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30.03.2020

Agroforesterie : planter sans se planter


Itinéraires viticoles

Agroforesterie : planter sans se planter

L’agroforesterie dans le vignoble, ce sont des haies autour des parcelles et des arbres plantés au cœur même des vignes, souvent des fruitiers. Selon Armelle Vinet, conseillère à la Chambre d’Agriculture des Pays-de-la-Loire, les plantations se sont accélérées depuis 5-6 ans, pour répondre à divers enjeux.

Alors, pourquoi planter ? D’après la conseillère, certains vignerons bio souhaitent protéger leurs vignes de traitements conventionnels de vignes voisines pour éviter de voir leur production déclassée. D’autres vignerons cherchent à accroître la biodiversité autour des vignes, pour accueillir la faune sauvage et des espèces auxiliaires d’insectes de la vigne. Avec les fruitiers plantés sur les rangs de vignes (souvent pommiers, poiriers, et bien sûr pêchers), l’objectif est d’avoir une production de fruits pour l’autoconsommation, voire la commercialisation.

Limites et avantages

Des freins existent. Le premier, c’est la mécanisation du travail des vignes, reconnaît Armelle Vinet. « C’est pourquoi les projets de plantation se font dans des vignes peu ou pas mécanisées, où il est plus facile de réintégrer des arbres. » Autre frein évoqué parfois : le risque de gel, avec parfois des blocages d’air froid. « Pour éviter cela, il faut bien étudier avec le vigneron les courants d’air et planter des haies en « créneau », avec 5 m plantés et 10 m de vide pour faciliter la circulation de l’air, indique Armelle Vinet. Certains vignerons observent même un gel moins fort à proximité des zones boisées. ». Sur une éventuelle baisse de la productivité de la vigne, la conseillère estime qu’« avec les coups de chaleur de plus en plus fréquents en été, et des teneurs en alcool parfois trop élevées dans les vins, l’ombre de l’arbre est bénéfique à la vigne. L’arbre va aussi chercher de l’eau en profondeur et la redistribue en surface, ce qui améliore la tenue de la vigne en été. ». Les plantations au milieu des vignes concerneront des parcelles hors appellations. « Pour respecter les cahiers des charges des AOP IGP, les vignerons qui souhaitent planter le font alors en haies parallèles en bordure de parcelles, ou dans les triangles non plantés en vignes. »

Les bons conseils

  • Pour accompagner les plantations, diverses subventions existent. « Tout dépend de qui porte le projet. Les chambres d’agriculture savent vers qui orienter les vignerons, qui déboursera à la louche seulement le tiers du montant de la plantation », chiffre Armelle Vinet.
  • Evitez les essences ornementales et persistances (tuyas, pins, mélèzes, chênes verts…), et préférez des essences locales, même si les pépiniéristes peinent à fournir l’ensemble des commandes. Aujourd’hui, la demande en "végétal local" auprès des pépiniéristes agréés est si forte qu’elle ne représente que 35% des plants dans les projets.
  • Le type d’arbre choisi dépend aussi du ou des objectif(s) du vigneron : au sein des vignes, les arbres haute-tige taillé en coton tige engendrent moins de baisse d’ensoleillement, et ceux palissés en U permettent de continuer les passages de tracteurs dans les rangs. Des arbres de quelques années ont généralement un impact de 3m de rayon. 
  • Enfin, un paillage est de mise sur 10-15cm d’épaisseur, voire 20cm recommandés parfois. Des protections contre les chevreuils et lièvres sont fortement conseillées, face à une pression gibier de plus en plus problématique. L’arrosage peut être nécessaire la première voire la deuxième année, avec un à deux apports d’eau, « mais pas trop, pour forcer les arbres à s’implanter en profondeur ! », termine la conseillère.

Pour en savoir plus : Agroforesterie & viticulture, Itinéraires n°28 par IFV

 

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