter d’indiquer trop rapidement que le plus naturel a le meilleur impact carbone, précise Meredith Gysen, manager en développement durable chez Vinventions. Nous allons mener des ACV comparatives, avec le suivi des consommations d’eau par exemple. Sur la provenance, les bouchons conçus à partir de plastique recyclé valorisent aussi des matières premières plus locales. »

Imprimeurs de proximités

S’il apparait intéressant de réduire le grammage du papier pour une étiquette plus respectueuse de l’environnement, Hélène Papailias du groupe Autajon reconnait que la tendance marketing ne pas va dans ce sens : « Il y a de plus en plus de papier épais, de papiers matières, comme les papiers coton par exemple ». La glassine PET plus fine que la glassine papier résiste mieux aux torsions mécaniques, avec également davantage d’étiquettes sur une bobine équivalente (moins de manutention, optimisation du transport). Dès la création de l’étiquette, il est possible de réduire le taux d’encrage (moins d’aplats), privilégier l’impression numérique (plus rapide en termes de calage, consomme moins d’énergie), réduire la quantité et l’emplacement de la dorure, et enfin le format de l’étiquette. « Choisir un imprimeur de proximité réduit le temps de transport des étiquettes », souligne Hélène Papailias. Parmi les tendances fortes : l’emploi de papier fabriqué à base de fibres recyclées. L’étiquette adhésive, non recyclable, reste pour sa part encore très majoritaire (80% du marché), alors que les étiquettes papier améliorent le recyclage du verre. Enfin, la glassine se recycle désormais dans des filières spécifiques, notamment développées par les entreprises Avery et UPM Reflatac.

Optimisation des palettes

Pour diminuer l’impact carbone des cartons, Smurfit Kappa travaille sur la caisse, les calages et la logistique, en proposant des études pour optimiser l’empreinte écologique. « Par exemple, pour un besoin de 50 000 caisses de 6 bouteilles, avec calage et estampilles de 80 lbs*, la forme 1x6 chevalet est la plus lourde, devant la 2x3 chevalet et celle à rabats rentrants. L’option la moins émettrice de CO2 et la plus légère est le casier collé, car elle conduit à 115 caisses par palettes, contre 90 à 96 pour les trois autres options. S’il est possible de travailler en bouteilles debout, il faudra donc privilégier la caisse casier collé, sinon pour des bouteilles couchées, les options rabats rentrants ou 2x3 chevalet sont à étudier », conseille Marjorie Carminati, responsable du bureau d’étude de Smurfit Kappa, précisant qu’un carton éco-conçu n’est pas toujours moins cher. « Tout dépendra de l’étude. Mais si l’on gagne en surface et poids, avec une amélioration de la palettisation, on peut avoir un gain économique, au-delà du gain environnemental. »

 

*80 lbs = 36,28 kg

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Témoignages sur la gestion de l’herbe sur des plantiers


L’ATV49 a organisé une rencontre le 30 octobre dernier mettant en scène trois vignerons témoignant de leur pratique de désherbage mécanique sous le cavaillon. De l’auto-construction à la combinaison d’outils, voici des exemples à partager.

Le désherbage est une nécessité agronomique pour la vigne et revêt un enjeu capital en termes de concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs ; d’autant que cette concurrence est proportionnelle à la surface occupée au sol. Sur un plantier, la gestion de l’herbe est plus délicate du fait de la fragilité des plants et de la nécessité d’aider leur système racinaire à se développer correctement. Les herbicides étant en voie de disparition, bon nombre d’alternatives se sont développée : mécanique, thermique, enherbement, paillage, biocontrôle,…  avec l’enjeu d’être tout aussi efficace que les herbicides par rapport au temps d’intervention. La facilité de mise en œuvre, l’investissement, le bilan carbone et l’impact agronomique sont aussi des facteurs clés qui doivent être pris en compte dans les solutions proposées au vigneron.  

Un châssis inspiré du maraîchage

Pour répondre à certains de ces enjeux, Etienne Rideau du Domaine des Amandiers à Turquant a auto-construit un châssis à partir d’une vieille rogneuse sur laquelle, il a fixé deux jeux de bineuses à doigts en caoutchouc de la marque Kress afin de travailler deux rangs entiers en même temps. «Sur mes plantiers de 1 ou 2 ans dans lesquels je n’utilise pas de tuteur, je travaille qu’avec cet outil à une vitesse d’avancement de 8 voire 9 km/h. Certes ça fait bouger les plants, c’est très impressionnant mais il n’y a pas de conséquence ! », souligne Etienne Rideau. « Je préfère le placer à l’avant du tracteur pour avoir plus de visibilité et éviter les à-coups. Ainsi je place un autre châssis à l’arrière avec un vibroculteur ce qui me permet – quand il n’y a pas trop d’herbe - de passer les deux outils en même temps » ajoute-t-il. Le concept, issu du maraichage, nécessite encore des améliorations notamment au niveau des réglages (profondeur, écartement,…) qui se font pour l’instant manuellement !

A chacun sa combinaison gagnante

Régis Vacher, appartenant au groupe Dephy de la cave Robert & Marcel,  travaille ses plantiers avec des lames également placées à l’avant du tracteur. « Je travaille à plat à une vitesse de 3,5 km/h. A l’arrière j’ai un châssis avec 3 dents pour aérer en même temps les sols qui sont assez argileux. En 2020 j’ai réalisé 2 passages de lames avec, sur les vignes adultes uniquement, 1 passage avec des disques crénelés escamotables modèle Valmatic de la marque Boisselet », commente le vigneron. Quant à Christophe Bruneau du Domaine Bruneau également à Turquant, il a opté pour une combinaison avec des disques émotteurs à l’arrière pour travailler le cavaillon et l’interrang en même temps. « J’utilise les disques émotteurs que je règle afin de m’approcher au plus près des ceps. Je fais entre 4 et 5 passages en tout. Les réglages sont simples : plus on donne de l’angle au disque, plus on détruit d’herbe et plus on est près du cep. Je travaille en plein tant sur plantier que sur vignes adultes à une vitesse de 10 voire 12 km/h. Si l’herbe est prise à temps, il n’y a pas de bourrage même dans des sols argileux. », explique Christophe Bruneau. Le travail du sol est souvent associé à des fenêtres d’intervention courtes et la combinaison de matériel s’avère être une solution pour limiter le besoin en tracteur et donc en personnel.

Pour en savoir plus : fiche CAP sans glypho

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La viticulture de précision chez vous ?


Saviez vous que la viticulture de précision est une marque déposée ? Derrière cette dénomination se cache des enjeux commerciaux importants comme le montre aussi le développement colossal des sociétés de prestation dans ce domaine. Malheureusement, on a fini par mettre tout et n’importe quoi sous l’appellation viticulture de précision. InterLoire a donc proposé aux techniciens du Val de Loire de faire le point sur cette notion et les technologies disponibles à l’occasion d’une journée de formation animée par Bruno Tisseyre et Léo Pichon de SupAgro Montpellier.

Les premiers capteurs embarqués sont apparus dans le monde de la vigne en 1998 sur des machines à vendanger. Ils permettaient de mesurer en continu les rendements et de géolocaliser les machines. Ils ont mis en évidence une variabilité intra-parcellaire certes connue des propriétaires mais très fortement sous-estimée. L’amplitude de la variabilité avait de fait une forte incidence sur la prise d’échantillon lors des suivis de maturité et donc sur la réflexion de la date de vendange. C’est en cela que la viticulture de précision présente un intérêt : elle permet d’objectiver une observation et d’avoir une très grande précision de l’information. Mais attention, les capteurs sont des sources d’observation à haute résolution spatiale, qui en tant que telles ne sont pas utilisables. Il faut les caractériser pour les transformer en une information utile agronomique à partir de laquelle est établie une préconisation. Le travail de l’expert, du conseiller ne peut pas être omis dans l’utilisation des nouvelles technologies car une donnée brute aussi précise soit-elle ne sert à rien ! La viticulture de précision est une approche révolutionnaire de part la haute résolution spatiale et temporelle des données qu’elle permet d’obtenir. Depuis 1998, d’autres utilisations se sont développées…

  • Auto guidage  pour les plantations avec des GPS centimétriques
  • Aide au guidage pour les traitements de nuit, les vendanges ou à la localisation des machines avec des GPS en mode différentiel (<1m)
  • Positionnement au vignoble (suivi contrôle maturité, observations,…) avec un GPS en mode naturel (5m)
  • Observations pérennes au cours du cycle culturale (résistivité, conductivité)
  • Cartographie de la vigueur
  • Gestion de la qualité (vendanges sélectives, caractérisation des raisins)
  • Gestion de l’équilibre rendement/vigueur
  • Optimisation de l’application des pesticides
  • Travail en réseau (réseau de capteurs sur des problématiques de lutte anti-gel, d’irrigation, de statut hydrique de la plante,…)

L’expérimentation en ligne reste sans doute l’application la plus révolutionnaire. L’intégration de la viticulture de précision conduira à terme à un bouleversement de la R&D, du conseil du fait de l’obtention rapide de résultats cartographiés et objectifs.

Les différents outils d’acquisition

Le satellite. L’imagerie satellite est répétable dans le temps et a une emprise spatiale importante. Ses inconvénients sont le prix (30 000 à 40 000 €) et le délai important de revisite (8 jours) en cas de couverture nuageuse par exemple.  En effet, il n’existe pas de satellite dédié à l’agriculture dont les demandes sont loin d’être prioritaires ! La résolution maximale en multi-spectrales est de 2m et l’échelle maximum est de 1 :2000 à 1 : 10 000, nous ne sommes donc pas au niveau du cep de vigne ! Le CIVC, par exemple, a utilisé des images satellites gratuites en les associant à l’indice de végétation NDVI pour comparer des millésimes sur la région des Côtes des Blancs.

L’Avion.  Pour cet outil, le choix de la résolution pour une application donnée est crucial (résolution spatiale et spectrale variable selon les capteurs et l’altitude de prise de vue). Le choix de l’image aérienne nécessitera de prendre en compte le traitement de correction en fonction de la zone considérée par rapport à la résolution (taux de recoupement). Le temps de revisite est plus souple que pour le satellite.

Le Drone. Selon les produits, les caractéristiques diffèrent en termes d’autonomie, de stabilité ou de surface couverte. Il est possible d’avoir une très forte résolution spatiale, mais plus on aura une forte résolution, plus les données à géoréférencer seront lourdes et longues à traiter. A noter, par exemple, que pour visualiser des manquants sur un palissage, et ce malgré une forte résolution, seules des taches noires sont visibles sans pouvoir distinguer s’il y a 1, 2 ou 3 manquants. Pour l’estimation des manquants, les capteurs embarqués sont sans doute mieux adaptés. En revanche pour réaliser des cartographies de vigueur, l’outil est bien adapté.

Les capteurs embarqués tels que le green-seeker, le physiocap ou le multiplex,… permettent une forte résolution spatiale des données mais nécessitent une intervention dans la parcelle.

Y a t il un intérêt à connaître la variabilité au sein d’une parcelle ?

Les travaux expérimentaux ont montré que la variabilité spatiale était partout, importante et fortement sous estimée. Elle n’est pas aléatoire mais spatialement organisée, structurée et ce, quel que soit le paramètre considéré ou la taille du parcellaire. Un vigneron peut avoir besoin de connaître finement cette variabilité intra parcellaire pour optimiser, par exemple, ses raisins par rapport aux profils produits recherchés. Même si cette variabilité est connue empiriquement, il est plus efficace de visualiser ce qui est appréhendé. La caractérisation d’une variabilité intra-parcellaire peut aussi être un support pédagogique, de sensibilisation au sein d’une équipe (chef de culture, tractoristes, ouvriers). L’intérêt de gérer cette variabilité varie selon les objectifs de production (SIG, IGP, AOP) et la valorisation qui est faite des produits (vrac, bouteilles)…. En outre, ce n’est pas parce qu’il y a une variabilité qu’elle est techniquement gérable : si l’organisation est très morcelée par exemple, cela n’est pas envisageable. Cette variabilité spatiale est définie par une amplitude et une stabilité temporelle. Certains paramètres sont stables dans le temps comme l’état hydrique, le rendement ou l’expression végétative. Si on s’intéresse à cette dernière, il y a une vraie stabilité temporelle des motifs spatiaux : la zone de plus faible vigueur est toujours au même endroit, de même pour celle de plus forte vigueur. Ceci est vrai si le mode de conduite n’est pas modifié bien sûr. Si une évolution dans l’itinéraire technique est apportée alors la caractérisation de la variabilité intra-parcellaire peut devenir un outil de contrôle pour vérifier l’incidence d’une modification de pratique. Mais selon les millésimes, les zones ne répondent pas de la même manière. Il y a donc des paramètres de qualité instables comme le pH, l’acidité totale, le taux de sucre.

Quels outils  utiliser sur des petites structures ?

Dans un premier temps, il est possible d’utiliser des images satellites gratuites (google earth) pour définir des zones de fonctionnement. On peut y associer des indicateurs stables pour répondre à l’objectif  fixé en termes de caractérisation (sol, expression végétative). Dans un second temps, le vigneron peut investir dans des capteurs spécifiques ou dans un service basé généralement sur une double compétence (conseil, service, producteur /geomaticien). En termes de tarifs, les propositions commerciales varient selon le contexte. Par exemple :

  • Oenoview 50€/ha à partir de 150 ha mais plus la est  grande plus le prix est dégressif
  • Fruition/Science 10€/ha
  • Coup d’une mission aérienne spécifique 3000€ pour 50 ha
  • Greenseeker 5000€ le kit , 10€/ha à façon à partir de 5 ha

Pour réduire les coûts, certaines sociétés de service proposent aujourd’hui un système de location des outils avec la formation d’un ou deux chauffeurs pour effectuer les acquisitions. Au niveau économique, l’enjeu de la viticulture de précision résidera dans l’ensemble des coûts cachés (acquisition et traitement, mise en forme des données, interprétation…). En ce sens, il est fort à parier que la filière acquerra des compétences et se structurera pour accueillir le développement de ce type de service (groupement d’employeur spécifique sur ces compétences par exemple).

De grandes attentes sur la modulation des phytos et la visualisation des symptômes de maladies

Beaucoup de recherches sont actuellement faites sur la modulation des doses phytosanitaires mais à ce jour aucune firme ne veut prendre le risque d’associer une donnée à une dose (caractérisation d’un volume de végétation et une dose). D’autre part, il existe encore des verrous techniques très importants dans le cadre de la mise en place d’un système automatique, par exemple l’injection directe (poudre, solution liquide,…). Au niveau des maladies, la télédétection ne permet pas aujourd’hui de visualiser des carences, des symptômes de maladie car la résolution utilisée est insuffisante. De plus, bien d’autres facteurs peuvent expliquer une faible biomasse de la plante à un moment T. Il faudrait des capteurs beaucoup plus fins au niveau des spectres (image hyperspectrale) pour avoir une signature spectrale propre à une maladie. Il y a très peu d’études faites dans le domaine, mais il est certain qu’un système automatique passera par l’analyse d’image plus que par des indices de végétation.

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Se passer enfin des manchons plastiques ?


Avec ses manchons en kraft pour la vigne, l’entreprise Sodisac basée dans le Loir-et-Cher, propose une alternative au plastique. Après avoir amélioré la qualité de tenue de ses équipements, la PME espère sensibiliser une clientèle locale, alors que ses manchons partent dans les vignes du monde entier.

Nul n'est prophète en son pays. Cette expression pourrait en partie coller à Sodisac, entreprise de 20 personnes basée Thoré-la-Rochette (Loir-et-Cher), qui produit, en plus des enveloppes, sacs et pochettes en kraft, des manchons de protection pour vignes en papier 100% biodégradable. « Nos premiers manchons en carton proposés pour la viticulture il y a 6 ans avaient en effet quelques problèmes de colle et d’épaisseur de papier, qui limitaient leur tenue dans le temps, reconnait Nicolas Bédu, directeur de l’entreprise. Mais nous avons changé notre colle pour une meilleure jonction, et nous sommes passés sur du kraft naturel renforcé à 356 g/m² pour notre gramme Prémium, ce qui assure une tenue minimale de 2 ans dans les vignes ! ». Si les manchons BiSodisac sont peu achetés par les vignerons du Val-de-Loire, où les premiers testeurs semblent avoir été échaudés, ils trouvent preneurs sur le reste de la France, mais aussi au Mexique, Allemagne, Italie, Angleterre. « Je vais d’ailleurs aller prochainement aux Etats-Unis présenter nos manchons. Aujourd’hui, ces équipements vendus à 90% auprès des vignerons et 10% auprès des arboriculteurs représentent 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise, contre 5% au lancement !.

Du standard au sur-mesure

La gamme se compose de manchons standards à 155 g/m2 (10 à 12 mois de tenue) et de manchons prémiums (36 mois de tenue), disponibles en largeur 10x10cm pour des hauteurs de 30, 40, 50 voire 60 cm. « Nous proposons aussi du sur-mesure, avec impression biodégradable selon les envies du client, ainsi que des versions perforées ou encochées, poursuit Nicolas Bédu. L’avantage du kraft, c’est qu’il n’y a pas d’effet de serre dans le manchon, à la différence du plastique. ». Le kraft utilisé, issu de fibres vierges de pin des Landes de Gascogne selon une fabrication 100% française, est une alternative intéressante aux manchons plastiques. Côté coût, comptez une dizaine de centimes de plus à l’unité qu’un manchon plastique, évoque le commercial. « Pour un hectare à 5 000 pieds, c’est 500 euros de plus. C’est une somme pas si importante pour acte écologique, qui permet d’avoir une bonne image, et qui évite de passer du temps à enlever le plastique dans vos parcelles ! »

Un vrai intérêt pour l’image du vignoble 

Depuis un an, le distributeur Phyto Service, basé dans le Loir-et-Cher, commercialise de nouveau les manchons BiSodisac auprès des viticulteurs. « Les premiers n’étaient pas au point, mais la nouvelle version vendue depuis un an semble devoir tenir au moins 2 ans, évoque Pascal Trémeau, responsable technique et marketing vigne chez Phyto Service. Nous en vendons en 40 et 50 cm, et c’est un produit en développement, à l’inverse des manchons premiers prix plastique qui reculent. Même si le prix est supérieur, de 15 cts, ces manchons ont de vrais atouts, car ils évitent d’avoir du plastique qui volent puis se dégradent dans les parcelles, ils ont une couleur plus neutre dans les vignes, se décomposent naturellement, et n’exigent pas de main d’œuvre pour être ramassés. Ces avantages permettent d’accepter le surcoût, sans compter l’intérêt pour l’image du vignoble. »

 

 

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Les chaufferettes font feu de tout bois


Testées à Chablis début avril par le distributeur Alabeurthe, les chaufferettes au bois suscitent l’intérêt des vignerons. Des tests sont également menés en Champagne auprès de la maison Taittinger. « J’avais imaginé une chaufferette pour brûler les sarments il y a plus de 10 ans, mais le fioul et l’électricité alors moins chers n’avaient pas permis au concept de prendre, et le gel de printemps n’était pas si fréquent » témoigne Claude Gros, inventeur d’une chaufferette bois brevetée, de la société Viti-chauffe.

Disposées tous les 50 m², soit 200 à 250 chaufferettes par hectare de vigne, les chaufferettes bois peuvent avoir jusqu’à une autonomie d’une dizaine d’heures, pour 2 sacs de 15 kg de granulés mis dans le réservoir, à raison d’une consommation de 1,5 à 3 kg de granulés par heure pour une chaufferette de 15kW. Cédric Aymonin, responsable du site Alabeurthe de Chablis, souligne : « Notre premier essai a été concluant, avec un allumage à 1h du matin, à 0°C, la parcelle n’est descendue qu’à -2,5°C contre -4,2 ailleurs. » Coût d’une chaufferette : 230 à 250 euros HT, avec un prix dégressif en fonction du nombre, indique Alabeurthe.

Bois densifié nécessaire

C’est grâce à l’emploi de bois densifié que la chaufferette peut dégager autant de chaleur, même s’il est possible de rajouter jusqu’à un tiers de combustible issu de son exploitation, sous forme de broyat indique Claude Gros. Vitichauffe indique aussi proposer des chaufferettes de 50 à 100 kW, utilisées en combinaison avec des éoliennes pour lutter contre le gel. « Les chaufferettes bois ont été testées sur Chablis, mais pas encore en Val-de-Loire, où les installations antigel concernent davantage les éoliennes et l’aspersion là où la ressource en eau le permet, indique Melissa Merdy, conseillère à la Chambre d’Agriculture d’Indre et Loire. Comparativement aux chaufferettes au fioul, celles au bois sont plus écologiques et avec une efficacité qui semble identique d’après les premiers résultats. ». Une installation de combustion au gaz coûte 33 000 euros/ha (150 brûleurs/ha), celle des chaufferettes bois serait du même ordre de grandeur pour 200 brûleurs/ha (à vérifier selon le cout dégressif éventuel). Quant à celle au fioul, l’installation revient environ à 15 000 euros/ha pour 200 brûleurs, compare la conseillère. « La question de la mise en place et du fonctionnement, en particulier le temps de main d’œuvre, doit être creusée, surtout pour des fréquences de gel de plus en plus fortes, sur plusieurs nuits sur la Loire… Il faut aussi regarder les frais de fonctionnement. Les granulés bois sont comparativement moins chers que le fioul. »

70 cts/litre de vin

Au final, d’après Melissa Merdy, on pourrait être autour de 70 centimes d’euros/litre de vin en chaufferettes bois contre 56 cts avec du fioul et 76 cts pour le système combustion gaz*. « Le système avec les chaufferettes bois est viable, et écologique mais couteux à l’installation, et qui sera peu adapté pour de grandes surfaces et des gels fréquents vis-à-vis de la main d’œuvre », continue la conseillère. Pour elle, si les chaufferettes au bois montrent de vrais atouts, il ne sera pas forcément adapté à toutes les situations (grandes parcelles, gelées fréquentes, gelées longues). Et il n’y a pas de solution miracle contre le gel : « Il faut choisir sa lutte en fonction de ses contraintes. Les chaufferettes bois de par leur système de combustion auront une efficacité sur des gelées blanches, les gelées noires (effet séchant du système) et même avec une invasion d’un front froid (même si l’efficacité sera moindre), à la différence des systèmes basés sur le brassage d’air. Mais le coût peut vite être important. Il convient donc de poursuivre les études sur leur niveau d’efficacité, et leur coût. Ce même système en association avec des éoliennes peut être intéressant. »

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Des tours anti-gel plus silencieuses


A l’occasion d’une réunion des adhérents de la Cave Robert & Marcel, l’ATV49 a fait un point sur les équipements de protection contre le gel. La société néo-zélandaise Frost Fans est également venue présenter ses tours antigel à 4 ou 5 pales caractérisées par leur basse consommation d’énergie et leur faible nuisance sonore.

2020 est marquée par une somme hors norme des degrés jours depuis le 1 janvier, notamment liée aux températures élevées relevées entre le 30 janvier et le 5 février. Ainsi le modèle utilisé par l’ATV49 estime, avec une température moyenne de 10°C/jour, le débourrement du chenin vers le 4 mars. Inutile d’en dire davantage quant aux risques de gel… Le contexte ainsi présenté, Thomas Chassaing de l’ATV 49 résume les caractéristiques et les coûts des différents moyens de protection contre le gel incluant la micro-aspersion expérimentée au domaine Fabrice Gasnier à Chinon et le voile d’hivernage, qui sera testé cette année en Anjou-Saumur. Concernant les tours antigel, Thomas Chassaing rappelle qu’elles présentent une efficacité jusqu’à -4°C mais seulement contre les gels radiatifs, et qu’elles peuvent protéger jusqu’à 5 ha avec peu de main d’œuvre. La limite de cet équipement reste le bruit : 70 à 100 dB à 300m. C’est sans compter le matériel proposé par la société Frost Fans de Nouvelle-Zélande.

Moins de 55 dB à 300 m de distance

Frost Fans a été créée en 1995 et a connu un essor clé en 2009 lors de la mise en marché du FrostBoss C49, une tour antigel à 4 pales. La réglementation néo-zélandaise avait, entre temps, imposé des normes ( moins de 55 dB à une distance de 300 m) pour réduire la nuisance sonore. Cette réglementation a obligé l’équipementier à faire évoluer ses tours antigel en développant le FrostBoss C49, qui produit à cette distance 51 dB : « la plus grande surface de pales permet d’utiliser un pas de pale plus élevé. Ainsi le ventilateur et le moteur tournent plus lentement ; le bruit aérodynamique et mécanique est alors fortement réduit », explique Chris Ray responsable marketing et développement commercial chez Frost Fans. La société produisait à ses débuts 100 tours/an (à 2 pales), elle en produit aujourd’hui 850 avec principalement des tours à 4 ou 5 pales.

La meilleure couverture pour la plus faible consommation de carburant

C’est du moins l’argument avancé par les constructeurs. Cette tour antigel fonctionne au diesel avec une consommation moyenne de 20L/h contre 36L/heure pour d’autres équipements similaires. « Le diesel a été choisi pour pouvoir produire suffisamment de chevaux à une vitesse modérée », précise Andrew Roff technico-commercial chez Frost Fans. Et d’ajouter, « une cuve, servant de châssis au moteur, permet le stockage du carburant mais il est aussi possible de faire fonctionner la C49 avec un tracteur. 110 CV sont nécessaires pour une tour à 4 pales ». En termes de couverture, Frost Boss C49 permet de protéger entre 6 et 7.5 ha.

Un dessin de pale particulier

« La pale du ventilateur C49 est tordue progressivement de la pointe à la racine et non de manière linéaire comme dans la plus part des cas. Ceci combiné à l’augmentation progressive de la largeur et aux pointes arrondies de la lame permet d’améliorer les performances du ventilateur car l’air y circule uniformément et crée un souffle de vent uniforme », explique Chris Ray. Installer une de ces tours de 10 mètres de haut coûte environ 42 000 € mais à ce jour Frost Fans n’a pas de distributeur en Europe… Pour réduire le coût, il est possible d’adapter juste un jeu de pales C49 sur une tour antigel existante d’une autre marque pour en améliorer la performance. Des options de surveillance à distance par internet et de mise en réseau des tours antigel sont également proposées.

 

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Tracteurs viticoles, à quand le passage à l’électrique ?


Comme pour les voitures, l’électrique fait parler de lui sur les tracteurs, y compris en viticulture. Si aucune révolution ne semble engagée pour le moment, y compris dans le Val-de-Loire, l’électrique tente de séduire les vignerons. Parmi les atouts avancés : un coût de fonctionnement réduit, tout comme l’entretien, le bruit et la pollution.

« Il y a un intérêt des vignerons sur les tracteurs électriques, notamment en Val-de-Loire, pour l’entretien des sols », souligne Laure Prévault Osmani, co-fondatrice de Sabi Agri. Depuis sa création en 2017, la société a livré huit tracteurs, plutôt pour le maraîchage. « Des commandes sont passées pour 2020 avec des livraisons prévues en Val-de-Loire pour des maraîchers, des vignerons et des pépiniéristes », précise la directrice. Du côté de l’entreprise champenoise Kremer Energie, fabricante d’enjambeurs électriques, on reconnait que le marché ligérien n’est pour le moment pas demandeur. « Nous vendons entre 8 et 12 enjambeurs électriques par an, pour les vignes étroites de Champagne et du Bordelais, précise Aurélien Krémer, le pdg de Kremer Energie. Nous ne sommes pas présents en Loire où les vignes plantées à plus faible densité ne nécessitent pas d’enjambeurs, même si d’ici 5 ans, nous prévoyons un enjambeur électrique dédié aux vignes larges. » Le coût minimum de 200 000 euros peut aussi freiner l’investissement sur les vignobles moins rémunérateurs… Lors du colloque viticole du Loir-et-Cher cet été, la société clermontoise Sabi Agri a présenté son tracteur vigneron Alpo, qui existe en interligne (vignes de 95 cm à 1,40 m) et en enjambeur. Parmi les avantages listés par Alice Reumaux, conseillère viticole à la CA41 : légèreté (850kg), silence de travail, gestion du dévers, absence de consommables (simplement graissage des pivots) et flexibilité dans la conduite (vitesse de 30m/h à 12km/h, poste de conduite réversible, possibilité de conduite automatisée et déportée).

Viser l’entretien du sol

Avec ses tracteurs quatre roues motrices dont la puissance électrique de 50 cv équivaut à environ 60-70 cv thermique, Sabi Agri vise essentiellement l’entretien de la vigne. Aucune pulvérisation n’est envisagée pour le moment. « Différents outils de travail du sol s’adaptent sur notre gamme Alpo : butage, binage, sarclage, tonte, voire du rognage. Mais avec une puissance limitée l’enjeu est de calibrer le travail selon l’autonomie souhaitée. Avec un rotavator, l’autonomie passera à 3-4 h de travail, contre 8h avec un outil inanimé », reconnait la directrice de Sabi-Agri. Coût d’achat du 4 roues motrices avec batteries : 55 000 euros. Pour l’enjambeur, comptez 70 000 euros. « Avec l’électrique, on évalue un gain énergétique de plus de 1 000 euros par an », chiffre* Sabi Agri 

Beagle, Pumagri et les autres

Autre innovation côté électrique : le Beagle, de l’entreprise Saudel, présenté par l’ATV49 à Martigné-Briand en juin, puis dans le muscadet fin octobre. Ce prototype d’enjambeur électrique, de 2,7 t et réalisant du travail du sol sur un rang complet, est pour le moment à l’essai dans deux domaines du Sud-Ouest, afin d’intégrer rapidement des améliorations pour une commercialisation annoncée début 2020. « Le travail sur un rang complet facilite le suivi, et améliore l’efficacité, sans jeter de la terre d’un côté pour la rejeter de l’autre, comme lors du binage habituel du cavaillon par demi-rang », souligne Éric Saudel, gérant de la société éponyme basée dans le Lot-et-Garonne. Prix annoncé : 50 000 à 70 000 euros, en fonction essentiellement du type de batteries choisi (plomb ou lithium). Au-delà des tracteurs Sabi Agri ou du Beagle, les moteurs électriques pourront aussi arriver dans les vignobles via les robots (Pumagri, Ted, Bakus), et les tractoristes traditionnels comme Fendt qui a sorti en 2017 son prototype électrique Fendt e100 Vario  pour les vignes. Mais pour l’heure dans les moteurs, l’électrique est encore loin de détrôner le thermique !

 

* En moyenne un agriculteur travaille 500h par an avec son tracteur, chiffre Sabi Agri, soient 62,5 journées de 8h, donc 62,5 charges, et ainsi 62,5€ car la charge revient à 1 euro, arrondi à un coût de 100 euros de charge par an pour une utilisation plus intensive du tracteur. Quant au gasoil, le coût du GNR correspond à une moyenne de 3€ de l’heure, donc 3x500h = 1500€, soit une différence 1400€ avec l’électrique, ramenée à 1000€ pour être plus global en cas de variation dans l’utilisation du tracteur, précise Sabi Agri

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Pulsar, une solution d’aspersion économe en eau


Une nouvelle solution de protection contre le gel s’intègre doucement dans le paysage des équipements possibles de lutte antigel : Pulsar. Développée par la société Netafim, leader mondial des systèmes de goutte-à-goutte et de micro-irrigation, cette solution d’aspersion divise la consommation en eau par 3 voire 4. Elle a été testée durant deux campagnes au Domaine Gasnier à Cravant-les-Coteaux. Présentation et retour d’expérience.

L’aspersion est la solution de protection contre le gel la plus efficace quel que soit le type de gel : radiatif ou advectif en protégeant les vignes jusqu’à -7°C. Elle présente toutefois l’inconvénient de nécessité une consommation en eau équivalente à 35 m3/h/ha. Dans un contexte où les attentes sociétales sur l’engagement environnemental de l’agriculture sont très fortes et où les pouvoirs publics gèrent plus drastiquement l’accès aux ressources naturelles comme l’eau, le recours à ce type d’équipement peut s’avérer délicat. Suite au gel de 2017 et au regain d’intérêt par les professionnels, la société Netafim sort de l’ombre sa solution d’aspersion économe en eau et la teste dans le Vaucluse et dans le Val de Loire. « Il y a 7 ou 8 ans Pulsar n’intéressait pas la filière viticole française mais le contexte et les besoins ont changé et Pulsar a aujourd’hui sa place dans les solutions de protection notamment dans le cadre de ressources en eau limitées », observe Damien Vincent de Netafim.

« Pour ma part, j’utilise l’aspersion depuis 1995 et j’ai conscience que puiser dans les ressources en eau a un impact sur l’environnement. C’est pourquoi j’ai voulu tester Pulsar et voir si en consommant moins je pouvais au moins avoir une efficacité de protection équivalente. », explique Fabrice Gasnier du Domaine Gasnier en AOP Chinon.

70% d’eau consommée en moins

Pulsar arrose uniquement le rang en utilisant, selon l’espacement entre les rangs, entre 10 et 12m3/h/ha d’eau, soit 70% de moins qu’un système d’aspersion classique. Il fonctionne avec une poche d’air en aluminium assurant une étanchéité parfaite, et un goutteur qui remplit la poche en eau faisant monter la pression à 2,5 bars. Cette montée en pression engendre l’ouverture du clapet et la propulsion de l’eau dans l’arroseur jusqu’à la décompression totale de la poche et la fermeture du clapet. Puis l’opération se renouvelle : plusieurs impulsions par minute permettent un apport en eau continu. Le pilotage, se fait via un programmateur à positionner dans un endroit représentatif de la parcelle. Le déclenchement se fait à 2,5°C au thermomètre humide (0°C pour une aspersion classique). Il n’y a pas de maintenance particulière excepté la purge du système avant l’utilisation. Il est recommandé une filtration de l’eau à 130 µm ; le type de filtration doit être adapté à la qualité de l’eau utilisée. Pour installer un tel système, il faut que les piquets de vigne sur lesquels sont positionnés les arroseurs soient positionnés tous les 5 m. Le type d’attache des arroseurs sur le piquet est important pour que ces derniers ne soient pas mobiles et que la direction du jet ne se modifie pas en cas de vent ou de vibration.

Du matériel plus délicat à manipuler

Il existe deux modèles d’arroseur : à une tête (arrosant que d’un côté sur le rang) ou à 2 têtes (arrosant dans les deux sens sur le rang). Les observations montrent que l’arroseur à une tête offre une meilleure homogénéité dans l’apport d’eau. Si la hauteur de l’arroseur n’a pas d’incidence sur l’efficacité de protection, ce dernier doit être positionné au-dessus de la vigne à protéger. « J’ai testé Pulsar en 2018 et 2019 sur une parcelle de 20 ares en clos –le risque de dérive par le vent était très limité- avec un système à 2 têtes. Pas mal de buses ont été abimées lors du prétaillage car je n’avais pas prévenu mon salarié de leur présence ! Mise à part cela je n’ai pas rencontré de problème lié à la présence du système lors des travaux de la vigne. En revanche j’ai attaché les tuyaux d’eau au fil du bas avec des crochets trop longs et cela a posé des problèmes lors du travail du sol (coupes intempestives des tuyaux). Il faut que je  mette des crochets plus courts ou que j’attache les tuyaux plus hauts ! », constate Fabrice Gasnier. A noter par aileurs qu’en évitant d’arroser les inter-rangs, Pulsar évite la saturation en eau des sols et les problèmes qui en découlent (lessivage, érosion).

Entre 7500 et 8000 €/Ha sans l’installation

En terme de prix, il faut compter entre 7500 et 8000 €/Ha juste pour le matériel (rampes, arroseurs, électrovannes, programmateur et adaptateur), le coût de l’installation dépendant de l’emplacement de la parcelle par rapport à la source en eau et la taille de la parcelle. Le coût est plus élevé que celui d’une aspersion classique (8000€ à 14000€ installation comprise). « Certes le prix est conséquent mais qu’en on y pense protéger efficacement 1 ha de vigne avec 10 m3/h/ha c’est incroyable !  Et si on compare les coûts de pompage entre une aspersion classique et Pulsar, le surcoût n’est peut-être pas si important », conclut Fabrice Gasnier. Surcoût qui pourrait se réduire à peau de chagrin avec une utilisation potentielle pour de l’irrigation ou en imaginant que le système s’adapte aussi à de la pulvérisation fixe !

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