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20.07.2018

De belles grappes mais une pression mildiou difficile à maîtriser


Millésime

De belles grappes mais une pression mildiou difficile à maîtriser

2018 est une campagne fortement marquée par la pression mildiou sur l’ensemble du Val-de-Loire, avec une maîtrise compliquée. Les maladies du bois sont aussi bien présentes. Malgré tout, les nombreuses sorties de grappes et la bonne réserve hydrique des sols laissent espérer des vendanges quantitatives et qualitatives, avec une précocité semblable à 2017.

Du Muscadet à l’est de la Touraine, le constat est le même : la pression mildiou est très forte dans le vignoble ligérien ! « La période du 20 mai au 20 juin a été particulièrement à risque, et les niveaux de contamination dans les témoins non traités ont été très élevés », indique Guillaume Gastaldi, conseiller viticole à l’ATV49. Sur l’est de la Touraine – Montlouis, Amboise, Vouvray – la pression mildiou est apparue tardivement, vers le 15 juin, avec des sorties très virulentes et une pression qui n’est pas encore redescendue, observe Anastasia Rocque, conseillère à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire. « À l’ouest de notre secteur, la pression a été décalée dans le temps et reste plus faible, en raison de pluies moins importantes qu’à l’est. Mais il y a toujours des symptômes sur grappes et feuilles. La véraison qui arrive d’ici deux semaines devraient aider à limiter les problèmes, même si pour l’heure il faut continuer de protéger ses vignes. ». Dans le Loir-et-Cher, l’année est aussi fortement marquée par le mildiou. Seul le vignoble nantais semble tirer son épingle du jeu, avec un état sanitaire qui reste globalement satisfaisant à ce jour, observe Florent Banctel, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique : « Nous avons été moins impactés par la maladie que le reste du vignoble ligérien, mais la pression mildiou reste élevée. »

Lessivage des produits de contact

Les fortes attaques de mildiou s’expliquent par les lessivages des produits de contact suite aux nombreuses et fortes pluies. Autre raison : des trous dans la protection fongique ou des cadences pas suffisamment resserrées, surtout entre les stades sensibles : floraison à fermeture. « Il fallait resserrer les cadences de traitement, à 11-12 jours, notamment du fait de la pousse très active de la vigne, évoque Alice Reumaux, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. Ceux qui n’ont pas assez resserré leur fréquence de traitements ont été plus durement touchés. Sur notre groupe Dephy, nous avons estimé à 5% cette perte de récolte liée au mildiou. ». Sur le muscadet, une météo plus clémente avec une fréquence d’orages plus faible et de rares orages violents explique en partie l’état sanitaire mieux préservé. « La pression mildiou en 2016 avait été hors-norme, et après deux années avec de très faibles récoltes, les vignerons ont en tête l’obligation financière de faire des rendements cette année, d’où la prise de risque minimale en protection fongique. », remarque Florent Banctel.

Gestion des résistances

Des phénomènes de résistance ont été observés sur le Loir-et-Cher : « Les CAA (amides d'acide carboxylique) comme le Panthéos à base dimétomorphe ont fonctionné chez certains mais pas chez d’autres. Les cymoxanils ne donnent pas de bons résultats là aussi à cause de problèmes de résistance, note Alice Reumaux, qui rappelle que l’objectif est d’alterner les familles. Mais certains producteurs ont déjà eu recours à toutes celles disponibles. La pression milidou a été aussi trop forte pour utiliser des fosétyl. Et pour que les bouillies atteignent les grappes, l’effeuillage était essentiel. » Sur l’apparition de problèmes de résistance, Guillaume Gastaldi estime que « sans monitoring, il est difficile d’avoir un vrai diagnostic ». En Indre-et-Loire, Anastasia Rocque ne relève pas de problématique particulière de résistance, « lorsque les préconisations d’emplois des produits ont été respectées ». Si aucun problème de résistance n’a été mis en avant dans le nantais, la question se pose fortement au sein des groupes Dephy, animés par Florent Banctel « Nous avons bien mis en garde les producteurs de ne pas utiliser, sur du mildiou déjà déclaré, des matières actives qui commencent à développer des résistances pour ne pas renforcer ces phénomènes de résistance. ».

Peu d’oïdium et de ravageurs

Pour les autres maladies, oïdium, black rot et botrytis, la pression est faible voire nulle sur le Val-de-Loire, hormis quelques symptômes sur certaines parcelles. « Du botrytis pourrait apparaître, surtout si la météo devient compliquée, avec des grains de rot brun au sein des grappes qui pourraient favoriser la pourriture. On observe aussi quelques cas de carence potassique, liés à des blocages dans les sols, résolus par des apports en foliaires », précise Guillaume Gastaldi. Les pressions vers de la grappe et cicadelle restent faibles sur le Val-de-Loire, avec des conditions météos défavorables (vent, pluie, et grosses chaleurs qui sèchent les œufs). Le vol de cochylis a été suivi, avec un décalage de 5 jours par celui d’eudémis, relate Anastasia Rocque. « C’est une originalité ! Habituellement, les deux vols se superposent presque. » Sur certains endroits où la présence de cicadelles vertes était plus importante, des apports d’argile ont permis de maintenir le problème. Par contre, l’année est favorable à l’expression de maladies du bois, avec une pression Esca visible sur tout le vignoble (jusqu’à 30% de ceps atteints dans certaines parcelles du nantais), résultant en partie d’à-coups climatiques avec des périodes de chaud et de sec à la suite de pluies. Pour le moment, aucun stress hydrique n’a été observé, complète Anastasia Rocque.

Précocité semblable à 2017

Les sorties de grappes étant nombreuses et volumineuses, les pertes liées à la coulure, au botrytis ou au mildiou permettent globalement un maintien du potentiel quantitatif, souligne Florent Banctel pour le nantais. « Le potentiel est pour l’instant dans la moyenne en termes de quantité, même s’il faut encore attendre pour se prononcer » estime le conseiller de l’ATV49. Le développement de la vigne est aussi précoce qu’en 2017, avec des vendanges qui devraient avoir lieu fin août-début septembre sur les secteurs du Muscadet et de l’Anjou-Saumur. Même constat pour Alice Reumaux, qui évoque une précocité dans le Loir-et-Cher semblable à 2003 ou 2017, avec « des vendanges prévues pour la fin août, et une qualité et une quantité au rendez-vous si tout se passe bien : la sortie de grappe a été bonne et il y a beaucoup de feuillage, donc l’équilibre grappe/feuille est satisfaisant. La précocité laisse à penser que la qualité sera là aussi ! ». A l’ouest de la Touraine, le potentiel de rendement devrait être supérieur aux 5 dernières années, évoque Anastasia Rocque « Il est encore trop tôt pour évoquer la qualité, mais si le mois d’août est chaud et ensoleillé, les vendanges prévues pour le 10-15 septembre pourraient être qualitatives, grâce à la réserve hydrique des sols encore à un bon niveau. »

 

 

 

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