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26.01.2016

Quel compromis entre qualité et environnement ?


Environnement

Quel compromis entre qualité et environnement ?

En appliquant l’analyse du cycle de vie à la viticulture, l’Esa d’Angers, au travers du projet Casdar Qualenvic, étudie l’amélioration des performances environnementales viticoles. Les premiers résultats ont été dévoilés au Sival. Pour les professionnels, ces travaux doivent avant tout permettre d’objectiver les changements de pratiques, et non classifier les exploitations entre elles.

C’est au Sival qu’a eu lieu la première restitution du projet Casdar Qualenvic, faisant le lien entre qualité du produit (lait/vin) et performances environnementales. Démarré en 2013 au Groupe ESA d'Angers, en partenariat avec l’Inra, les chambres d’agriculture et Terra Vitis, ce projet vise notamment à améliorer les performances environnementales de systèmes viticoles, grâce à l’analyse du cycle de vie (ACV), comme l’explique. Frédérique Jourjon, directrice de la recherche et de la valorisation du Groupe ESA : « Enjeux de durabilité, de qualité de production, d’économie d’intrants ou d’adaptation aux marchés internationaux : la prise en compte de l’environnement est devenu primordial en viticulture. Mais il n’est pas simple de relier la qualité d’un produit et son impact environnemental, d’où notre approche sur l’ACV pour essayer d’obtenir un compromis entre ces deux notions. » Dans le cadre du projet Qualenvic, différents itinéraires techniques viticoles ont été comparés. « Nous avons listé tous les impacts liés aux produits ou équipements qui rentrent en compte dans le processus de production du raisin, détaille Cristel Renaud-Gentié, de l’Esa. À partir des résultats de plusieurs itinéraires techniques sur le chenin en Anjou et dans le Saumurois, sur deux millésimes distincts, il est possible d’identifier les pratiques viticoles les plus impactantes sur l’environnement et de fournir aux conseillers et viticulteurs des éléments d’aide à la décision pour le pilotage de leurs itinéraires techniques viticoles. »

Objectiver les changements de pratiques

Les impacts potentiels sont détaillés à différents niveaux : changement climatique, acidification des sols, eutrophisation des eaux douces, écotoxicités terrestre et des eaux, et enfin épuisement des ressources. Un itinéraire avec moins de passages dans les vignes et un tracteur moins puissant améliore par exemple ses performances environnementales, grâce à une consommation moindre de carburant. « L’enjeu prioritaire est d’objectiver davantage le changement des pratiques, afin de mieux orienter le conseil et la formation, vers des systèmes aux meilleures performances environnementales, souligne Alain Treton, délégué territorial viticulture à la CA44. Aussi, ces travaux permettent de classifier les impacts, pour prioriser au niveau local les actions que nous devons mettre en place. » Si Didier Vazel, vigneron à Martigné-Briand et président de Terra Vitis se dit « satisfait de cette étude et de cette réflexion », il met toutefois en garde contre « l’utilisation finale de ces résultats, qui doivent rester des indicateurs, et non des outils de classement des exploitations entre elles. » Selon lui, pour caractériser encore mieux la viticulture durable, il faudrait ajouter à la démarche des indicateurs sociaux et économiques. Frédérique Jourjon souhaite rassurer ces inquiétudes : l’objectif final de Qualenvic est bien « d’identifier les pratiques qui posent problèmes et celle qui sont intéressantes, afin de mieux accompagner les producteurs dans leurs choix techniques. Si toutes les pratiques ont un impact sur l’environnement, l’enjeu est bien de valoriser au final celles qui en ont le moins. »

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