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24.06.2016

Cette année, on ne manque pas d’azote


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Cette année, on ne manque pas d’azote

Forte pousse de la vigne, pression maladies et gestion de l’enherbement. Cette année, la vigne ne manque pas d’azote en Val-de-Loire. Attention d’ailleurs aux excès, pour le développement des maladies cryptogamiques.

Cette année, l’herbe pousse vite en lien avec les fortes quantités d’eau tombées, même si le froid une partie du mois de mai a ralenti son développement. « Avec les conditions de chaleur et de pluie, la minéralisation fonctionne bien, et la vigne pousse. Mais ces conditions sont aussi favorables au mildiou et à l’oïdium, d’autant plus dans les vignes où l’herbe est laissée haute. Cela entretien l’humidité propice aux maladies cryptogamiques », souligne Perrine Dubois, conseillère à l’ATV49. En Touraine également, l’azote de manque pas, comme le constate Philippe Gabillot, de la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire : « Je n’ai pas observé de situation de carence azotée cette année. La vigne a largement ce qu’il faut pour amener jusqu’au bout les raisins qu’elle porte, surtout après nos situations de gel et de grêle qui ont réduit la charge. » Dans le Muscadet, l’azote n’est pas une problématique centrale, avec très peu d’apports réalisés sur des terres plutôt bien équilibrées, souligne Nadège Brochard : « Nous avons très rarement de situations de carence azoté. Le cépage Melon de Bourgogne est très sensible à la pourriture, alors les vignerons apportent très rarement de l’azote. Les vignes ont mis du temps à démarrer, et poussent désormais très fortement, avec de fortes attaques de maladies cryptogamiques ; là est notre principal problème actuellement. »

Connaître l’état de sa vigne

L’état de nutrition azotée de sa vigne s’estime par l’observation de la vigueur de ses parcelles : rendements, grosseur des bois de taille. Ce bilan doit être fait en fin de saison pour anticiper la fertilisation à la sortie de l’hiver suivant. En saison, on se base sur la pousse de la vigne, la couleur de son feuillage et la fermentescibilité des moûts. « Pour le feuillage, l’observation est facile : si les feuilles deviennent vert-jaune, il y a un problème d’assimilation de l’azote, mais cette année elles sont plutôt vert foncé, en raison de la présence d’azote », complète Perrine Dubois. Pour les vignes carencées en azote, s’il y a un enherbement, il pourra être cassé un rang sur deux, ou deux rangs sur trois. Il est aussi possible d’apporter un peu d’engrais azoté sur l’inter-rang cassé, jusqu’à 50 unités d’azote par hectare, à piloter en fonction des besoins de la vigne et de ses objectifs de rendement. « Mais attention à ne pas passer de tout à son contraire, au risque d’entrainer des problèmes de pourriture grise, surtout avec un temps pluvieux comme nous avons. Les apports d’engrais foliaires quant à eux ont des effets relativement insuffisants, et là encore, apportés à un mauvais moment, ils risquent de favoriser les maladies cryptogamiques. » Les apports sont préférés avant le débourrement, avec de l’azote organique qui aura le temps de se minéraliser selon l’activité des microorganismes du sol, et les besoins de la vigne, de la floraison jusqu’à la fermeture de la grappe.

Des besoins jusqu’à fermeture de la grappe

Les besoins en azote de la vigne se situent entre la floraison et la fermeture de la grappe. À partir de l’aoutement, l’apport d’azote n’est pas du tout bénéfique, avec un risque de pourriture grise. « Il faudra donc éviter de trop gratter les enherbements après le stade fermeture, pour ne pas avoir de relargage d’azote. Après floraison, il vaut mieux tondre », conseille Perrine Dubois. Pour les enherbements naturels, il est donc recommandé de tondre régulièrement, afin d’avoir une consommation en azote dans les sols. « L’azote que l’enherbement puise, c’est autant d’azote que la vigne ne consommera pas », observe la conseillère. Pour les enherbements semés, jeunes et vigoureux, la tonte sera intéressante les premières années. Pour les plus anciens, l’objectif sera davantage de les aérer tous les 3 ans à l’aide d’une bêche roulante, pour les aider à regagner leur effet compétitif, et ainsi, consommer le trop plein d’azote. Philippe Gabillot se rappelle : « En 1991 et 1994, nous avions conseillé à tort d’apporter de l’azote pour redonner de la vigueur à la vigne après le gel, mais les conséquences n’avaient pas été bonnes. Nous n’avons donc pas conseillé de réaliser des apports d’azote cette année. Pour les apports d’oligoéléments, ou les cas de déficit en magnésium ou chlorore ferrique, c’est à définir avec son distributeur. » En Loire-Atlantique, des apports ponctuels d’azote ont pu être conseillés, détaille Nadège Brochard : « Sur nos vignes, touchées par le gel à 60 %, nous avons pu recommander d’apporter de l’azote pour booster la repousse, mais rarement plus de 10 unités/ha, et en fonction des situations, notamment force du gel et type de sol. »

Une mesure de l’azote à la parcelle ?

« Outre les méthodes d’observation ou de mesure via le bilan, il n’existe pas réellement d’outils simples pour les vignerons actuellement, pour mesurer le niveau d’azote dans les vignes en pleine saison. Des outils comme Dualex ou N-Tester sont utilisés au niveau expérimental, par les techniciens, pour comparer diffé- rentes modalités entre elles, par analyse de la couleur du feuillage. Pour l’avenir, ces outils pourraient être mis au point pour les vignerons, à condition d’avoir un référentiel disponible », conclut Perrine Dubois

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