25.10.2018
Itinéraires viticoles
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Le sol, encore trop méconnu des producteurs, notamment en viticulture ? C’est ce qui est ressorti de la journée Végépolys « Sols et Substrats » organisée à Angers le 11 octobre dernier, en présence d’une centaine d’entrepreneurs, chercheurs et étudiants, venus faire le point sur les attentes, outils et perspectives des filières végétales autour du sol et des substrats.
« Les viticulteurs n’ont généralement recours qu’à des analyses de sol de base au moment des plantations ou en cours de production si des problèmes de carences sont avérés, observe Marie Bonnisseau, ingénieure à l’IFV pôle Val de Loire-Centre. Et ils demandent souvent un accompagnement pour comprendre les résultats. » Pour elle, le coût assez élevé des analyses de sol (autour de 75-100 euros), en comparaison des analyses de vendange (autour de 20 euros) peut expliquer cette mise en œuvre limitée. Les choses bougent pourtant. Pour Marie Bonnisseau, les producteurs sont actuellement dans un changement d’état d’esprit, plus global, où le sol n’est plus seulment un support mais s’intègre dans un fonctionnement plus large intégrant l’environnement, la plante, la nutrition. « Les connaissances progressent aussi sur les bioindicateurs, avec le suivi de la macrofaune – escargots, vers de terre, etc.- pour comprendre l’état de son sol, mais cela reste encore dans les mains des experts, avec des limites sur les quantifications. Même chose pour l’effet de biostimulants, où la recherche n’a pas fini d’étudier l’impact des produits de stimulation de l’immunité de la vigne, en fonction des doses et dates d’apport, et les conséquences sur la production et l’environnement. »
Fin 2016 a été lancé le réseau national d’expertise scientifique et technique sur les sols (RNEST), dans le but de fédérer les acteurs travaillant sur les sols. Un questionnaire en ligne, diffusé par ce réseau d’avril à juin 2018, a permis d’obtenir près de 350 retours de personnes du conseil, de la R&D, et de l’administration. « Parmi les besoins exprimés : davantage de connaissances sur l’impact des pratiques agricoles, des outils pour une évaluation intégrée des sols de type "kit terrain", des données sols pour paramétrer les OAD, des outils pour échanger avec les non-spécialistes, des référentiels locaux, ainsi que de la mise en relation avec des experts du sol et des agriculteurs », liste Ana Cassigneul, animatrice du réseau RNEST. Un site web du réseau RNEST doit voir le jour début 2019, pour apporter de l’information (appels à projets, évènements), et renvoyer vers les sources d’informations existantes sur les sols (rapports, outils, référentiels, etc.)
Lors de la journée Végépolys, des entreprises proposaient aussi leurs solutions de suivi et gestion des paramètres du sol, notamment la startup Sinafis basée à Castres et ses petites sondes Sinasens Smartagri, commercialisées depuis décembre 2017, qui mesurent la température et l’humidité de l’air et du sol, et l’humectation des feuilles, pour un coût plutôt limité (location de 100 euros/mois pour 10 sondes, pour un contrat de 36 mois). « Les données sont transmises à une plateforme web, où le client peut les suivre en direct, les récupérer, et mettre des seuils d’alerte pour être averti, par exemple pour la gestion de l’enherbement dans les vignes, afin de savoir s’il faut le détruire ou non selon le niveau hydrique », indique Ari Kambouris, co-fondateur de Sinafis, qui précise qu’une nouvelle sonde doit sortir mi-2019 pour suivre l’intérieur des cuves viticoles (mesure bactérienne). Autre outil : le LEVAbag de l’Esa d’Angers, un petit sac en nylon qui mesure la dégradation d’une matière organique de référence (paille) qui sert d’indicateur de l’activité biologique des sols. Quatre mois après leur enfouissement, les LEVAbag (minimum 3 sacs par parcelle) sont retirés du sol, puis envoyés au laboratoire d’analyses. L’agriculteur reçoit ensuite ses résultats, avec des éléments d’interprétation. Le kit de 3 LEVA-bag coûte entre 81 et 96 euros HT (dégressif selon nombre), et intègre une fiche de diagnostic.