23.06.2017
Protection du vignoble
Environnement
En période de traitement des vignes, il n’est pas rare de se prendre quelques réflexions de la part de voisins… Savez-vous quoi répondre ou quoi faire pour éviter que la situation ne s’envenime ? Les chambres d’agriculture 37 et 41, avec l’expérience de la CA 33, ont fait le point sur le sujet à Amboise, le 14 juin dernier.
« Les habitations péri-urbaines sont installées de plus en plus près des vignes, et il faut faire avec ! », a introduit Alice Durand, conseillère viticulture à la CA 41, lors de l’après-midi technique des chambres d’agriculture d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher sur la pulvérisation et le voisinage, au lycée viticole d’Amboise, le 14 juin dernier. S’il est un département qui s’est illustré dans la confrontation vigneron/voisinage, c’est bien la Gironde. En 2014, l’affaire de l’école de Villeneuve, près de Blaye, avait fait la une, avait été suivie d’un arrêté préfectoral, pris en mars 2016 en Gironde pour mieux encadrer l’épandage. « Cet arrêté ne concerne "que" les zones où se trouvent des personnes sensibles, comme les écoles ou maisons de santé, et non l’ensemble des habitations. Sinon, ce sont 40 000 ha qui auraient pu être concernés chez nous, explique Jean-Baptiste Meyrignac, conseiller viticulture à la chambre d’agriculture de Gironde et ingénieur Réseau Déphy Ouest. Le problème de Villeneuve a fait tache d’huile. Nous avons fait beaucoup de réunions pour répondre à ce problème émergent. »
Pour le conseiller, la prise en compte du voisinage doit se faire en trois étapes : diagnostic, changement de pratiques et relationnel. « Le diagnostic initial est obligatoire pour identifier les zones de risque, évaluer les points de vigilance, et les évolutions possibles. Pour cela, prenez une carte de votre exploitation, et marquez les zones proches des habitations. Faites aussi un premier état des lieux avec vos salariés et vos voisins. » Le changement de pratique est aussi essentiel, car il permet d’anticiper les problèmes et apaiser les relations avec le voisinage. « Certains pulvérisateurs anciens créent un gros brouillard sensible à la dérive, peu efficace sur la vigne et assez inquiétant pour les voisins, d’où l’intérêt de matériels plus performants, et surtout bien réglés ! », explique Michaël Graciano, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture 41. Pour Alice Durand, les pulvérisateurs à panneaux récupérateurs sont performants, et surtout moins bruyants : « Il y a un vrai intérêt de ce côté-là vis-à-vis du voisinage, même si ce genre d’équipement est encore peu repandu sur le département ! ». Le choix des produits n’est pas anodin : évitez les CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique), les produits avec trop d’odeur (« pourtant pas forcément les plus toxiques, au contraire ! » précise Michaël Graciano), et favorisez les solutions de type biocontrôle. Pour éviter la dérive, il y a aussi la solution de planter des haies en bordure de parcelles mitoyennes de zones habitées. « La hauteur des haies doit être supérieure à celle de la vigne et du pulvé, et la végétation doit pousser de façon précoce pour limiter la dérive dès les premières applications. Cette solution est cependant assez longue à mettre en œuvre », reconnait Anne-Alice Serru, conseillère à la CA37. Sur le sujet, Michaël Graciano conseille de prendre des essences locales diversifiées, pour une meilleure résistance à d’éventuels ravageurs ou maladies. Autre solution, la mise en place de filets anti-dérives.
Le bon relationnel est surement LA clé de la bonne entente viticulture-voisinage. « En Gironde, les vignobles de certaines communes sont traversés par des chemins de randonnée. Il a été mis en place un système de fanions ou drapeaux comme à la plage : quand c’est rouge, les vignes viennent d’être traitées, donc il est déconseillé de traverser. Quand c’est vert, c’est bon ! », rapporte Jean-Baptiste Meyrignac. Les alertes SMS ou mail envoyées la veille d’un traitement sont aussi très bien vues par les populations avoisinantes. « Enfin, il faut surtout ne pas hésiter à accueillir ses voisins sur son exploitation, expliquer ses contraintes, son respect de la réglementation, son métier ! Les gens jugent souvent par méconnaissance, mais au final, il n’est pas rare que le voisinage devienne client du vigneron qui leur aura ouvert la porte », complète Jean-Baptiste Meyrignac. La communication sur les bonnes pratiques et le respect de la réglementation doit aussi se faire en interne, à destination des salariés, complète Alice Durand : « Les réunions d’information avec les riverains sont très importantes. Vous pouvez leur montrer vos témoins non-traités en fin de campagne, très révélateurs de l’importance d’une protection de la vigne. Enfin, il faut vraiment tenir compte du vent pour les applications, ainsi que des activités à proximité des zones à traiter, comme éviter les périodes de récréation, proche des écoles ! Sans oublier les bons réglages pulvé ! », rappelle la conseillère.