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22.04.2016

Evolution climatique : incidences sur le vignoble Centre-Loire


Climatologie

Evolution climatique : incidences sur le vignoble Centre-Loire

Quelle viticulture pour demain ? Tel a été le thème de la matinée « Esprit filière » organisée le 1 avril dernier dans le cadre des travaux du Vinopôle Centre-Val de Loire et du CAP Filière Viticulture de la Région Centre. L’un des angles abordés a été le changement climatique. Entre 1970 et 2010, la date de récolte du cabernet franc et du chenin en Touraine s’est avancée de 15 jours. Qu’en sera-t-il demain ?

Guillaume Delanoue de l’IFV et Michel Badier de la chambre d’agriculture 41 ont ainsi présenté, à partir de projections, les conséquences sur la vigne et le vin de l’évolution de notre climat. Plusieurs études ont été réalisées dans le Val de Loire toutes conduisant à la même conclusion : oui un impact de l’évolution climatique est déjà constaté et oui il se poursuivra dans les années à venir. Dans le Saumurois, les travaux menés par l’INRA d’Angers montrent une augmentation de la teneur en sucre du cabernet franc de + 54 g/l, soit de +3,2 de degré alcoolique probable entre 1981 et 2009. L’acidité totale diminue elle de 2 g/l de H2SO4. « Le constat est fait, aujourd’hui la question à se poser est qu’elle sera la rapidité de l’évolution des profils de nos produits ? Quels outils avons-nous ou devons-nous mettre en place pour cadrer, gérer cette évolution ? » indiquent les intervenants. Les travaux financés par la Région Centre et/ou InterLoire ont pour but d’anticiper et d’imaginer les évolutions climatiques, de tester les outils dont nous pourrions avoir besoin demain. Même si aujourd’hui, beaucoup de professionnels ligériens ne se sentent pas concernés par l’évolution climatique, demain tous le seront et il faut anticiper les changements dès aujourd’hui.

Anticiper la gestion du stress hydrique

Selon les travaux menés par la chambre d’agriculture 41, l’évolution de la température moyenne serait de 2,9°C à l’horizon 2080 par rapport à 1970, et le cumul des précipitations entre le 1 mai et le 31 août serait de 159 mm. A partir de ces hypothèses, des questions se posent nécessairement quant au choix des terroirs qui devront être fait par rapport à la gestion du stress hydrique. Doit-on envisager le choix aussi de nouveaux cépages voire de délocaliser des cépages ?

La question n’est pas anodine surtout quand on connaît la difficulté à faire évoluer les cahiers des charges. En attendant, des travaux menés par l’IFV sur la sélection de nouveaux clones sont en cours et dont un concerne le sauvignon. Le recours à des porte-greffes plus résistants est aussi une réponse à la gestion du stress hydrique. Le 1103 Paulsen et le 110R sont par exemple plus résistants au stress hydrique. Au-delà même de la vigne, se posera la question de l’alimentation en eau via l’irrigation et donc de la disponibilité de l’eau, de son utilisation et de son coût !

Anticiper la gestion de la protection du vignoble

L’évolution des indicateurs agroclimatiques engendrera l’apparition de nouveaux parasites dans notre vignoble comme par exemple Xyllela Fastidiosa ou la flavescence dorée, l’oïdium pourrait aussi devenir plus virulent que le mildiou. C’est pourquoi, la surveillance des bio agresseurs actuellement réalisée dans le cadre du BSV est importante.

La protection du vignoble devra sans doute être raisonnée différemment avec des calendriers de traitements autres et une organisation de travail adaptée (traitements et travaux de la vigne la nuit).

Anticiper l’impact économique

L’adaptation à de nouvelles conditions de production engendrera vraisemblablement des surcoûts : augmentation des besoins en énergie pour climatiser les bâtiments de stockage ou pour refroidir la vendange, rémunération du personnel de nuit, utilisation de camions frigorifiques pour le transport des bouteilles, isolation plus conséquente des bâtiments de production…

L’évolution climatique est un véritable enjeu pour la viticulture même dans le Val de Loire ! Il faut en prendre conscience dès maintenant pour être responsable des choix qui devront être faits à court et moyen termes.

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