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25.04.2016

Franchir le pas de l’entretien mécanique


Itinéraires viticoles

Franchir le pas de l’entretien mécanique

Avec des solutions de désherbage chimique qui se réduisent, l’entretien mécanique du sol en inter-rang et sur le cavaillon semble pertinent. Pour franchir le pas, il convient de connaître les avantages des différents outils, leur complémentarité, et leur association possible avec la chimie, souvent dans un souci de temps.

« Changer de pratiques, mais en maintenant le rendement. » Voilà l’enjeu introduit par Guillaume Gastaldie, conseiller à l’ATV49, le 7 avril dernier lors d’une journée technique organisée à Tigné (Maine-et-Loire), à l’occasion de l’assemblée générale de Terra Vitis Loire. « Quand le rendement économique de l’exploitation est atteint, il est possible de passer au travail du sol, mais à condition de maintenir le rendement. S’il est normal d’avoir une petite baisse de volumes les premières années, il est important de retrouver le niveau d’avant au bout de trois ou quatre ans. ». Ces dernières années, les solutions de désherbage chimique se sont réduites, alors que celles d’entretien mécanique du rang et de l’inter-rang apparaissent de plus en plus pertinentes, en complément de la chimie ou seules.

Inter-rang et cavaillon

Pour l’entretien de l’inter-rang, les outils à dents (cultivateurs), et à disques (cover crop), sont les plus utilisés. « Le cultivateur permet un travail grossier qui limite l’érosion. Il évite le lissage et peut se régler à différentes profondeurs. Cependant, il bourre facilement en cas de fort enherbement. Il est donc peu adapté pour la ré- incorporation des couverts développés. Il rejette aussi davantage de terre sur le cavaillon, surtout en sol sableux, complète Guillaume Gastaldi.

À l’inverse, le covercrop est efficace pour les couverts importants. Il peut être passé à des vitesses supérieures au cultivateur, soit entre 5 et 8 km/h pour être efficaces contre 4-5 km/h pour l’outil à dents. Il ne demande pas de forte puissance de traction. Cependant, il déplace la terre un peu à la manière d’une charrue, en scalpant le sol, et est peu adapté aux sols caillouteux. Il se règle enfin plus difficilement en profondeur. » Les deux outils sont donc complémentaires, et gardent chacun leurs intérêts en fonction des types de sol, et de niveau d’enherbement. Pour le cavaillon, l’objectif est d’alterner buttage et binage. « L’alternance de disques et de lames permet de rationaliser le temps de travail, entre les lames qui se passent à 3,5 km/h et les disques plutôt à 5-7 km/h, note Guillaume Gastaldi. En créant une bande meuble à l’automne après les vendanges avec les disques, il est plus facile de reprendre la terre du cavaillon en sortie hiver, sans dégrader le système racinaire. »

Exemple au Domaine de Gâtines

Pierre-Éric Dessèvre, vigneron au Domaine de Gâtines (Tigné – Maine-et-Loire) sur 50 ha, allie désherbage mécanique sur le rang et chimique sous le rang. Un rang sur deux est entretenu mécaniquement, et l’autre broyé : « Il n’est pas possible de biner en plein pour des raisons de moyens humain et financiers : avec l’intercep, vous allez à 3-4 km/h contre 8 à 9 km/h pour une tonte », évoque le vigneron. Au Domaine de Gâtines, tous les inter-rangs sont enherbés depuis 1991, pour avoir de la portance lors des traitements, et limiter la présence d’adventices indésirables grâce au semis de graminées (fétuque ovine, fétuque rouge semi-tra- çante, ray-grass anglais).

Depuis la sécheresse en 2010, un inter-rang sur deux est entretenu mécaniquement avec un passage de cover-crop (45 min et 30 euros/ha) suivi de 2-3 passages d’Actisol à dents (90 min et 171euros/ha). La partie enherbée est broyée lors de 2-3 passages (35 min et 60 euros/ha). Si le désherbage chimique du cavaillon n’intégrait que de la post-levée depuis les années 2000, Pierre-Éric Dessèvre a complété par des traitements de prélevée depuis 2015, en raison d’un fort salissement d’amarante, de chénopode et d’érigéron.

Au total en 2015, les traitements de pré et post levée ont coûté au vigneron 190 euros/ha. Le total de l’itinéraire technique d’entretien du sol au Domaine de Gâtines est estimé en moyenne à 770 euros/ha.

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