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25.05.2022

Mildiou : capter les spores pour anticiper la maladie


Protection du vignoble

Mildiou : capter les spores pour anticiper la maladie

Dans le cadre du projet VISA (Sporée Aérienne du VIgnoble) mené de 2020 à 2023, l’ingénieur IFV Marc Raynal et son équipe de l’UMT SEVEN tentent de mettre au point un nouvel indicateur épidémiologique grâce à un réseau de capteurs de spores, comme présenté lors du webinaire IFV-Vitisphère du 27 avril 2022 sur l'utilisation des capteurs en viticulture.

« Aujourd’hui, le seul capteur pour mesurer le mildiou, c’est la station météo, avec des données de températures, hygrométries et précipitations introduites ensuite dans des modèles pour essayer d’anticiper les développements épidémiques », a introduit Marc Raynal. S’il n’existe pas de capteur fiable dédié pour la détection du mildiou, l’enjeu est d’établir une mesure biologique entre la météo et les symptômes. Pour cela, 25 capteurs de spores de la marque SporeStick (fabriqués en Angleterre) ont été placés dans la région de Bordeaux en 2021. Il y en a près de 80 cette année. Deux bâtonnets semblables à des allumettes enduits de vaseline, tournent grâce à un petit moteur électrique à 2400 tours/min pour impacter les spores présentes dans l’air. Ensuite, une lyse cellulaire est extraite de la pellicule des bâtonnets, puis analysée via LAMP-PCR. « Selon la présence des marqueurs capturés, nous avons des signaux pour calibrer la quantité de spores présentes dans un m3 d’air », détaille l’ingénieur, évoquant jusqu’à 500 spores/m3 d’air mesurés par jour en période de forte présence de mildiou déclaré. Quelques capteurs sont également disposés en place en Val de Loire, suivis par l’IFV dans le cadre du projet Zéro Black rot, avec l’objectif de développer les suivis de spores sur oïdium et Black rot.

Etablir un réseau de capteurs

Si l’extraction des résultats de présence de spores est assez simple et rapide (5 min), peu chère et peu sensible aux pollutions environnementales, beaucoup de questions restent en suspend sur cette technologie assez récente, reconnait Marc Raynal à la 3e année d’expérimentation. « Il est important de travailler en réseau. Nous proposons ainsi aux viticulteurs volontaires d’acquérir ces capteurs avec batterie, pour un peu moins de 1 000 euros. Les vignerons font alors les échantillons et les envoient toutes les semaines, voire toutes les 48 h en période de contamination, avec des analyses rendues en 24 à 48 h. Ils accèdent ensuite aux informations pour leurs parcelles, et aux données du réseau, sous confidentialité. Des observations sanitaires sont également demandées aux participants sur un protocole simple, au minimum une fois par semaine, avec des données saisies sur la plateforme EPIcure. ». La restitution cartographique accessible aux partenaires offre une vision de l’accroissement de la sporée et du développement de la maladie observée chaque semaine. En 2021, le réseau VISA a ainsi montré que la capture de spores démarrait avant le développement massif des symptômes.

Économiser les premiers traitements

 « On commence à détecter le mildiou dans l’air avant l’apparition des symptômes dans 80% des cas. Les 20 % des cas restant montrent l’intérêt de travailler en réseau pour anticiper l’arrivée de la maladie », a insisté Marc Raynal, notant également l’observation d’un décalage de quelques jours entre des évènements climatiques (précipitations) et la capture de spores, et d’une huitaine de jours entre les captures et l’apparition des symptômes. Ces premières observations seront analysées plus finement pour élaborer des indicateurs de risque épidémique et améliorer le fonctionnement des modèles. Grâce aux capteurs de spores, l’ingénieur espère faire économiser les premiers traitements en saison, en déclenchant la protection le plus tardivement possible en fonction des captures et/ou des symptômes. « Les 4 à 6 premiers traitements auraient ainsi pu être économisés en 2021 sur notre parcelle suivie en bordelais », indique-t-il. Des essais de nouvelles stratégies de traitements sont ainsi en cours en 2022, grâce à un réseau d’une 10e de viticulteurs partenaires, basés sur les capteurs météo, la modélisation du risque, la présence de spores de mildiou détectée en local et sur l’ensemble du réseau. Les résultats feront l’objet de concertations avec les partenaires du réseau VISA en fin de campagne.

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