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Plein feu sur 7 ans de recherche en AB


Plus de 300 personnes se sont rendues le 11 décembre à Terra Botanica pour assister à la restitution, organisée par la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, des résultats de 7 années de recherche & expérimentation en agriculture biologique. Ce sont 56 projets, toute filière confondue, qui ont été soutenus depuis 2010 par le conseil régional Pays de la Loire et abordés à cette occasion.

L’agriculture biologique dans les Pays de la Loire représente 10 % des exploitations en 2017 soit 150 000 Ha (en bio ou en conversion) soit 7 % de la SAU. Ce pourcentage monte à 10 % si un zoom est fait sur la filière viticole régionale. Pour accompagner et répondre aux besoins de ces agriculteurs, la recherche en agriculture bio s’est organisée autour de structures régionales et nationales (ITAB, INRA, IFV, ESA, chambres d’agriculture, CAB...). Un comité de concertation par filière se réunit une fois par an pour faire l’état des lieux des projets en cours, remonter les besoins, mettre en perspective des projets et construire des partenariats. Pour la filière vigne et vin, la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire anime ce comité et fédère les acteurs autour de 8 projets. Lors des ateliers de l’après-midi, les résultats de 3 de ces projets concernant la viticulture/œnologie biologique ont été présentés.

Réduire les doses de cuivre avec les extraits végétaux

Beaucoup de projets de recherche, qu’ils soient bio ou pas, sont orientés sur la réduction des intrants phytosanitaires. Concernant le cuivre, les instances réglementaires regardent actuellement la possibilité de diminuer son utilisation à 4 kg/ha/an sans lissage. Il est donc nécessaire d’étudier des solutions complémentaires ou alternatives notamment via l’utilisation d’extraits végétaux. Les travaux ont commencé en 2014. Les premiers résultats de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire laissent à penser que l’utilisation des extraits végétaux est intéressante : une diminution de 2 à 40 % de la dose de cuivre peut être ainsi envisagée. Toutefois, l’efficacité semble dépendre du millésime, de la plante utilisée selon la pression (prêle, ortie, saule, …) et de la manière dont l’extrait est préparé (décoction, tisane, huiles essentielles,… ). Il s’avère que l’utilisation d’extraits fermentés (purins) ou de doses élevées de plantes favorisent le développement du mildiou et peuvent alors diminuer de 5 à 20 % l’efficacité du traitement. Le projet se poursuit jusqu’en 2020 afin d’acquérir plus de références.

Quelle alternative au sorbate ?

La réglementation des vins biologiques a supprimé en juillet 2012, l’utilisation du sorbate de potassium pour optimiser la stabilisation des vins. L’IFV, dans le cadre d’un projet porté par la CAB des Pays de la Loire, a donc cherché une solution alternative à proposer aux viticulteurs. Une augmentation de la dose de SO2 à la mise en bouteille a été comparée à une filtration serrée/SO2 et au témoin (sorbate + SO2) sur des vins rosés et blancs à sucres résiduels destinés à un conditionnement BIB. Le rosé de la modalité « filtration serrée », se positionne proche du vin sorbaté en début de conservation, sauf du point de vue aromatique. Mais un sulfitage plus important n’est pas une solution envisageable d’un point de vue organoleptique. Il ne semble donc pas y avoir une alternative idéale au sorbate pour ces vins. La filtration serrée est une solution intéressante en ce qui concerne les blancs à sucres résiduels.

Impact des préparations 500 et 501 sur la croissance de la vigne et la maturation des raisins

La 500 P (bouse de corne préparée) est une préparation biodynamique utilisée pour améliorer la résistance de la plante au stress hydrique et la 501 (silice de corne) vise à augmenter l’activité photosynthétique de la plante et à réguler la vigueur. L’ATV49 a étudié entre 2011 et 2015, l’impact de l’utilisation ou non de ces deux préparations sur chenin et cabernet franc plantés sur schiste noir et tuffeau. Durant les 5 années de suivi des 4 parcelles, aucune conclusion probante n’est sortie de la comparaison entre les modalités bio et biodynamie ; des effets sont bien observés mais ils diffèrent selon le millésime et le cépage sans qu’ils soient significatifs. Ces travaux se poursuivent pour mesurer l’impact de ces préparations sur les populations levuriennes des raisins et la qualité des vins : ce projet, biodynavin, est conduit en partenariat avec l’IFV et le cofinancement d’InterLoire.

 

 

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Efficacités et perspectives des biocontrôles


La Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire a accueilli une quarantaine de vignerons le 5 décembre dernier à l’occasion d’une réunion d’information sur les biocontrôles. Cette piste, des plus prometteuses pour réduire l’utilisation des phytosanitaires, nécessite une certaine technicité et l’application des produits de biocontrôle reste souvent délicate. Zoom sur leurs efficacités et les pratiques en région Centre. 

« Cela fait plus de 10 ans que nous travaillons sur les biocontrôles sous l’angle expérimental mais aussi application via les réseaux des fermes Dephy », introduit Laurence Bouju Becherel responsable du pôle végétal de la Chambre d’agriculture 37. S’il est utopique d’envisager une protection de la vigne à 100% en biocontrôles, leur efficacité partielle s’avère intéressante en année de faible pression ou en association avec d’autres solutions. Même si là, il faut être très vigilant aux mélanges de produit notamment avec le cuivre qui peut affecter la stabilité du biocontrôle. « Il est important de rappeler que biocontrôle ne veut pas dire lutte biologique ; un produit de biocontrôle n’est pas forcément intégré au cahier des charges viticulture biologique, il faut le vérifier !  (liste des produits homologués) », rappelle Guillaume Delanoue de l’IFV pôle Val de Loire-Centre. De même, le lien entre les SDP* et les biocontrôles n’est pas systématique (il est fonction des critères d’inscription). Et il n’y a pas de lien entre les biostimulants qui agissent sur la croissance, le développement du végétal et les biocontrôles. Si ces derniers apparaissent comme une alternative intéressante dans le cadre de la réduction de l’utilisation des phytos, ils ne permettent pas systématiquement de baisser l’IFT car cela dépend de chaque produit et de son AMM** : pour certains oui, pour d’autres non !

La qualité de pulvérisation est un facteur clé de l’efficacité des biocontrôles

Bon nombre de produits testés par la Chambre d’agriculture 37, montrent une efficacité intéressante mais le protocole d’application peut s’avérer restrictif. C’est le cas de Bacillus Thuringiensis, sensible au lessivage, aux UV et dont la rémanence n’est que de 8 à 10 jours contre 10 à 14 jours pour des produits références comme le Success 4. D’autres biocontrôles se sont démocratisés comme le soufre, les phosphites, la confusion sexuelle et la kaolinite calcinée. Cette argile a fait ses preuves contre la cicadelle verte  - jusqu’à 80% de grillures en moins selon les années - mais elle s’avère délicate à utiliser sans adjuvant  du fait de sa corrosivité et des bouchons qu’elle peut créer dans les buses. «J’utilise l’argile depuis 2014, témoigne Jérôme Billard du domaine de la Noblaie. Au départ, j’ai bien eu quelques soucis techniques avec des buses qui se bouchaient mais depuis j’emploie des doses de 4-5 kg en association avec du cuivre ou du soufre et c’est satisfaisant. En revanche je m’interroge sur l’impact de l’argile sur l’activité photosynthétique des feuilles voire sur l’aspect aromatique et fermentaire ? ». Depuis 2 ans, la Chambre d’agriculture 37 teste l’huile essentielle d’orange douce contre l’oïdium  et le mildiou : « c’est un produit intéressant en association avec du cuivre mais il est néfaste pour les abeilles ce qui peut être un handicap», énonce Adeline Maillet de la Chambre d’agriculture 37. Et d’ajouter, « nous avons testé le bicarbonate de potassium et avons eu des résultats satisfaisants contre le botrytis à condition d’avoir une pulvérisation très qualitative car c’est un produit de contact. En revanche son coût est aujourd’hui un frein : 78€/Ha contre 20-30 €/Ha pour le soufre ». D’autres essais sont en cours sur les levures cerevisanes et la laminarine. « Beaucoup de produits présentent des efficacités partielles (<50%) intéressantes mais très peu sont homologués » constate Xavier Daire de l’INRA de Dijon. Il est vrai que l’on s’intéresse depuis peu aux efficacités partielles.  Il y a sans doute aussi moins d’intérêt pour les firmes à investir sur ces produits qui peuvent se révéler très chers par rapport à la taille du marché visé….  

* SNP : Stimulateur de Défense des Plantes

** AMM : autorisation de mise en marché

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Le soufre, incontournable contre l’oïdium


Le soufre de la vigne au vin : atouts et limites. Voilà le thème de la conférence des œnologues, organisées dans le cadre du Viteff, le 20 octobre dernier à Epernay. Un produit aux multiples atouts, qui a le vent en poupe.

Chaque année, 70 millions de tonnes de soufre sont produites, dont 65 % pour la fabrication d’engrais, 25 % pour l’industrie d’extraction des métaux et 10 % pour les autres usages dont la viticulture et l’œnologie, a rappelé Marco Manfredini, responsable développement œnologie du groupe Esseco, lors de la conférence des œnologues au Viteff. Si l’emploi de soufre devrait progresser dans les années à venir, aucune pénurie n’est prévue. Actuellement, 98 % de la production mondiale de soufre provient du pétrole ou du gaz, et 2 % des mines. Les propriétés physicochimiques sont similaires mais les retours du marché indiquent que le soufre de mine est moins irritant et plus actif contre l’oïdium, évoque Marco Manfredini. Une 3e source existe : le soufre volcanique (île de Java), mais ce produit très pur est extrait dans des conditions peu éthiques… En poudrage ou mouillable pour la vigne, le soufre est un produit multi-sites qui limite l’apparition des formes résistantes d’oïdium. Il a une triple action : préventive, sur la germination des conidies, curative sur les filaments et suçoirs, et éradiquante via le dessèchement des conidies, et la fragmentation et la désagrégation du mycélium, a rappelé Laurent Oudin, chef de marché vigne chez UPL France. « En France, 10 000 à 12 000 tonnes de soufre mouillable sont utilisées chaque année, et 4 000 à 6 000 t en poudrage. Le nombre d’intervention anti-oïdium en France est de 6,5 à 7,5 dont 2,4 à 3 en soufre mouillable soient 6,7 kg ».

Sur 22 spécialités retenues 16 sont exclusivement à base de soufre

Substance minérale présumée à faible risque, le soufre a vu son inscription au niveau européen renouvelée pour 10 ans depuis 2009, et prolongée en mars 2017 jusqu’au 1er janvier 2021. « Le soufre est une substance plutôt simple, abondant, sans LMR et utilisable dans tous les modes de production, ce qui laisse à penser qu’il a un bel avenir, contrairement au cuivre », estime Laurent Oudin. Depuis 2004, l’ensemble du vignoble champenois a vu la pression oïdium augmenter. Dans ce vignoble, la tolérance zéro vis-à-vis de cette maladie, la sensibilité du cépage chardonnay ainsi qu’un sous-dosage de la protection fongicide en vigne étroite a entrainé une augmentation des fongicides, a rappelé Marie-Laure Panon, chef de projet au CIVC. En 2013, l’érosion d’efficacité des traitements a été démontrée pour la moitié des modes d’action : 5 des 9 familles utilisées ont montré des résistances. Sur les 93 spécialités autorisées en Champagne contre oïdium, il n’en reste que 59 après exclusion des produits CMR, 46 pour celles respectant le délai de rentrée de 48 h, et 22 si l’on ne garde que les produits efficaces. Sur ces 22, 16 sont exclusivement à base de soufre mouillable ! « Le soufre est donc à étudier de prêt et à utiliser dans les meilleures conditions », souligne Marie-Laure Panon.

Le soufre ne rentre pas en compte dans le calcul de l’IFT

Le soufre n’est cependant pas sans inconvénients. Irritant et avec une forte odeur, il peut entrainer des brulures et des éclatements de baies en cas de forte chaleur, d’où l’intérêt de limiter les doses par temps chaud pour limiter ce phénomène, conseille Marie-Laure Panon. Attention aussi à sa sédimentation au fond des cuves du pulvé et au colmatage/bouchage des filtres et buses : éviter les cuves anguleuses, et bien rincer son matériel de pulvérisation après traitement, conseille-t-elle. Inscrit sur la liste biocontrôle, le soufre ne rentre pas en compte dans le calcul de l’IFT, et participe à réduire l’emploi de produits de synthèse comme prévu par EcoPhyto et le dispositif des CEPP. « Nous avons pu quantifier une augmentation de l’emploi de soufre chez nos clients de zones touchées par l’oïdium, en non bio : entre 2012 et 2015, l’IFT produits conventionnels a reculé de 42 % alors que l’"IFT" soufre a progressé de 33 %, explique Vincent Faihy, directeur Technique VITI-CONCEP. La quantité totale de soufre est passée de 32 à 39 kg, avec un poudrage resté à 17 kg mais une progression de 50 % des produits hors poudrage ! » Des essais ont été menés sur les réductions de doses, montrant une perte d’efficacité de 10 à 20 % pour 50 à 60 % d’une dose pleine.

Réduire les doses avec l’effeuillage précoce

Plein d’atouts, le soufre n’est cependant pas le produit miracle contre l’oïdium ont souligné les deux derniers intervenants : « Il faut privilégier une action préventive de qualité, et pourquoi pas renforcer la solution sans intrants comme l’effeuillage précoce. Le tiers à la moitié du soufre poudrage pourrait être remplacé ainsi. Sans oublier les mesures d’analyses de risques avant de traiter, et la bonne qualité de pulvérisation de son pulvé pour traiter moins et mieux. »

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Quelles perspectives pour réduire les doses de cuivre ?


Le cuivre est à ce jour le seul produit efficace homologué dans la lutte biologique contre le mildiou à la dose de 6 kg/ha/an lissés sur une moyenne de cinq ans. Certains pays européens ont des restrictions plus importantes et l'AFSSA recommande la dose de 4 kg /ha /an. De nombreuses études sont réalisées afin de trouver des méthodes alternatives qui viendraient renforcer l’action du cuivre et ainsi d’en diminuer les doses. 

Les chambres d’agriculture des Pays de Loire ont mis en place des essais sur le Pays Nantais et l’Anjou-Saumur afin de connaître notamment l’efficacité des préparations des extraits végétaux sur la réduction des doses de cuivre. Trois millésimes sont ainsi suivis, 2014 étant le premier. Les modalités de ce programme se basent sur un témoin non traité, une modalité avec une dose de 0,75l/ha d’Héliocuivre (soit 300 g de cuivre métal par hectare) par passage, et une modalité avec une dose réduite de moitié ou non associée à des extraits végétaux et basé sur les doses de plantes utilisées en biodynamie. Les résultats obtenus en 2014 montrent une tendance à une efficacité comparable pour les modalités cuivre et cuivre + plantes. Il apparaît également que les modalités avec des doses de cuivre diminuées associées aux plantes n’ont pas d’importantes différences avec les modalités pleines doses. Ces résultats sont néanmoins à nuancer d'un site à l'autre. « Il s’agit de premiers résultats à approfondir au cours des deux prochains millésimes, précise Anne Duval-Chaboussou, chargée de mission viticulture biologique à la chambre d’agriculture de Pays de Loire. « Dans un souci d’autonomie, les essais menés sont réalisés avec des plantes qui peuvent être trouvées ou cultivées localement. » 

Rhubarbe, bourdaine, fructose,….. les essais en cours

De son côté, l’IFV Sud-Ouest a testé en 2013 les racines de rhubarbe, d’écorce de bourdaine, et de l’huile essentielle d’orange douce (spécialité Limocide). Associés à la bouillie bordelaise, ils ont permis d’améliorer légèrement l’efficacité du cuivre sur feuille mais les résultats sur grappe n’ont pas été confirmés. Le Grab d’Avignon a quant à lui montré en 2008 qu’une dose de cuivre de 600 g de cuivre présente la même efficacité qu’une dose réduite de moitié associée à des terpènes d’agrumes (Prev-B2) ou de l’huile essentielle de Tea tree (Timorex). D’autres essais présentent des résultats intéressants selon les années avec du fructose, de la bourdaine ou de l’absinthe associés à une faible dose de cuivre (150 g /ha par application en moyenne). Dernièrement, les essais menés par le CRITT innophyt, la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire et le lycée viticole d’Amboise ont montré une efficacité significative de l’association de fructose à des doses de cuivre réduites (100 g de Cu métal / ha) et une efficacité comparable à la référence (200 g de Cu métal / ha). Il est néanmoins précisé que la parcelle est peu sensible au mildiou. Si l’étude montre une efficacité de l’association de microdoses de fructose au cuivre, elle souligne néanmoins l’importance des mesures prophylactiques qui permettent de diminuer la sensibilité de la parcelle.

Des techniques culturales appropriées

Le dossier technique réalisé en 2013 par l’IFV et l’ITAB afin de maintenir une dose efficace de cuivre montre l’impossibilité actuelle de diminuer cette dose à 4 kg/ha/an . « La réussite d’un programme de protection basé sur une réduction des doses de cuivre n’est possible que si tout est mis en place au vignoble afin de limiter des conditions favorables au développement des maladies, précise Nathalie Dallemagne, conseillère technique viti-oeno à la CAB, coordination agrobiologique des Pays de Loire. Il faut rester prudent et ne pas réduire les doses brutalement sans un travail en amont. » La fertilisation doit en effet être adaptée puisqu’un excès de vigueur favorise une pousse végétative importante et créé une ambiance confinée favorables aux champignons. La taille et l’ébourgeonnage doivent permettre une bonne répartition des grappes et éviter leur entassement. La pulvérisation doit également être performante afin d’assurer une pulvérisation fine et régulière sur l’ensemble du feuillage. Enfin, les outils d’aide à la réduction de dose en ligne tel que Optidose peuvent également aider à réduire les doses ou le nombre d’intervention en fonction de la pression maladie.

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Cette année, on ne manque pas d’azote


Forte pousse de la vigne, pression maladies et gestion de l’enherbement. Cette année, la vigne ne manque pas d’azote en Val-de-Loire. Attention d’ailleurs aux excès, pour le développement des maladies cryptogamiques.

Cette année, l’herbe pousse vite en lien avec les fortes quantités d’eau tombées, même si le froid une partie du mois de mai a ralenti son développement. « Avec les conditions de chaleur et de pluie, la minéralisation fonctionne bien, et la vigne pousse. Mais ces conditions sont aussi favorables au mildiou et à l’oïdium, d’autant plus dans les vignes où l’herbe est laissée haute. Cela entretien l’humidité propice aux maladies cryptogamiques », souligne Perrine Dubois, conseillère à l’ATV49. En Touraine également, l’azote de manque pas, comme le constate Philippe Gabillot, de la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire : « Je n’ai pas observé de situation de carence azotée cette année. La vigne a largement ce qu’il faut pour amener jusqu’au bout les raisins qu’elle porte, surtout après nos situations de gel et de grêle qui ont réduit la charge. » Dans le Muscadet, l’azote n’est pas une problématique centrale, avec très peu d’apports réalisés sur des terres plutôt bien équilibrées, souligne Nadège Brochard : « Nous avons très rarement de situations de carence azoté. Le cépage Melon de Bourgogne est très sensible à la pourriture, alors les vignerons apportent très rarement de l’azote. Les vignes ont mis du temps à démarrer, et poussent désormais très fortement, avec de fortes attaques de maladies cryptogamiques ; là est notre principal problème actuellement. »

Connaître l’état de sa vigne

L’état de nutrition azotée de sa vigne s’estime par l’observation de la vigueur de ses parcelles : rendements, grosseur des bois de taille. Ce bilan doit être fait en fin de saison pour anticiper la fertilisation à la sortie de l’hiver suivant. En saison, on se base sur la pousse de la vigne, la couleur de son feuillage et la fermentescibilité des moûts. « Pour le feuillage, l’observation est facile : si les feuilles deviennent vert-jaune, il y a un problème d’assimilation de l’azote, mais cette année elles sont plutôt vert foncé, en raison de la présence d’azote », complète Perrine Dubois. Pour les vignes carencées en azote, s’il y a un enherbement, il pourra être cassé un rang sur deux, ou deux rangs sur trois. Il est aussi possible d’apporter un peu d’engrais azoté sur l’inter-rang cassé, jusqu’à 50 unités d’azote par hectare, à piloter en fonction des besoins de la vigne et de ses objectifs de rendement. « Mais attention à ne pas passer de tout à son contraire, au risque d’entrainer des problèmes de pourriture grise, surtout avec un temps pluvieux comme nous avons. Les apports d’engrais foliaires quant à eux ont des effets relativement insuffisants, et là encore, apportés à un mauvais moment, ils risquent de favoriser les maladies cryptogamiques. » Les apports sont préférés avant le débourrement, avec de l’azote organique qui aura le temps de se minéraliser selon l’activité des microorganismes du sol, et les besoins de la vigne, de la floraison jusqu’à la fermeture de la grappe.

Des besoins jusqu’à fermeture de la grappe

Les besoins en azote de la vigne se situent entre la floraison et la fermeture de la grappe. À partir de l’aoutement, l’apport d’azote n’est pas du tout bénéfique, avec un risque de pourriture grise. « Il faudra donc éviter de trop gratter les enherbements après le stade fermeture, pour ne pas avoir de relargage d’azote. Après floraison, il vaut mieux tondre », conseille Perrine Dubois. Pour les enherbements naturels, il est donc recommandé de tondre régulièrement, afin d’avoir une consommation en azote dans les sols. « L’azote que l’enherbement puise, c’est autant d’azote que la vigne ne consommera pas », observe la conseillère. Pour les enherbements semés, jeunes et vigoureux, la tonte sera intéressante les premières années. Pour les plus anciens, l’objectif sera davantage de les aérer tous les 3 ans à l’aide d’une bêche roulante, pour les aider à regagner leur effet compétitif, et ainsi, consommer le trop plein d’azote. Philippe Gabillot se rappelle : « En 1991 et 1994, nous avions conseillé à tort d’apporter de l’azote pour redonner de la vigueur à la vigne après le gel, mais les conséquences n’avaient pas été bonnes. Nous n’avons donc pas conseillé de réaliser des apports d’azote cette année. Pour les apports d’oligoéléments, ou les cas de déficit en magnésium ou chlorore ferrique, c’est à définir avec son distributeur. » En Loire-Atlantique, des apports ponctuels d’azote ont pu être conseillés, détaille Nadège Brochard : « Sur nos vignes, touchées par le gel à 60 %, nous avons pu recommander d’apporter de l’azote pour booster la repousse, mais rarement plus de 10 unités/ha, et en fonction des situations, notamment force du gel et type de sol. »

Une mesure de l’azote à la parcelle ?

« Outre les méthodes d’observation ou de mesure via le bilan, il n’existe pas réellement d’outils simples pour les vignerons actuellement, pour mesurer le niveau d’azote dans les vignes en pleine saison. Des outils comme Dualex ou N-Tester sont utilisés au niveau expérimental, par les techniciens, pour comparer diffé- rentes modalités entre elles, par analyse de la couleur du feuillage. Pour l’avenir, ces outils pourraient être mis au point pour les vignerons, à condition d’avoir un référentiel disponible », conclut Perrine Dubois

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Biostimulants : Un marché en pleine structuration


Le marché des biostimulants se structure, grâce aux autorisations de mise en marché qui se multiplient pour ces produits. Pour les utilisateurs, il est ainsi plus facile de faire le tri, dans le but de garantir une efficacité à la parcelle, et une sécurité à l’utilisation.

La conférence sur le marché des biostimulants, organisée le 17 janvier au SIVAL, a fait salle comble, avec plus de 80 personnes, dont plusieurs ont dû rester debout. « Le sujet a attiré beaucoup plus de monde que nous espérions : distributeurs, fournisseurs, journalistes mais aussi producteurs », liste David Gaillet, directeur marketing, développement et communication pour Arysta France, société à l’origine de la conférence.

Le marché des biostimulants est en pleine expansion et se structure. « Si le marché européen des biostimulants représente un chiffre d’affaires de 500 à 600 millions d’euros, nous estimons qu’il devrait dépasser le milliard d’ici 2019 », a indiqué Laurent Largant, délégué général de l’AFAÏA (syndicat professionnel des fabricants de supports de culture et d'améliorants organiques, anciennement dénommé CAS). La structuration passe par une réglementation qui se met en place progressivement, au niveau français mais aussi européen. « Les biostimulants devaient jusque-là répondre à la réglementation des matières fertilisantes pour leur mise en marché, c’est-à-dire respecter soit la norme engrais CE soit la norme française NFU définissant leur composition, sans obligation de valider les allégations avancées par le fournisseur. Depuis 2015, des autorisations de mise en marché ou AMM, encadrent les biostimulants. Cela permet aux fournisseurs de prouver l’effet du produit sur la plante, en plus de valider sa composition et établir son dossier tox-écotox. Pour l’utilisateur, c’est la garantie de connaître l’efficacité du produit, et la sécurité de savoir de quelle manière l’employer, avec ou sans EPI par exemple », souligne David Gaillet.

Ne se fier qu’aux AMM ?

Alors, ne faut-il se fier qu’aux biostimulants disposant d’AMM, pour faire le tri entre le bon et le mauvais ? « Ce n’est pas aussi simple, répond David Gaillet. Certains biostimulants ne disposent pas encore d’AMM mais les dossiers sont en cours. Il est donc important que les producteurs passent par leur distributeur habituel, qui connait la firme, et sait où elle en est avec ses dossiers d’homologation. N’achetez pas de produits aux coffres de voitures de représentants de passage. Cela se fait encore trop souvent. » Autre moyen d’éviter les opportunistes : vérifier si le fournisseur est adhérent à l’AFAÏA ou l’EBIC. Si oui, il répond alors à des règles communes sur la définition des biostimulants et la mise en marché de ces produits. Une garantie supplémentaire.

Intérêt marqué en vigne, notamment en Val-de-Loire

D’après l’AFAÏA, les deux tiers des biostimulants vendus actuellement concernent les cultures spécialisées, et un tiers les grandes cultures. « Chez Arysta, ce rapport est plutôt de 50/50, indique le directeur marketing. »

Si les vignobles à forte valeur ajoutée comme la Champagne, le Bordelais, la Bourgogne ou le Sancerrois sont utilisateurs de biostimulants observe David Gaillet, le marché va bien au-delà. « Nous avons de fortes positions dans les Pays-de-Loire par exemple. Certains vignobles cherchent à maintenir un niveau de qualité quels que soient les stress, d’autres cherchent davantage à atteindre au mieux le potentiel de production grâce aux biostimulants, pour couvrir leurs charges fixes. Aussi, les vignerons ligériens ont pu échanger durant cette conférence sur les comportements des vignes protégées par nos produits qui permettraient d’éviter des diminutions de potentiel de récolte suite à des épisodes climatiques défavorables

 

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Pourquoi étudier, aujourd’hui, l’action de l’arsénite de sodium ?


L’arsénite de sodium a été le seul moyen de lutte efficace contre les maladies du bois mais sa toxicité pour l’homme et l’environnement a contraint les pouvoirs publics à le retirer du marché en novembre 2001. En 2013, un projet de recherche coordonné par Florence Fontaine de l’Université de Reims Champagne-Ardenne se penche sur le mode d’action de ce produit. Les connaissances acquises ouvrent de nouvelles pistes.

Au moment du retrait de l’Arsénite de sodium, peu d’études avaient été faites pour comprendre son mode d’action sur la plante et empêcher l’expression des symptômes. Les derniers travaux, à la fin des années 90, ont montré l’effet toxique sur la croissance des champignons, sur la germination de leurs spores et sur la diminution de la présence de certains d’entre eux dans les nécroses. Mais les techniques de recherche, les connaissances ne permettaient pas d’aller plus loin. Fin des années 2000, l’amélioration des connaissances sur les maladies du bois (sources d’inoculum, écologie microbienne,…), le décryptage du génome de la vigne et l’évolution des techniques de recherche (notamment en génomique) donnent la possibilité de se pencher sur la compréhension du mode d’action de l’arsénite.

Comprendre pour proposer de nouveaux moyens de lutte efficace

Les travaux sur l’étude du mécanisme d’action de l’arsénite ont été réalisés dans le cadre d’un projet de recherche CASDAR (2013- 2016) financé par le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, et le CNIV (Comité National des Interprofessions Viticoles – dont InterLoire). Les objectifs ont été de comprendre comment l’arsénite se distribuait et s’accumulait dans la plante, quel impact il avait sur la physiologie de la vigne et sur les champignons pathogènes et enfin de savoir s’il avait un effet sur la microflore accompagnatrice…. Ceci afin de trouver un ensemble de moyens voire un produit de substitution simulant l’action de l’arsénite. Les expérimentations au vignoble ont été faites sur chardonnay, merlot, gewurtztraminer en 2014 et 2015.

Des ceps manifestant des symptômes foliaires l’année précédente ont été traités ou non à l’arsénite avant débourrement de telle sorte qu’aucun organe herbacé a été en contact avec le produit. Les ceps entiers ont été prélevés avant floraison et avant vendange. Des ceps n’exprimant pas de symptômes foliaires et n’ayant pas été traités à l’arsénite mais portant la majorité des champignons impliqués dans les maladies du bois ont été également prélevés pour servir de témoin.
La microflore de ces ceps a été étudiée et l’arsénite quantifié dans les organes et le sol.

La quantité d’arsénite diminue au cours de la campagne

Après traitement, les chercheurs ont observé une accumulation de l’arsénite dans les nécroses et notamment dans l’amadou. En revanche, une faible accumulation est constatée dans les racines (rejet dans le sol probable). Sur les ceps traités, les champignons colonisent très peu les rameaux et la population de Botryosphaeriaceae est fortement diminuée dans les coursons. Autre constat, l’arsénite est rejeté par la plante au moment des pleurs et sa quantité diminue au cours du temps. Au niveau de la microflore des ceps traités, les chercheurs ont noté une diminution des populations de champignons associés à l’Esca, BDA et une augmentation des populations de certains agents bénéfiques (Penicillium, Trichoderma,…) par rapport aux ceps non traités. Il est aussi constaté une modification dans l’équilibre des populations de champignons : les ceps traités présentent une plus grande diversité des champignons.

L’arsénite induit des réponses différentes selon les organes

Au niveau de la plante, l’arsénite provoque des perturbations physiologiques : la photosynthèse des plants traités est diminuée impactant ainsi le cycle de la plante jusqu’à 4 mois après traitement puis la plante récupère gommant cet impact négatif. Parallèlement, l’arsénite induit d’autres réponses de la plante à ces modifications qui s’avèrent différentes selon les cépages et les organes. Sur l’ensemble des organes étudiés, les tiges herbacées pourraient, dans ce cadre, servir d’outil de diagnostic car elles reflètent bien ce qui se passe dans la plante.

Il n’y aurait donc plus besoin de l’arracher complètement ! Au regard de ces travaux, il semble donc qu’il y ait des gènes de guérison et que ces derniers soient différents de ceux associés aux maladies du bois. Il semble également exister des gènes de défense induite puisque lorsque la plante malade est traitée à l’arsénite, elle n’est plus dans un état de stress et s’exprime comme la plante témoin asymptomatique. Peut-être serait-il alors possible à l’avenir d’établir un état « seuil de la maladie »?

Ces premières conclusions seront affinées par l’analyse plus fine des jeux de données récoltées lors de ces expérimentations

 

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Le biocontrôle et la lutte contre les arthropodes


Les produits phytosanitaires impactant l’environnement et présentant des risques sanitaires, les solutions alternatives à leur utilisation se sont développées depuis les années 1990.
Aujourd’hui, le biocontrôle a trouvé sa place avec un engouement pour le développement de ce type d’alternative. Elsa Ballini de Montpellier-SupAgro a fait le point sur le biocontrôle en viticulture à l’occasion de la 9eme journée scientifique de la vigne et du vin.

Les biocontrôles sont des produits phytosanitaires issus de microorganismes (ex : Bacillus Thuringiensis, spinosad), de macro-organismes (organismes prédateurs ou parasitoïdes), de médiateurs chimiques (pheromones, kairomones) ou de substances naturelles (ex : pyrethrine). Leur part de marché, toute culture confondue, reste à ce jour très modeste avec 3.7 % du marché néanmoins leur croissance est de 15 % par an. En 2020, ils occuperaient, selon les estimations, 25 % du marché des produits phytosanitaires en remplaçant près de 70 % des insecticides (toute culture confondue). Ce développement est favorisé par la législation (taxes allégées sur les AMM*, procédures d’homologation accélérées,…) et par la recherche avec la création d’un consortium national du biocontrôle en 2015 visant à fédérer des projets pour proposer des solutions innovantes et adaptées au marché. Ainsi, une soixantaine de projets de recherche devraient aboutir à des solutions opérationnelles dont 30 % concernant la vigne et, d’ici 3 ans, 17 AMM* devraient voir le jour.

Tour d’horizon des solutions de biocontrôle

Des solutions de biocontrôle dans la lutte contre les arthropodes ont fait leur preuve depuis une vingtaine d’années. Citons, par exemple, l’utilisation d’auxiliaires comme les acariens prédateurs des Phytoseiidae, les Anagrus atomus parasitoïdes des œufs de cicadelles vertes ou celle de médiateurs chimiques comme la confusion sexuelle contre les tordeuses. D’autres solutions, si naturelles soientelles, posent question du fait de leur profil toxicologique non spécifique comme le pyrèthre utilisé contre Scaphoideius Titanus (vecteur de la flavescence dorée) ou l’huile de colza employée aux stades hivernaux des ravageurs. Les essais de lâchers massifs de macro-organismes n’ont, quant à eux, pas donné de résultats probants soit pour des raisons économiques ou d’efficacité (ex : chrysopes contre les cochenilles).

En revanche, les expérimentations ont montré un réel intérêt de la kaolinite contre les cicadelles vertes et un produit vient d’être homologué pour cet usage sur vigne (janvier 2017). Si bon nombre de produits sont également commercialisés dans le cadre du biocontrôle, la panoplie des solutions reste limitée, il est nécessaire de poursuivre le travail de recherche sur des nouvelles formes de lutte biotechnologique, de nouveaux auxiliaires et produits.

La confusion vibratoire pour lutter contre la cicadelle

Des travaux se sont avérés concluants sur une nouvelle forme de lutte biotechnologique : la confusion vibratoire des mâles. Les essais ont été conduits dans le cadre de la lutte contre Scaphoideius Titanus et ont consisté à saturer une atmosphère en ondes émises par les femelles pour attirer les mâles. Il en résulte une proportion plus importante de cicadelles vierges, les mâles étant perturbés par ces ondes. Ce type de confusion pourrait s’avérer intéressante, reste à ce que des industriels se penchent sur le développement et l’exploitation de cette solution…

Une autre étude menée aux USA a montré que les araignées étaient les auxiliaires majeures, représentant 95 % des prédateurs dans les vignes. Il en existe d’autres peu étudiés comme les chrysophes, les syrphes ou les coccinelles. Quels qu’ils soient, pour favoriser leur installation, il faut connaître qui est où, qui fait quoi c'est-à-dire les interactions entre les agrosystèmes et les auxiliaires à l’échelle de la parcelle et du paysage. Le projet « Biocontrol » coordonné par l’IFV Bourgogne et lancé en 2013 propose ainsi d’aborder la relation entre la complexité du paysage et un service écosystémique : la régulation naturelle des ravageurs. Enfin, il existe un certain nombre de produits de biocontrôle qui ne sont pas homologués en France et/ou sur la vigne mais dans d’autres pays et/ou sur d’autres cultures. Ces produits présentent aussi des pistes à exploiter pour lutter contre les ravageurs de la vigne.

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Engrais foliaires : une solution temporaire à étudier


Face à des millésimes assez chaotiques ces dernières années, les vignerons ont de plus en plus recours aux engrais foliaires. Leur apport peut se justifier dans certains cas, en complément de la fertilisation du sol. Des essais sont menés en Val-de-Loire pour identifier les réactions de la vigne aux produits vendus sur le marché.

De nombreuses solutions d’engrais foliaires sont proposées aujourd’hui sur le marché, pour activer la croissance végétale, stimuler la floraison, ou palier certaines carences. Comment s’y retrouver et dans quels cas les utiliser ?

Nadège Brochard-Mémain, de la Chambre d'Agriculture de Loire-Atlantique, a répondu à la question le 13 avril, lors d’un après-midi technique Terra Vitis Loire. Les engrais foliaires « généraux azotés » sont conseillés comme activateurs de pousse, en complément d’un programme racinaire. Dans le Val de-Loire, l’apport d’azote-soufre en foliaire 15 jours avant la véraison permet de produire plus de thiols variétaux, notamment sur le sauvignon.
Avec de l’azote en apport foliaire, les moûts gagnent aussi en azote, pour pallier les problèmes de fermentation. Le problème est de savoir quand réaliser ses apports d’engrais foliaires. En effet, l’arrêt de croissance de la vigne, fixant la période d’apport d’azote foliaire, n’est pas facile à déterminer selon les millésimes pluvieux ou secs. « Actuellement, nous n’avons pas d’indicateur pertinent pour donner un positionnement précis de l’apport en foliaire, autour de 3-5 feuilles étalées », déplore Nadège Brochard-Mémain. Pour Jean-Pascal Goutouly de l’INRA de Bordeaux, il est possible d’identifier ce moment en anticipant le stress hydrique grâce au suivi de l’horizon 0-50 cm du sol : « Si son sol est sec, alors il est possible d’anticiper de petits apports d’azote foliaires, autour de 10-15 UN, sans attendre que les feuilles flétrissent. ». Autres engrais foliaires : les « spécial floraison ». Composés d’oligoéléments et souvent classés comme biostimulants, ils stimulent la synthèse de polyamides, pour booster la division cellulaire et augmenter le taux de nouaison. Pour l’ingénieur de l’INRA, ces engrais foliaires « spécial floraison » sont très compliqués à positionner. « Il faut tomber pile-poil sur le bon stade ! Cela n’est jamais évident pour un vigneron, dont les vignes se trouvent à des stades différents d’une parcelle à l’autre, ce qui l’obligerait à sortir le pulvé à des moments différents pour chacune. Je conseille plutôt d’employer des engrais foliaires destinés à accompagner le développement foliaire, que ceux réservés à la floraison. »

Les engrais foliaires en test sur le Val-de-Loire

À travers la plate-forme Vigne’Alim, les engrais foliaires sont testés dans les vignobles nantais et angevin par la Chambre d’Agriculture 44, la chambre régionale Pays de la Loire et l’ATV49 pour une durée de 5 ans. « Les engrais foliaires sont de plus en plus utilisés, mais nous manquons de données sur leur effet sur le rendement », détaille Nadège Brochard-Mémain. Six produits ont été testés en 2015 et 2016, avec des suivis de tailles de rameaux et de grappes, d’états sanitaires ou de rendements entre autres. Objectif : identifier les réactions de la plante face à des applications de produits d’origine diverses. « Pour l’instant, nous n’avons vu aucune différence significative de ces produits en comparaison du témoin, mais l’année 2015 a été marquée par une absence de stress hydrique, et aucune grappe n’a été récoltée en 2016 à cause du mildiou », a présenté la conseillère, espérant poursuivre l’essai encore plusieurs années.

Aux vignerons utilisant ou voulant utiliser les engrais foliaires, Nadège Brochard-Mémain conseille de faire eux même des essais comparatifs sur trois ans, sur parcelles homogènes, en gardant un rang non traité pour comparer. « Les engrais foliaires peuvent être un complément à la fertilisation du sol et une solution temporaire face à certaines carences, mais la base est déjà de bien nourrir son sol pour nourrir sa vigne. ».

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Evolution des contaminations du sol et des eaux par les intrants phytosanitaires


Lors de l’application d’un produit phytosanitaire, une partie est disséminée dans l’environnement du fait des dérives, de la volatilisation…. Des phénomènes de lessivage, de percolation et de redistribution peuvent aussi participer à la diffusion dans le sol et les eaux du produit. Quels sont les facteurs clés d’une contamination et comment peut-on la limiter ?

Les molécules utilisées dans la protection des vignes sont réparties en deux familles : les molécules contenant un métal (soufre, cuivre) et les molécules organiques de synthèse. Chacune de ces familles suivent un processus de contamination des sols et des eaux différent. Pour évaluer ces contaminations, il est indispensable de considérer sur le long terme le comportement des molécules (accumulation, fixation, dégradation) et le processus de contamination suivi, tous deux étant fortement dépendants des conditions variables dans le temps (climat, doses, pratiques).
La mise en place d’un observatoire de recherche en environnement (ORE OMERE) permet de comprendre sur le long terme les évolutions de la contamination des sols et des eaux en milieu viticole et d’entrevoir les facteurs clés de contamination pour une molécule métallique ou de synthèse. Les travaux présentés lors de la 9eme journée scientifique vigne et vin à Montpellier en mars dernier ont pris l’exemple du cuivre et du diuron, désherbant aujourd’hui retiré du marché.

Que savons-nous de la contamination des sols par le cuivre ?

La majorité du cuivre appliqué se retrouve à terme dans le sol. En moyenne, on considère pour ce type d’application que 60 % du produit atteint réellement la cible lors de l’application, 10 % va directement au sol et 30 % dans l’atmosphère. Bien sûr, cela dépend des conditions de traitement, du stade de végétation et du type de pulvérisation. De plus, sur toute la saison de protection, 1/3 du produit atteindrait le sol en raison des phénomènes de lessivage.
Le cuivre s’accumule à la surface du sol car les flux d’exportation sont faibles. Ainsi les sols viticoles étudiés présenteraient des teneurs en cuivre 10 fois supérieures à celles naturellement présentes dans le sol. Les observations montrent que la disponibilité du cuivre est variable selon les caractéristiques du sol et des organismes présents. Sur sol acide, sa disponibilité est maximale mais l’augmentation du pH à proximité des racines la diminue.
Sur sol calcaire, elle est faible mais le cuivre induit des phénomènes de chlorose ferrique en se substituant au fer. Une contamination chronique des eaux de surface a été constatée dans le cadre de cet observatoire. Elle ne présente pas de saisonnalité comme la contamination par les molécules organiques de synthèse car elle est consécutive à une accumulation importante dans le sol. Le transfert du cuivre dans les eaux dépend des caractéristiques des évènements de pluie et d’érosion.

Pour rappel, la limite d’utilisation du cuivre est de 6 kg de cuivre métal par ha et par an sur une moyenne de 5 ans et des essais ont été menés dans le Val de Loire pour réduire les doses de cuivre. Par ailleurs, l’Université de Nantes travaille sur la mise en place d’un projet de recherche sur la dépollution des sols : celui de cultiver de l’avoine, plante accumulatrice, pour extraire le cuivre et l’utiliser dans l’alimentation animale pour contrer les carences.

Un processus de dégradation différent pour les molécules organiques

Les mesures de diuron dans le cadre de l’observatoire n’ont pas mis en avant d’accumulation significative dans le sol car le processus de dégradation est différent de celle des molécules métalliques comme le cuivre.
Le diuron se dégrade, par l’activité des micro-organismes, rapidement dans les premiers mois suivant l’application en d’autres molécules, qui, elles, peuvent entrainer des pollutions. Les mesures réalisées sur la parcelle expérimentale durant 7 ans montrent que les concentrations de diuron dans les eaux de ruissellement dépendent de la teneur en diuron du sol et qu’elles diminuent en parallèle de celles dans le sol. Les caractéristiques des évènements pluvieux jouent également un rôle dans la variabilité des concentrations : de fortes pluies entrainent une extraction plus forte de diuron vers les eaux de ruissellement. Les fossés et les pratiques d’entretien comme l’enherbement favorisent le piégeage de ces molécules. Le choix des produits en fonction de leur impact environnemental permet aussi de limiter la contamination du sol et des eaux.

 

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