24.05.2016
Protection du vignoble
Un champignon pour combattre l’oïdium ? L’idée ne date pas d’hier, mais une nouvelle piste est étudiée actuellement en Val-de-Loire par l’IFV, avec l’emploi d’Ampelomyces quisqualis. Ce parasite de l’oïdium est inoculé sur du trèfle violet, planté en inter-rang, afin de lutter contre la maladie dès son arrivée sur la vigne.
Ampelomyces quisqualis est un champignon parasite des oïdiums. L’utiliser dans les vignes pourrait permettre de réduire le volume et la fréquence des traitements anti-oïdium, présente David Lafond, ingénieur à l’IFV Val-de-Loire, travaillant en partenariat avec l’Arexhor (Agence régionale pour l'expérimentation horticole Pays de la Loire) sur le projet régional Diaplasce traitant de l’utilisation de plantes de services en horticulture et viticulture. En Italie, un bio-fongicide à base d’Ampelomyces est homologué contre oïdium sur diverses cultures, dont la vigne. En France, son homologation a été refusée sur vigne, par manque d’efficacité, détaille David Lafond : « Notre objectif est de trouver des pistes pour réduire la pression oïdium. Comme A. quisqualis est un parasite obligatoire, c’est-à-dire que son développement est dépendant de la présence d’oïdium, nous cherchons à implanter des plantes hôtes dans les vignes, pour avoir la présence d’un autre oïdium, et donc d’A. quisqualis. Ce dernier pourra alors lutter contre l’oïdium de la vigne au moment de son émergence. »
Les essais ont débuté en 2015 en Val-de-Loire, sur le site IFV de Montreuil-Bellay. L’inoculation in-vitro par A.quiscalis s’est faite sur du trèfle violet, une plante très sensible à l’oïdium, implanté dans l’inter-rang dans les vignes au printemps 2015. « Malheureusement l’an dernier, lorsque l’oïdium est apparu sur la vigne, il avait disparu sur le trèfle, comme A.quisqualis », déplore David Lafond. Cette année, l’inoculation du trèfle par l’oïdium s’est faite assez tardivement en raison des faibles températures, le 20 mai. L’inoculation par A.quisqualis doit avoir lieu 10-15 jours après. A.quisqualis, comme l’oïdium, étant sensible aux fongicides, notamment au soufre, les essais sont conduits en l’absence de traitements. Les premiers foyers d’oïdium sur vigne ainsi « protégés » devraient permettre de voir l’efficacité d’A.quisqualis. La détection des champignons se fera ensuite à l’aide d’outils de marquage moléculaire de type PCR. « En effet, il est très difficile de savoir si l’oïdium est contaminé par Ampelomyces ou non. La PCR nous permet de gagner du temps ! ».
L’intérêt d’A.quisqualis est aussi de pouvoir parasiter les cleistotheces à l’automne pour limiter l’inoculum d’oïdium l’année suivante. « Cela participe au développement de la démarche d’agroécologie », souligne l’ingénieur IFV, qui précise que si le projet arrive dans sa troisième et dernière année, les études se poursuivront en Val-de-Loire grâce à d’autres financements.