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Projet AlteRCuivre : peut-on réduire les quantités de cuivre ?


Le projet AlteRCuivre (2021-2023) vise à permettre aux viticulteurs biologiques et conventionnels, ainsi qu’aux conseillers qui les accompagnent, de s’approprier les méthodes (techniques et solutions alternatives) de protections disponibles, pour réduire les quantités de cuivre employées.

Face à une réglementation qui se durcit et des impacts environnementaux avérés, vous voulez renforcer la gestion intégrée du risque mildiou et réduire vos doses de cuivre ? Plusieurs leviers à effets partiels et combinables entre eux peuvent être mis en place pour réduire les quantités de cuivre utilisées sur vigne : variétés résistantes, Outils d’Aide à la Décision, biocontrôle, préparations naturelles, …

Capitalisation des essais et des connaissances

Les objectifs d’AlteRCuivre sont de capitaliser les ressources déjà existantes (exemple : fiches techniques, témoignages, résultats d’essais), de les rendre accessibles, et de proposer un parcours d’accompagnement, pour les viticulteurs et les conseillers techniques, répondant à leurs besoins. Les Chambres d’agriculture de la France entière se sont mobilisées pour réaliser cette étude : Nouvelle Aquitaine, Gironde, Dordogne, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alsace, Champagne. Cette participation nationale permet de mettre en évidence des données représentatives intégrant la diversité des conditions pédo-climatiques des vignobles de France. AlteRCuivre prend donc bien en compte la variabilité des pressions liées au mildiou, principale maladie de la vigne pour laquelle le cuivre est utilisé comme moyen de lutte direct.

En effet, le cuivre est un des seuls produits minéraux, avec le soufre, autorisés par le règlement européen de l’agriculture biologique pour lutter contre les bactéries et les champignons. Notamment, en viticulture, le cuivre est le seul fongicide utilisable en agriculture biologique contre le Mildiou présentant une efficacité suffisante pour assurer une vendange saine.  Au niveau européen, le cuivre est approuvé comme substance active pouvant être employée dans des produits phytopharmaceutiques utilisables dans tous les pays du territoire de l’Union européenne (règlement d'exécution (UE) 2018/1981 de la Commission du 13 décembre 2018). De par sa persistance dans les sols et sa toxicité pour les organismes aquatiques décrites dans le rapport de l’EFSA en 2017, le cuivre a été approuvé pour uniquement 7 ans à compter du 1er janvier 2019, soit jusqu’au 31 décembre 2025 contre les 15 ans prévus pour les autres substances réapprouvées.

Actuellement les nouvelles dispositions réglementaires européennes limitent l’emploi du cuivre à 28 kg par hectare sur toute sa période d’approbation, correspondant à une dose moyenne de 4 kg de cuivre métal par hectare et par an, ce qui permet de « lisser » cette dose de 28 kg sur 7 ans, en appliquant des doses variables d’une année à l’autre.

Quels moyens pour limiter l’usage du cuivre ?

Le premier levier consiste à limiter son usage, c’est le principe d’efficience. Cela se traduit par la prophylaxie, le déclenchement du traitement ou non et par la modulation de dose suivant la pression mildiou du moment, la sensibilité du cépage et du stade, le volume de la haie foliaire… Pour cela il est capital de consulter les outils d’aide à la décision comme Optidose® de l’IFV et de s’assurer de la qualité de pulvérisation. Le cuivre est un produit de contact, les organes non couverts ne sont donc pas protégés en cas de développement du mildiou. Des formations sont dispensées tous les ans par Gérard Besnier (chargé de mission agriculture de précision, Chambre d'agriculture Pays de la Loire), elles permettent une prise en main et une vérification des réglages par les vignerons.

Le second levier concerne l’ensemble des éléments qui pourraient remplacer au cuivre, c’est le principe de substitution. Il concerne notamment : les produits de biocontrôle, les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes, les méthodes physiques. A ce jour, ces solutions pourraient remplacer le cuivre dans des conditions de pression mildiou très faible à faible suivant les contextes. Dès que la pression augmente, ces solutions ne suffisent pas. En revanche leur utilisation conjointe avec des solutions à base de cuivre permet de conforter des doses inférieures à 400g Cu métal/ha par passage. Les solutions de biocontrôles regroupent notamment le COS-OGA, l’huile essentielle d’orange douce, cerevisane, Bacillus amyloliquefaciens et les phosphites (non utilisable en AB). Les PNPP concernent particulièrement, les extraits de plantes issus de saule, de prêle et d’ortie, les lécithines, le fructose et le saccharose. Les méthodes physiques connues sont les flashs UV-C et les systèmes de couverture automatisés (essais). Vous pouvez consulter des informations techniques plus détaillées sur le site EcophytoPic, centre de ressources cuivre. 

Le troisième levier est basé sur le principe de reconception du système de production. Les variétés résistantes au mildiou sont bien sûr concernées. Une vingtaine de variétés présentant des gènes de résistance au mildiou et à l’oïdium sont disponibles au catalogue national officiel des variétés de vigne. Elles nécessitent très peu de traitements phytosanitaires. Pour les nouvelles variétés, elles sont peu à peu prises en main par les vignerons et la gestion du mildiou pour limiter les phénomènes de contournement de résistance demande à être affiner avec l’expérience et les observations de terrain.

Au final, à ce jour, comment réduire voire abandonner l’utilisation du cuivre ? En combinant plusieurs leviers dans une approche systémique de conduite des cultures : Qualité de pulvérisation, positionnement des traitements, défenses naturelles des plantes, biocontrôle, ... Il s’agit de repenser son système plutôt que de chercher un produit de substitution. C’est la gestion intégrée des cultures ! Retrouvez les fiches techniques récapitulatives sur le site de la Chambre d’agriculture de France.

 

Florent BANCTEL, conseiller viticole Chambre d’Agriculture Pays de la Loire (CAPDL)

 

Pour plus de précisions :

Florent BANCTEL, conseiller viticole CAPDL, 06 45 70 22 15, florent.banctel@pl.chambagri.fr

Antoine CUEGNIET, conseiller viticole CAPDL, 07 86 43 03 38, antoine.cuegniet@pl.chambagri.fr

Gérard BESNIER, chargée de mission agriculture de précision CAPDL, 06 30 48 35 49  gerard.besnier@pl.chambagri.fr

 

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DEPHY FERME Viticulture : 10 ans de résultats


Après 10 ans d’existence, le réseau DEPHY FERME viticulture publie sa synthèse nationale. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution.

Le document de synthèse, disponible sur EcophytoPIC, a pour finalité de décrire les performances des systèmes de culture du réseau DEPHY FERME, spécifiquement pour la filière viticulture et la période 2017-2020. Il vise également à présenter les principales évolutions des pratiques au sein de ces exploitations, depuis leur entrée dans le réseau. Il étudie à la fois les pratiques de protection du vignoble et les performances technico-économiques. Voici en résumé l’aboutissement de cette décade.

Baisse de 24% en IFT et maintien de la performance globale 

Le réseau DEPHY FERME est une action du plan ECOPHYTO, qui vise à produire des références sur des systèmes agricoles économes en produits phytosanitaires. Il regroupe actuellement 2000 fermes volontaires, réparties localement en 180 collectifs spécialisés sur une filière agricole et animés par un Ingénieur Réseau. Ce conseiller accompagne les agriculteurs engagés à réduire leur utilisation de pesticides, et enregistre annuellement diverses informations pour caractériser leurs exploitations. La synthèse présente les performances de 415 systèmes de culture du réseau DEPHY, pour la filière viticulture et la période 2017-2020, ainsi que les principales évolutions depuis leur entrée dans le réseau. Les résultats montrent une baisse moyenne de 24% de l’IFT hors biocontrôle entre l’état initial et la moyenne des campagnes 2018 à 2020, avec différentes trajectoires d’évolution. Le recours au biocontrôle a progressé sur cette même période, tant par la fréquence des traitements que par la diversité de substances utilisées, et contribue en partie à la réduction des IFT. La part de cuivre dans les traitements est en augmentation, notamment pour les systèmes en conventionnel et en conversion vers l’agriculture biologique (AB). L’utilisation de produits Cancérogènes – Mutagènes – Reprotoxiques (CMR) est en chute, en nombre de systèmes utilisateurs comme en quantité totale. Le recours aux herbicides a fortement diminué sur la période étudiée, avec même un arrêt complet pour un tiers des systèmes concernés. Cette dynamique s’accompagne d’un recours accru au travail du sol. La trajectoire d’IFT ou l’intensité de recours à certaines catégories de produits (biocontrôle, CMR) n’ont pas eu d’impact sur la maîtrise des bioagresseurs. La réduction des IFT s’accompagne d’une baisse significative des charges phytosanitaires. Les charges de mécanisation, de main d’œuvre, le temps de travail ainsi que les émissions de GES varient fortement entre les systèmes mais évoluent peu en moyenne. Ils sont néanmoins affectés pour certaines trajectoires particulières, comme l’arrêt des herbicides ou la conversion à l’AB.

Peu d'impact sur les performances technico-économiques 

Le désherbage mécanique et les couverts végétaux constituent les leviers principaux pour la réduction de l’usage des herbicides. 75% des SdC (systèmes de culture) intègrent du désherbage mécanique sur tout ou partie de la surface. Pour la gestion des maladies et des ravageurs, les leviers d’optimisation des traitements sont majoritairement mobilisés. Viennent ensuite le biocontrôle, et les techniques de prophylaxie. L’IFT hors-biocontrôle moyen a chuté de 24% entre l’état initial et la moyenne 2018 à 2020, avec des dynamiques différentes selon les bassins viticoles et les modes de production. Toutes les catégories d’IFT sont à la baisse (fongicides, insecticides, herbicides), et l’IFT hors biocontrôle est en diminution dans 70% des SDC. Les SdC du réseau sont généralement plus économes en produits phytosanitaires que la « ferme viticole française », et leurs IFT diminuent plus fortement. Les performances technico-économiques moyennes restent stables, à l’exception des charges phytosanitaires qui évoluent dans le même sens que l’IFT. Les rendements sont principalement impactés par des phénomènes abiotiques (gel, grêle) et dans une moindre mesure par la présence de bioagresseurs. Les systèmes de culture qui deviennent économes sont en majorité conventionnels (75%). Mais c’est aussi dans cette catégorie qu’on retrouve la moitié des SdC en conversion pendant l’étude. Les SdC qui restent économes sont eux majoritairement en AB (63%). Ils sont aussi caractérisés par des temps de travaux plus élevés que le reste de l’échantillon. Les SDC qui restent peu économes voient tout de même leurs IFT diminuer. L’IFT hors biocontrôle est même en baisse pour 80% d’entre eux. En situation de pression moyenne à forte, les SdC qui « deviennent économes » ne voient pas leur maîtrise du mildiou être dégradée. Hormis les charges phyto, les performances technico-économiques sont peu impactées par les trajectoires d’évolution de l’IFT.


Pour en savoir plus :

Florent BANCTEL, Ingénieur Territorial DEPHY, Chambre d'agriculture des Pays de la Loire

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Maintenir les rendements avec moins d’intrants ?


Lundi 22 mai, au Centre viti-vinicole de Chinon, des étudiants en formation professionnelle ont échangé sur le sujet de la réduction des intrants. Stratégie de biocontrôle, essais d’engrais verts et paillages, innovations agroécologiques ont été présentés lors de cette journée technique Ecophyto’ter organisée par le lycée agricole de Tours-Fondettes.

Sur le Centre viti-vinicole de Chinon, au domaine des Millarges, exploitation rattachée au lycée professionnel, une partie des vignes de cabernet franc est protégée via un programme de biocontrôle associé à l’utilisation de cuivre sur la période 2018-2023, dans le cadre du projet BEE (Biocontrôle et Equilibre de l’Ecosystème vigne). « L’objectif est de mettre au point des recettes de traitement, de comparer la modalité biocontrôle à un témoin en conduite classique pour évaluer les limites de la protection, tout en visant une récolte autour de 55 hl/ha », présente Guillaume Delanoue, de l’IFV. Chinon fait partie des cinq sites nationaux identifiés dans ce projet, aux côtés de Juillac le Coq (Charente), Saint-Estèphe (Gironde), Wintzenheim (Haut-Rhin) et Nîmes (Gard). Sur le domaine, trois produits de biocontrôle ont été choisis pour lutter contre le mildiou : des phosphites, « Essentiel » (huile essentielle d’orange douce), et le stimulateur de défense des plantes « Messager » (Cos-Oga).

20 à 30 % de passages en plus

Ces produits ont été associés au cuivre, à dose très faible (150-250 gr/ha). La stratégie de traitement était guidée par les modèles IFV, selon des règles de décision strictes, associées à des observations hebdomadaires. Sur l’ensemble des sites, la stratégie BEE a conduit à une réduction de l’IFT, hors-biocontrôle, supérieure à 70%, indique l’IFV entre 2018 et 2020. « Globalement, la stratégie BEE a conduit à augmenter le nombre de passages de 20 à 30 % selon les années, avec par exemple 9 passages en association cuivre-biocontrôle en 2018 contre 6 en conventionnel, mais en 2021, le nombre de passages était le même », chiffre Guillaume Delanoue qui conclut : « la rentabilité était là, avec des rendements maintenus, et une analyse comparative des vins ne montrant pas de différences significatives. Cependant, l’offre en produits de biocontrôle reste encore limitée, et la stratégie alternative oblige à un suivi strict des contaminations et des règles de décision des traitementsCe constat est pris en compte dans l’écriture d’un projet dans le prolongement du projet BEE, après 2023. Nous aimerions aussi intégrer des essais de biostimulants en application foliaire, pour étudier l’impact sur le mildiou : dans le projet Mistic porté par l’IFV et soutenu par Végépolys Valley, des bénéfices ont été notés en couplant biocontrôle et biostimulant. Il reste désormais à trouver des sites expérimentaux pour appliquer ces stratégies nouvelles via le réseau des fermes Déphy », termine Guillaume Delanoue.

Du miscanthus en paillage

Au sein du groupe Dephy d’Indre-et-Loire, composé d’une douzaine de vignerons de Chinon, Bourgueil, Montlouis et Vouvray, une étude sur les couverts végétaux et différentes solutions de paillage a été menée dans le cadre d’une réflexion sur la réduction des herbicides. « Beaucoup de vignerons sont encore contre le travail du sol, alternative aux herbicides, pour des questions de temps, de blessure des ceps, ou de coût d’équipement. D’où ces travaux démarrés en 2019 sur les couverts et les paillages », a indiqué Manon Thaunay, conseillère en viticulture à la Chambre d'agriculture départementale 37. Seul l’apport de miscanthus a permis dans les essais de limiter le salissement du cavaillon, durant deux années. Si le développement de la vigne n’a pas été affecté, le rendement final était légèrement plus faible, avec cependant des baies plus grosses et plus concentrées. « Sans production de miscanthus sur l’exploitation, cette technique est cependant peu viable économiquement, et elle est à réserver principalement aux plantiers, plus fragiles », indique la conseillère. Dans le cadre de l’étude, également, les feutres testés ont été assez vite percés, et ont entraîné des problèmes d’eau stagnante en dessous, défavorable à la vie du sol.

Accroître la biodiversité pour améliorer l’empreinte agroécologique

Enfin, les étudiants de 2ème année de BTSA viticulture-œnologie du lycée professionnel Tours-Fondettes ont présenté leurs projets pour améliorer l’empreinte agroécologique du Domaine des Millarges par l’apport de plus de biodiversité. Parmi les pistes retenues : l’ajout de chênes truffiers en agroforesterie, la pratique de l’écopâturage à l’aide d’un troupeau de moutons voisins en période hivernale, ou encore la plantation de cépages blancs pour diversifier la gamme, avec le choix de variétés résistantes Floréal, voire Selenor et Opalor selon la disponibilité chez les pépiniéristes.

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Vers un dispositif assurantiel, levier de transition agro-écologique


A l’initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine, le programme VitiREV, fédère depuis 2019, les acteurs des territoires viticoles pour accélérer la sortie des pesticides, en intégrant des pratiques agro écologiques. Participant à cette dynamique collective, l’UMT SEVEN (1) (INRAE, Bordeaux Sciences Agro et l’IFV Nouvelle-Aquitaine) et une équipe de chercheurs en économie, conduisent des expérimentations et une réflexion sur l’opportunité de créer un dispositif de soutien assurantiel couvrant les risques de pertes de récoltes liée aux maladies fongiques.

Un IFT diminué de 45 % et un rendement satisfaisant

Cet outil d’accompagnement, réflechi dans le cadre de ce programme de recherche, vise à garantir pour le viticulteur une compensation financière en cas de perte de récolte due au développement de maladies fongiques (mildiou, oïdium, black rot). L’adhésion à ce dispositif encore expérimental est conditionnée à l’engagement de suivi par le viticulteur-assuré d’un Plan de Traitement Assurable (PTA), formulé à partir de données issues de différents Outils d’Aide à la Décision (plateforme EPICURE de l’IFV, données Météo France, modèles Potentiels Systèmes, DéciTrait, Optidose, règles de décision spécifiques constituant le PTA expérimenté depuis 2019). L’objectif est d’accompagner la viticulture vers une transition agro-écologique traduite par la moindre utilisation d’intrants phytosanitaires (diminution de l’IFT en %), tout en conservant un équilibre économique satisfaisant. L’objectif de rendement, le capital assuré et le niveau d’indemnisation choisi seraient précisés contractuellement lors de l’adhésion au dispositif. Une évaluation des pertes en fin de campagne serait réalisée avant indemnisation. Ce protocole expérimental a été testé sur les 4 dernières campagnes avec deux opérateurs économiques : les caves coopératives de Buzet (Lot et Garonne) et Tutiac (Gironde) et une société d’assurance. Il a montré son efficacité en permettant la diminution de l’IFT de l’ordre de 45% en moyenne sur 4 ans avec un niveau de préservation de l’état sanitaire et de rendement attendu, globalement satisfaisants. Le millésime 2022, pourtant peu virulent en Nouvelle-Aquitaine, a cependant montré la difficulté de l’exercice et les limites de l’équilibre économique proposé par le contrat d’assurance expérimenté. Ce travail sera poursuivi sur le millésime 2023.

Une approche encore perfectible

Selon Marc Raynal de l’IFV Nouvelle-Aquitaine, animateur du projet, cette approche constitue un levier indispensable pour atteindre l’objectif de diminuer de 50% l’usage des produits phytosanitaires, prévu dans le plan Ecophyto II+. L’expérimentation du dispositif a permis d’identifier des points de vigilance et d’améliorations. « Le dispositif doit tout d’abord reposer sur un plan de traitement assurable le plus efficace possible. D’un point de vue purement technique, la performance du PTA reste dépendante de celle du pulvérisateur qui devrait être un élément conditionnel soumis aux exigences du contrat d’assurance. Des progrès sont aussi attendus sur des outils permettant d’évaluer avec justesse les zones parcellaires impactées par les maladies fongiques et les pertes de récolte effectives. En effet, l’expertise humaine par échantillonnage montre ses limites et semble aisément contestable dans un tel dispositif. Les Outils d’Aide à la Décision devront également évoluer pour tenir compte de la réapparition du Black Rot : la gestion de cette maladie uniquement à partir des effets secondaires des traitements anti-mildiou et anti-oïdium ne suffit plus à endiguer son développement; des règles spécifiques doivent être établies. Plus globalement dans le contexte actuel, cette démarche d’assurance ne pourra trouver un équilibre économique qu’avec un accompagnement des pouvoirs publics », indique Marc Raynal. « La baisse de 50% de l’IFT est un objectif collectif louable, mais il génère une prise de risque individuel considérable dont le coût, dans le contexte règlementaire actuel, semble rédhibitoire tant pour l’assureur que pour l’assuré », ajoute-t-il.

Quels viticulteurs pourraient être intéressés par un tel dispositif ?

Pour répondre à cette question, une enquête a été menée début 2023 par des économistes de l’Université d’Angers et de Bordeaux dans le cadre du projet BEHAVE. L’objectif est d’évaluer l’intérêt et le consentement à payer des viticulteurs pour ce type de dispositif assurant les pertes imputables aux maladies fongiques, conditionnellement au fait de suivre les préconisations de l’Outil d’Aide à la Décision afin de réduire l’usage des fongicides. Au-delà des conditions particulières de l’expérimentation VitiREV, l’enquête envisage différentes modalités de mise en place : contrat individuel ou contrat de groupe dans le cadre d’un fond mutuel, déclenchement de l’indemnisation en fonction de l’évaluation des pertes par un expert ou en fonction d’un indice de pression fongique locale (assurance paramétrique). Les résultats de ces enquêtes, publiés d’ici quelques mois, permettront d’identifier le profil des viticulteurs intéressés par un tel contrat et la baisse de consommation de fongicides susceptible d’être obtenue grâce à ce dispositif innovant.

(1) : Unité mixte Technologique Santé des Ecosystèmes Viticoles Economes en intraNts

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Réduire l’utilisation du cuivre : la filière s’engage à trouver des solutions


 

En novembre 2018, la Commission européenne a acté le renouvellement du cuivre en tant que substance phytopharmaceutique pour une durée de 7 ans jusqu’en 2025, assorti d’une limitation des quantités utilisables (28 kg cuivre métal/ha soit 4 kg/an sans possibilité de lissage) en raison des risques sur la santé et l’environnement. Dans un contexte réglementaire européen futur, incertain, les pouvoirs publics et la filière viticole ont engagé divers programmes de recherche et d’expérimentation afin de trouver des alternatives au cuivre, a minima d’en réduire son utilisation. Le projet Alter Cuivre porté par la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, en est un exemple.

La prophylaxie, un prérequis

Ce projet a pour objectif de permettre au monde viticole, de s’approprier les techniques et solutions alternatives de protection disponibles à ce jour, sur la base d’un état des lieux et d’une évaluation des expérimentations et pratiques utilisées. Bertille Matray, conseillère en viticulture biologique, responsable du projet à la Chambre d’Agriculture régionale des Pays de Loire, souligne l’importance de mettre en œuvre, par le viticulteur, un ensemble de mesures préventives ou prophylaxie pour prévenir le développement du mildiou et son accumulation dans le sol (gestion de la vigueur, gestion des adventices sous le rang, des travaux en verts, drainage). Selon elle, cela constitue un prérequis dans une démarche de réduction d’utilisation du cuivre avant d’envisager toute alternative.

Pas de solution miracle mais différents leviers et alternatives

En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de produit capable de remplacer intégralement le cuivre et pour rappel, il est à ce jour la seule substance homologuée efficace pour la lutte contre le mildiou en agriculture biologique. Par contre, son usage en accompagnement avec des substances alternatives se développe, suscitant beaucoup d’intérêt. On distingue les produits de biocontrôle, stimulateur de défense de la plante (Cerevisane®, Bacillus amyloliquéfaciens, complexe oligosaccharidique-COS-OGA) ou possédant une propriété fongicide (phosphonates-non autorisés en agriculture biologique, huile essentielle d’écorce d’orange douce) et les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP) à base d’extraits végétaux (saule, prêle, lécithine, purin d’ortie, …). Un recensement des expérimentations menées en France montre une efficacité assez variable de ces substances (cf. article de Camille Errecart, chargée d’étude Chambre d’agriculture de Gironde, revue Phytoma-n°758, Novembre 2022 : « Accompagner pour réduire le cuivre en viticulture : le projet Alter Cuivre »). Elles constituent malgré tout un réservoir de solutions futures mais nécessitent pour leur mise en pratique un accompagnement technique spécifique. L’utilisation de matériel de pulvérisation confinée, d’outils d’aide à la décision (OAD) afin de traiter « au plus juste », comme OPTIDOSE, RIM pro, DECITRAIT, AGRO CLIM, sont aussi des leviers efficaces sur lesquels les viticulteurs peuvent s’appuyer. A ce sujet, une série d’enquêtes menées dans le cadre du projet a montré que les vignerons avaient des stratégies très diverses quant à l’usage du cuivre lors de leurs interventions phytosanitaires. Mais de manière générale, un nombre de passage plus récurrents à petites doses était privilégié. Par ailleurs, sont expérimentées diverses méthodes physiques prometteuses comme l’exposition de la plante aux rayons solaires UV-C, afin de déclencher ses défenses naturelles ou la mise en place de système de couverture automatisé pour protéger des précipitations. « Parmi toutes ces solutions, il semble que le développement de matériel végétal peu sensible ou résistant aux maladies fongiques soit un levier majeur. Une vingtaine de variétés résistantes sont inscrites au catalogue national officiel et leur statut réglementaire, notamment leur introduction dans le cahier des charges des AOP est en pleine évolution », souligne Bertille Matray.

En résumé, il n’existe pas de solution miracle qui permettrait de s’affranchir totalement du cuivre mais le viticulteur dispose aujourd’hui d’un certain nombre de leviers et de substances alternatives, qui combinés entre eux peuvent permettre de réduire l’utilisation du cuivre.

Pour en savoir plus :

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Note technique 2022 sur les résistances aux maladies de la vigne


Cette note, publiée chaque année par l'IFV, liste toutes les substances actives rentrant dans la composition des produits autorisés au moment de sa rédaction pour protéger la vigne contre le mildiou, l’oïdium, la pourriture grise et le black rot. Les recommandations indiquées dans les tableaux visent prioritairement à prévenir et gérer spécifiquement les phénomènes de résistance. Selon les situations, il s’agit soit de limiter, voire de stopper la progression d’une résistance récemment détectée, soit d’optimiser l’efficacité au terrain des modes d’action pour les résistances largement établies. Il s’agit de limiter ainsi l’impact négatif d’applications répétées de fongicides rendues moins efficaces, voire inutiles, à cause des phénomènes de résistance.

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L’efficience de la pulvérisation, une clé de l’efficacité des SDP


Différents essais sur des modèles simplifiés (boutures sous serre) montrent une efficacité remarquable des stimulateurs de défenses des plantes (SDP) contre le mildiou ou l’oïdium. Or quand on passe en condition réelle, au vignoble, des pertes drastiques d’efficacité sont observées en particulier au niveau du mildiou. Pourquoi ? Le projet DELIVRA mené par Sophie Trouvelot et Xavier DAIRE, chercheurs à l'UMR Agroécologie de Dijon montre le lien entre la pulvérisation et l’efficacité des SDP.

Rappelons que pour pouvoir être perçu et activer les mécanismes de défense de la plante, un SDP doit pénétrer dans le tissu foliaire et arriver à la surface de la membrane plasmique où se trouvent les récepteurs spécifiques. La majeure partie des SDP utilisés sont hydrophiles or la surface d’un tissu foliaire est protégée par la cuticule et une couche cireuse, substances lipophiles. Les SDP pénètrent donc difficilement dans les tissus, voire sont peu retenus à la surface des tissus. La voie de pénétration via les stomates au niveau de la face inférieure de feuille (sans cire) est pour cela grandement privilégiée par les SDP. La qualité de la pulvérisation s’avère donc cruciale pour l’efficacité d’un SDP. Les chercheurs se sont également interrogés sur la différence de dose appliquée lors des étapes de criblage sous serre et celle réellement retenue sur des feuilles au vignoble : cette différence pourrait-elle expliquer  la perte d’efficacité au vignoble ? Le projet DELIVRA a tenté de répondre à cette question en évaluant, à l’aide d’un traceur colorimétrique, la tartrazine, les quantités de produit pulvérisées avec trois types de pulvérisateurs et en les comparant. Les pulvérisateurs utilisés dans ces travaux sont, à la vigne et au laboratoire, le spray manuel et le pulvérisateur électrique à dos avec une buse à fente et au vignoble uniquement, le précijet de Tecnoma avec des buses à limitation de dérive et des buses à turbulence.

La texture des organes impacte le taux de rétention des produits

La rétention de tartrazine est mesurée par des analyses quantitatives, de surface et d’imagerie au niveau des feuilles issues des boutures en serre et des organes de ceps au vignoble (feuilles et baies). Il est observé que les quantités de tartrazine retenues sur une feuille au vignoble lors d’une pulvérisation avec precijet sont diminuées d’un facteur de 3 à 5 par rapport à la pulvérisation manuelle d’une bouture. Il semblerait qu’il faille donc multiplier par 5 la dose efficace sous serre pour avoir une dose équivalente au vignoble ! Les observations soulignent le possible rôle de la texture de la feuille sur le taux de rétention des produits pour un même outil de pulvérisation, sans doute en lien avec la présence de cires cristallines sur les feuilles du vignoble. En revanche, les niveaux de rétentions avec le précijet sont similaires quel que soit la face des feuilles ou le type de buse. Ce qui indique une très bonne couverture, élément indispensable à l’efficacité du traitement. Enfin, le différentiel passe à un facteur 10 sur les baies : il y a dix fois moins de produit retenu lors d’une pulvérisation avec precijet par rapport à une pulvérisation manuelle au spray en laboratoire.

Vigilance sur les résidus des traitements précédents

En fonction du stade phénologique, les chercheurs ont constaté une diminution de la rétention de produit à la surface de l’organe : de 30 % de tartrazine retenue par la feuille au stade floraison, à 25% au stade petit poids et 16% au stade véraison. Ceci s’explique par la synthèse progressive des cires à la superficie des organes au cours de l’évolution des stades phénologiques au vignoble. Le constat est identique sur la baie. Au stade début véraison, la présence de résidus d’un traitement phytosanitaire antérieur, notamment de soufre, a aussi diminué la rétention de SDP. Cette notion de résidus est donc un point de vigilance à avoir lors de l’utilisation de SDP.

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Vigne et stockage carbone : où en est-on ?


Le carbone est de plus en plus au centre des enjeux agricoles. Pour rappel, l’initiative internationale « 4 pour 1000 » lancée par la France en 2015 lors de la COP 21, vise une croissance de 4‰ des stocks de carbone par an dans les premiers 30 à 40 cm de sol pour compenser de manière significative les impacts des GES, dont le CO2, liés aux activités humaines.

Est-ce un enjeu fort pour les sols viticoles ? Oui et non, répond Jean-Yves Cahurel, du pôle Beaujolais-Savoie de l’IFV : « Non, car la surface viticole française est faible, seulement quelques pourcents de la SAU totale. Mais oui, car les sols viticoles sont assez pauvres en matière organique, et il est donc facilement possible de progresser, d’autant plus que les pratiques actuelles vont dans le bon sens ! ». Enherbement des inter-rangs, apports de bois de taille, engrais verts, fertilisation organique… Autant d’actions favorables au stockage du carbone. Entre 2007 et 2019, un réseau « matière organique » a été déployé par l’IFV, pour améliorer la connaissance des impacts des produits apportés, en lien avec les besoins au niveau du sol. « Initialement, ce réseau était dédié à la gestion de la matière organique d’un point de vue agronomique, mais les données obtenues nous servent désormais à creuser la question du stockage de carbone », indique Jean-Yves Cahurel.

Un OAD-matière organique pour fin 2021

Dans l’Anjou, une parcelle de la commune de Saint-Jean-des-Mauvrets fait partie de ce réseau matière organique depuis 2009, subdivisée en deux : travail du sol / enherbement (MO : 1,7%). Quatre modalités ont été suivies, détaille Marie Bonnisseau, de l’IFV d’Angers : témoin sans apport, compost du commerce, compost de marc de raisin, ou compost de déchets verts. « Les apports réalisés tous les 4 ans étaient calculés pour équilibrer la perte théorique de carbone sur la parcelle, voire de l’accroître. Avec la partie enherbée, l’apport de carbone suffisait à compenser les pertes. Pour les autres apports, nous commençons à voir certaines choses : les modalités avec apport de compost de déchets verts bénéficient d’un impact positif sur les rendements et la vigueur. Les résultats ne semblent pas meilleurs avec les amendements du commerce…pourtant six fois plus chers ! ». Grâce aux données collectées, un modèle est en cours de construction, sur la base du modèle AMG de l’Inrae, créé en 1999 et qui simule l'évolution du stock de carbone organique du sol. « En 2021, nous finalisons l’outil avec la réalisation de l’interface. La sortie de l’outil est prévue d’ici fin 2021, voire début 2022, pour les conseillers avant tout », planifient les ingénieurs de l’IFV. En entrant dans le modèle les caractéristiques du sol, la climatologie et les pratiques viticoles, l’objectif est de pouvoir définir l’évolution du carbone dans les sols, et donc le stockage potentiel.

Vers une rémunération du stockage carbone ?

À Saint-Jean-des-Mauvrets, le suivi de la parcelle est assuré jusqu’en mars 2022 « Les travaux sur le statut organique des sols doivent être menés sur le temps long, comme cela a été fait dans le chinonais par René Morlat de l’Inrae il y a des années, et dont les travaux nous servent aujourd’hui à paramétrer l’OAD-MO », insiste Marie Bonnisseau, qui espère pourvoir continuer d’étudier ladite parcelle encore quelques années. Pour ce qui est d’une éventuelle rémunération du stockage de carbone, les montants semblent pour l’heure bien trop faibles pour motiver les vignerons dans cet unique objectif, estime Jean-Yves Cahurel : « Accroître les teneurs en carbone dans ses sols résulte bien plus d’une logique agronomique ! » Et l’objectif n’est pas de chercher à avoir toujours plus de carbone dans ses sols mais de contribuer à améliorer ses propriétés comme par exemple sa porosité et sa structure tout en augmentant la vie du sol !

 

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Comprendre les processus de transfert des phytos dans l’air pour agir


Quels sont les processus de transfert des produits phytosanitaires dans l’air ? Quelles sont les solutions performantes pour limiter ces transferts ? Le projet national RePP’air, lancé en 2017 et dont les résultats au niveau Pays de la Loire ont été présentés en décembre dernier, avait pour objectif de répondre à ces questions.

Le transfert de produits phytosanitaires dans l’air apparait au cours d’une application, par dérive, ou après celle-ci, par volatilisation voire par érosion éolienne. La temporalité du transfert ainsi que l’état (gouttes, gaz, aérosols) diffèrent, impliquant une variabilité des concentrations en un lieu et un moment donnés selon le processus d’émissions, le devenir des composés dans l’atmosphère, leur transport, leur dépôt et la configuration spatiale (présence de haies ou non par exemple). Des outils, comme EvaSprayViti de l’IRSEA/IFV, ont été développés pour mesurer les émissions vers l’atmosphère selon le processus de transfert et pour étudier leur déterminisme. Ainsi les facteurs modifiant les émissions par dérive aérienne sont  au nombre de quatre : la bouillie (formulation/adjuvants), la pulvérisation (type de pulvérisateur, de buse…), les conditions météo (vent, humidité relative,…) et la culture (densité, porosité,…..). Le taux de volatilisation est lui influencé par la caractéristique de la matière active (la formulation,…), les pratiques (dose, date d’application,…), les propriétés de la surface du sol et de la feuille (teneur en eau, en matière organique, pH du sol,…) et les conditions météo. Les travaux de recherche se poursuivent pour assoir les méthodologies de mesure, établir des protocoles harmonisés au niveau européen, développer des modèles d’émission, de devenir atmosphérique à différentes échelles spatiales et pour préciser l’effet de certains facteurs déterminant comme l’effet de la formulation des produits.

42 molécules analysées sur le site du Lycée viticole de Briacé

Le projet RePP’air a permis de réaliser des mesures hebdomadaires de teneur en produits phytosanitaires dans l’air et de les mettre en lien avec les pratiques agricoles identifiées via des enquêtes. L’étude a été menée sur 7 sites en France, dont le Lycée viticole de Briacé (44) où 42 molécules ont été collectées et analysées d’avril à septembre sur les millésimes 2017,2018 et 2019. Parmi elles, 24 molécules ont été retrouvées dans l’air à différentes fréquences de quantification sur les 3 années. Le folpel est la molécule la plus fréquemment retrouvée, des herbicides de grandes cultures sont également identifiés ainsi qu’une molécule interdite depuis 1998, le lindane. Cette molécule a eu des utilisations multiples dépassant le cadre agricole et des phénomènes de relargage des sols peuvent expliquer sa présence dans l’air aujourd’hui. Dans l’environnement du lycée viticole de Briacé, le suivi montre une prédominance des fongicides (81 % des molécules retrouvées dans l’air), les insecticides ne représentant que 14 % et les herbicides 5%. Les analyses montrent une forte cohérence entre la présence des molécules et la période de leur utilisation dans les traitements. Il existe néanmoins des variabilités de concentration mesurée entre les années, sans doute à mettre en lien avec les conditions météorologiques qui conditionnent la pression maladie et le développement du végétal. Le soufre et le glyphosate n’ont pas été analysés dans l’étude car les normes de collecte et d’analyse sont différentes de celles retenues pour le projet RePP’air.

Comment réduire les transferts ?

Dans le cadre du projet, quatre leviers ont été identifiés pour limiter le transfert des produits phytosanitaires dans l’air. Le premier est le recours à des méthodes alternatives pour réduire l’utilisation des phytosanitaires : l’effeuillage, l’ébourgeonnage pour limiter les fongicides, l’enherbement, le travail du sol pour éviter les herbicides ou le biocontrôle pour réduire les insecticides…. L’amélioration des conditions d’application est un autre axe souligné avec la nécessité de traiter dans de bonnes conditions (vent, température, humidité), d’employer du matériel bien réglé et limitant la dérive (panneau récupérateur, buses adaptées,…). Enfin, certaines substances sont moins volatiles que d’autres : le changement d’habitude dans le choix des produits est un troisième axe identifié, le dernier étant l’aménagement du territoire avec notamment l’installation de haies et le développement de la biodiversité. Notons également le recours aux variétés résistantes dans le cadre d’une production de vin sans IG ou d’IGP. Des fiches  synthétiques de bonnes pratiques, à visée pédagogique, seront disponibles prochainement sur le site de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. En termes de perspectives, des travaux de l’ANSES sont en court pour expertiser, évaluer les conséquences de la présence des phytos dans l’air. Un projet RePP’air II pourrait aussi se pencher sur la dispersion des molécules et leur déplacement.

 

Des webinairs pour en savoir plus:

Plaquette Repp’air : Réduction des produits phytosanitaires dans l’air

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