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21.04.2023

Comment mieux lutter contre l’oïdium ?


Protection du vignoble

Comment mieux lutter contre l’oïdium ?

Le 13 avril, l’ATV 49 a organisé, une demi-journée technique consacrée à la lutte contre l’oïdium. « Quand bien même nous n’avons pas de cépages très sensibles à l’oïdium, il est important de chercher à bien connaître et à maitriser cette maladie », a souligné Guillaume Gastaldi, conseiller viticole à la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire, en guise d’introduction. Pour l’occasion, Nicolas Constant, référent national en viticulture biologique de l’IFV, est intervenu en apportant son expertise en la matière.

 La température minimale de germination des spores commence dès 5-7°C, et c’est autour de 16-18°C que l’oïdium accélère son développement, avec des températures optimales autour de 22-28°C, pour une humidité relative supérieure à 70 %. Au-delà de 40 °C, le champignon ne se développera plus, passé les 45°C, il meurt. La pluie n’est pas nécessaire pour la germination des conidies, mais elle est indispensable en début de cycle pour l’ouverture des cléistothèces. « C’est la raison pour laquelle, il est primordial d’être parfaitement couvert en encadrement de floraison, entre les stades 10-12 feuilles étalées et le stade petit pois, voire la fermeture de la grappe. Une bonne vigueur de la vigne jouera d’ailleurs en faveur de la maladie, avec la présence de nombreuses feuilles jeunes sensibles jusqu’à 5-6 jours », souligne Nicolas Constant. Au-delà de 8-10 jours, une feuille non contaminée n’est plus sensible. Il est alors recommandé de protéger dès le stade 5-6 feuilles étalées pour les parcelles et cépages sensibles. Dès la pré-floraison (10-12 feuilles étalées), le traitement est indispensable sur l’ensemble des parcelles, jusqu’à la fermeture de la grappe. « Pour les situations à risque, il faudra maintenir la protection jusqu’à début véraison », indique-il.

Le soufre, incontournable en bio, utile en conventionnel

 L’ingénieur de l’IFV rappelle également que le soufre reste le produit le plus utilisé en bio face à l’oïdium, avec son effet vapeur, supérieur à son effet contact, et un allié très important dans les stratégies en conventionnel, notamment dans le cadre des gestions des résistances de l’oïdium aux produits de synthèse. « Comptez 8 à 10 jours en renouvellement mais la persistance d’action dépendra de la dose et des conditions météo. Entre soufre mouillable ou poudrage, s’ils sont bien appliqués, les deux montrent des efficacités similaires. Le poudrage est cependant plus sensible au lessivage, le réglage des poudreuses n’est pas toujours évident, et le prix sera plus élevé, mais il est possible de protéger davantage de rangs en un passage, avec une pénétration supérieure dans le feuillage », explique-t-il. « Attention aux températures élevées après l’apport d’un soufre : dans les situations extrêmes, un pic de chaleur à moins de 5 jours d’une application peut entraîner des pertes de récolte. Au-delà de 10 jours, aucun problème n’a été remonté avec du soufre poudrage, à la différence du soufre mouillable », complète-t-il. Pour corroborer cette remarque, un rapport d’expertise commandité par la DDTM 34, suite au coup de chaleur du 28 juin 2019 dans les vignobles du Gard et de l’Hérault, montre bien l’impact négatif sur la récolte des doses de soufre appliquées les jours précédents le pic de chaleur.

En complément du soufre, une panoplie de substances autorisés en bio

 En conclusion, l’ingénieur de l’IFV a présenté une liste de produits complémentaires au soufre, autorisés en bio dans la lutte contre l’oïdium :  l'hydrogénocarbonate de potassium/sodium (Armicarb, Vitisan ou Carpet) à positionner en préventif bien qu’il présente également un effet stoppant, en association avec une dose réduite de soufre ; les stimulateurs de défenses des plantes (Roméo, Vinimax ou Cos Oga), pour un usage en préventif stricte ; des produits à action fongicide, comme l’huile essentielle d’orange douce . Il a insisté sur la nécessité de bien vérifier pour ces produits la DSR – distance de sécurité riverains – dont certains sont désormais dotés à 10 m, et d’être attentif au coût qui peut parfois s’avérer élevé. Il a noté aussi l’intérêt de ces produits en complément du soufre, pour des parcelles peu sensibles. Concernant des substances de base ou PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes), parfois utilisées face à l’oïdium, l’ingénieur de l’IFV reconnait que les résultats manquent, malgré plusieurs essais réalisés notamment avec du lactosérum.

Pour en savoir plus :

-          « Optimiser sa stratégie de lutte contre l’oïdium en viticulture biologique », N. Constant, IFV

-          « Analyse économique et réglage des poudreuses », Chambre d’agriculture des Pays de Loire

 

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