31.10.2019
Matériels / Équipements
Comme pour les voitures, l’électrique fait parler de lui sur les tracteurs, y compris en viticulture. Si aucune révolution ne semble engagée pour le moment, y compris dans le Val-de-Loire, l’électrique tente de séduire les vignerons. Parmi les atouts avancés : un coût de fonctionnement réduit, tout comme l’entretien, le bruit et la pollution.
« Il y a un intérêt des vignerons sur les tracteurs électriques, notamment en Val-de-Loire, pour l’entretien des sols », souligne Laure Prévault Osmani, co-fondatrice de Sabi Agri. Depuis sa création en 2017, la société a livré huit tracteurs, plutôt pour le maraîchage. « Des commandes sont passées pour 2020 avec des livraisons prévues en Val-de-Loire pour des maraîchers, des vignerons et des pépiniéristes », précise la directrice. Du côté de l’entreprise champenoise Kremer Energie, fabricante d’enjambeurs électriques, on reconnait que le marché ligérien n’est pour le moment pas demandeur. « Nous vendons entre 8 et 12 enjambeurs électriques par an, pour les vignes étroites de Champagne et du Bordelais, précise Aurélien Krémer, le pdg de Kremer Energie. Nous ne sommes pas présents en Loire où les vignes plantées à plus faible densité ne nécessitent pas d’enjambeurs, même si d’ici 5 ans, nous prévoyons un enjambeur électrique dédié aux vignes larges. » Le coût minimum de 200 000 euros peut aussi freiner l’investissement sur les vignobles moins rémunérateurs… Lors du colloque viticole du Loir-et-Cher cet été, la société clermontoise Sabi Agri a présenté son tracteur vigneron Alpo, qui existe en interligne (vignes de 95 cm à 1,40 m) et en enjambeur. Parmi les avantages listés par Alice Reumaux, conseillère viticole à la CA41 : légèreté (850kg), silence de travail, gestion du dévers, absence de consommables (simplement graissage des pivots) et flexibilité dans la conduite (vitesse de 30m/h à 12km/h, poste de conduite réversible, possibilité de conduite automatisée et déportée).
Viser l’entretien du sol
Avec ses tracteurs quatre roues motrices dont la puissance électrique de 50 cv équivaut à environ 60-70 cv thermique, Sabi Agri vise essentiellement l’entretien de la vigne. Aucune pulvérisation n’est envisagée pour le moment. « Différents outils de travail du sol s’adaptent sur notre gamme Alpo : butage, binage, sarclage, tonte, voire du rognage. Mais avec une puissance limitée l’enjeu est de calibrer le travail selon l’autonomie souhaitée. Avec un rotavator, l’autonomie passera à 3-4 h de travail, contre 8h avec un outil inanimé », reconnait la directrice de Sabi-Agri. Coût d’achat du 4 roues motrices avec batteries : 55 000 euros. Pour l’enjambeur, comptez 70 000 euros. « Avec l’électrique, on évalue un gain énergétique de plus de 1 000 euros par an », chiffre* Sabi Agri
Beagle, Pumagri et les autres
Autre innovation côté électrique : le Beagle, de l’entreprise Saudel, présenté par l’ATV49 à Martigné-Briand en juin, puis dans le muscadet fin octobre. Ce prototype d’enjambeur électrique, de 2,7 t et réalisant du travail du sol sur un rang complet, est pour le moment à l’essai dans deux domaines du Sud-Ouest, afin d’intégrer rapidement des améliorations pour une commercialisation annoncée début 2020. « Le travail sur un rang complet facilite le suivi, et améliore l’efficacité, sans jeter de la terre d’un côté pour la rejeter de l’autre, comme lors du binage habituel du cavaillon par demi-rang », souligne Éric Saudel, gérant de la société éponyme basée dans le Lot-et-Garonne. Prix annoncé : 50 000 à 70 000 euros, en fonction essentiellement du type de batteries choisi (plomb ou lithium). Au-delà des tracteurs Sabi Agri ou du Beagle, les moteurs électriques pourront aussi arriver dans les vignobles via les robots (Pumagri, Ted, Bakus), et les tractoristes traditionnels comme Fendt qui a sorti en 2017 son prototype électrique Fendt e100 Vario pour les vignes. Mais pour l’heure dans les moteurs, l’électrique est encore loin de détrôner le thermique !
* En moyenne un agriculteur travaille 500h par an avec son tracteur, chiffre Sabi Agri, soient 62,5 journées de 8h, donc 62,5 charges, et ainsi 62,5€ car la charge revient à 1 euro, arrondi à un coût de 100 euros de charge par an pour une utilisation plus intensive du tracteur. Quant au gasoil, le coût du GNR correspond à une moyenne de 3€ de l’heure, donc 3x500h = 1500€, soit une différence 1400€ avec l’électrique, ramenée à 1000€ pour être plus global en cas de variation dans l’utilisation du tracteur, précise Sabi Agri