21.05.2024
Itinéraires viticoles
Depuis 2021, un relevé annuel de biodiversité est effectué au sein du Groupe 30000 Ecophyto « La sérénité au naturel », animé par Florent Banctel, conseiller viticole à la Chambre d’agriculture Pays de la Loire. L’objectif est de déterminer si les vignerons du groupe peuvent compter sur la biodiversité fonctionnelle afin de limiter l’usage d’intrants dans la lutte contre les tordeuses de la grappe. L’objectif s’inscrit dans le cadre de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires à hauteur de 50% d’ici 2025.
En partenariat avec le lycée agricole de Briacé (44), 2 stagiaires du BTS GPN (gestion et protection de la nature) effectuent ces relevés annuellement. Pour nous donner une idée de l’influence de la biodiversité fonctionnelle, la période a été choisie par rapport à la deuxième génération des papillons, celle qui réalisaient le plus de dégâts dans le vignoble de Nantes : en juin et juillet. Les relevés concernent plusieurs familles : les insectes au sol, les hyménoptères, les lépidoptères et les oiseaux. « Tous les individus ne sont pas des auxiliaires directs des tordeuses, mais nous voulons avoir une vision globale de la biodiversité aux abords et au sein des parcelles. Une parcelle a été choisie sur chaque exploitation avec à chaque fois un relevé en début de rang et au sein de la parcelle. Nous souhaitons savoir si les auxiliaires pénètrent dans les parcelles malgré les différentes interventions mécanisées (entretien du sol, traitements, rognages…) et déterminer si un contexte parcellaire est plus performant que d’autres », souligne Florent Banctel.
Les données analytiques capitalisées seront analysées par les BTS GPN de Briacé en 2024-2025. Ils utiliseront les données comme support d’étude dans différentes matières avant de fournir leur rapport. Le premier constat est que les populations de tordeuses sont restées quasi nulles pendant les 3 années de relevés, il est donc impossible de conclure si la biodiversité présente était « fonctionnelle » par rapport aux tordeuses. Les premiers résultats ne montrent pas qu’une parcelle ou qu’un contexte est plus favorable systématiquement. Les populations, suivant les familles d’individus, sont très variables d’une parcelle à une autre et on relève parfois plus d’individus d’une même famille au sein de la parcelle alors que dans un autre contexte nous les recensons plus en bordure de parcelle. Ce qui est certain, c’est que plus il y a de diversité végétale, plus il y a d’abris et de sources de nourritures variées qui favoriseront une diversité de la faune. Reste à savoir si cette biodiversité sera fonctionnelle au sens de notre objectif de départ : la lutte contre les tordeuses de la grappe.
Les leviers d’actions identifiés pour le moment concernent plusieurs échelles : intra-parcellaire, extra-parcellaire, ilot et territoire. La préservation d’un enherbement dans l’inter-rang au moins sur une partie de la parcelle est une pratique réalisable, plutôt facile à mettre en œuvre à partir du moment où l’on gère la concurrence à la vigne. Des fauches tardives ou des zones non fauchées dans les tournières ou en bordure de parcelle peuvent être mises en place sans contraintes particulières. La présence de haies avec différentes strates fait partie des corridors à développer pour permettre la connexion des milieux, la circulation des individus. D’autres leviers comme des perchoirs ou des nichoirs s’avèrent efficaces s’ils sont bien réalisés et bien positionnés. Pour aller plus loin, la reconception d’une parcelle dès sa plantation intègrera aussi des zones humides et un format agroforestier. À noter toutefois que l’objectif final reste bien de préserver la capacité de production en limitant l’usage des produits phytosanitaires.
Florent Banctel, conseiller viticole, Chambre d’agriculture Pays de la Loire, animateur du groupe 30 000 Écophyto « La sérénité au naturel »