Comment passer d’une vision de « déchet qu’il faut évacuer », moyennant un coût pour l’exploitation, à un « co-produit que l’on peut valoriser », soit financièrement, soit par une ‘mise à disposition’ œuvrant pour une empreinte carbone réduite de l’exploitation.

Le projet VALOCEPS a émergé dans le cadre des travaux du VINOPOLE (1) sur la valorisation des co-produits. Il a été présenté en Conseil Technique de Bassin en juillet 2023. Puis une poursuite des travaux, incluant les réflexions avec un possible partenaire de production énergétique biosourcée ECOGIE, a été validée en Commission Technique InterLoire le 22 février dernier. VALOCEPS (2) se pose la question de valoriser les ceps de vigne issus des arrachages. En effet, les surfaces viticoles en Loire (de la Touraine à la façade Atlantique) sont stables depuis une dizaine d’années et présentent une forte dynamique de renouvellement. Le volume annuel de cette masse ligneuse, issue des arrachages de parcelles, sur notre bassin ligérien a été évalué dans l’atlas biomasse réalisé en 2022 par InterLoire à plus de 9700 Tonnes de matière sèche. A ce tonnage s’ajoutent les ceps retirés des parcelles suite aux maladies, casses…, que l’on estime annuellement à 2% des ceps totaux plantés sur les 54 500 ha. Actuellement, ces ceps arrachés sont majoritairement brulés en bout de champ, brûlage nécessitant dérogation.

Tous ces ceps sont porteurs de résidus de traitements, et peuvent être, selon les sols, mélangés à de la terre et des cailloux, voire peuvent contenir des éléments métalliques. Ces caractéristiques contraignent les valorisations possibles. Mais ces ceps pourraient servir d’intrants de projets novateurs de production énergétique sur des territoires de proximité, telle la pyrogazéification.

Le processus de pyrogazéification commence à se développer aujourd’hui pour produire des énergies renouvelables et stockables. Il s’agit de chauffer de la matière carbonée, à très haute température (entre 800 et 1500°C), dans un environnement très pauvre en oxygène, afin de produire du biométhane, de l’hydrogène ou un biocarburant. Il s’agit d’une technologie complexe qui demande encore un peu de recherche et développement et pour laquelle la disponibilité sécurisée de la biomasse doit être assurée pour pérenniser la production. Dans le cas d’ECOGIE, le projet envisage dans son process, la possibilité d’intégrer en amont de la pyrogazéification, l’extraction de polyphénols (pour usages cosmétique, biocontrôle…) ce qui viendrait compléter la valorisation de la biomasse.

1. LA STRUCTURATION DE LA COLLECTE : que la valorisation des ceps soit de la pyrogazéification ou une autre voie, il convient de structurer la concentration et la logistique de la collecte des ceps de vigne pour en faciliter la valorisation, notamment par des acteurs hors filière viticole du secteur de l’énergie
2. L’EVALUATION DE L’INTERET RSE pour la filière viticole ligérienne de s’engager dans la valorisation de ses ceps comme intrants d’une plateforme de pyrogazéification, notamment via l’analyse du cycle de vie avec l’ESA d’Angers
3. TEST : ECOGIE a un projet d’implantation d’une usine de pyrogazeification au nord de Tours, avec l’idée d’imaginer des dispositifs réplicables sur plusieurs territoires. ECOGIE va poursuivre son travail de construction de projet en testant avec des exploitations volontaires la faisabilité et le modèle de contractualisation.

L’objectif final est de permettre à la filière d’avancer dans la structuration d’une chaine de valorisation de ses co-produits : chaine de valorisation qui réponde aux enjeux de diminution de l’impact carbone de la filière et qui facilite la réalisation de projets répondant aux enjeux énergétiques fondamentaux. Enfin, nous travaillons au rapprochement avec d’autres filières productrices de ligneux telle la filière arboricole.