07.02.2020
Itinéraires viticoles
Intrants viticoles
À l’occasion du SIVAL 2020, les groupes Dephy viticulture de Cognac et du Loir-et-Cher ont fait le point sur près de 10 ans d’engagement au service de la transition agroécologique. Avec des résultats bien réels !
À son lancement en 2011, le groupe Dephy animé par la coopérative charentaise Océalia comprenant 11 viticulteurs avait un IFT moyen de 16,6 par an, dont 13 points liés aux fongicides, 2,26 liés aux insecticides et 1,30 d’herbicides. En 2019, année au climat certes propice à la baisse des traitements, le groupe affiche 10,56 IFT (7,99 fongicides, 1,82 insecticides et 0,75 herbicides), soit une baisse de 36 % comparé au point 0, et -41% vis-à-vis de la référence régionale, se félicite Pascal Maran, conseiller Océalia et ingénieur réseau du groupe : « Les insecticides sont stables, car nous sommes en lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée. Mais les progrès sont très importants en fongicides et herbicides, en adaptant les doses au volume de végétation et en recherchant le positionnement idéal grâce aux OAD, sans oublier le désherbage mécanique. Nous attendons aussi beaucoup des nouveaux cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. ». Ludovic Zapirain, vigneron installé en 2006 sur 17 ha de vignes, rejoint le groupe Dephy des Charentes en 2012 pour réduire ses phytos. En 2014, il choisit d’enherber ses vignes, et supprime 100% des désherbants en 2019 après l’acquisition d’un intercep Braun et de doigts Kress. Cette année, il va faire l’acquisition d’un pulvé confiné pour réduire ses doses de bouillie. « Le désherbage mécanique me prend certes plus de temps, mais j’ai réussi à réduire mes IFT de 18,9 à 12,7 en échangeant avec le groupe et par l’acquisition d’outils de travail du sol. Mon nouveau pulvé devrait m’aider à améliorer encore mes résultats », détaille-t-il.
Même tendance en Loir-et-Cher. Le groupe de vignerons animé depuis 2012 par Alice Reumaux, conseillère à la Chambre d’agriculture 41, avait un IFT proche de 14 entre 2009 et 2011. Il est passé sous la barre des 6 en 2019 (5 en fongicides, 0,8 en herbicides). « La météo de 2019 nous a aidé à réduire fortement les doses, mais la tendance globale est baissière depuis 10 ans dans le groupe, et 30% de l’IFT actuel correspond à du biocontrôle », souligne la conseillère. Au domaine du Petit Chambord, François Cazin, vigneron sur 24 ha et membre du groupe Dephy, peut en témoigner : « Je pratique le désherbage mécanique depuis longtemps, mais je désherbais chimiquement sous le rang jusqu’à peu. Depuis deux ans, je suis en 0 herbicides, car je pratique le décavaillonnage, avec une bande de sol travaillée sous le rang. Mais nous avons atteint ce but progressivement ! Sur les vieilles vignes notamment, nous nous contentons d’utiliser des interceps et des tournesols, pour ne pas abîmer les racines qui peuvent être en surface. » L’ancien pulvé face par face pneumatique a laissé place il y a 3 ans à du jet porté, pour apporter moins de 200l/ha en pleine végétation, avec une meilleure efficacité et une réduction de la dérive. Des essais au sein du groupe sont aussi menés sur de la kaolinite depuis 2012, pour lutter contre les cicadelles vertes, avec une baisse de 30 à 50 % des larves ce qui les fait passer sous le seuil de nuisibilité sans tuer aucun insecte.