27.06.2019
Protection du vignoble
Matériels / Équipements
Une nouvelle solution de protection contre le gel s’intègre doucement dans le paysage des équipements possibles de lutte antigel : Pulsar. Développée par la société Netafim, leader mondial des systèmes de goutte-à-goutte et de micro-irrigation, cette solution d’aspersion divise la consommation en eau par 3 voire 4. Elle a été testée durant deux campagnes au Domaine Gasnier à Cravant-les-Coteaux. Présentation et retour d’expérience.
L’aspersion est la solution de protection contre le gel la plus efficace quel que soit le type de gel : radiatif ou advectif en protégeant les vignes jusqu’à -7°C. Elle présente toutefois l’inconvénient de nécessité une consommation en eau équivalente à 35 m3/h/ha. Dans un contexte où les attentes sociétales sur l’engagement environnemental de l’agriculture sont très fortes et où les pouvoirs publics gèrent plus drastiquement l’accès aux ressources naturelles comme l’eau, le recours à ce type d’équipement peut s’avérer délicat. Suite au gel de 2017 et au regain d’intérêt par les professionnels, la société Netafim sort de l’ombre sa solution d’aspersion économe en eau et la teste dans le Vaucluse et dans le Val de Loire. « Il y a 7 ou 8 ans Pulsar n’intéressait pas la filière viticole française mais le contexte et les besoins ont changé et Pulsar a aujourd’hui sa place dans les solutions de protection notamment dans le cadre de ressources en eau limitées », observe Damien Vincent de Netafim.
« Pour ma part, j’utilise l’aspersion depuis 1995 et j’ai conscience que puiser dans les ressources en eau a un impact sur l’environnement. C’est pourquoi j’ai voulu tester Pulsar et voir si en consommant moins je pouvais au moins avoir une efficacité de protection équivalente. », explique Fabrice Gasnier du Domaine Gasnier en AOP Chinon.
Pulsar arrose uniquement le rang en utilisant, selon l’espacement entre les rangs, entre 10 et 12m3/h/ha d’eau, soit 70% de moins qu’un système d’aspersion classique. Il fonctionne avec une poche d’air en aluminium assurant une étanchéité parfaite, et un goutteur qui remplit la poche en eau faisant monter la pression à 2,5 bars. Cette montée en pression engendre l’ouverture du clapet et la propulsion de l’eau dans l’arroseur jusqu’à la décompression totale de la poche et la fermeture du clapet. Puis l’opération se renouvelle : plusieurs impulsions par minute permettent un apport en eau continu. Le pilotage, se fait via un programmateur à positionner dans un endroit représentatif de la parcelle. Le déclenchement se fait à 2,5°C au thermomètre humide (0°C pour une aspersion classique). Il n’y a pas de maintenance particulière excepté la purge du système avant l’utilisation. Il est recommandé une filtration de l’eau à 130 µm ; le type de filtration doit être adapté à la qualité de l’eau utilisée. Pour installer un tel système, il faut que les piquets de vigne sur lesquels sont positionnés les arroseurs soient positionnés tous les 5 m. Le type d’attache des arroseurs sur le piquet est important pour que ces derniers ne soient pas mobiles et que la direction du jet ne se modifie pas en cas de vent ou de vibration.
Il existe deux modèles d’arroseur : à une tête (arrosant que d’un côté sur le rang) ou à 2 têtes (arrosant dans les deux sens sur le rang). Les observations montrent que l’arroseur à une tête offre une meilleure homogénéité dans l’apport d’eau. Si la hauteur de l’arroseur n’a pas d’incidence sur l’efficacité de protection, ce dernier doit être positionné au-dessus de la vigne à protéger. « J’ai testé Pulsar en 2018 et 2019 sur une parcelle de 20 ares en clos –le risque de dérive par le vent était très limité- avec un système à 2 têtes. Pas mal de buses ont été abimées lors du prétaillage car je n’avais pas prévenu mon salarié de leur présence ! Mise à part cela je n’ai pas rencontré de problème lié à la présence du système lors des travaux de la vigne. En revanche j’ai attaché les tuyaux d’eau au fil du bas avec des crochets trop longs et cela a posé des problèmes lors du travail du sol (coupes intempestives des tuyaux). Il faut que je mette des crochets plus courts ou que j’attache les tuyaux plus hauts ! », constate Fabrice Gasnier. A noter par aileurs qu’en évitant d’arroser les inter-rangs, Pulsar évite la saturation en eau des sols et les problèmes qui en découlent (lessivage, érosion).
En terme de prix, il faut compter entre 7500 et 8000 €/Ha juste pour le matériel (rampes, arroseurs, électrovannes, programmateur et adaptateur), le coût de l’installation dépendant de l’emplacement de la parcelle par rapport à la source en eau et la taille de la parcelle. Le coût est plus élevé que celui d’une aspersion classique (8000€ à 14000€ installation comprise). « Certes le prix est conséquent mais qu’en on y pense protéger efficacement 1 ha de vigne avec 10 m3/h/ha c’est incroyable ! Et si on compare les coûts de pompage entre une aspersion classique et Pulsar, le surcoût n’est peut-être pas si important », conclut Fabrice Gasnier. Surcoût qui pourrait se réduire à peau de chagrin avec une utilisation potentielle pour de l’irrigation ou en imaginant que le système s’adapte aussi à de la pulvérisation fixe !