08.06.2017
Protection du vignoble
Maladies de la vigne
Face aux maladies du bois, l’Université de Haute-Alsace à Colmar teste le curetage bio/chimique. Le but : traiter le champignon à l’intérieur du tronc, en ajoutant des molécules fongicides après forage du cep. Les vignerons des différents vignobles sont sollicités afin de tester la méthode sur leurs ceps malades.
Les champignons responsables des maladies du bois se trouvent dans le tronc. C’est au niveau de cette partie que les champignons émettent les toxines dans la plante, responsables des symptômes. Pour éradiquer le champignon, il est nécessaire de traiter le bois de l’intérieur, introduit le Pr. Christophe Bertsch, responsable du Laboratoire vigne biotechnologie et environnement (LVBE) de l’Université de Haute-Alsace situé au Biopôle à Colmar. « Dans le cadre d’un projet Casdar terminé en 2016, nous avons eu des dérogations pour employer l’arsénite de soude, en collaboration avec l’IFV de Nîmes et l’Université de ChampagneArdenne. Les résultats, après deux campagnes de traitement, montrent que l’arsénite de soude va là où se trouve les champignons pour les détruire. Ces résultats seront présentés en détails lors du prochain congrès mondial contre les maladies du bois début juillet 2017 à Reims. Mais l’arsénite de soude est désormais interdit. D’où notre réflexion de trouver des molécules à l’action similaire, mais autorisées. »
Le LVBE, en partenariat avec le laboratoire Chimie Organique et Bioorganique (COB) de l’Université d’Alsace a donc recherché des molécules aux actions antifongiques, qui pourraient pénétrer dans le bois. Les chercheurs ont identifié des molécules intéressantes.
D’autres produits, d’origine biologique ou constitués de microorganismes sont aussi à l’étude. Ces molécules sont injectées dans un trou percé au préalable verticalement dans le tronc malade. Le trou est ensuite rebouché à l’aide d’une pâte d’amidon de maïs. « Cette technique est très rapide, de l’ordre d’une minute par cep pour deux personnes », développe Christophe Bertsch. Pour approfondir ces recherches, le projet Eurêka, reprenant cette thématique de curetage Bio chimique, ainsi qu’un travail sur l’architecture de la vigne et la double greffe (porte-greffe - bois résistant de Vitis sylvestris ou autre - greffon), a répondu à l’appel à projet du Plan national Dépérissement du vignoble (incluant le LVBE, l’IFV de Colmar, le conseil interprofessionnel des vins d’Alsace, la chambre régionale d’agriculture, le lycée de Rouffach, un pépiniériste). Le résultat de l’appel à projet devrait être connu en juin.
Pour faire avancer ces travaux, Christophe Bertsh lance un appel aux vignerons des divers vignobles français. « Nous voulons maintenant tester la méthode dans différentes zones, sur différents cé- pages. Notre objectif est de voir le comportement des ceps malades un an après le curetage chimique, voir si un traitement par an suffit ou non, comparer les molécules, etc. Si les résultats sont positifs, cette technique pourrait très vite se diffuser auprès des vignerons. Et l’avantage de cette technique d’endothérapie est qu’on ne cible que la partie malade». Pour participer aux études du LVBE de Colmar, en mettant à dispositions quelques ceps malades de vos vignes pour le curetage chimique, n’hésitez pas à contacter Christophe Bertsh : christophe.bertsch@uha.fr