28.07.2016
Millésime
Après le gel survenu fin mai sur le Val-de-Loire, puis les fortes précipitations sur le mois de juin et la pression mildiou très élevée voire « exceptionnelle », les vendanges s’annoncent délicates cette année pour le vignoble ligérien.
Dans le Val-de-Loire, la campagne s’est déroulée en trois étapes, selon David Lafond de l’IFV. Un début de campagne jusqu’à fin mai plutôt froid avec une pression maladie très faible. Ensuite, vers le 20 mai, sont apparues les premières attaques de mildiou. Des contaminations élites étaient apparues dès le 12 mai entraînant quelques tâches très régulières et plus fréquentes que d’habitude mais sans gravité. Les importantes pluies de fin mai ont lancé l’épidémie de mildiou sur l’ensemble du vignoble. Enfin, depuis début juillet, on bénéficie d’un temps chaud et sec. « La semaine dernière, et cette semaine encore, on voyait des symptômes de mildiou sortir, avec le phénomène de repiquage lié à la rosée du matin. Mais ces symptômes ne sont pas prédits par le modèle, qui se base uniquement sur les précipitations », évoque David Lafond. En Val-de-Loire, certains ont préféré protéger tôt, dès le 10-15 mai, avec parfois des problématiques de fin de rémanence en fin de mois, au moment des plus fortes attaques ; d’autres ont attendu justement cette fin du mois pour traiter, et cibler le pic de pression. De mémoire de vigneron, la pression mildiou n’a jamais été aussi forte que cette année.
Selon l’ATV49, le stade fermeture est atteint sur la majorité des parcelles du Maine et Loire. 2016 se place, en termes d’évolution de la vigne, entre 2013 et 2014 laissant présager des vendanges vers la miseptembre. Mais rien n’est encore décidé : des symptômes de sécheresse apparaissent depuis une dizaine de jours sur les ceps sensibles au stress hydrique. L’écart d’avancement entre les parcelles se réduit. Le risque de contaminations primaires en mildiou diminue sur l’Anjou, mais reste moyen à fort dans tout le Saumurois. Si le temps persiste au sec, le risque diminuera encore sur l’ensemble du vignoble. L’oïdium est confiné à de rares parcelles.
« Dans le Val-de-Loire, on bascule actuellement dans la dynamique oïdium et black-rot, avec un regain pour ce dernier ces derniers temps, mais dont les symptômes ne se verront pas avant deux à trois semaines. Le black-rot est d’ailleurs plus délicat à modéliser, avec des attaques moins fréquentes », détaille David Lafond. En Maine-et-Loire, pas de problématique black-rot, car pas d’historique de la maladie sur cette zone. Des phénomènes de coulure et de millerandage s’observent de façon non généralisée à toutes les grappes des parcelles. « Malgré les intempéries, la pression du mildiou, les escargots et les vers de grappes de première génération, les vignes donneront une récolte !», complète l’ATV49.
La récolte 2016 sera faible dans le vignoble Nantais, suite aux évènements climatiques de l’année : le gel en début de saison, qui a impacté une bonne partie du vignoble, la grêle sur une centaine d’hectares de vigne autour du lac de Grand-Lieu le 28 mai, puis l’importante pluviométrie fin mai, et l’explosion de la pression mildiou, présente Florent Banctel de la chambre d’agriculture de Loire Atlantique, remplaçant de Guillaume Druart. « Suite au gel, il y a eu un phénomène de compensation avec une deuxième pousse, mais moins fournie en grappes, et avec des retards de phénologie. Les pluies ont entraîné une pression mildiou exceptionnelle, avec une humidité permanente et des difficultés à retourner dans les parcelles pour traiter de nouveau. Très peu de vignerons s’en sortiront correctement, en bio comme en conventionnel. Début juillet, le mildiou sévit aussi sur grappes.»
Mais aujourd’hui, un ralentissement des symptômes est observé selon la chambre d’agriculture. L’oïdium semble très peu s’exprimer pour l’instant, hormis sur cépage sensible, Idem pour le botrytis. En black-rot, les symptômes sur feuilles sont fortement sortis et ont été maîtrisés par les traitements anti-oïdium homologués sur Black-rot. La maladie paraît contenue sur grappes. Des cochylis étaient assez présentes en 1ère génération, et ont provoqué dans certains cas des dégâts dans les grappes.
Pas ou peu de cicadelles sur le vignoble du muscadet. « Si le développement végétatif avait de l’avance, il a pris au final un peu de retard, mais nous espérons que les dernières chaleurs permettront de le compenser. Avec des maturités de grappes hétérogènes, et des phénomènes de coulure à la floraison et de millerandage, la récolte ne sera pas simple, ni très quantitative. En attendant, l’objectif est d’être vigilant face aux risques de repiquages hygrométriques, avec une pression mildiou-oïdium permanente », conclut Florent Banctel.
La Touraine a été fortement touchée par le gel du 27 avril, avec des dégâts allant de 35 % à 80 % selon les appellations. Un épisode de gel avait déjà touché l’Indre-et-Loire le 19 avril, rappelle Adeline Mallet, conseillère viticulture à la chambre d’agriculture d’Indre et Loire : « Pour les parcelles qui ont gelé à plus de 70 %, il n'y a pas eu de compensation, avec en moyenne une grappe par cep. Mais pour les parcelles ayant gelé à moins de 60 %, la compensation a eu lieu. » Conséquence du gel : des écarts de stades phénologiques (moyenne : fermeture de la grappe au 14 juillet), qui se verront encore à la récolte, et joueront sur la qualité. Ensuite, les fortes pluies du 30 mai au 3 juin, puis 10 jours de pluie en continu en juin, ont fait exploser la pression mildiou, pourtant faible au départ. « Je n’ai jamais vu une pression mildiou aussi forte, évoque Adeline Mallet. Nous avions conseillé des protections dès la fin mai, voire dès le 18 mai pour les bio. Ceux qui ont pu traiter entre deux averses s’en sont mieux sortis. Désormais, il faut rester attentif aux repiquages, même si les chaleurs de juillet devraient assainir le problème mildiou. »
En black-rot, le léger risque en début de campagne a plutôt été contenu. Côté oïdium, le risque faible à moyen augmente à la mi-juillet, mais le stade fermeture de grappe signe la fin de la sensibilité. La pression insecte n’est pas élevée. « Peu de cicadelles vertes. Par contre, de plus en plus de cicadelles de la flavescence dorée, mais sans le phytoplasme responsable de la maladie. Pour les tordeuses, les vols de 1ère et 2ème génération étaient faibles excepté sur secteurs habituellement sensibles », complète Adeline Mallet. Des symptômes de sécheresse apparaissent sur les vignes les plus sensibles. Conséquence des fortes pluies : l’apparition de coulure et de millerandage sur certains secteurs.
« Les récoltes seront faibles sur la Touraine. La pression mildiou est encore plus forte à l’Est qu’à l’Ouest, avec des pluies plus importantes, mais le gel ayant été souvent moins important sur les secteurs de l'Est, il n’est pas facile de se prononcer sur les volumes des futures vendanges, même s’ils seront globalement plus faibles sur tous les secteurs. Le mildiou aura généré des pertes de ré- coltes sur tous les secteurs et le gel est plus sectorisé », conclut Adeline Mallet.
C’est vraiment une année très difficile, souligne Alice Durand, conseillère viticulture à la chambre d’agriculture du Loir et Cher. « Il y a eu le gel intense des 27 avril, jusqu’à -4 °C sur des vignes au stade trois feuilles étalées, avec jusqu’à 90 % de dégâts pour certaines parcelles. Au global, un tiers de la surface du vignoble départemental a été touché par le gel. Ensuite, nous avons eu une météo exécrable, avec un cumul de pluies exceptionnel, très favorable au mildiou, et au phénomène de pourriture pédonculaire. »
Une enquête mildiou est réalisée par la chambre d’agriculture, pour étudier les effets des positionnements produits et de leur efficacité. « Mais une chose est certaine : il y a toujours intérêt à traiter en préventif contre le mildiou et non en curatif. Suivre la date de démarrage est très important. Certains ont commencé fin mai au lieu du 10 mai, et ne s’en sont pas sortis par la suite » Cette année, très peu de black-rot en Loir-et-Cher, et l’oïdium commençait juste à la mi-juillet. Côté ravageurs, la pression est plutôt faible. « Avec des floraisons survenues autour du 20 juin, nous avons actuellement un retard d’une semaine sur le développement de la vigne. Celles qui n’ont pas gelé ni souffert du mildiou ont un gros développement végétatif. Globalement, il y a une quantité de feuillage importante par rapport à la production de grappes. ». Les cépages ont atteint à ce jour le stade fermeture. La coulure est marquée sur sauvignon et côt principalement, le millerandage est marqué sur gamay. « Nous nous attendons à une récolte faible, même si les situations sont très variables au sein d’un même secteur », conclut Alice Durand.