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22.04.2020

Les chaufferettes font feu de tout bois


Protection du vignoble

Matériels / Équipements

Les chaufferettes font feu de tout bois

Testées à Chablis début avril par le distributeur Alabeurthe, les chaufferettes au bois suscitent l’intérêt des vignerons. Des tests sont également menés en Champagne auprès de la maison Taittinger. « J’avais imaginé une chaufferette pour brûler les sarments il y a plus de 10 ans, mais le fioul et l’électricité alors moins chers n’avaient pas permis au concept de prendre, et le gel de printemps n’était pas si fréquent » témoigne Claude Gros, inventeur d’une chaufferette bois brevetée, de la société Viti-chauffe.

Disposées tous les 50 m², soit 200 à 250 chaufferettes par hectare de vigne, les chaufferettes bois peuvent avoir jusqu’à une autonomie d’une dizaine d’heures, pour 2 sacs de 15 kg de granulés mis dans le réservoir, à raison d’une consommation de 1,5 à 3 kg de granulés par heure pour une chaufferette de 15kW. Cédric Aymonin, responsable du site Alabeurthe de Chablis, souligne : « Notre premier essai a été concluant, avec un allumage à 1h du matin, à 0°C, la parcelle n’est descendue qu’à -2,5°C contre -4,2 ailleurs. » Coût d’une chaufferette : 230 à 250 euros HT, avec un prix dégressif en fonction du nombre, indique Alabeurthe.

Bois densifié nécessaire

C’est grâce à l’emploi de bois densifié que la chaufferette peut dégager autant de chaleur, même s’il est possible de rajouter jusqu’à un tiers de combustible issu de son exploitation, sous forme de broyat indique Claude Gros. Vitichauffe indique aussi proposer des chaufferettes de 50 à 100 kW, utilisées en combinaison avec des éoliennes pour lutter contre le gel. « Les chaufferettes bois ont été testées sur Chablis, mais pas encore en Val-de-Loire, où les installations antigel concernent davantage les éoliennes et l’aspersion là où la ressource en eau le permet, indique Melissa Merdy, conseillère à la Chambre d’Agriculture d’Indre et Loire. Comparativement aux chaufferettes au fioul, celles au bois sont plus écologiques et avec une efficacité qui semble identique d’après les premiers résultats. ». Une installation de combustion au gaz coûte 33 000 euros/ha (150 brûleurs/ha), celle des chaufferettes bois serait du même ordre de grandeur pour 200 brûleurs/ha (à vérifier selon le cout dégressif éventuel). Quant à celle au fioul, l’installation revient environ à 15 000 euros/ha pour 200 brûleurs, compare la conseillère. « La question de la mise en place et du fonctionnement, en particulier le temps de main d’œuvre, doit être creusée, surtout pour des fréquences de gel de plus en plus fortes, sur plusieurs nuits sur la Loire… Il faut aussi regarder les frais de fonctionnement. Les granulés bois sont comparativement moins chers que le fioul. »

70 cts/litre de vin

Au final, d’après Melissa Merdy, on pourrait être autour de 70 centimes d’euros/litre de vin en chaufferettes bois contre 56 cts avec du fioul et 76 cts pour le système combustion gaz*. « Le système avec les chaufferettes bois est viable, et écologique mais couteux à l’installation, et qui sera peu adapté pour de grandes surfaces et des gels fréquents vis-à-vis de la main d’œuvre », continue la conseillère. Pour elle, si les chaufferettes au bois montrent de vrais atouts, il ne sera pas forcément adapté à toutes les situations (grandes parcelles, gelées fréquentes, gelées longues). Et il n’y a pas de solution miracle contre le gel : « Il faut choisir sa lutte en fonction de ses contraintes. Les chaufferettes bois de par leur système de combustion auront une efficacité sur des gelées blanches, les gelées noires (effet séchant du système) et même avec une invasion d’un front froid (même si l’efficacité sera moindre), à la différence des systèmes basés sur le brassage d’air. Mais le coût peut vite être important. Il convient donc de poursuivre les études sur leur niveau d’efficacité, et leur coût. Ce même système en association avec des éoliennes peut être intéressant. »

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