08.04.2019
Itinéraires viticoles
Environnement
Bientôt tous HVE ? En tous les cas, la certification Haute Valeur Environnementale, défendue par les pouvoirs publics, a le vent en poupe. Les vignerons s’y penchent de plus en plus…créant même quelques embouteillages sur les journées de formation.
Un véritable engouement ! Voilà comment Stéphanie Savary, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique voit l’intérêt des vignerons pour la certification HVE – Haute valeur environnementale. « Nous proposons depuis 2014 des formations de deux jours sur le sujet avec en plus une ½ journée sur l’exploitation, où l’on explique la démarche et où les producteurs viennent avec leurs chiffres pour voir leur capacité à être certifiés. Ces formations sont financées par le Vivéa, et éligibles au PCAE. Jusque-là réalisées auprès de 7-8 vignerons par session en Loire–Atlantique ces formations font le plein depuis la fin d’année 2018, avec 14 personnes à chaque fois. Déjà 3 créneaux sont complets en 2019 sur le 44, et 6 dans le Maine-et-Loire d’ici fin d’année 2019 ! Nous allons programmer de nouvelles formations pour répondre aux nouvelles demandes ». Pour la conseillère, cet engouement ne vient pas que des producteurs, mais découle surtout de la demande des distributeurs, pour l’accès au marché. « Il y a une très forte volonté politique à soutenir la HVE, et la grande distribution demande à ses fournisseurs d’avoir cette certification. Les négociants en font ainsi de plus en plus la demande aux vignerons, sans pour autant banaliser une plus-value finale dans le prix… Pour la plupart des viticulteurs, la certification n’entraîne pas de gros changements, validant juste leurs bonnes pratiques. Pour d’autres, la démarche de progrès est plus forte, mais quasi obligatoire pour ne pas être déréférencé par un acheteur. »
Pour aller vers la HVE l’idéal est de se faire accompagner, poursuit Stéphane Savary. La chambre d’agriculture valide le niveau 1 de la certification HVE, qui concerne les conditionnalités réglementaires PAC de la certification Haute Valeur Environnementale, validée ensuite par un organisme certificateur. A partir de cette année, il est également possible de rejoindre une certification collective portée par la Chambre d’agriculture pour le suivi HVE. Le niveau 2 correspond à une équivalence, notamment pour les domaines en démarche Terra Vitis. Enfin, le niveau 3 correspond à la réelle certification Haute Valeur Environnementale. « Les gens certifiés depuis 2 ou 3 ans trouve dans la HVE un atout pour les marchés exports, CHR ou en vente directe, mais pas en grande distribution », observe-t-elle. Pour la conseillère, cette certification est une « vraie reconnaissance du travail des vignerons, et des progrès engagés en faveur de l’environnement », et pourrait à terme devenir la norme !
« Du recul sur nos pratiques à la vigne, et un argument de plus pour les acheteurs pour postuler à de nouveaux marchés »
Stéphane Gouraud, maître de chai et responsable d’exploitation, Château Guipière, Vallet (44)
« Suite à la reprise de l’exploitation familiale en 2015, les nouveaux propriétaires du Château Guipière ont eu la volonté de renforcer la démarche environnementale. Un travail de lutte raisonnée a été engagé, et les herbicides ont été énormément réduits, jusqu’à être supprimés en totalité désormais. Un dossier PCAE a été monté pour financer des outils de travail du sol. Une formation obligatoire devait être suivie, et nous avons choisi celle sur la HVE, dispensée par la chambre d’agriculture. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions être certifiés HVE directement, grâce aux points obtenus sur la fertilisation – nous n’utilisons que des composts organiques et bio, la gestion de la biodiversité avec nos nombreux murets, fossés haies, et sur les intrants phytosanitaires, avec un IFT moyen inférieur à la moyenne départementale. Après la formation de 2 jours, nous avons fait une demande de certification auprès d’un organisme certificateur, qui est passé sur l’exploitation 5 mois après. L’audit est très rigoureux, notamment sur la justification des démarches de traitements, le matériel réglementaire, etc. Une fois l’audit validé, nous étions certifiés. Être HVE nous revient à 900 euros pour trois ans. Cette certification nous apporte du recul sur nos pratiques à la vigne, notamment pour appréhender l’évolution des produits phytosanitaires. C’est aussi un argument supplémentaire auprès des acheteurs, pour postuler à de nouveaux marchés en France, en particulier sur la grande distribution, mais aussi à l’export. Pour l’instant, il n’y a pas de plus-value sur nos tarifs, malgré une augmentation significative des charges de production, depuis le premier millésime certifié en 2017. A terme, il faudrait une grande campagne de communication nationale, comme pour le Label Rouge, pour faire connaître aux consommateurs ce nouveau signe de qualité ! »