12.12.2017
Itinéraires viticoles
Contre le stress hydrique et l’enherbement, le GDDV41 a testé en 2017 trois types de paillage sous le rang : le miscanthus et deux supports de culture de fraisiers à savoir la paille de coco et un mélange tourbe-écorces. Les résultats ont été présentés lors de la journée organisée par le Vinopôle Centre-Val de Loire à Cheverny, le 30 novembre, sur la gestion durable des sols viticoles.
« Le cavaillon est difficile d’accès, d’où l’intérêt d’un paillage comme barrière physique contre les adventices, évoque Alice Durand, conseillère viticole à la CA41. Il doit aussi aider à maintenir l’humidité et augmenter la fertilité des sols. Sur le secteur, les paillis issus de supports de culture de fraises hors sol, à base de tourbe et d’écorces ou de paille de coco, nous ont paru intéressants à tester, tout comme le miscanthus cultivé chez un producteur. » C’est ainsi qu’avec le soutien financier d’Interloire, la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher a mené des essais sur l’influence du paillage du cavaillon en comparaison d’un désherbage chimique, à la demande des membres du GIEE Entretien Agro écologique des sols viticoles, du GDDV41. Les paillages ont été réalisés début mai 2017, sur deux parcelles d’essais de 50 ares. Pour le recyclage des paillis de tourbe-écorces et coco (gratuits, sauf transport et épandage), les tests ont été menés à Bourré, à raison de 230m3/ha (pH : 7). À Cour-Cheverny, la paille de miscanthus broyée a été apportée à raison de 25 t/ha, soit 180 m3/ha (pH : 6,5). « La plantation d’un hectare de miscanthus revient à 2 750 euros, et peut être récoltée durant 20 ans. Un hectare de miscanthus permet de pailler un hectare de vigne », précise Alice Durand.
Premier constat : les paillis n’empêchent pas toujours la pousse de l’herbe. À Bourré, les cavaillons avec paillis sont restés plus propres que le sol non paillé, mais les liserons des champs se sont développés directement sur les paillis de coco, et encore davantage sur ceux de tourbe-écorces, obligeant le producteur à réaliser un passage de glyphosate. Le paillage de miscanthus a permis un effet étouffement plus intéressant. « Ce paillage est moins riche que les deux autres, mais le viticulteur de Cheverny avait surtout réalisé un travail mécanique du cavaillon avant l’apport du paillage, ce que n’avait pas fait le vigneron de Bourré », évoque la conseillère. Pour limiter le stress hydrique, le miscanthus montre plus d’intérêt. Les paillis très épais et compacts de supports de culture de fraisiers ont limité la pénétration des pluies en juin, diminuant la recharge de la réserve utile des sols. La mesure du potentiel de tige montre des stress hydriques jusqu’à fin août plus forts sous le paillis que sous le témoin désherbé. Sur Cheverny, les paillis de miscanthus ont permis un maintien de l’humidité massique du sol supérieure au sol nu, en juillet et août. « Il vaut donc mieux choisir des paillis avec une capacité de rétention d’eau plus faible, pour limiter l’effet éponge », note Alice Durand.
Pour éviter le phénomène de faim d’azote lié à la dégradation des paillis, il est important de choisir des matières dont le C/N n’est pas trop élevé. Avec un C/N supérieur à 50, le paillage devra être couplé avec un engrais vert détruit au printemps dans l’inter-rang. Dans le cas de l’essai, une légère faim d’azote a été observée pour l’apport de miscanthus (C/N =80-90, contre 37 pour le mélange tourbe-écorce, et 52 pour le paillage de coco). Dans le cas des paillis de supports de culture de fraisiers, des racines aériennes se sont formées. Il est donc important de réaliser un travail du sol avant paillage, pour créer une cuvette où sera apporté le paillis, et éviter ainsi les racines aériennes. Le paillage semble pour l’instant être une bonne alternative au désherbage chimique du cavaillon, à condition d’être abondant et peu cher, avec une rétention d’eau limitée, un C/N compris entre 30 et 50, apporté après un travail du sol mécanique, et sans chercher absolument le zéro herbicide. « L’essai va être poursuivi sur deux ou trois ans, afin de vérifier l’état sanitaire de la vigne, et mesurer la dégradation de la matière organique », conclut Alice Durand.