17.03.2017
Intrants viticoles
Protection du vignoble
Les produits phytosanitaires impactant l’environnement et présentant des risques sanitaires, les solutions alternatives à leur utilisation se sont développées depuis les années 1990.
Aujourd’hui, le biocontrôle a trouvé sa place avec un engouement pour le développement de ce type d’alternative. Elsa Ballini de Montpellier-SupAgro a fait le point sur le biocontrôle en viticulture à l’occasion de la 9eme journée scientifique de la vigne et du vin.
Les biocontrôles sont des produits phytosanitaires issus de microorganismes (ex : Bacillus Thuringiensis, spinosad), de macro-organismes (organismes prédateurs ou parasitoïdes), de médiateurs chimiques (pheromones, kairomones) ou de substances naturelles (ex : pyrethrine). Leur part de marché, toute culture confondue, reste à ce jour très modeste avec 3.7 % du marché néanmoins leur croissance est de 15 % par an. En 2020, ils occuperaient, selon les estimations, 25 % du marché des produits phytosanitaires en remplaçant près de 70 % des insecticides (toute culture confondue). Ce développement est favorisé par la législation (taxes allégées sur les AMM*, procédures d’homologation accélérées,…) et par la recherche avec la création d’un consortium national du biocontrôle en 2015 visant à fédérer des projets pour proposer des solutions innovantes et adaptées au marché. Ainsi, une soixantaine de projets de recherche devraient aboutir à des solutions opérationnelles dont 30 % concernant la vigne et, d’ici 3 ans, 17 AMM* devraient voir le jour.
Des solutions de biocontrôle dans la lutte contre les arthropodes ont fait leur preuve depuis une vingtaine d’années. Citons, par exemple, l’utilisation d’auxiliaires comme les acariens prédateurs des Phytoseiidae, les Anagrus atomus parasitoïdes des œufs de cicadelles vertes ou celle de médiateurs chimiques comme la confusion sexuelle contre les tordeuses. D’autres solutions, si naturelles soientelles, posent question du fait de leur profil toxicologique non spécifique comme le pyrèthre utilisé contre Scaphoideius Titanus (vecteur de la flavescence dorée) ou l’huile de colza employée aux stades hivernaux des ravageurs. Les essais de lâchers massifs de macro-organismes n’ont, quant à eux, pas donné de résultats probants soit pour des raisons économiques ou d’efficacité (ex : chrysopes contre les cochenilles).
En revanche, les expérimentations ont montré un réel intérêt de la kaolinite contre les cicadelles vertes et un produit vient d’être homologué pour cet usage sur vigne (janvier 2017). Si bon nombre de produits sont également commercialisés dans le cadre du biocontrôle, la panoplie des solutions reste limitée, il est nécessaire de poursuivre le travail de recherche sur des nouvelles formes de lutte biotechnologique, de nouveaux auxiliaires et produits.
Des travaux se sont avérés concluants sur une nouvelle forme de lutte biotechnologique : la confusion vibratoire des mâles. Les essais ont été conduits dans le cadre de la lutte contre Scaphoideius Titanus et ont consisté à saturer une atmosphère en ondes émises par les femelles pour attirer les mâles. Il en résulte une proportion plus importante de cicadelles vierges, les mâles étant perturbés par ces ondes. Ce type de confusion pourrait s’avérer intéressante, reste à ce que des industriels se penchent sur le développement et l’exploitation de cette solution…
Une autre étude menée aux USA a montré que les araignées étaient les auxiliaires majeures, représentant 95 % des prédateurs dans les vignes. Il en existe d’autres peu étudiés comme les chrysophes, les syrphes ou les coccinelles. Quels qu’ils soient, pour favoriser leur installation, il faut connaître qui est où, qui fait quoi c'est-à-dire les interactions entre les agrosystèmes et les auxiliaires à l’échelle de la parcelle et du paysage. Le projet « Biocontrol » coordonné par l’IFV Bourgogne et lancé en 2013 propose ainsi d’aborder la relation entre la complexité du paysage et un service écosystémique : la régulation naturelle des ravageurs. Enfin, il existe un certain nombre de produits de biocontrôle qui ne sont pas homologués en France et/ou sur la vigne mais dans d’autres pays et/ou sur d’autres cultures. Ces produits présentent aussi des pistes à exploiter pour lutter contre les ravageurs de la vigne.