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12.12.2017

Efficacités et perspectives des biocontrôles


Intrants viticoles

Protection du vignoble

Efficacités et perspectives des biocontrôles

La Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire a accueilli une quarantaine de vignerons le 5 décembre dernier à l’occasion d’une réunion d’information sur les biocontrôles. Cette piste, des plus prometteuses pour réduire l’utilisation des phytosanitaires, nécessite une certaine technicité et l’application des produits de biocontrôle reste souvent délicate. Zoom sur leurs efficacités et les pratiques en région Centre. 

« Cela fait plus de 10 ans que nous travaillons sur les biocontrôles sous l’angle expérimental mais aussi application via les réseaux des fermes Dephy », introduit Laurence Bouju Becherel responsable du pôle végétal de la Chambre d’agriculture 37. S’il est utopique d’envisager une protection de la vigne à 100% en biocontrôles, leur efficacité partielle s’avère intéressante en année de faible pression ou en association avec d’autres solutions. Même si là, il faut être très vigilant aux mélanges de produit notamment avec le cuivre qui peut affecter la stabilité du biocontrôle. « Il est important de rappeler que biocontrôle ne veut pas dire lutte biologique ; un produit de biocontrôle n’est pas forcément intégré au cahier des charges viticulture biologique, il faut le vérifier !  (liste des produits homologués) », rappelle Guillaume Delanoue de l’IFV pôle Val de Loire-Centre. De même, le lien entre les SDP* et les biocontrôles n’est pas systématique (il est fonction des critères d’inscription). Et il n’y a pas de lien entre les biostimulants qui agissent sur la croissance, le développement du végétal et les biocontrôles. Si ces derniers apparaissent comme une alternative intéressante dans le cadre de la réduction de l’utilisation des phytos, ils ne permettent pas systématiquement de baisser l’IFT car cela dépend de chaque produit et de son AMM** : pour certains oui, pour d’autres non !

La qualité de pulvérisation est un facteur clé de l’efficacité des biocontrôles

Bon nombre de produits testés par la Chambre d’agriculture 37, montrent une efficacité intéressante mais le protocole d’application peut s’avérer restrictif. C’est le cas de Bacillus Thuringiensis, sensible au lessivage, aux UV et dont la rémanence n’est que de 8 à 10 jours contre 10 à 14 jours pour des produits références comme le Success 4. D’autres biocontrôles se sont démocratisés comme le soufre, les phosphites, la confusion sexuelle et la kaolinite calcinée. Cette argile a fait ses preuves contre la cicadelle verte  - jusqu’à 80% de grillures en moins selon les années - mais elle s’avère délicate à utiliser sans adjuvant  du fait de sa corrosivité et des bouchons qu’elle peut créer dans les buses. «J’utilise l’argile depuis 2014, témoigne Jérôme Billard du domaine de la Noblaie. Au départ, j’ai bien eu quelques soucis techniques avec des buses qui se bouchaient mais depuis j’emploie des doses de 4-5 kg en association avec du cuivre ou du soufre et c’est satisfaisant. En revanche je m’interroge sur l’impact de l’argile sur l’activité photosynthétique des feuilles voire sur l’aspect aromatique et fermentaire ? ». Depuis 2 ans, la Chambre d’agriculture 37 teste l’huile essentielle d’orange douce contre l’oïdium  et le mildiou : « c’est un produit intéressant en association avec du cuivre mais il est néfaste pour les abeilles ce qui peut être un handicap», énonce Adeline Maillet de la Chambre d’agriculture 37. Et d’ajouter, « nous avons testé le bicarbonate de potassium et avons eu des résultats satisfaisants contre le botrytis à condition d’avoir une pulvérisation très qualitative car c’est un produit de contact. En revanche son coût est aujourd’hui un frein : 78€/Ha contre 20-30 €/Ha pour le soufre ». D’autres essais sont en cours sur les levures cerevisanes et la laminarine. « Beaucoup de produits présentent des efficacités partielles (<50%) intéressantes mais très peu sont homologués » constate Xavier Daire de l’INRA de Dijon. Il est vrai que l’on s’intéresse depuis peu aux efficacités partielles.  Il y a sans doute aussi moins d’intérêt pour les firmes à investir sur ces produits qui peuvent se révéler très chers par rapport à la taille du marché visé….  

* SNP : Stimulateur de Défense des Plantes

** AMM : autorisation de mise en marché

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